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Citations sur 14 Juillet (152)

Le 28 avril 1789, la révolution commença ainsi : on pilla la belle demeure, on brisa les vitres, on arracha les baldaquins des lits, on griffa les tapisseries des murs. Tout fut cassé, détruit. On abattit les arbres ; on éleva trois immenses bûchers dans le jardin. Des milliers d’hommes et de femmes, d’enfants, saccagèrent le palais. Ils voulaient faire chanter les lustres, ils voulaient danser parmi les voilettes, mais surtout, ils désiraient savoir jusqu’où l’on peut aller, ce qu’une multitude si nombreuse peut faire. Dehors, il y avait une masse de trente mille curieux. Mais on n’est désarmés, on n’a que des bâtons et des pavés. Et voici que les gendarmes arrivent. La foule lance une grêle d’injures et de sifflets. Depuis les toits, il pleut des pierres et des ardoises. On dépave la rue de Montreuil. Quel bonheur de caillasser les argousins ! Pas de liberté qui ne passe par là. La cavalerie avance contre la foule ; les gens reculent, dans la bave des chevaux, face aux sabres qui brillent. Alors, les soldats arment leurs fusils et tirent. Une première salve tue beaucoup de monde, la foule glisse contre les murs, se rencogne où elle peut ; on jette des tuiles depuis les toits, on hurle. Mais les fusils sont à nouveau chargés – feu à volonté ! Des dizaines de morts jonchent la rue. À ce moment, on se débande. On court, on se bouscule, c’est la grande lessive sous le ahan du ciel. Les femmes crient aux soldats de ne aps tuer, d’avoir pitié ! Les coups repartent, les morts s’entassent, les cavaliers parcourent les rues, crevant le dos de ceux qui fuient. On parle de plus de trois cents morts et d’autant de blessés. Les cadavres furent jetés dans les jardins alentour, sur les charrettes à fumier, entassés. Il y eut aussi quelques pendus. Puis, on marqua au fer rouge des émeutiers, que l’on envoya aux galères. Et on raconte qu’à part celle du 10 août 1792, ce fut la journée la plus meurtrière de la Révolution.
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La France était alors un pays jeune, incroyablement jeune. Les révolutionnaires furent de très jeunes gens, des commissaires de vingt ans, des généraux de vingt-cinq ans. On n'a jamais revu ça depuis. Et cette jeunesse, impatiente, le 13 juillet, fut incapable de dormir.
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Ah! C'est comme si parfois un homme avait attendu toute sa vie de dire quelques mots, que ces mots le possédaient tout entier, le retenaient entre leurs syllabes, lui faisaient expier tout le reste, et qu'ils portaient en eux, dans le drapé de la formule, un mélange d'évidence et de mystère, de grandeur et de trivialité, où l'humanité trouve son augure. Oui, Mirabeau parle. Il est un sentiment, une vérité. Nul ne peut plus rien contre. Il dit. La grosse gueule s'ouvre pour la première fois avec autant de souffle et de culot. La volonté du peuple vient de faire sont entré dans l'Histoire.
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Si Jules Michelet parvient à faire de la députation de Thuriot de la Rosière le moment le plus éclatant de la journée, épisode emblématique qu'il dépose au centre de son dispositif littéraire, le nombril du 14 Juillet; s'il nous enveloppe de mots, nous enivre de gloire, malgré le peu de conséquences qu'eut l'évènement, s'il l'agrandit et le bedonne au point d'en faire une scène dantesque, un invraisemblable morceau de bravoure, c'est que, en un sublime tour de passe-passe, comme le diable transportant Jésus au faîte du temple, il dresse la silhouette du délégué au-dessus du monde.
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Avec emphase, on nous enseigne le règne de chaque roi, ses épisodes : la prise du pouvoir par Louis XIV, la réforme du royaume, le bon Colbert, la Régence, la guerre de succession d'Autriche, l'attentat de Damiens, le départ de La Pérouse. Mais on ne nous raconte jamais ces pauvres filles venues de Sologne et de Picardie, toutes ces jolies femmes mordues par la misère et parties en malle-poste, avec un simple ballot de frusques. Nul n'a jamais retracé leur itinéraire de Craponne à Paris, jusqu'aux grilles du château. Nul n'a jamais écrit leur fable amère.
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Le ciel est là, énorme. Sagault est tout petit. Il est tout petit dans son tablier d'artisan, car il est venu là sans se changer, en tenue de travail; et il meurt dans sa vieille blouse, toute couverte de taches comme la palette d'un peintre.
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Le produit dérobé du travail doit être gaspillé, sa délicatesse meurtrie, puisqu’il faut que tout brille et que tout disparaisse.
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C'est ce qu'on appelle s'aimer. Oh ! ce n'est pas grand-chose, bien sûr, ce n'est pas une vie de procureur du roi, ni d'avocat, ni d'électeur, mais une petite vie de rien du tout. Et ce n'est pas si mal au fond, cette petite vie, elle est faite de bien des choses qu'on ne saurait nommer, une façon de se pelotonner au lit l'un contre l'autre , des habitudes stupides que l'on a, des façons de s'appeler, de s'engueuler, de se réconcilier aussi - un ton de voix. Bien sûr, ce n'est pas facile tous les jours. On n'a pas encore payé son terme, le mois a été dur, peu de travail et de la dépense. Mais on se serre les coudes. On est jeune. On espère.
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De petits groupes marchent sur les barrières. Ce sont des bandes d’ouvriers, de menuisiers, de tailleurs, gens ordinaires mais aussi des portefaix, des sans-emplois, des argotiers, sortis tout droit de leur échoppe ou du port au Bled. Et dans la nuit de la grande ville, il y eut alors une étincelle, cri de mica. L’octroi fut incendié. Puis un autre. Encore un autre. Les barrières brûlaient.
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Enfin, Louis XVI, le débon­naire, monte sur le trône ; mais comme tous les tyrans indul­gents et magna­nimes, il sera plus féroce que ses prédé­ces­seurs.
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