AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,29

sur 107 notes
5
8 avis
4
11 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand l'humanité a découvert que l'univers ne tournait pas autour d'elle, ça l'a déjà sérieusement vexée. Mais apprendre que l'homme n'est qu'un animal parmi d'autres, encore aujourd'hui, ce n'est toujours pas passé. On se cherche désespérément des traits uniques : l'humour, l'amour, l'art, l'empathie, le sens de l'avenir, … Et si les candidats sont aussi nombreux, c'est que bien souvent, les animaux nous embarrassent par leurs similitudes avec nos comportements.

Frans de Waal nous raconte dans cet essai l'histoire de la science de l'éthologie (l'étude du comportement animal), qui, si elle a pris certain un essor récemment, a bien du mal à se libérer du joug des préjugés.

J'ai été assez surpris par le poids du béhaviorisme sur la discipline au début du siècle. le béhaviorisme considère que le comportement peut être principalement expliqué par des réflexes provoqués par des stimuli (je touche un objet très chaud => je retire ma main). Une forme extrême de cette pensée a fini par déterminer que les animaux n'étaient QUE ça : une collection de réflexes dans une boule de poils (ou de plumes, ou d'écailles, à votre meilleure convenance). Ce qui me semble quand même assez dingue, parce qu'il suffit d'avoir eu deux ou trois animaux dans son quotidien pour réaliser que les animaux sont plus complexes que ça… Alors oui, l'anthropomorphisme c'est pas bien, et se focaliser sur des expériences mesurables c'est pratique pour faire de la science, mais réduire des êtres vivants à des paquets de chiffres, c'est à mon sens passer à côté de l'essentiel.

Ensuite, les tests pour évaluer les capacités des animaux sont bien souvent des tests faits pour… des humains. Sans forcément s'en rendre compte par ailleurs : parfois on demande à l'animal une tâche non-adaptée à sa morphologie, ou qui n'a pas de sens dans sa vie quotidienne. L'exemple le plus parlant du livre est à mon sens celui sur la reconnaissance de visages. Des singes avaient des scores assez mauvais sur la reconnaissance de visages humains, on en a donc conclu qu'ils n'avaient pas la capacité de distinguer des individus. Quand le chercheur a demandé pourquoi on ne leur faisait pas plutôt reconnaître des visages d'autres singes, on lui a répondu que les résultats seraient certainement pires car les humains étaient très différents alors que les singes se ressemblaient tous ! Quand on a essayé cependant, les singes se sont révélés aussi doués que nous, allant jusqu'à identifier le père ou la mère d'un congénère qu'ils n'avaient pourtant jamais côtoyé… Qu'un singe soit mieux armé pour reconnaître les individus de son groupe social plutôt que ceux des espèces exotiques, ça semble après coup évident, mais c'est visiblement quelque chose qu'on a du mal à penser d'instinct.

Le livre fourmille de résultats scientifiques assez interpellants, qui remettent en question les définition d' « intelligence » ou de « conscience ». On se demande également si on ne surévalue pas nos propres capacités régulièrement. Enfin, l'auteur plaide pour s'intéresser à l'animal en tant que tel, de l'étudier dans les tâches dans lesquelles il excelle, et surtout, de mettre de côté cette ridicule insécurité qui nous pousse en permanence à nous comparer aux autres espèces animales dans le seul but de nous déclarer meilleurs.
Commenter  J’apprécie          263
"Sommes-nous trop bêtes pour comprendre l'intelligence animale ?". Sous ce titre un brin provocateur, Frans de Waal souhaite mettre en avant la peur des êtres humains, en général, et de la communauté scientifique, en particulier, de se mettre au même plan que les autres animaux. L'Homme doit nécessairement se distinguer du reste du règne animal par un comportement ou une aptitude qui lui est propre. Or, Frans de Waal nous démontrera que les animaux peuvent non seulement être intelligents, mais aussi avoir une culture, adopter des stratégies politiques, se montrer généreux, avoir le sens de la justice, faire preuve d'empathie, faire volontairement des liens avec le passé et avec le futur, etc.
Le tout est de savoir comment les observer pour en tirer les bonnes conclusions.

A cet effet, il nous rappelle les débuts de l'éthologie qui a commencé par le behaviorisme. le fameux comportement opérant et répondant de Skinner : autrement dit, l'animal-machine qui répond par un apprentissage suivant un conditionnement récompense/punition. Heureusement, cette sinistre et limitative vision est complètement dépassée, mais beaucoup de scientifiques sont encore très frileux à accorder une place à l'intelligence animale qu'elle soit adaptative ou émotionnelle.

Frans de Waal, de manière très didactique, nous éclaire sur des expériences réalisées (parfois illustrations commentées à l'appui) avec des primates, des corvidés, des dauphins, des éléphants et même le chien que l'on compare avec le loup. le chat, quant à lui, n'est pas inféodé à l'Homme alors il semblerait que lui faire faire une expérience et que celle-ci échoue ne démontrerait pas qu'il est moins intelligent que le chien, mais simplement... qu'il s'en fout de ce qu'on lui demande ! Très juste me suis-je dit, cela leur ressemble bien ! Quant à comparer le chimpanzé avec l'enfant (test comparatif souvent utilisé), le premier surpasse parfois le second (et dans des tests de mémoire surpasse totalement l'humain... ce qui lui est naturellement insupportable à ce bipède arrogant !), mais il arrive que le chimpanzé échoue là où l'enfant réussit... chouette !! les scientifiques se frottent les mains !! Sauf que... a-t-on pris en compte la cartographie du monde de l'animal ? L'utilité de résoudre un tel problème dans son fonctionnement naturel ? du stress généré par les conditions du test ? de l'échange inter-espèces (l'enfant lui communique avec des humains qui parlent son langage, le met en confiance, lui explique, épaulé de ses parents pour le rassurer, etc.). Bref, Frans de Waal souligne qu'on ne part pas à égalité et surtout que l'absence d'une réponse signifie simplement parfois, non la preuve de l'inexistence de telle cognition chez telle espèce d'animal, mais que les conditions pour tirer une conclusion n'ont peut être pas été réunies (ainsi en va-t-il du test du miroir prouvant la conscience de soi auquel les éléphants avaient d'abord échoué car les conditions étaient inadéquates).

Il m'a semblé qu'outre la découverte très riche de tout le potentiel créatif, intellectuel, cognitif et affectif des animaux au travers des multiples expériences décrites, l'auteur tient à faire passer pour message que l'humanité devrait gagner en humilité.
C'est à mon avis fort vrai et fort louable, mais le combat n'est pas gagné d'avance. Si l'être humain ne devait plus s'autoproclamer supérieur aux autres espèces du règne animal - dont il fait donc partie ne lui en déplaise - alors il devrait revoir entièrement son comportement à l'égard de celles-ci...

Ce livre d'éthologie est sur le fond très intéressant. Il se picore néanmoins plus qu'il ne se dévore. Il faut dire qu'il s'agit presque d'un documentaire écrit... et donc tout l'aspect visuel nous manque malgré tout (les dessins restent tout de même assez peu nombreux).
Il m'a manqué également un peu plus de structure. Finalement le sujet de l'intelligence animale est vaste, puisque l'intelligence elle-même l'est.
Il reste qu'il y a un aspect que j'ai bien envie d'approfondir avec l'auteur, c'est tout le pan émotionnel des animaux non humains et pour cela, son ouvrage "La dernière étreinte" me parait grandement intéressant.
Commenter  J’apprécie          232
Depuis quelques années, on découvre de plus en plus de points communs entre l'Homme et les animaux. On ne sait plus vraiment ce qui nous différencie. Ce nouveau livre de Frans de wall nous le rappelle à l'aide d'observations faites avec différentes espèces animales : de la guêpe à l'éléphant en passant par la pieuvre. Parfois, assez cocasses, ces observations nous ramènent sans cesse au fait que nous ne sommes qu'une espèce parmi d'autres.
A lire absolument si on s'intéresse à l'éthologie.
Commenter  J’apprécie          144
Autant le dire tout de suite si le règne animal m'intéresse je ne suis pas une passionaria de la cause animale. Pourtant ce livre m'a retenu de belle façon comme m'avait passionné en leur temps les livres de Konrad Lorentz.
Frans Wall est un primatologue néerlandais qui livre à travers des dizaines d'anecdotes ce qu'il pense des capacités cognitives des animaux et que pour se détacher des philosophes qui ont longtemps fait la loi sur le sujet, non l'homme n'est pas la mesure de toute chose et il est ridicule et faux de mesurer l'intelligence animale à l'aune de la notre.
Saviez vous que les vautours utilisent des outils, que les corbeaux sont capables de reconnaissance faciale , qu'un singe bat à plates coutures tous les humains quand il s'agit de mémoriser rapidement des suites de chiffres, saviez vous que les geais changent de place la nourriture qu'ils cachent si ils se savent observés par un des leurs ?
Les expériences décrites couvrent les champs de l'empathie, du langage, de la prise de conscience de soi et des autres, des capacités de prévision. Tout cela les animaux l'ont en commun avec l'homme et il n'y a entre eux et nous aucune différence de nature mais seulement de degré.

Les anecdotes pleines d'humour montrent les animaux capables de planifier des actions selon le but à atteindre, capables de mémoriser la géographie de lieux, de développer des relations complexes avec d'autres ou avec leur environnement.

Bref vous l'aurez compris un livre qui fait voler en éclats toutes les certitudes, qui se lit facilement grâce au talent de vulgarisateur de Frans Wall. Il y a une version poche alors pourquoi hésiter ?


Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          122
J'ai apprécié cette belle étude sur le comportement souvent insoupçonné, d'animaux, grands, , petits, familiers, ou sauvages. Ah! la pieuvre !!! qui soupçonnerait son comportement ! et pourtant.. et les éléphants, les dauphins, les grands singes, évidemment et les oiseaux, et même les insectes, tout, tout vous saurez tout si vous êtes curieux. Ethologue, un beau métier.
Commenter  J’apprécie          80
Dans cet ouvrage Frans de Waal traite de la cognition animale. En partant de ses propres études sur les grands singes mais aussi du travail d'autres chercheurs sur d'autres animaux (oiseaux, cétacés, chauves-souris, pieuvres, poissons…) il montre que les animaux sont intelligents : certains utilisent des outils qu'ils améliorent au fil des générations, ils ont des souvenirs, ils se préparent pour des situations à venir. Ils peuvent concevoir beaucoup de choses que les humains conçoivent aussi et l'auteur pense qu'il n'y a pas, en fait, de barrière nette entre intelligence animale et humaine mais plutôt une continuité. J'ai été épatée par ce que montrent certaines expériences ou observations dont j'ai lu le compte-rendu. Ainsi des éléphants d'Afrique à qui on diffuse des enregistrements en plusieurs langues réagissent différemment si l'enregistrement est en massaï -les Massaïs chassent l'éléphant à l'occasion- ou en kamba -les Kambas interviennent rarement dans l'existence des éléphants.

Mais, au-delà d'anecdotes sur l'intelligence des animaux, ce que veut montrer Frans de Waal c'est pourquoi cette question de l'intelligence animale fait blocage chez certains scientifiques (de moins en moins cependant, semble-t-il). Il fait donc une historiographie de l'éthologie -étude biologique du comportement animal- apparue avant la seconde guerre mondiale, qui s'est opposée à ses débuts au béhaviorisme (comportementalisme). Les béhavioristes pensent que les animaux n'ont ni désirs ni intentions. Leur comportement n'est que réaction à des stimuli.

Frans de Waal critique aussi la méthodologie de certaines études, notamment les comparaisons enfants-grands singes. L'enfant est assis sur les genoux d'un de ses parents et testé par un être humain comme lui tandis que le singe est dans une cage et testé par quelqu'un qui n'est pas de son espèce. Pour l'auteur ces comparaisons ne sont pas concluantes car elles « désavantagent considérablement une catégorie de sujets ». Ils faut inventer des tests plus pertinents qui mettent en scène les animaux entre eux ou avec des testeurs auxquels ils soient habitués de longue date.

Pourquoi ce refus ou ce déni de l'intelligence animale ? Frans de Waal y voit de la peur comme lorsqu'en 1980 une conférence de linguistes a « demandé l'interdiction officielle de toute tentative pour enseigner le langage à des animaux ». Il y a aussi un fond de croyance religieuse dans l'idée que « notre corps descend du singe, mais pas notre esprit ».

J'ai trouvé cette lecture passionnante parce qu'elle m'a appris des choses sur l'intelligence animale mais aussi parce qu'elle interroge sur ce qui motive certains comportements humains. Comme le disait Frans de Waal : « J'ai rapproché les singes des humains en remontant un peu les singes, mais aussi en rabaissant un peu les humains ». Cela me paraît tout à fait bienvenu.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          40
Ce livre fut mon cadeau d'anniversaire. Un grand merci à ma mère qui m'a permis de l'acquérir. Les livres de Frans de Waal font partie de ceux que je conserve, je les relis et prends parfois des notes. J'ai, par ailleurs toujours un peu de mal à les critiquer.

Le titre est volontairement ironique de la part de cet éthologue convaincu : Sommes-nous trop "bêtes" pour comprendre l'intelligence des animaux nous ouvre la porte des études scientifiques à la découverte de la pensée animale chez les primates surtout, mais aussi chez les corvidés, les éléphants, les chiens, les mammifères marins... J'en oublie surement.

On réalise alors leurs formidables capacités, de l'empathie à la mémoire, la conscience de leurs corps, ou pas. J'ai aimé l'approche de Frans de Waal au sujet de cette notion de conscience qu'il juge floue et difficilement évaluable puisque nous ne pouvons pas évaluer l'intelligence, la conscience ou autres des animaux si nous continuons à penser "humain". le principal écueil dans l'étude de l'animal serait peut-être notre capacité à le comprendre et à le tester. Nos tests, dont le célèbre test du miroir que certains réussissent, ne sont pas adaptés à l'animal.

La voix du scientifique me parait essentielle pour défendre la cause animale. Merci Monsieur de Waal de nous faire entendre la voix des singes et de toutes les intelligences non sapiennes qui composent ce monde. Puissent de tels discours faire évoluer nos actes.
Commenter  J’apprécie          40
Un livre intéressant et plein d'humour qui confirme une fois de plus qu'il nous faut nous arrêter de nous croire supérieurs aux animaux : nous sommes nous aussi des animaux et nous devons le respect à nos congénères.
Commenter  J’apprécie          30
Un très bon livre qui va vous remettre en question votre vision de l'intelligence des animaux... Et la notre.
On pense tout savoir des animaux, en réalité, nous ne savons pas grand chose. Nos tests sont bien souvent inadaptés aux animaux, nos conclusions vont bien souvent à notre faveur.

Petit bémol : le livre s'appuie quasiment exclusivement sur des primates. Mais ce bémol est logique, puisque les tests d'intelligence sur d'autres animaux sont quasiment inexistants...
Commenter  J’apprécie          10
"Je viens de finir :"sommes nous trop bêtes pour comprendre les animaux"… Par parenthèse, l'éditeur a souligné bêtes entre guillemets : il pense sans doute qu'on est trop bêtes pour comprendre ses jeux de mots…

Tu connais sans doute Franz de Waal. Même si tu n'as pas retenu son nom, tu le connais quand même : c'est lui qui a dirigé nos regards - envieux ! - sur la vie sexuelle exubérante du bonobo, et nos regards admiratifs sur ses capacités de réconciliation avec ses pairs.

Ce livre est différent des autres. De Waal, je le connaissais comme un primate heureux de vivre parmi ses semblables, zen mais enthousiaste, porté par sa recherche. Là, on sent nettement qu'il a certains primates dans le collimateur : des primates zoologistes qui ne sont pas du même avis que lui. Qui rechignent à donner aux animaux la place qui leur revient - et ça lui fait de la peine, à De Waal, le livre est tout mouillé de larmes !

Résultat, il part en croisade, et il en deviendrait presque agressif. Je te rassure, il n'y a pas de noms d'oiseaux dans le livre, juste des noms de singes et de dauphins. Pour élargir son argumentaire, De Waal ne fait plus seulement appel au monde des primates supérieurs, mais à l'ensemble du règne animal. C'est là qu'on rencontre des poissons d'espèces différentes qui forment des associations de malfaiteurs, et un poulpe - ce bon vieux poulpe aux cerveaux multiples, tout droit jailli d'un roman de science-fiction…"

Ainsi débute mon très sérieux post sur ce livre. Si tu veux le lire en entier - tu es libre ! - tu peux aller sur mon blog à l'adresse ci-dessous.
Bonnes lectures !

Lien : http://brikbrakbrok.blogspot..
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (327) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
436 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *}