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Citations sur Une Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jou.. (89)

C'est, pour finir, la cour suprême des Etats-Unis qui déclara, en 1857, que l'esclave Dred Scott ne pouvait ester en justice pour défendre sa liberté puisqu'il n'était pas une personne mais un bien.
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L'histoire de l'humanité est une histoire d'injustices et d'usurpations faites à la femme par l'homme, ayant toutes pour direct objet de lui imposer une tyrannie absolue.
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Ce dont la femme a besoin, ce n'est pas d'agir et diriger en tant que femme, mais de s'épanouir en tant qu'être vivant, de raisonner en tant qu'intelligence et, en tant qu'esprit, de vivre librement et sans entraves.
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Aux alentours de 1750, alors que près de 90% de la population blanche masculine était alphabétisée, 40% seulement des femmes savaient lire et écrire. Les femmes des classes laborieuses avaient peu de moyens de s'exprimer et encore moins de transmettre par écrit les sentiments de révolte qu'elles pouvaient éprouver devant cette sujétion.
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Ceux qui critiquaient les bombardements [de l'Afghanistan] affirmaient que le terrorisme s'enracinait dans le ressentiment profond éprouvé à l'égard des États-Unis. L'origine de ce ressentiment n'était pas difficile à identifier : la présence de troupes américaines en Arabie saoudite, terre sacrée de l'islam, les dix années de sanctions économiques infligées à l'Irak - sanctions qui, selon les Nations unies, avaient entraîné des centaines de milliers de morts chez les enfants de ce pays -, l'indéfectible soutien américain à l'occupation des territoires palestiniens par Israël et les milliards de dollars d'aide militaire apportée à ce pays.

Mais ces problèmes ne peuvent être résolus sans que se produisent des changements fondamentaux dans la politique étrangère américaine. De tels changements seraient inadmissibles aux yeux du complexe militaro-industriel, qui influence les deux principaux partis. En effet, ils impliqueraient que nous retirions les troupes américaines disséminées à travers le monde, que nous abdiquions notre volonté de domination politico-économique sur les autres pays du monde - bref, que nous fassions notre deuil du rôle tant prisé de superpuissance mondiale.

De tels changements fondamentaux exigeraient également un renversement dans l'ordre des priorités politiques : faire passer par exemple les trois à quatre cents milliards de dollars annuels affectés au budget de la Défense vers des projets qui permettraient d'améliorer les conditions de vie des Américains et des autres peuples du monde. L'Organisation mondiale de la santé affirme par exemple qu'une infime portion du budget militaire américain suffirait à sauver des millions de vies humaines si elle était affectée au traitement de la tuberculose.

Les États-Unis, après de tels changements drastiques dans leur politique, ne seraient certes plus la superpuissance militaire mais pourraient devenir une superpuissance humanitaire, utilisant leurs incroyables ressources pour venir en aide aux nations les plus démunies. (pp. 768-769)
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Les conséquences humaines de la guerre apparurent avec une brutale évidence lorsqu'elle fut terminée. On apprit alors que les bombardements sur l'Irak avaient entraîné la famine, la maladie ainsi que la mort de dizaines de milliers d'enfants. Une équipe des Nations unies visitant l'Irak juste après la guerre concluait que « le récent conflit [avait] eu des conséquences quasi apocalyptiques sur les infrastructures. [...] La plupart des outils permettant de garantir des conditions de vie modernes [avaient] été détruits ou terriblement endommagés ».
(...)
Bien que Saddam Hussein eût été décrit par les autorités et par la presse américaines comme un nouvel Hitler, la guerre prit fin sans que l'armée alliée ne pénètre dans Bagdad, le laissant ainsi au pouvoir. Les États-Unis avaient apparemment choisi de le fragiliser sans toutefois l'éliminer, de manière à le maintenir en place contre l'Iran. Au cours des années qui avaient précédé la guerre du Golfe, les États-Unis avaient vendu aussi bien des armes à l'Iran qu'à l'Irak et soutenu alternativement l'un et l'autre selon la stratégie classique de l'« équilibre des forces ».

Pour la même raison, les États-Unis ne soutinrent pas, après la guerre, les opposants irakiens qui voulaient renverser le régime de Saddam Hussein. Datée du 26 mars 1991, une dépêche du New York Times émanant de Washington révélait que, « selon les affirmations de certains officiels et quelques informations anonymes, le président Bush [avait] décidé de laisser le président Saddam Hussein mater les mouvements de révolte intérieurs sans intervenir plutôt que de risquer de voir l'Irak s'effondrer ».
(...)
Néanmoins, Brzezinski s'inquiétait de « certaines conséquences négatives » des événements. Par exemple, « l'extrême violence des bombardements aériens sur l'Irak pourrait apparaître comme la preuve que les Américains n'accordent aucune valeur aux vies arabes. [...] Et cela pose la question éthique de la proportionnalité de la réponse militaire ».

Cette question concernant le peu de valeur accordée aux vies arabes est particulièrement soulignée par le fait que la guerre du Golfe avait provoqué une forte réaction anti-arabe aux États-Unis même, où l'on vit d'ailleurs des Américains d'origine arabe insultés, battus et même menacés de mort. On vit également apparaître sur les pare-brise des autocollants affirmant : « Je ne freine pas pour les Irakiens. » Un homme d'affaires américain d'origine arabe fut roué de coups à Toledo (Ohio). (pp. 672-674)
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ENTRE 1964 ET 1972, la nation la plus puissante et la plus riche du monde a fourni un gigantesque effort militaire, usant de toutes les armes disponibles, à l'exception de la bombe atomique, pour venir à bout d'un mouvement révolutionnaire nationaliste dans un petit pays à la population essentiellement rurale. En vain. Cette guerre américaine contre le Vietnam fut un combat entre la technologie moderne organisée et des êtres humains organisés. Et ce sont ces derniers qui l'emportèrent. (p. 531)
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Ce fut une guerre contre un ennemi incroyablement cruel. L’Allemagne de Hitler portait le totalitarisme, le racisme, le militarisme et l'agressivité à un niveau qu'un monde pourtant ultra-cynique avait ignoré jusque-là. Mais les gouvernements alliés - Anglais, Américains ou Russes - étaient-il si radicalement différents que leur victoire pût suffire à balayer l'impérialisme, le racisme, le totalitarisme ou le militarisme de la surface du globe ?
(...)
Ce qui apparaissait surtout à cette époque était la différence entre les États-Unis, démocratie dotée de libertés, et l'Allemagne nazie, dictature qui persécutait sa minorité juive, emprisonnait ses dissidents et proclamait la supériorité de la « race » aryenne. Néanmoins, à considérer l'antisémitisme en Allemagne, les Noirs ne pensaient sans doute pas que leur situation aux États-Unis en était si éloignée. D'ailleurs, les États-Unis s'étaient faiblement opposés aux politiques de persécution menées par Hitler.
(...)
Ce n'est pas la barbarie de Hitler vis-à-vis des Juifs qui fit entrer les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale - pas plus que le sort des quatre millions d'esclaves noirs n'avait entraîné la guerre de Sécession en 1861. L’agression italienne contre l’Éthiopie, l'invasion de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie par Hitler, son offensive contre la Pologne n'y furent pour rien elles non plus, même si elles conduisirent Roosevelt à aider considérablement les Anglais. Ce fut le bombardement par les Japonais de la base navale de Pearl Harbor, à Hawaï, le 7 décembre 1941, qui déclencha rentrée en guerre des États-Unis.
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Tant que le Japon était resté un membre respectable du club des puissances impérialistes qui, par le biais de la politique de la porte ouverte, exploitaient conjointement la Chine, les États-Unis n'avaient jamais émis la moindre critique. Il existe des notes américaines échangées avec le Japon en 1917 qui déclarent que « les États-Unis reconnaissent les intérêts spécifiques du Japon en Chine ». En 1928, si l'on en croit Akira Iriye (After lmperialism), les consuls américains en Chine accueillirent positivement l'arrivée de troupes japonaises. Les États-Unis commencèrent à s'inquiéter lorsque le Japon se mit à menacer les marchés potentiels américains en Chine par sa tentative d'annexion totale de la Chine et surtout par son implantation dans le Sud-Est asiatique. À l'été 1941, les Américains mirent en place des embargos stricts sur le fer et sur le pétrole, mesures qui provoquèrent finalement l'attaque japonaise sur Pearl Harbor.
(...)
Pearl Harbor fut présenté à l'opinion publique américaine comme un acte soudain, surprenant et immoral. Immoral comme tout bombardement, cet acte n'était en revanche ni soudain ni surprenant pour le gouvernement américain. Russet affirme que « l'agression japonaise contre la base navale américaine venait couronner une longue série d'agressions mutuelles entre le Japon et les États-Unis. En se lançant dans une politique de rétorsion économique contre le Japon, les États-Unis agissaient d'une manière que l'on considérait, même à Washington, comme comportant de sérieux risques de guerre ».
(...)
L'un des juges du procès pour crimes de guerre qui se tint à Tokyo après la Seconde Guerre mondiale, Radhabinod Pal, s'éleva contre l'ensemble des verdicts rendus à l'encontre des responsables japonais. Il affirmait que les États-Unis avaient à l'évidence provoqué la guerre avec le Japon et qu'ils avaient espéré que le Japon réagirait. (pp. 462-466)
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James était membre d'un mouvement réunissant les hommes d'affaires, les politiciens et les intellectuels éminents qui avaient fondé la Ligue anti-impérialiste en 1898 et mené une longue campagne pour sensibiliser les Américains aux horreurs de la guerre des Philippines et aux méfaits de l'impérialisme. Il s'agissait d'un mouvement étrange (Andrew Carnegie en faisait partie) , qui rassemblait des aristocrates ennemis du mouvement ouvrier et des intellectuels, unis dans une condamnation morale de ce que l'on faisait subir aux Philippins au nom de la liberté. Quelles que fussent leurs divergences sur d'autres questions, ils tombaient tous d'accord avec James lorsqu'il s'emportait : « Dieu maudisse les États-Unis pour leur misérable conduite aux Philippines. »

La Ligue anti-impérialiste publia des lettres de soldats faisant leur service aux Philippines. Un capitaine originaire du Kansas écrivait : « La ville de Caloocan était censée abriter dix-sept mille habitants. Le 20" du Kansas est passé par là et maintenant il n'y a plus âme qui vive à Caloocan. » Un simple soldat du même régiment affirma : « J'ai mis moi-même le feu à plus de cinquante maisons de Philippins après la victoire de Caloocan. Des femmes et des enfants ont été victimes de nos incendies. »

Un volontaire de l'État de Washington écrivit pour sa part que « notre esprit combatif était au plus haut et nous voulions tous tuer du "nègre". [...] On les a tirés comme des lapins. »

C'était une époque de racisme intense aux États-Unis. Entre 1889 et 1903, deux Noirs, en moyenne, étaient assassinés chaque semaine (pendus, brûlés vifs ou mutilés) . Les Philippins avaient la peau sombre, p résentaient des caractéristiques physiques spécifiques, parlaient un drôle de langage et semblaient étranges aux yeux des Américains. À la brutalité aveugle habituelle de la guerre venait donc s'ajouter le facteur de l'hostilité raciale.

En novembre 1901, le correspondant du Ledger de Philadelphie à Manille rapportait : « La guerre actuelle n'est pas une guerre d'opérette menée en gants blancs. Nos hommes ont été impitoyables. Ils ont tué pour exterminer hommes, femmes, enfants, prisonniers et otages, rebelles avérés et individus suspects de plus de dix ans. Lidée qui a prévalu est qu'un Philippin en tant que tel n'a pas plus de valeur qu'un chien. [...] Nos soldats ont fait ingurgiter de l'eau salée à des individus pour les faire parler. Ils ont également fait prisonniers des individus qui se rendaient pacifiquement, les mains en l'air, et une heure plus tard, sans un atome de preuve qu'il s'agissait bien là d'insurgés, les ont emmenés sur un pont et les ont abattus les u ns après les autres. Pour finir, ils les ont jetés dans la rivière, les laissant aller au fil du courant afin qu'ils servent d'exemple à ceux qui découvriraient leurs corps criblés de plomb. »

Un général américain en poste dans le sud de Luson déclarait, de retour aux États-Unis au début de 1901 : « Un sixième des indigènes de Luson ont été tués ou sont morts de la fièvre au cours de ces dernières années. Les décès par exécution ont été très nombreux mais je pense que toutes ces morts ont été nécessaires à la poursuite de nos objectifs de guerre. Il était nécessaire d'adopter ce que dans d'autres pays on aurait pu qualifier de mesures cruelles. »

Le secrétaire à la Guerre, Elihu Root, dut se défendre contre des accusations de barbarie : « La guerre aux Philippines a été menée par les armées américaines selon les règles les plus scrupuleuses de la guerre civilisée, [...] en faisant preuve de pondération et d'une humanité jamais égalée. » (pp. 360-361)
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VERS 1776, CERTAINES PERSONNALITÉS de premier plan des colonies anglaises d'Amérique firent une découverte qui allait se révéler extrêmement utile au cours des deux siècles suivants. Ils imaginèrent qu'en inventant une nation, un symbole, une entité légale appelée « États-Unis », ils seraient en mesure de s'emparer des terres, des privilèges et des pouvoirs politiques détenus jusque-là par les protégés de l'Empire britannique. Du même coup, ils pourraient contenir un certain nombre de révoltes en suspens et forger un consensus qui assurerait un soutien populaire suffisant au nouveau gouvernement contrôlé par une nouvelle élite privilégiée.

Il faut admettre que, sous cet angle, la Révolution américaine est bien une idée de génie et que les Pères Fondateurs méritent l'extraordinaire dévotion dont ils sont l'objet depuis des siècles. N'ont-ils pas, en effet, inventé le système de contrôle national le plus efficace de l'époque moderne et révélé aux futures générations de dirigeants les avantages d'une savante combinaison de paternalisme et d'autorité ?
(...)
Il s'agit là d'un scénario que l'on rejouera souvent tout au long de l'histoire politique des États-Unis : la mobilisation des énergies des classes défavorisées par les politiciens issus des classes supérieures, et ce pour le plus grand profit de ces derniers.
(...)
Certains Américains restaient clairement exclus de cette communion autour d'intérêts partagés que la Déclaration d'indépendance prétendait formaliser. On n'y évoquait nulle part les Indiens, les esclaves noirs ni, pour finir, les femmes. Plus encore, l'un des attendus de la Déclaration d'indépendance accusait le roi d'inciter les esclaves à la révolte et de susciter les attaques indiennes : « Il a fomenté des révoltes intestines et tâché de soulever contre les habitants de nos frontières les sauvages et impitoyables Indiens, dont la règle de guerre bien connue est de détruire sans distinction les êtres de tous âges, sexes et conditions. » (pp. 73, 75 & 89)
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