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EAN : 9782260013860
300 pages
Julliard (16/03/1998)
3.17/5   3 notes
Résumé :
L'année de ses 33 ans, Zagdanski écrit ses mémoires qu'il intitule Mes Moires, livre publié chez Julliard en 1997. Il s'agit de notices rapides portant chacune un intitulé, sur le modèle d’Aurore de Nietzsche. Zagdanski y révèle son parcours combatif de jeune écrivain, évoquant la résistance qu'eurent à contrecarrer ses textes avant leur publication, jusqu'à la parution de L'impureté de Dieu. Il y décrit également nombre de rencontres érotiques, y publie une part de... >Voir plus
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
(p.128, extrait de « De l'antisémitisme »)

L'antisémitisme est une haine métaphysique de la littérature, de sa puissance à la fois de création et de décomposition subversive du monde. Tout cela est trop abstrait et métaphorique pour être valable ? Pas si sûr. Il y a quelques années, un universitaire écrivit une thèse de lettres modernes afin de démontrer que Lautréamont était un charlatan. Que ses figures de style étaient absurdes, sa logique fantasque, ses trouvailles controuvées, que son génie en somme était une imposture. Nul ne prêta vraiment attention à cette réincarnation crétine de Zoïle, lequel réfutait déjà il y a vingt-quatre siècles, employant à peu près les mêmes arguments (l'inadéquation du style au réel), le fabuleux génie d'Homère. Quelques années plus tard, notre fielleux professeur dénoncera une autre inadéquation au réel: l'existence et la fonction des chambres à gaz, pour en conclure bien évidemment cette fois que ce sont les juifs les imposteurs. Eh oui, cet universitaire n'est nul autre que Robert Faurisson.

L'antisémitisme revêt en permanence la figure de l'inversion paranoïaque, ce que Freud qualifiait de « système philosophique déformé ». La puissance littéraire du judaïsme résidant dans son inouï principe théologique (la Bible précède le monde), la haine qui l'accable fonctionne donc comme une antithéologie, ce qui est très différent d'un racisme ordinaire. L'antisémitisme est proprement une théosophie déformée.

C'est ainsi que l'accusation séculaire de pingrerie faite aux juifs est une inversion de ce fait théologique que la charité, le don et la gratuité sont des concepts fondamentaux du judaïsme. Ainsi du don de la Thora sur le mont Sinaï. Or cette Thora qui s'infuse dans l'ensemble de la Bible, les juifs eux-mêmes en ont fait don aux non-juifs en la diffusant. Ceux-ci sont ainsi en dette vis-à-vis des juifs. Nous sommes leurs débiteurs, disent les antisémites, ils ont une charité d'avance sur nous, ils thésaurisent notre dette, ils possèdent un bien qui nous revient. Traduction théosophique déformée: Ils ont la nuque raide, refusent de se plier à nos lois, ils sont littéralement inconvertibles, leur trésor n'a pas de valeur d'échange calculable, ils sont donc tous abominablement
riches et radins.

Autre exemple de théosophie déformée, l'organisation méthodique de l'extermination des juifs d'Europe, qui prit la forme d'un gigantesque « holocauste » biblique, par un spasme de fureur du réel contre l'étrange symbolisme sacrificiel du Livre. Et la récupération industrielle par les nazis des moindres déchets cadavériques ne revenait qu'à œuvrer contre l'irrécupérabilité idéologique du judaïsme, ce que les théologiens appellent depuis toujours « le reste d'Israël ».

L'inversion la plus fréquente de nos jours n'est cependant pas celle des crétins purs et durs, fascistes et punks divers qui demeurent grâce au ciel fortement minoritaires, mais celle des experts, historiens, sociologues, économistes, idéologues de tout bord que la question de l'antisémitisme fascine manifestement. Ainsi dans Libération du 14 octobre 1993, un historien qui entend démontrer le « recul de l'antisémitisme » et la « permanence de la xénophobie » commence par établir une « observation fort simple », à savoir que les juifs ne sont pas un peuple comme les autres, et que l'antisémitisme vient historiquement « de leur attachement obstiné à leur propre Dieu et de leur refus de ceux des autres ». On retrouve ici, sous couleur d'analyser et bien évidemment de condamner l'antisémitisme, l'un des arguments les plus éculés de la secte antisémite depuis des siècles: les juifs sont persécutés parce qu'ils ne sont pas comme les non-juifs. La seule différence entre l'historien et l'idéologue c'est que l'un prétend expliquer et que l'autre accuse. Mais on en revient toujours à l'idée de fond que si les juifs sont haïs, c'est nécessairement qu'ils sont haïssables.

On a en effet toutes les raisons de se montrer optimiste.
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(p.36) À une poétesse féministe hystérique.

« Chère Nadine Volt,

Quelle fureur ! Je suis fortement impressionné par votre énergie inébranlable pour défendre la cause des femmes. Je crains hélas que vous n'interprétiez parfois un peu à faux certaines déclarations. Par exemple, la phrase de Lacan: "La Femme n'existe pas" ne signifie pas que la femme est un être de néant méprisable et négligeable, mais qu'il n'y a pas une catégorie globale "Femme" qui résumerait toutes les femmes du monde, et qui interdirait à chacune d'entre elles de se distinguer et de s'individualiser. On pourrait aussi bien dire en ce sens: "L'Homme n'existe pas". Cela veut dire que l'humain, femme comme homme, échappe aux classifications zoologiques. Quant à l'"illusion" et à la "buée" qu'est la femme, il s'agit de l'image publicitaire figée que la société se fait du féminin, ce que déjà Ronsard disait, la beauté n'est qu'apparence fugace et disparaît avec le temps. Reste l'essentiel, c'est-à-dire l'esprit, dont vous êtes, Madame, une parfaite représentante. »
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Citations sur « les femmes » (23 occurrences)

Jugements globalisants :
• Les femmes surtout redeviennent rapidement naturelles
• Les femmes sont plus naïves, somme toute, moins calculatrices
• Les femmes qui savent sans le savoir l'étendue de leur pouvoir
• j'ai réalisé que les femmes aimaient qu'on leur fasse mal !
• N'oublie pas que ce qu'elle a de pire, toutes les femmes l'ont.
• les femmes s'en veulent d'avoir cédé malgré elles au désir qu'elles inspirent à d'autres
• Quel remède pour les femmes susceptibles d'attaques hystériques !
• Nietzsche : Si les femmes menaient les guerres l'humanité serait décimée depuis longtemps.
• Picasso: Les femmes aiment bien être malades.
• la femme attire l'Image et l'Image attire les femmes,

Jugements semi-globalisants :
• comme chez toutes les femmes que je rencontrerai ensuite,
• Les femmes timides sont les plus vicieuses.
• D'accord avec les femmes belles qui s'offusquent qu'on les imagine toujours sottes.
• Et ce sont les femmes dont l'excitation nerveuse est la plus vive, les hystériques, les nymphomanes que l'on fait danser !

Les spéciales « moi je » :
• Il perd beaucoup d'énergie à essayer de captiver les femmes. Je réussis avec une injuste aisance à les capter.
• À Joan qui […] pense que je pense que toutes les femmes sont frigides.
• Parce que dans votre livre vous donnez l'impression de détester les femmes.
• [avis d’éditeur] Toutes les femmes que vous fréquentez sont des sottes, des névrosées, des frigides

Rien de spécial à dire :
• S'il restait un seul homme pour toutes les femmes du monde, l'humanité pourrait se reproduire,
• Écoute ce que disent les femmes, médite ce que signifient les textes.
• Plus les malades, les médecins, les aristocrates, les comédiens, les homosexuels, les lesbiennes, les mères, les filles, les femmes, les hommes.
• Après que vous avez licencié toutes les femmes de ménage de l'hôtel
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(p.197)

Soyons clair. Barrault au téléphone après avoir découvert les 80 premières pages du manuscrit de Mes Moires: « Je suis perplexe pour tout vous dire. On a l'impresion que vous êtes un génie et que tous les autres sont des crétins. Toutes les femmes que vous fréquentez sont des sottes, des névrosées, des frigides, vous lisez plus vite et mieux que tout le monde, vous vous masturbez six fois par jour, vous faites du karaté, vous êtes premier de la classe... On se dit: "Il plaisante, ça va finir par se retourner à un moment ou à un autre !", mais non.

- Mais à quoi vous attendiez-vous! dis-je en éclatant de rire.

- On aimerait apercevoir au moins une faille, il n'y en a pas. Tous les grands écrivains révèlent leur faille. Céline que vous prétendez aimer avait sa faille. Même votre ami Nabe, pourtant largement mégalomaniaque dans son genre, ne va pas aussi loin que vous et laisse voir ses failles. Votre faiblesse à vous c'est votre absence de faille. Vous parlez de "puérilité de l'espèce humaine", de "mégalomanie", de "narcissisme", eh bien vous êtes dans la photo mon cher. »

Il avait employé la même expression en signant mon contrat: « Je cherche de jeunes auteurs originaux, audacieux, insolents, qui savent écrire, qui ne dissimulent pas ce qu'ils pensent... Vous êtes dans la photo mon cher! »
Je suis sans doute trop arrogant, trop égoïste, trop impertinent, trop sûr de moi, trop fanfaron, trop sarcastique, trop misanthrope (donc trop misogyne et pour cette raison même d'une indéfectible compagnie enjouée charmante), trop méprisant, trop complaisant, trop satisfait... Je veux bien admettre tous les défauts qu'on me trouvera mais à la fin de l'envoi je touche. Tout est là. Car je ne suis ni incommensurablement puéril, ni narcissique délirant, ni mégalomaniaque aigri. Mes preuves sont faites, textes sur table.

Et vous n'avez encore rien lu.
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(p.90)

Une lettre. « Cher Monsieur, voici comme promis, par écrit, les observations que j'ai à vous soumettre à la suite de la lecture de votre manuscrit... Sur la construction générale, outre ce dont nous vous avons déjà parlé, il faut, me semble-t-il, que les différentes périodes de l'histoire soient mieux distinguées les unes des autres: votre construction est intéressante, mais déjà un peu sophistiquée et il est nécessaire de permettre au lecteur de bien s'y retrouver... La maladresse dans la façon de distiller des références littéraires ou scientifiques qui nuisent à l'ensemble et donnent l'impression d'un étalage de connaissances et brisent le fil et le rythme du récit; la longueur de digressions qui alourdissent la lecture et font croire que vous vous faites plaisir et oubliez le lecteur (c'est le cas abruti !). […] »
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