Amis de l'argot bonjour ! Eh oui, parce que dès la première page il faut, soit s'y connaître, soit aller sur internet… La langue est très imagée, trash, crue, percutante et je me suis demandé si ça n'allait pas me fatiguer assez rapidement. Mais non, ce langage grossier et agressif m'a vite amusée car il est l'expression parfaite de la personnalité de Liborio, ce jeune mexicain qui a réussi à passer la frontière vers le rêve américain. Et puis c'est tellement drôle la plupart du temps ! Il y a aussi beaucoup de mots-valise, ou conjugués voire carrément inventés et ça rend le tout très visuel.
Liborio a eu la vie dure, il ne fait confiance à personne, il trouve la gentillesse suspecte. Il a toujours été plutôt livré à lui-même dans une vie difficile, c'est pourquoi il a un jour migré vers les États-Unis, quitte à vivre dans la clandestinité, son but étant un jour d'aller à New-York. C'est une tête brûlée, mi-chihuahua inconscient de ses faiblesses, mi- pitbull complètement fondu qui n'a peur de rien et fonce dans le tas. "Après tout, je suis né-mort et franchement j'ai peur de rien."
Un jour, il aperçoit dans la rue une "gisquette" qui se fait harceler par un voyou, il vole à son secours, ça va changer le cours de sa vie.
Il a trouvé un petit boulot dans un librairie. Bien qu'il soit exploité, ça a été une chance car il a découvert le pouvoir des livres.
Il nous raconte son quotidien dans cet état d'Amérique frontalier avec le Mexique et c'est ponctué de flash-backs qui nous font découvrir peu à peu les bribes de son passé. Ça donne du rythme et accroît l'intérêt, si besoin était.
Quoique ce récit soit très drôle, il aborde le terrible sort de ceux qui sont prêts à mettre leur vie en danger dans l'espoir d'un futur meilleur, risquant à tout moment de se faire prendre par la police, moindre mal comparé aux milices, ces "braves citoyens" qui traquent les clandestins et leur réservent un sort abominable.
Il jette aussi un regard critique sur la société d'hyper consommation ou on trouve tout à profusion jusqu'à l'écoeurement.
Malgré tout le bien que je pourrais dire de ce roman mexicain qui va à cent à l'heure, j'ai l'impression que je serai toujours en dessous de ce qu'il vaut, parce que, argotique autant que poétique et érudite, l'écriture est tout simplement époustouflante et incroyablement belle, aussi bien que l'état d'esprit que l'autrice insuffle à ses personnages, tous hauts en couleur. Des injures à faire verdir de jalousie le capitaine Haddock, des situations et des répliques percutantes m'ont provoqué quelques bons fous rires. Je crois n'avoir jamais rien lu de pareil ! J'ai adoré cette histoire, merveille de drôlerie et d'irrévérence, grosse bulle d'oxygène, où la fraternité et la bienveillance font la nique à la perfidie.
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