Cet immense roman, indéniablement littéraire, ne fait aucun effort pour être plaisant, à aucun moment de ses 98 chapitres de formes très différentes et de longueurs inégales. On pourrait le qualifier de roman-puzzle avec pièces manquantes, voire truquées, ou de patchwork cousu en dépit du bon sens, aux pièces qui détonent.
Il y est question, sous toutes sortes d'angles, d'un "adolescent éternel" dont on ne connaîtra jamais le nom avec certitude, qui souffre de troubles pyschiques depuis sa puberté. Si on tient à le nommer, on peut l'appeler Georges puisque c'est le nom qu'il s'est choisi pour sa confirmation. Ses obsessions tournent autour des membres de la Fraction Armée Rouge, du catholicisme (il a été enfant de choeur, est passé au moins quelques temps par le séminaire), de la musique pop de ces années là (Beatles, Stones, Kinks, Cream, etc...) et enfin du lourd passé du nazisme, alors presque entièrement refoulé.
Toutefois ces quelques éléments ne sont jamais complètement avérés : on ne sait jamais avec certitude qui parle, ni à quelle époque (quelques indications laissent à penser que cet adolescent de 1969 a vécu au moins 45 ans de plus). le déroulement de ce roman est totalement imprévisible (ce qui est un inconvénient lorsqu'on trouve le temps long et je dois reconnaître que cela m'est arrivé souvent, d'où ma note moyenne...).
J'ai par contre été sensible à des images poétiques fortes, faites souvent de petits contes cruels. Des micro-élements du récit se répétent parfois, éloignés de plusieurs dizaines de pages, ce qui donne un sentiment de déjà-vu assez troublant. Et une progression est malgré tout perceptible dans les derniers chapitres, qui sont comme une récapitulation de ce qui a déjà été évoqué.
En résumé ce roman offre une expérience de lecture unique, véritablement hors des sentiers battus : si vous êtes très aventureux(se) il pourrait être votre coup de coeur !
Cette lecture a été possible grâce aux éditions Grasset et à NetGalley qui m'ont donné accès au fichier numérisé.
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Avec « Comment un adolescent maniaco-dépressif inventa la Fraction armée rouge au cours de l’été 1969 », l’écrivain livre le roman déjanté de la jeunesse allemande des années 1960-1970.
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On parle ensuite d’une lettre de revendication, sauf que nous n’avons rien revendiqué du tout. Nous n’avons jamais fait ça, je veux dire même par le passé. Il nous est arrivé une fois d’écrire un truc ensemble, mais nous ne l’avons pas envoyé, d’ailleurs nous l’avons brûlé tout de suite, ou plus exactement je suis parti avec et en rentrant chez moi, dans le parc Henkell, à un moment où personne n’arrivait, j’y ai mis le feu, j’ai jeté le papier sur le chemin de gravier et j’ai pris le soin de donner des coups de pied dans les cendres pour les disperser quand tout a été brûlé. Mais ce qui est bizarre, c’est qu’ils donnent notre nom, enfin, le nom de notre groupe, Fraction Armée Rouge, alors que ce nom-là est encore loin d’être acquis, nous avions l’intention de refaire un vote, Claudia ne le juge pas si bon que ça, seulement elle n’a rien trouvé d’autre, alors elle a dit que nous n’avions peut-être pas besoin de nom, nous ne sommes tout de même pas des gamins en train de créer un club, ce qui est exact, même s’il est quand même préférable d’avoir un nom, surtout si d’autres nous rejoignent. Cela dit, je me demande d’où ils tiennent ça, aux informations, parce que nous ne l’avons dit à personne, enfin, moi je ne l’ai pas dit, même pas Achim.
C’est une journée de janvier, il neige. Je me tiens sur une petite colline toute blanche, je regarde un village qui dort dans la plaine, lui aussi sous la neige, et je tente de me rappeler comment c’était de passer deux mois et demi en bas, dans un appartement à peine meublé et non chauffé, dans une maison qui ressemblait plutôt à une cabane, juste à côté d’un ruisseau à moitié gelé, cet hiver-là, il y a tant d’années. Je me tiens sur la colline, je suis des yeux mon haleine gelée et le geai qui se pose un bref instant sur l’une des branches couvertes de neige puis s’envole dans le ciel gris et disparaît derrière le mamelon le plus proche.
Claudia fouille dans la boîte à gants pour y trouver une arme. Je dis : Elle n’est pas chargée. Comment ça, pas chargée ? Pas d’eau dedans. De l’eau ? C’est mon pistolet à eau. Dis, tu as pété les plombs ? crie Bernd. Où est le pistolet à petits pois ? Oublié. Mais le pistolet à eau, c’est un bon, il a un anneau à l’avant, on peut tirer dans les coins. Vous êtes des fêlés, de vrais malades, je pensais que vous aviez emprunté la carabine à air comprimé d’Achim.
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