Quelle agréable surprise. Lancé dans le Challenge ABC, je n'avais pas un très grand choix dans ma bibliothèque dans les "Z"... Pour une fois, la 4è de couverture m'a décidé. Budapest (j'adore), Communisme, chute du Mur de Berlin, générations, secrets passés... Cela me parlait.
Et de fait, je ne suis pas déçu.
Alice Zeniter dépeint 3 générations d'hommes aux prises avec les conflits de leur temps. Les histoires personnelles s'imbriquent et mettent en perspective la Seconde Guerre mondiale, la révolution avortée et l'ouverture à l'Ouest. Trois hommes, donc trois femmes aussi. Et c'est là que le roman prend une dimension encore supérieure. le lecteur va assister aux interactions des personnages de ces trois générations, à travers leurs femmes et les événements de leurs époques.
Et bien sûr, il y a la révélation de secrets de famille.
La fin m'a laissé quelque peu réticent. Je ne dévoile rien, mais j'ai eu du mal à l'avaler. Pas parce qu'elle n'est pas crédible, au contraire. Elle l'est trop. Elle est très sombre, défaitiste. Même si elle cadre avec le personnage principal, elle ramène trop de réalisme dans un roman où
Alice Zeniter avait mis beaucoup de poésie.
Une poésie crue, directe, sensuelle et sexuelle parfois, mais qui colle parfaitement au propos et aux situations. le plus étrange est que l'auteure prend la plume pour un homme dont elle rend très bien les doutes et les combats intérieurs (et relationnels). C'est très fort.
J'ai aussi parfois pensé à
Bernhard Schlink et à sa volonté de décrypter le passé de l'Allemagne dans ses romans. C'est ce que fait
Alice Zeniter. La comparaison s'arrête là.
Alice Zeniter livre un roman très personnel, qui n'a rien à envier à d'autres auteurs établis. On ressent la tendresse pour les gens. Surtout (me semble-t-il) pour celles et ceux qui sont dépassés par leur Histoire, mais qui continuent avec entêtement leur chemin. Entre lâcheté et conviction. Entre compromis et compromissions.