Ce qui est le plus fascinant, c'est que ce livre ait été écrit par une jeune femme de 24 ans.
Yourcenar est une bête de raffinement et de sensibilité. Voilà 100 pages pourtant sur un sujet qui n'est jamais nommé, même par périphrase. C'est vraiment de l'impressionnisme, par petites touches. On ne touche jamais vraiment du doigt des faits, ce qui rend le mystère plus grand. Beauté, amour, désir, attachement, tentation, remord, tout est traité avec des trésors de délicatesse et d'intelligence. La préface de MY, de 1963, dans laquelle elle justifie son procédé littéraire (et le reproduit avec malice, sans rien nommer), l'oppose au langage scientifique et à l'obscénité, est également très intéressante, à lire plutôt après le livre cependant.