Tout d'abord, ce qui m'a plu dans ce roman, c'est l'univers. On est toujours dans de la fantasy avec un monde imaginaire mêlant magie et guerres, mais on est loin de l'énième monde Tolkien-esque, peuplé d'elfes, humains, nains et dragons. Ici, l'auteur a inventé quelque chose de très différent, imposant ses propres règles dans un univers bien à lui : les Créateurs utilisent la lumière pour créer de la luxine, une substance magique bien particulière avec ses qualités propres. Cependant, la majorité de la population est incapable de créer, ainsi, de nombreux enjeux pèsent sur les épaules des créateurs, qui se retrouvent ainsi au centre de bien des complots. Tout l'univers de cette saga est basé sur le don des créateurs et du Prisme, le mage le plus puissant maîtrisant tout le spectre lumineux. L'ensemble est à la fois très original et cohérent. On n'est cependant pas noyé sous les informations et même si, à l'instar de Kip, on est un peu perdu dans les premiers temps, les explications savent arriver à point nommé pour que le lecteur ne se sente pas perdu.
Un autre point fort du roman sont les personnages. Crédibles et hauts en couleurs pour certains (hohoh. Hauts en couleurs. Humour, luxine, tout ça. Non ? Ok, pardon.). Ils sont plutôt nuancés, chacun avec ses défauts. Par exemple, Kip se sous-estime énormément, en permanence. de son côté, Gavin cache d'énormes secrets qui pourraient nuire à son rôle de Prisme, lui interdisant tout faux pas. Il doute beaucoup, malgré sa grande intelligence. Les interactions entre les protagonistes sont également influencées, parfois de façon inattendue, par les manipulations et les secrets que chacun garde. Leur passé est également un élément important de leurs relations mais il permet aussi à l'histoire d'avancer. En effet, il constitue les fondations de l'intrigue, la “guerre du faux prisme”ayant marqué le monde et les esprits de bien des façons.
Tout au long du roman, les informations sur cette guerre sont distillées et ce qu'on y apprend peut aller jusqu'à complètement changer la perception de l'histoire et des personnages. Il m'est arrivé de simplement reposer le livre à la fin d'un chapitre, abasourdie, le temps de réfléchir un peu à ce que je venais d'apprendre. C'est une sensation qui n'a pas été sans me rappeler certains évènements du Trône de Fer (Si vous l'avez lu, vous savez de quoi je parle.). Et d'ailleurs, comme dans la saga de monsieur Martin, j'ai beaucoup réfléchi pendant ma lecture, aussi bien sur les conséquences des évènements que sur les raisons ou les motivations des héros.
L'action n'est pas énormément présente, à part au début et à la fin de ce premier tome. Cependant, les intrigues personnelles des personnages suffisent à construire le récit, même si les plus férus de grosses bastons pourraient reprocher au livre d'être un peu lent une fois les premiers chapitres terminés. Les cent dernières pages leur conviendront sûrement mieux, avec des scènes de batailles sanglantes et imagées qui m'ont cependant un peu moins convaincues que le reste de l'intrigue. Quelques passages explicatifs ou descriptifs ont, à mes yeux, un peu cassé le rythme et, même si ces chapitres restent intéressant, je pense que l'action souffre un petit peu de ces interludes.
Enfin, la conclusion de ce premier tome est extrêmement frustrante. Agréablement frustrante, ceci-dit : à l'image du reste du livre, on y retrouve en quelques pages assez de surprises pour bien préparer le lecteur à se jeter sur la suite. Sans tomber comme un cheveux sur la soupe, ces derniers rebondissements créent de nouveaux enjeux et, encore une fois, mettent en place de nouveaux secrets. Je n'ai honnêtement aucune idée de la façon dont la situation peut évoluer, mais j'ai déjà mon petit lot d'hypothèses.
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