Un texte précieux et puissant de Francis Wolff qui, contre le relativisme de notre temps, grâce à la limpidité des idées et la force des arguments, fonde un humanisme reposant sur l'universalité.
Commenter  J’apprécie         30
Jamais nous n’avons été aussi conscients de former une seule humanité. Nous savons que nous sommes exposés aux mêmes risques planétaires : réchauffement climatique, extinction des espèces, mondialisation de l’économie… Et pourtant, alors qu’elle semble s’imposer dans les consciences, l’unité de l’humanité recule dans les représentations collectives. Partout les mêmes replis identitaires : nouveaux nationalismes, nouvelles xénophobies, nouvelles radicalités religieuses, nouvelles revendications communautaristes.
Alors que la sagesse antique voulait que nous ne soyons ni dieux ni bêtes, la représentation contemporaine rêve de faire de l'être humain un dieu immortel dont l'intelligence maîtrise la nature grâce à la technique, ou au contraire un être sensible comme les autres, coupable d'asservir les autres. Dans les deux cas, on veut dépasser les limites de l'humanité.
Un humanisme effectif, donc cosmopolitique est possible à condition qu'il intègre l'idée que les êtres humains se pensent toujours, concrètement, à partir de leurs différences, qu'elles soient physiques, sociales, géographiques, linguistiques, mémorielles ou culturelles, et qu'ils se définissent de plus en plus, à mesure même de la cosmopolitisation croissante, par des identités multiples et mouvantes. Car le vrai humanisme, celui qui pourrait naître de cette cosmopolitisation, repose à la fois sur une téhique de l'égalité et sur une politique des différences.
Francis Wolff était au Parvis à Pau pour présenter "Plaidoyer pour l'universel) publié aux éditions Fayard.