Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une rue bondée de monde, à observer les passants et essayer d'imaginer leur vie, leurs pensées du moment ?
C'est un peu cela le roman de
Virginia Woolf.
Au coeur de Londres, la vie bouillonne d'activités, de personnes qui se croisent et s'entrecroisent, telles les pensées du personnage principal,
Mrs Dalloway.
Dès le début (commencement de la journée), le lecteur se trouve embarqué dans la tête de Clarissa Dalloway à explorer ses sensations, ses impressions du moment et celles du passé, puis au gré des rencontres, au gré des hasards - et bien malgré lui !-, se trouve confronté à d'autres personnages, d'autres psychologies, d'autres souvenirs..et ceci jusqu'à la fin du roman qui annonce l'achèvement de cette fameuse journée. Et tout cela, sans rupture, sans aucun chapitre, avec très peu de paragraphes, comme le fil de la pensée qui ne s'interrompt jamais.
Il n'y a bien que les cloches de
Big Ben scandant les différents moments de la journée pour vous rappeler à la réalité et empêcher votre esprit de divaguer...
Ce roman est une véritable gageure. Parce qu'il apparaît comme une provocation de la part de l'auteure, comme un défi à relever pour le lecteur, comme un risque à prendre …
J'ai pris ce risque et on ne peut pas dire qu'il soit payant.
Cette lecture fut ardue et ennuyeuse. J'ai eu l'impression de me retrouver, il y a de cela une vingtaine d'années, à essayer désespérément de lire
James Joyce. J'ai, cependant, lu le roman de
Virginia Woolf jusqu'à la fin mais sans une once de satisfaction.
Je crois que la haute société britannique et son côté guindé m'agacent. (J'en ai déjà eu l'expérience malheureuse avec
Jane Austen ou encore
Elizabeth Gaskell) Bien sûr, ce roman en est une dénonciation évidente puisque
Virginia Woolf met justement le doigt sur le paradoxe entre le moi intérieur et le paraître mondain. le personnage de Clarissa à double facette en est l'exemple le plus frappant. Tantôt, elle apparaît brute et à nu avec sa sensibilité intérieure propre, elle est alors Clarissa. Tantôt,
elle se pare d'un manteau officiel, ne montrant d'elle que ce que la société bien-pensante exige de son rang social. Elle est alors
Mrs Dalloway.
Cette dichotomie est universelle. On a tous en nous une part intime, secrète qui diverge avec notre façon de nous comporter en public. C'est aussi cela que dénonce ce roman : l'importance des apparences, le poids de la pression sociale sur nos choix de vie.
Le procédé, original et très novateur à l'époque de
Virginia Woolf, est certes digne d'intérêt mais m'a malheureusement laissée sur le carreau.
Tant pis.