La pension de famille est une source inépuisable d'inspiration. Aussi sordide que la Maison-Vauquer, celle du 722 Toulouse Street, dans le Vieux Carré, est tenue par Mrs Wire qui propose des chambres miteuses à des clients criant famine.
« L'Ecrivain », jeune homme de 27 ans, vient d'y poser son maigre bagage pour tenter sa chance dans le monde des lettres. Jane est une New-Yorkaise de bonne famille en couple avec Tye , un rabatteur alcoolique et drogué. Nightingale est un peintre tuberculeux de troisième zone friand de jeunes hommes. Deux vieilles dames élégantes Mary Maude et Miss Carrie, font les poubelles pour se nourrir. Quant au "photographe" du dessous, il organise des orgies nocturnes. Mrs Wire, elle, dissimule derrière son excentricité la douleur de la perte de son fils.
Difficile de parler d'une pièce que l'on n'a jamais vue sur scène. Ecrite en douze scènes quelques années avant la mort de
Tennessee Williams (1979), elle n'a pas de réel fil conducteur. Ancrée dans l'année 1938, elle semble être le réceptacle des souvenirs du dramaturge, lorsque celui-ci était encore Thomas Lanier Williams III, et tirait le diable par la queue.
Vieux Carré narre donc des tranches de vies abimées, sordides, et crues. L'ensemble peut paraitre un peu confus, comme un brouhaha venant d'une demeure décrépite. Au crépuscule de sa vie, Williams ne cache rien de la précarité, de la sexualité, hétérosexuelle ou homosexuelle, de l'alcoolisme, des addictions, de la misère sociale et affective, de la solitude qui tue. Il y a tout
Tennessee Williams dans Vieux Carré, avec un cri « muet », celui d'un homme fatigué qui se souvient du jeune homme naïf qu'il fut autrefois, un jeune homme qui faisait difficilement ses premiers pas dans sa vie d'adulte.