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Yun Ch'oe (Traducteur)Patrick Maurus (Traducteur)
EAN : 9782742734214
245 pages
Actes Sud (04/09/2001)
3.81/5   24 notes
Résumé :
"Ceux qui vivent à la dérive ne sont pas tous des poètes, mais tous les poètes vivent à la dérive", écrit ici Yi Munyol... Tel sera le sort de son héros, le talentueux Kim Sakkat, enfant d'une famille brutalement déchue de son rang, et qui dès son jeune âge grandit dans l'espérance de reconquérir l'honneur par l'éclat de sa poésie.

L'écriture et les chemins de la liberté, l'engagement et les illusions de la carrière, l'ambition ou l'abnégation dans l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Avec les JO, on entend beaucoup parler de la Corée, alors pourquoi pas lire un roman coréen?

Il s'agit en fait d'une biographie fictive, puisqu'il sera question du célèbre poète vagabond Kim Sakkat qui est né au début du 19e siècle.

Je connais peu de chose de l'histoire de ce pays. J'ai découvert que la famille d'un traître risquait alors d'être éliminée jusqu'à la troisième génération, que l'accès à des postes de fonctionnaires se faisait à partir à partir de concours de poésie, que la Corée était une société aux classes sociales marquées avec des paysans qui en souffrent.

Le Poète dont la famille est déchue fera d'abord tout pour acquérir un statut social, puis las de vains efforts, il parcourra le pays à pied, troquant sa subsistance contre ses poèmes. Il réfléchira donc sur le sens la vie, sur le rôle du savoir et sur les problèmes de la société corrompue.

C'est un petit livre pas du tout difficile à lire, mais qui se déroule au rythme lent de la marche du poète.
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Byongyon Kim, alias Sakkat Kim, était un poète vagabond célèbre de Corée. Si sa vie fut très peu documentée, son destin est en revanche connu, lui qui était le petit-fils d'une ancienne grande figure déchue de la garde royale, condamnée à mort pour s'être rendue à l'ennemi, conduisant ainsi sa famille et les trois générations à venir à une vie de misère et de honte. Dégoûté d'être privé d'une vie dorée, Byongyon passera sa vie, au-travers de ses oeuvres, à chercher la vérité sur son statut et les raisons de sa colère intérieure...

Si le Français lambda ne sait rien de Kim Sakkat, il n'en reste pas moins une figure importante du paysage littéraire et oral coréen, tout comme l'évènement qui a conduit son grand-père et sa famille à la ruine et l'humiliation fait partie des livres d'histoire du pays. le personnage est grand, mais peu a filtré sur lui de manière officielle.
Yi nous offre donc une biographie fictive absolument passionnante et réaliste, truffée d'extraits en lien direct avec les évènements de la vie de l'artiste ermite, tout en nous en apprenant plus sur le contexte historique de la Corée du 19ème siècle, bien avant la partition que nous connaissons aujourd'hui. L'on apprend ainsi qu'à la fin de l'ère Joseon, la dernière dynastie au pouvoir avant l'annexion par le Japon en 1897, les conditions de vie comme la faim ou les épidémies et le contexte politique de l'époque comme la corruption, les classes sociales et la glorification des figures royales n'avaient pas tant de différences que ça avec celles actuellement en vigueur en Corée du Nord.
L'histoire de Byongyon Kim permet de mettre en exergue le concept de piété filiale (le respect vertueux de ses ancêtres) ramené à son extrême et qui empêche le personnage et sa famille de se relever du crime commis par le grand-père. Car là où l'Européen moderne expliquerait qu'un enfant ne doit pas payer pour les fautes de ses parents, le confucianisme impose le contraire, dans les bons cas comme dans les mauvais, et ne reconnaît pas dedans le concept de justice. Aujourd'hui, le respect des anciens reste très important en Asie de l'Est, et il est très intéressant d'en lire plus ou moins les racines.
Byongyon subit ainsi les moeurs sociales de l'époque, et passera la majorité de sa vie à lutter intérieurement ou à travers la poésie, à essayer de reconquérir un statut pourtant perdu à jamais et à vivre avec le poids d'un passé qu'il ne reconnaît pas comme sien, une position bien en marge de toutes les communautés fréquentées.
La vie du poète racontée par Mun-Yol Yi est assez fascinante, et l'écriture de l'auteur est superbe, extrêmement agréable à lire. Ce livre habilement mené et à bien des égards unique dans la forme permet d'en savoir plus sur une période importante de la Corée. Il n'y a vraiment pas de quoi être déçu après une telle lecture !
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Trouvé au hasard des brocantes, ce livre m'a d'abord inspirée par sa couverture: ce trait de pinceau à la fois abstrait et précis qui d'un geste va jusqu'au détail de la barbe qui frisote. Et la 4ème: on suit un poète connu en Corée dans sa vie et ses apprentissages de la vie. J'ai un peu pensé à Mer d'encre et j'avais envie de lire un roman du genre.

Le narrateur, l'auteur, raconte parfois, explique, expose. Son ton change entre le professeur et le narrateur. Il imagine la vie d'un homme dont il reste peu sur la base de ses quelques poèmes et prend prétexte à raconter en partie sa propre histoire ou plus précisément, les conflits qu'il a lui-même rencontré, les émotions, les conflits intérieurs mais aussi les étapes psychologiques d'une vie - celle d'un artiste qui se cherche, se découvre, se perd, se réinvente et réinvente son art. On peut aussi penser aux septaines exposées par les anthroposophes.

Si l'écrit lui-même ne m'a pas toujours passionnée, le ton est assez froid, presque un essai qui s'alterne avec la narration plus poétique, on découvre aussi assez peu de poèmes qui ne sont pas forcément transcendant ainsi traduits, car la poésie chinoise (et coréenne d'inspiration chinoise) allie calligraphie à poésie et pour saisir cette essence il faut voir l'image qui passe mal en typographie, le cheminement au-delà des conflits intérieur m'a beaucoup parlé. Comment les convictions s'étiolent pour de nouvelles convictions, les va-et-vient des idées et toute l'énergie qu'on y consacre - se tromper - se perdre puis finalement lâcher. Pour aller à l'essentiel. J'ai trouvé cela très fort et à mon âge, très parlant.

Je recommande plus pour le chemin philosophique que pour la poésie et l'art qu'on s'attend à trouver.
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Yi Mun-yol conte ici une histoire émouvante et lumineuse inspirée de la vie de Kim Pyong-yon (1807-1863), un poète vagabond au chapeau de bambou. Bien que né dans une famille de la classe supérieure de Séoul, Kim a été contraint de vivre comme un paria en guise de punition pour une transgression perçue qui a acquis le poids du péché originel. Quand il a quatre ans, son grand-père politiquement influent rejoint une armée de paysans rebelles, mais capturé par les troupes gouvernementales, il est qualifié de traître et exécuté. Craignant un sort similaire, les parents de Kim se cachent et le garçon passe les quatre années suivantes seul, à errer, jusqu'à ce qu'il retrouve sa famille, désormais ostracisée en tant que parent d'un traître. S'efforçant de retrouver son statut perdu, Kim aspire à devenir un lettré. Plus tard, il vise à être un barde populaire, écrit des chansons et des poèmes révolutionnaires qui célèbrent ses rendez-vous amoureux avec des femmes, des nobles vénaux, des propriétaires exploiteurs et de faux érudits. Enfin, en tant que poète taoïste ne faisant qu'un avec la nature et doté de pouvoirs surnaturels, Kim rejette les appels de son propre fils à retourner auprès de l'épouse qu'il a abandonnée. Publié pour la première fois en coréen en 1992, ce roman est à la fois une belle biographie romancée et une parabole inspirante sur la lutte de l'artiste pour survivre. 

Un très beau roman autour d'un poète taoïste,
on peut le lire en ayant à portée de main soit Lao Tseu, Tchouang Tseu ou Lie Tseu
et si l'on voit beaucoup de films coréens, ne délaissons pas la littérature coréenne qui est fort riche.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Très beau roman.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Qu'est-ce que vous pensez de l'idée de susciter un repentir volontaire ? De donner aux gens haut placés la volonté de se corriger ? Ne serait-il pas plus facile de créer ainsi ce nouveau monde, sans avoir à passer par une guerre pénible et dangereuse ?
A cette question prudente, le maître Chese changea d'expression pour la première fois.
- Il ne faut pas produire de telles choses. Plusieurs millénaires d'histoire ont déjà prouvé qu'elles étaient difficiles à susciter et ne servaient à rien. Quand les riches et les puissants se sont-ils repentis et corrigés ? Si depuis la fondation du monde il y avait eu un tant soit peu d'amélioration, comment le monde pourrait-il être celui que nous connaissons ? Ils ne font semblant de se corriger qu'une fois au pied du mur.
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Le plus incompréhensible, ce fut le sentiment qui le domina cette nuit-là. Même en fouillant jusqu'au plus profond de sa mémoire, il ne pouvait pas se rappeler s'être entêté pour ne pas partir ou avoir pleuré au moment de quitter ses parents.
Il n'était pourtant qu'un enfant de cinq ans, ignorant la cause exacte de son départ, et qui partait, brusquement, séparé à la fois de sa mère et de son père, vers un lieu inconnu. Qui plus est, avec la prémonition qu'il ne les reverrai sans doute jamais.
A sa grande surprise, il constatait qu'il était possible que son âme eût été happée par la peur de mourir. Personne n'avait insinué quoi que ce fût à ce propos, et il n'avait probablement compris qu'instinctivement que ce qu'il fuyait était justement la mort.
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Quant au mot « sakkat », qui donne son surnom au héros du Poète, il désigne un très simple chapeau de bambou. Destiné comme il se doit à se protéger de la pluie. Mais aussi, dit la légende, à se cacher du ciel…

(Babel, p.10)
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Suivre la trajectoire d'un poète impliquerait de suivre les différentes étapes de sa conscience, le poème étant le produit de cette dernière. Mais il serait impossible de la saisir tout entière, en raison de ses innombrables ramifications.
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Les gens qui décorent leurs phrases inutilement et qui en tordent le sens, rendent compliquées et confuses les choses les plus simples et les plus claires.
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