AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean-Daniel Brèque (Traducteur)
EAN : 9782070338856
496 pages
Gallimard (01/09/2006)
4.07/5   286 notes
Résumé :
À quinze ans, Nothing, adolescent rebelle et mal dans sa peau, s'enfuit de chez ses parents. Sa route croise celle des Lost Souls, créatures étranges, vêtues de noir, qui boivent une liqueur au goût de sang. Insatiables, sensuels, sauvages, ce sont des prédateurs sans loi qui n'obéissent qu'à leurs instincts. Avec Molochai, Twig et Zillah, Nothing part en quête d'amour, de sexe et de violence au son de longs riffs lancinants dans les boîtes punk de La Nouvelle-Orléa... >Voir plus
Que lire après Âmes perduesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
4,07

sur 286 notes
5
22 avis
4
9 avis
3
3 avis
2
3 avis
1
0 avis
Cher Doc Brite…
Non.
Chère Mademoiselle Brite,

Je vous aime, Mademoiselle. Je vous aime et je devais vous le dire avant que vous ne disparaissiez tout à fait. Car vous disparaissez, c'est un fait, « il » ou « elle », c'est égal, mais quelque chose de vous s'efface, la jeune femme que vous étiez, et moi avec, c'est forcé.
Je suis tombée amoureuse au détour de vos Âmes perdues, entre deux mises à mort, Bauhaus à tue-tête dans ma chambre sombre. J'étais jeune, mais pas trop, corbeau, mais pas trop. J'ai pris en pleine figure Nothing, Steve & Ghost. D'une certaine manière et malgré des milliers de livres, je ne m'en suis jamais remise.
Je conçois que mon aveu est d'autant plus ridicule que je ne suis pas une créature à sang chaud, pas émotive, volontiers méfiante envers tout ce qui se loge trop près du coeur. J'avais beau rire sous cape, les histoires de vampires, ça me connaît, j'en ai lu d'autres et de plus coriaces… Idiote.
Parce que c'est n'est pas de vampire qu'il est question, n'est-ce pas, Mademoiselle ? Pas vraiment ? J'ai adoré Nothing, parangon d'androgyne ripoliné au noir de fumée, dur sous la chair tendre, ancien sous ses quinze ans, encombré d'un univers qui l'ennuie, affolé de désirs qui l'effraient. J'étais comme ça, et tous mes petits camarades amateurs de caves et d'absinthe étaient comme ça, et nous ne l'aurions avoué pour rien au monde. Mais le voir écrit… Vous frappez juste, sous la jugulaire. Ce n'est pas tant la joie de se sentir moins seule, de chercher des alliés, voyez-vous, que la béatitude de retrouver des codes chéris. Un univers qui fait sens. Nous – et votre livre a été le seul moment où j'ai accepté de dire « nous » – nous écoutions, lisions, buvions les mêmes choses. Et nous étions terrorisés. Par essence. Mais pendant les quelques heures de la lecture, nous n'avions pas peur. Cette chanson des Lost Souls ? qui hante le roman, je l'ai chantée en coeur sans l'avoir jamais entendue. Nous n'avons pas peur.
Vampires, vampires… Je ne suis pas très sensible aux vampires, même adorables. J'apprécie la finitude du thème, comme vous, me semble-t-il. En retrouvant ses pairs, Nothing se réfugie dans le fantasme, devient le fantasme, inaccessible. Il est logique que l'histoire s'arrête lorsque l'adolescent, toute transformation achevée, devient mythe et ne s'appartient plus. Si Steve & Ghost vous suivent depuis vingt ans, vous n'avez jamais écrit d'autre histoire de Nothing, c'est un signe, je suppose. Il n'y avait plus rien à dire. J'ai adoré Nothing, et Christian et Zillah, mais je vous aime pour Missing Mile.
J'aime l'idée de ce birdland un peu dingue, cet endroit où l'on ne cesse de revenir, à mi-chemin entre ce monde et l'autre, tout plein de fantômes, de souvenirs, de violences éparses et ordinaires. J'adorerais faire un tour à l'If Sacré, arpenter les routes poudreuses de Caroline du Nord, celle qui n'existe pas, bien entendu. Vous avez créé mon cocon préféré, où croissent et évoluent musiciens malchanceux, fumeurs d'herbe, sorcières et serveuses de dinner, toute une humanité au sang vif, à l'épaisseur saisissante. Et j'aime votre écriture, dans ses réussites comme ses échecs, lourde comme une nuit de veille, pleine d'échos, saturée de références, mais fraîche et libre et frondeuse.
Vous – et d'autres, mais vous d'abord – m'ont rappelé que le noir est lumière et chaleur et mouvement et force. Que la musique est la vie est la musique, et la chair… Que l'amour pousse à déchirer la peau pour se baigner de chair, plus près, toujours plus près. Terrifiant et désirable. Cette étrange esthétique de la mastication, de l'absorption comme preuve d'absolu, je l'ai suivie, fascinée, dans toutes vos oeuvres, jusqu'à étiolement. Je considère que vous disparaissez et vos derniers romans me laissent indifférente. Mais pour Nothing et pour Ghost, pour Sang d'encre et les nuits de Caroline, pour la musique et la chair, et puisque Bela Lugosi n'est tout, compte fait, pas mort, je vous remercie, Mademoiselle.

L.
Commenter  J’apprécie          415
Nothing est un adolescent de 15 ans, mal dans sa peau, déjà tourné vers la drogue, l'alcool et le sexe. Un soir, il quitte le domicile familial, abandonnant sa bande d'amis aussi barrés que lui et des parents adoptifs bien-pensants. Il n'a qu'une seule idée en tête, rencontrer le groupe de musiciens The Lost Souls dont il écoute en boucle les chansons depuis plusieurs mois. Sa route va croiser celle de Zillah, Twig et Molochai, trois vampires qui parcourent le pays au volant d'un fourgon noir et s'adonnent à tous les excès.

Ce qui se passe entre les morts ne regardent que les morts, écrit Poppy Z Brite
Pur produit du splatter punk, Ames Brisées est une vraie claque.
Sexe, drogue, alcool, viol, inceste, débauche en tous genre forment une poésie macabre portée par une écriture perverse et tendre à la fois.
Tout est unité dans ce texte. Lumière et obscurité se confondent. Envolées les frontières entre le bien et le mal. Il n'y a plus de cases franches à cocher. Est-ce l'identité transgenre de l'auteure qui se manifeste ainsi ? Nous sommes dans un autre univers régi par ses propres codes.
Le récit est une union réussie entre le punk et le gothique. On y retrouve tous les codes de ces deux mouvements. Blousons en cuir, jeans déchirés, longs cheveux teints en noir, ongles et lèvres de couleur sombre.
Et la musique toujours en toile de fond. Un murmure lascif et lancinant. le bruit de Bauhaus.
Impossible ne pas penser à la BO du film Génération Perdue qui m'a trottée dans la tête tout le long de ma lecture.
Nous n'avons pas peur soupirent les jeunes gens dans ce livre. Et bien je dois dire que par moment, moi, j'ai eu peur. Peur de la succession d'excès envers toutes ces limites imposées par la société et que l'auteure balaie un à un.
L'écriture est sublime, se fait sensuelle, dépouillée de tabou.
Les personnages sont magnifiques et incroyables.
Androgynes, éternellement jeunes pour certains, beaux, homosexuels ou bisexuels.
Nothing se détache de l'ensemble, il est pendant longtemps la donnée indéterminée. L'innocence déjà perdue mais que beaucoup essaie de sauver. La fin du récit est savamment orchestrée et conclut parfaitement cette exaltation de la liberté.
L'auteure décrit également la Nouvelle-Orléans, son architecture, ses nuits fauves, le fleuve Mississipi et les cercueils surélevés dans les cimetières.
Ce récit donne aussi naissance à la ville de Missing Mile, bourgade imaginaire où l'auteure reviendra souvent dans ses différents récits et le bar l'If Sacré, sanctuaire à corbeaux abîmés.
Ce livre est une pépite.
Un style percutant, une histoire de vampires décadents, une écriture fluide et poétique.
Une ode à la liberté et un pamphlet contre l'Amérique puritaine.
A travers le destin de Nothing et des autres protagonistes du récit, l'auteure démontre que notre société, à sa façon, est aussi un vampire.
Commenter  J’apprécie          272
« Âmes perdues » est le premier ouvrage de la diva gothique de la littérature underground, Poppy Z. Brite et ce livre, glissé dans ma liste à rechercher depuis un temps certain, n'a pas été facile à trouver.

« Âmes perdues » est donc un livre sur les vampires. le monde entrevu est glauque et même gore, choquant et même repoussant, décrit sans tabou mais écrit avec sensualité. Les vampires sont représentés comme des personnages beaux, sensuels et érotiques mais surtout comme des créatures sadiques, perverses, déjantées, asociales et sociopathes. Ces créatures immortelles jouissent de la « vie » en se nourrissant des peurs, des souffrances et de la vitalité des vivants. Elle arrive à décrire des scènes glauques et choquantes, remplies de violence crue avec poésie.

L'auteur plonge dans l'ambiance gothique des années 80, avec codes vestimentaires et références musicales... La même jeunesse vaine, dépravée et sans avenir, avec le même nihilisme, la même atmosphère lourde, pesante et malsaine des punks.

L'auteur étant transgenre, on comprend mieux pourquoi l'histoire se base sur des personnages homosexuels et androgynes. Elle les traite avec tendresse et une certaine commisération et insiste davantage sur leur tristesse et leur détresse.

Un conte sombre sans intrigue avec des personnages fascinants et une ambiance de qualité. Un conte troublant où la plume élégante et efficace de Poppy Z Brite fait contraster la sensualité avec le réalisme glacial des personnages et teinte d'érotisme et de lyrisme les actes les plus cruels.

J'ai beaucoup aimé cette oeuvre troublante quasi glamour qui renverse le mythe du vampire.
Commenter  J’apprécie          243
Difficile exercice que de faire la critique d'Ames Perdues.
Cela faisait pas mal de temps que je rencontrais le nom de Poppy Z Brite, d'un était admiratif, d'autre dégoûté. Je ferais plutôt parti du côté admiratif après la lecture de ce livre. Certes cela s'engage sur des sentiers s'éloignant de la morale, certes il y a de l'inceste, du sang, certes... Mais à côté de ça, l'univers est tellement fourni, les personnages tellements bien construits... Je me suis vraiment attachée à Ghost, devin d'un peu plus de vingt ans, avec son côté androgyne, ses yeux bleus doux, le plafond de sa chambre constellé d'étoiles, son chapeau ceint d'un tissu coloré. Il y aussi Nothing, adolescent adopté aux origines ignorés et à la vie désillusionée. Tout est bon pour tenter de se défaire de cette existence qui ne lui convient pas. Un jour, il va finalement prendre la route et, de fil en aiguille, rencontrer un trio de vampires. Trio dont j'ai d'abord été intriguée par le leader avant de haïr ses membres. Car Ames Perdues, c'est aussi des chemins qui s'entremêlent. Les chapitres s'alternent, on voit les protagonistes avancer chacun de leur côté, on se laisse porter avant de saisir que ces chemins vont finalement se rencontrer. Moi qui ne suis pas fana de ce concept d'habitude est vraiment adoré. Chaque personnage est aussi touchant, chacun a son passé, ses blessures, ses rêves, ses points forts et ses points faibles. Chacun est desespérement humain, desesperement seul. Steve, l'ami d'enfance de Ghost, auquel je me suis finalement attachée, avec sa T-Bird, l'amour qu'il porte à Ann qui se confond avec la rage, cette même Ann, artiste, retenue par un père trop possessif, qui finira par se perdre, Christian, le vampire que la vie trop longue a fini par abîmer, Laine, personnage secondaire qui m'a touchée parce qu'il était sans doute aussi perdu que les autres avec ses baisers sélés de larmes...
Toutes ces vies évoluent, entre la Nouvelle Orléans et le petit village de Missing Miles, sur les routes et dans la nuit.
Je n'arrivais plus à m'arrêter, les pages semblaient se tourner toute seule. J'avais peur, j'étais éblouie par l'écriture, j'étais triste...
J'ai aimé, tout simplement.
Commenter  J’apprécie          130
Comment puis-je commencer ma chronique autrement qu'en affirmant d'ores et déjà que j'ai adoré cette lecture ?!
Quelles sont sublimes ces âmes perdues ! Certaines attachantes telles Ghost, Nothing et Christian, d'autres détestables comme Zillah, Molochai et Twig…
Qu'il est long, ce chemin frôlant l'abysse, qu'il est facile d'y tomber… Que l'autrice est douée pour décrire la vie de ces flammes tantôt incandescentes tantôt sur le point de mourir…

J'ai aimé cette écriture poétique de la monstruosité et de la souffrance, elle m'a fait l'effet d'un tatouage, ça gratte bien la peau, ça picote et parfois ça taquine bien les nerfs mais on adore le résultat et on se dit que ça valait vraiment la peine de serrer des dents à certains moments… L'autrice manie de main de maître sa narration, les alternances de réflexion et de ressentis personnels, la diversité et la complexité des personnages mais surtout leur émotionnel et leur psychologie, c'est un exercice de style loin d'être facile avec autant de diversité. Une réussite à n'en pas douter !

Les personnages sont construits brillamment, j'ai du mal à me dire que c'est un premier roman, ils ont de la profondeur, ils sont complexes, torturés, fous ou désespérés mais jamais tièdes, ou bien seulement en apparence.
J'ai adoré Ghost bien sûr, tout est fait pour l'aimer, il est sublime avec ce fardeau de sensitivité sur les épaules, on ne peut qu'aimer ce phare dans cette obscurité, il réchauffe et rassure… Nothing, qu'elle beauté dans l'absurdité de sa chute, il est une flamme noire hypnotique qu'on ne veut pas laisser s'éteindre… Christian, ce sublime vampire à l'ancienne de 383 ans, abîmé par trop de solitude, dépassé par les nouveaux de sa race, ce sont ses reliques d'amour de l'humanité qui le rendent si attachant…

Et puis, il y a les autres qu'on aime, puis qu'on déteste, puis qu'on aime de nouveau juste parce qu'ils sont terriblement humain dans leurs failles et leur décadence, les Steve, Ann, Arkady, Jessy, Wallace, etc., des vivants torturés qui tentent d'échapper à leur enfer personnel.
Et bien sûr ceux qu'on déteste mais qu'on aime détester parce qu'ils ajoutent au sublime de l'horreur et de la terreur, il n'y a pas de jour sans nuit et les Zillah, Molochai et Twig donnent de la profondeur au vertige qu'on ressent au bord de ce gouffre qu'on découvre à la lecture.

Ce roman où les destinées s'entrecroisent est époustouflant par son ambiance pesante et glauque, que l'on soit baigné du froid glacé de Missing Mile ou de la chaleur moite de la Nouvelle-Orléans, la pesanteur est là, toujours plus forte. le surnaturel est tellement intégré dans une décadence profondément humaine qu'il en devient presque banal, il sert l'histoire mais au fond il fait surtout réfléchir sur notre humanité, ses bas-fonds et ses abysses de désespoir…

L'originalité du mythe du vampire traités en différents types d'évolution entre Christian, l'ancien vampire attachant, les meurtriers d'Ashley qui se nourrissent par contact et les nouveaux vampires psychopathes capables de se reproduire avec des humaines et enfin Nothing qui ouvre la voie à encore autre chose, nous avons ici un panel qui sort des sentiers battus et rebattus tout en rendant hommage au mythe classique. La sorcellerie vient subtilement ajouter à ce décor hétéroclite dans un équilibre parfait.

Pour conclure, je prends cette oeuvre dans son intégralité, je n'ai pas de bémol, j'ai errer avec ses âmes perdues, j'ai souffert avec elles, j'ai eu peur avec elles et je me suis demandée avec elles le pourquoi du comment… C'est un roman profondément humain malgré le fantastique, humain dans le pire et le meilleur et donc sublime… C'est une ballade triste des désespérés, l'intrigue fantastique n'est que la cerise sur le gâteau… Un roman frappant et envoûtant qui rejoint directement mes favoris du genre…
Pour public averti uniquement.
Lien : https://labougiedevinayaka.w..
Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Christian passa devant un seuil obscur. des formes pâles s'agitaient au sein d'une lumière bleutée. Il se souvint de l'époque où cet antre était un club de jazz, où les accord de cuivres montaient jusque tard dans la nuit pour aller caresser les étoiles, où des femmes aux lèvres épaisses et à la peau couleur café saluaient les passants de leur sourire noir. Un soir, il avait vu Louis Armstrong sur ce même trottoir, en manches de chemise, au milieu de ses amis.
[...] A présent, les fêtards qui attendaient nerveusement sur le trottoir avaient une peau blafarde, des yeux cernés de noir et des vêtements en lambeaux, et ressemblaient à des fantômes, à des images négatives des danseurs agiles qui avaient jadis consacré leur nuit au jazz. A présent, la musique qui sortait de la boîte pour monter vers la lune était austère, sombre et étrange, un hymne pour tous les enfants perdus qui commencent à vivre à la tombée de la nuit, à l'heure où les bars ouvrent et où la musique fait résonner ses premiers accords."
Commenter  J’apprécie          140
Les dernières journées de l'été mourant, l'approche rapide de l'automne. Une nuit glaciale, la première de la saison, un changement dans le climat terne du Maryland. Il fait froid, pensa l'adolescent ; son esprit lui semblait engourdi. Les arbres qu'il apercevait par la fenêtre de sa chambre n'étaient que de gigantesque brindilles de charbon, frissonnant par crainte du vent ou pour résister à ses assauts. Tous les arbres étaient seuls. Tous les animaux étaient seuls, qui dans son terrier, qui sous sa fourrure, et ceux qui mourraient sur la route mourraient dans la solitude. Avant le matin, pensa-t-il, leur sang aurait gelé dans les fissures de l'asphalte.
Commenter  J’apprécie          130
Ma grand-mère m'a dit qu'il ne faut pas essayer de définir le mal, parce que dès qu'on croit y être parvenu, une nouvelle forme de mal vous apparaît soudain et s'insinue dans vos pensées. A mon avis, personne ne sait ce qu'est le mal. Et personne n'a le droit de le dire.
Commenter  J’apprécie          190
"Même Wallace ferait l'affaire, même ce vieil homme fatigué aux yeux si tristes. Il colla ses lèvres à la gorge de Wallace. Sa peau était sèche, flasque; sentait la vieillesse. Il mordit et goûta le sang pour la seconde fois de la nuit...
Mais c'était un sang amer, un sang vicié, et il recracha et s'étouffa. Ses narines palpitèrent. Les vapeurs de whisky et de chagrin lui avaient brouillé les sens, mais il percevait à présent l'odeur de ce sang. L'odeur de la maladie, une puanteur qui imprégnait toutes les cellules de Wallace; aussi forte et puissante que l'odeur du fleuve. Une maladie mortelle, probablement un cancer. Le goût de la corruption dans sa bouche. (...)
La nausée le terrassa. (...) Il se retrouva à terre, incapable de bouger, secoué par le choc, redoutant un nouvel accès de nausée. (...)
Il vit Wallace viser, puis ferma les yeux. Et la nuit explosa, et la douleur transperça sa poitrine. Impossible de respirer. Un projectile de plomb incandescent le pénétra. Il garda les yeux fermés pour ne pas voir le triomphe se peindre sur les traits de Wallace.
Avant d'être emporté par un flot de douleur et de nausée, il eut le temps de formuler un ultime regret : Trois cent quatre-vingt-trois ans... une si longue vie... il aurait dû être beau... pas comme ce vieil homme triste et fatigué... il aurait dû être adorable."
Commenter  J’apprécie          40
Des fleurs séchées et des feuilles aux couleurs délicates étaient épinglées au plafond. Sur les murs, au crayon gras et à l’encre, au crayon de couleur et au stylo feutre, se déployait une fresque chaotique – des cartes de contrées réelles ou imaginaires, des visages apparemment sur le point de parler. Et des mots. Des centaines de mots. Des mots rassemblés en phrases, en citations et en paroles de chansons. Des mots isolés, inscrits là pour leur éclat individuel ou leur gloire enténébrée. Et là sur le plafond – au-dessus du lit, au sein des frondaisons friables -, des étoiles. Un univers entier d’étoiles et de planètes, un millier de minuscule corps célestes, luisant faiblement d’une lueur jaune. Mon Dieu, je suis chez moi, pensa Nothing. Et il entra dans la chambre.
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Poppy Z. Brite (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Poppy Z. Brite
La Belle Rouge de Poppy Z Brite et Morgane Saysana aux éditions Au Diable Vauvert
https://www.lagriffenoire.com/?fond=produit&id_produit=1070642&id_rubrique=36 • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionsaudiblevauvert
autres livres classés : nouvelle-orléansVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (820) Voir plus



Quiz Voir plus

Ce film d'horreur et d'épouvante est (aussi) un roman

Jack Torrance, gardien d'un hôtel fermé l'hiver, sa femme et son fils Danny s'apprêtent à vivre de longs mois de solitude. Ce film réalisé en 1980 par Stanley Kubrick avec Jack NIcholson et Shelley Duvall est adapté d'un roman de Stephen King publié en 1977

Le silence des agneaux
Psychose
Shinning
La nuit du chasseur
Les diaboliques
Rosemary's Baby
Frankenstein
The thing
La mouche
Les Yeux sans visage

10 questions
966 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , horreur , epouvanteCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..