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Ernst Wiechert a terminé ce livre très peu de temps avant sa mort en 1950, on dit qu'il s'agit d'un livre testament, un livre porteur d'un message de réconciliation qui parait cinq ans après la fin de la deuxième guerre mondiale. Il est difficile de parler d'une telle oeuvre, une oeuvre très forte, très riche qui abonde en symboles.

Le baron Amédée de Liljecrona revient des camps de concentration où il a été interné quatre ans à la suite d'une dénonciation de son garde-forestier. C'est dans une Allemagne vaincue et détruite qu'il vient retrouver ses deux frères Amédée et Aegide en Thuringe alors qu'ils ont fui leur domaine de Prusse orientale occupée par les Russes. Il ne leur reste rien et leur château de Thuringe est occupé par les Américains. Amédée est un homme brisé et en colère contre la cruauté des hommes et aussi contre lui-même qui a dû commettre des actes contre nature pour survivre. Il se réfugie dans la bergerie du château et désire être seul.

Le chemin de sa reconstruction et de celle de ses deux frères sera long. Pour Amédée, la nature en est le cadre et un des supports de cette longue bataille contre lui-même, c'est un peu le vecteur de sa rédemption, un cadre de renaissance. Ce sont les humbles, qui le soutiendront, son ancien cocher Christophe, ainsi que le marchand juif Jakob homme de foi et de peu de mots aux accents prophétiques. Sa rédemption viendra principalement de la force et du pouvoir du pardon, et aussi peu à peu, de sa volonté d'aider, de servir les autres car servir les autres c'est aussi servir Dieu dit Jakob, cela permet aussi de se sauver soi-même.

Un roman magnifique, lent, dense et profond, au style riche et poétique empreint de spiritualité, de symboles chrétiens et humanistes. C'est un livre qui ne laisse pas indifférent, un de ceux auxquels on repense en y trouvant toujours quelque sens nouveau. le livre testament de Wiechert au terme de sa vie qui délivre néanmoins un formidable message d'espoir.
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C'est sur le Larghetto , concerto pour piano n°27 dit "l'ultime " de Mozart, que j'essaie d'écrire ma critique de Missa sine nomine.
Je dis bien, j'essaie car il y aurait tant et tant de phrases à écrire concernant ce sublime roman d ' Ernst Wiechert.

Sur la croupe montagneuse dominant la forêt de Thuringe et le Vogelsberg, il y a une bergerie entre une maigre pinède et un marais:c'est le seul bien qui reste aux trois barons de Liljecrona après le règne du nazisme et de sa défaite par les alliés. Trois frères surnommés le triptyque, tant ils étaient inséparables et indissociables dans leur jeunesse; triptyque aussi lorsqu'ensemble, ils se mettaient au violoncelle et enchantaient le village lors d'un concert, mais c'était avant.Avant la seconde guerre mondiale où là leur monde va exploser.
Aegide et Érasme fuiront la guerre, l'exode leur sera pénible et Érasme à son retour sera "rongé " par ses souvenirs d ' exode. Quant à Amédée, personnage central du roman, dénoncé par son garde forestier "Pro-Hitlerien", il passera par "les portes de l'enfer", interné 4 ans dans un camp de concentration et d'extermination. Et le roman commence par son retour, lui que l'on croyait mort, arrive sous les armoiries en piteux état de son château occupé par les Américains. N'étant plus pour le
moment propriétaire, il se refugie dans leur ancienne bergerie, où là il va retrouver , vivant ses deux frères. Et tout le récit, va nous raconter ce retour progressif à la vie.C'est au travers cette symbolique entre Amédée et le Christ , qu ' Ernst Wiechert va nous entraîner. Toute la lutte du Baron Amédée, aidé par son fidèle serviteur cocher, Christophe, nous sera décrite avec une telle force, un tel lyrisme que j'en ressors , comme à chaque fois, à la lecture d'un roman d ' Ernst Wiechert, sans voix, sans mots , et que je dois laisser retomber la pression avant de pouvoir écrire mon ressenti , si tant est qu'on peut décrire une telle oeuvre!!
Au travers les mots, les pensées du Baron Amédée, nous imageons bien l'Allemagne Nazie, vaincue, d'après guerre. Au début , ses nuits sont peuplées de cauchemars, il se refuse au contact des hommes , se réfugiant dans sa pitié , pitié retournée d'abord sur lui-même ( voir citation:-" M.Le Comte ne doit pas tant penser à lui, dit Jacob en se levant, ni croire qu'il doit porter le poids des morts sur ses épaules, le Dieu de justice est là pour porter le poids des morts et il n'a pas invité M.Le Comte , ni moi à l'aider") avant que d'être dirigée vers les autres pour que les autres sachent où tourner leur regard, quand il fera nuit et que la nuit noire ne les effraie plus, mais au contraire soit source de joie.
Et petit à petit, nous verrons Amédée se régénérer progressivement au contact de la nature, des éléments et des "vérités essentielles" qui lui permettront d'accéder au bonheur, à la sagesse par le pardon et le détachement "avec la grâce efficiente d'un sacrement".
Nous suivrons aussi la "reconstruction "de ses frères, Aegide qui se mariera avec une femme sincère et aimante qui lui donnera un fils.Erasme, lui , aura moins de chance, et devra faire annuler son mariage, car ils découvriront que sa femme n'est pas divorcée, comme elle l'avait dit, et a un passé très trouble.Le pasteur Wittkoop, qui n'a pas de soutane, et qui du matin au soir, fourche à la main
amoncelle de la tourbe pour que les villageois se chauffent l'hiver; sa compagnie sera précieuse et déterminante pour le retour à la vie d ' Amédée, et le "jeune femme "Barbara sera sa plus belle réussite dans sa renaissance.
Un livre d'une beauté et d'une profondeur à "couper le souffle", comme le reste de son oeuvre qui je le déplore encore une fois, est si méconnue et qui demanderait à être beaucoup plus étudiée. A CONSEILLER CHALEUREUSEMENT♡♡♡♡♡.
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Dernier roman publié par Ernst Wiechert, en 1950, l'année même de sa mort, Missa sine nomine tient une place particulière dans l'oeuvre de cet écrivain. Cette singularité tient à son caractère testamentaire et à son message de réconciliation avec le genre humain, avec la nature, avec Dieu. le livre évoque les difficultés d'un aristocrate allemand, survivant des camps, à reprendre pied dans le monde des hommes. Après l'anéantissement des consciences opérée par l'idéologie nazie, l'effroyable barbarie de l'univers concentrationnaire et les destructions nées de la guerre, le baron Amédée von Liljecrona a perdu foi en l'humanité.
Il retrouve le domaine familial après ses quatre ans de détention. le château ancestral est occupé par les Américains et il se réfugie dans une bergerie isolée au bord des marais où il peut fuir tout contact avec ses semblables : « J'ai été dans la fosse aux bêtes, il ne faut plus me parler » explique-t-il à ses deux frères qui comprennent la nécessité de l'abandonner à la solitude. Pour Amédée, il n'y a plus d'espérance après le déferlement de cruauté vécu dans les camps, Dieu a déserté le monde, l'oubli et le pardon sont impossibles. Au fil de ses promenades en forêt, dans les tourbières, il trouve peu à peu un apaisement, mais il lui faudra à nouveau être confronté au Mal pour retrouver pied parmi les hommes.
La nature, les saisons sont au coeur du roman ; elles annoncent les signes du renouveau : « L'herbe allait repousser, les racines, dans la terre, allaient de nouveau être abreuvées, dans cette terre purifiée dont la colère était maintenant apaisée. » le message divin ne peut être entendu que dans une communion profonde de l'homme avec son environnement. La foi, celle du charbonnier, comme celle de l'homme d'Église ou de l'aristocrate, n'irrigue les âmes qu'à la condition de renoncer à l'orgueil et de faire preuve de pitié envers ceux qui se sont égarés sur le mauvais chemin. La plume élégiaque du romancier célèbre la Thuringe, mais aussi le paradis perdu des déplacés, la Prusse orientale et les rives de la Haff.
Il y a des livres remplis de colère et d'autres qui appellent à la réconciliation et à la paix. Missa sine nomine fait partie de ceux-là et Ernst Wiechert, si peu lu aujourd'hui, a inlassablement défendu l'idée de « réchauffer les coeurs » afin de les sauver des « sombres marais du monde et de la mort ».
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Un monde de cruauté, de terreur a disparu laissant dans sa fuite des traces de cendres et de sang. Il faudra du temps pour reconstruire ces villes et ces paysages mais encore plus les coeurs.
Le long du chemin avance un homme habillé de l'ancien uniforme des réprouvés. A sa vue, les passants sont surpris puis saisis d'effroi en reconnaissant cet homme qu'on croyait mort, dont la mort aurait simplifié les choses et dont la survie est perçue comme une accusation de leur lâcheté d'avoir accepté ce que l'homme avait combattu.
Ce chemin le mène devant un portail monumental surmonté d'un blason en partie brisé. Derrière se trouve la demeure de ses ancêtres, de son enfance qui est réquisitionnée pour l'heure. Point de place pour lui ici. Il poursuit donc son chemin en direction des marais, vers la maison du forestier où il retrouve ses deux frères, connus auparavant comme les trois petits barons, inséparables et possédant un talent remarquable en musique qu'ils mettent en pratique dans l'étude de fugues au violoncelle.
A chaque frère revient un mérite, un don qu'il mettra en oeuvre pour sauver leur peuple, leurs gens, leur offrir la rédemption même s'ils doivent pour cela être trahis, battus et laissés pour mort.
Point ne sert de poursuivre le résumé de ce récit car il n'est qu'accessoire à la mise en valeur symbolique de la rédemption où seule la nature reste sans tâche, pure notamment dans l'austérité des marais.
Roman riche en symbole sur la rédemption d'une Allemagne nazie au lendemain de la défaite, c'est un livre à lire, qu'on se doit de proposer aux autres en cadeau ou en lecture commune.
Et je m'interroge à savoir pourquoi ce roman n'a finalement que peu d'écho dans mes amis lecteurs, pourquoi il est si difficile de le trouver en librairie, pourquoi ne fait-il pas partie des indispensables sur le sujet ?
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Sans doute faudrait-il, à celui qui, angoissé ou bien railleur, nous demande ce que peut, encore, la littérature, se contenter de tendre un exemplaire de Missa sine nomine d'Ernst Wiechert. Ce roman, le dernier de l'écrivain, publié en 1950 (1), semble émettre, à notre époque de bavardage, de vitesse, de meurtres anodins ou de masse (mais également anodins dans leur caractère technique, industriel), de catastrophes et de ténèbres rampantes, une étrange lumière, crépusculaire, torve peut-être, salvatrice toutefois. La littérature, du moins quand elle est grande, plutôt que de nous offrir quelque consolation illusoire, cette drogue pour jeune fille, peut nous intimer l'ordre de nous tenir debout face à celui qui nous met en joue. Ce n'est sans doute pas le moindre paradoxe de cet office sans nom qu'est le très beau roman de Wiechert de nous appeler sans hésitation et nous commander de nous lever pour faire face. Nous appeler par nos prénom et nom, pas pour défier les bourreaux par une force, supposée juste, opposée à une autre force, sordide et malveillante, mais nous appeler pour nous ordonner de sortir de notre caveau où, pensions-nous comme un malheureux Ugolin prisonnier d'une bibliothèque, les pages des meilleurs livres étaient une chair peu nourrissante. Toute oeuvre d'art réelle est, pardonnez-moi ce mot aussi laid que long, résurrectionnelle ou, pour le dire d'un autre auquel Jean Cayrol donna une beauté inquiétante, nocturne et peut-être, on nous l'a suffisamment répété, interdite après Auschwitz, lazaréenne.
Lien : http://stalker.hautetfort.co..
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Allemagne, peu après la fin de la seconde guerre mondiale. Trois frères, éprouvés par le conflit qui a laissé leur pays en ruines et au fond de l'abîme, se retrouvent dans la bergerie du château familial occupé par les vainqueurs. Trois frères, inséparables dans leur jeunesse, unis par l'amour de la musique, comme les trois faces d'un même triptyque. Amédée, le plus jeune, revient le coeur meurtri et l'âme brisée après quatre années de captivité sur dénonciation du garde forestier.
C'est le récit d'une reconstruction : chaque frère devra affronter ses démons intérieurs pour retrouver la paix et la confiance en l'homme.
C'est aussi l'histoire de Wittkopp, le pasteur sans paroisse, qui a choisi de vivre au milieu des réfugiés. C'est l'histoire de Jacob, le juif errant, dont la famille a péri dans les camps mais que sa foi raccroche au monde des vivants. Et puis celle de Christophe, le fidèle cocher des Barons Liljecronas, depuis plusieurs générations. Il veille avec discrétion sur les trois frères et conserve la mémoire du passé par ses histoires édifiantes racontées au coin du feu le soir de Noël. Jacob, Wittkopp et Christophe incarnent la sagesse universelle des simples de coeur. Ils sont comme des lumignons dans l'obscurité et quand le mal s'empare des hommes, ils témoignent par leur humanité que rien n'est jamais perdu.
Ce roman est la réponse d'Ernst Wiechert aux maux de son pays que le nazisme a plongé dans les ténèbres. Au mal et à son emprise, l'auteur oppose la poésie, la sagesse universelle des humbles et des écrits bibliques. Au désir de vengeance, il répond par la métamorphose du coeur au sein d'une nature réconciliée avec l'homme. A la peur qui détruit toute relation, il fait le pari insensé de la confiance.
Une belle lecture au coeur de l'été.
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C'est un ami qui m'a conseillé ce livre. Il me le vendait comme un ouvrage dans la ligne de Borges, quelque chose du réalisme fantastique. C'était pour lui un livre vraiment fascinant, peut-être le meilleur qu'il ait lu. Pourtant, j'ai eu du mal à le lire. Il est resté seul sur ma pal avec sa couleur bleu sombre. Je crois que j'ai attendu deux mois avant de l'ouvrir. Je suis souvent réticent lorsqu'on me survend un truc. Il insistait pour que je le lise et je me suis donc lancé au mois d'aout. J'ai mis plus d'un mois à en venir à bout. C'est presque un record de lenteur pour un bouquin qui n'est pas si gros. Bien entendu, j'ai lu d'autres trucs en même temps. C'était presque une torture de progresser dans cette histoire.
Pourtant, je ne peux pas dire qu'il s'agit d'un mauvais livre. Je crois qu'objectivement c'est même plutôt bon. Je trouve que c'est bien écrit même. J'ai un peu honte de le dire, je ne suis pas entré dans ce bouquin et je n'ai pas du tout aimé cette expérience. Je ne sais pas si c'est fait exprès. Après tout, c'est l'histoire d'un homme (de trois hommes) hors du monde. Il y a peut-être une volonté de l'auteur de tenir les lecteurs hors du récit.
Honnêtement, je ne crois pas que le problème soit là. J'ai eu l'impression de ressentir quelque chose d'artificiel. Je dois dire que j'ai lu, il n'y a pas si longtemps, l'écriture ou la vie de Semprun. Ce texte évoque le retour au monde d'un rescapé des camps de concentration. Lorsque Amédée est arrivé dans ce texte pour évoquer sa non-vie, j'ai senti comme une fausseté, un décalage. J'ai pleinement conscience que l'auteur, lui-même déporté, a sans doute puisé dans son expérience. Je crois que ce décalage est surtout le fruit de la construction stylistique et du déluge des phrases redondantes. J'ai ressenti la même chose avec tout l'aspect de cette mystique rurale, forestière, qui entoure les Liljecrona et leurs gens. Il y a quelque chose du romantisme, un instant j'ai retrouvé des échos de la Mare au Diable qui m'avait enthousiasmée dans la jeunesse. Cette fois, je ne suis pas parvenu à entrer.
Je pourrais peut-être aussi discuter de ces aristocrates qui pleurent un monde perdu. Finalement, c'est un peu ça l'histoire. Ces trois hommes tentent de retrouver la vie qu'ils ont perdue. Ils tentent de reconstruire un monde idéal. Plus attaché à ceux qui n'ont rien, j'ai parfois du mal à m'identifier à ceux qui avaient tout. J'ai aussi du mal avec la figure de Christophe, Dieu sait que j'aime les vieux professeurs de sagesse populaire, mais la servitude de cet homme me fait mal au coeur. La servitude de tous ces gens qui semblent liés aux anciens maitres comme Reinfield à Dracula. Je ne crois pas que le livre soit fondamentalement réactionnaire, j'y vois juste une galerie de personnages qui me dérangent.
Un jour, peut-être, je recommencerai ce livre du début. Il y a de bonnes choses, je peux les voir, mais je ne les atteins pas et je le regrette un peu.
Ça n'était peut-être pas le moment et j'ai sans doute eu tort de me contraindre à arriver au bout.
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Allemagne, mai 1945.
Un homme marche dans la nuit, seul. Il revient de quatre années passées dans un camp de concentration. Il rejoint le château où il habitait avant la guerre et qui est désormais réquisitionné par les Américains. Dans la dépendance voisine, il retrouve ses deux frères, musiciens comme lui. Maintenant, il va devoir réapprendre à vivre.
Missa sine nomine est ainsi le roman d'une renaissance, à laquelle, comme souvent chez Ernst Wiechert, la nature va apporter une contribution primordiale : le marais, omniprésent, est le décor du roman, où il joue un rôle bienfaisant, voire purificateur. Le retour de ce frère qu'on croyait mort, Amédée von Liljecrona, va d'abord raviver la culpabilité de celui qui a fui pour sauver sa peau, Erasme. Mais Amédée ne lui en tient pas rigueur, tout attaché à reprendre goût à la vie, lentement, en quête de "la patience et la foi des saints". Le rythme du roman est donc lent. Quand on revient des "portes de l'enfer", on a par ailleurs appris une vraie leçon de vie. Beaucoup de phrases ont donc la substance de la sagesse. De belles réflexions sur la vie, la mort, l'amour, la haine, le pardon, le temps, le destin, ou encore la richesse, irriguent cette oeuvre peu commune. Une tonalité religieuse, aussi, contribue à la faire sortir du lot : outre des références bibliques, le personnage de Christophe, le fidèle cocher des trois frères, dont l'étymologie signifie "celui qui porte le Christ".
Ayant beaucoup aimé, du même auteur, Les enfants Jérômine et L'enfant élu, j'ai ouvert ce livre avec un a priori très favorable. Je reste un peu sur ma faim, même s'il comporte de très beaux passages. J'ai notamment eu du mal à comprendre parfois de quel frère il s'agissait. Par ailleurs, la combinaison d'une part de poésie et d'une part de rêve a été pour moi source de confusion, les choses étant souvent suggérées plutôt que clairement exprimées.
Missa sine nomine reste néanmoins une oeuvre majeure d'Ernst Wiechert, qu'il faut avoir lue, pour voir "se révéler non seulement la souffrance, l'horreur et la mort, mais aussi, ce qui comptait davantage, l'homme lui-même" (page 529).
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Ernst Wiechert (1887-1950) a été un écrivain célèbre en son temps. A présent on le lit très rarement, je pense. Pourtant il mérite encore notre estime, non seulement pour ses qualités d'écrivain, mais aussi parce qu'il a été interné à Buchenwald en 1938, en raison de ses convictions antinazies. Ce livre a été publié l'année de sa mort.

Ce long roman met en scène trois frères, Aegide, Erasme et Amédée Liljecrona, des aristocrates qui ont fui leur Prusse natale (conquise par l'Armée Rouge), après la fin de la seconde guerre mondiale. Erasme est officier à la retraite; Aegide gérait le domaine familial; et Amédée, complètement déboussolé, retrouve ses frères à sa sortie d'un camp de concentration. Après ces retrouvailles, qui se situent vers le début de ce livre, il ne se passe pas grand-chose. C'est un roman très lent, tout est retenu, plein de non-dits, dans une ambiance crépusculaire. Il y a beaucoup de descriptions et peu d'action. Les frères Liljecrona se complètent et se comprennent, mais communiquent avec parcimonie. En particulier, après son séjour en enfer, Amédée est un taiseux. Le monde émerge d'une guerre effroyable. Diverses horreurs sont évoquées, sans que l'on soit sûr qu'elles aient été toutes perpétrées par les Nazis. En fait, peu importe qui sont les responsables: c'est le Mal (métaphysique) qui a frappé toute l'humanité, les vainqueurs comme les vaincus. Tout ici est marqué par une morale de la souffrance assumée et de l'esprit de sacrifice. Ce n'est pas vraiment une surprise, car E. Wiechert a conservé jusqu'au bout les valeurs de son éducation chrétienne.

"Missa sine nomine" est un roman à l'ancienne, sombre, lent et dépouillé. Malgré mon préjugé favorable, je dois reconnaître que je me suis parfois ennuyé en lisant ce gros livre.
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Humanisme exacerbé sur la cruauté l' ambiguïté magnifique de la vie
Beauté de ce livre d'une profondeur
remarquable
Il le faudrait l' ancrer dans la tête et le coeur de beaucoup plus de lecteurs
Dédaigné et tombé dans l' oubli trop dommage et immérité !
A se le garder en mémoire en livre de chevet notamment pour les nuits difficiles à contrer
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