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Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 19 : La Débâcle (164)

Dans un champ de betteraves, des képis épars, semblables à de larges coquelicots, des lambeaux d'uniformes, des épaulettes, des ceinturons, racontaient un contact farouche, un des rares corps à corps du formidable duel d'artillerie qui avait duré douze heures. Mais, surtout, ce qu'on heurtait à chaque pas, c'étaient des débris d'armes, des sabres, des baïonnettes, des chassepots, en si grand nombre qu'ils semblaient être une végétation de la terre, une moisson qui aurait poussé, en un jour abominable.
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Le courage, dans ces histoires-là, ça ne sert qu'à rester sur le carreau.
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C'était le rajeunissement certain de l'éternelle nature, de l'éternelle humanité, le renouveau promis à qui espère et travaille, l'arbre qui jette une nouvelle tige puissante, quand on en a coupé la branche pourrie, dont la sève empoisonnée jaunissait les feuilles.
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« Ce n’était pas parce qu’on se battait que le blé cesserait de croître et le monde de vivre. » (p. 260)
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- [...] Doucement, j’avais tâché de dégager ma hanche ; mais impossible, Zéphir pesait bien comme les cinq cent mille diables. Il était chaud encore. Je le caressais, je l’appelais, avec des mots gentils. Et c’est ça, voyez-vous, que jamais je n’oublierai : il a rouvert les yeux, il a fait un effort pour relever sa pauvre tête, qui traînait par terre, à côté de la mienne. Alors, nous avons causé : "Mon pauvre vieux, que je lui ai dit, ce n’est pas pour te le reprocher, mais tu veux donc me voir claquer avec toi, que tu me tiens si fort ?" Naturellement, il n’a pas répondu oui. Ça n’empêche que j’ai lu dans son regard trouble la grosse peine qu’il avait de me quitter. Et je ne sais pas comment ça s’est fait, s’il l’a voulu ou si ça n’a été qu’une convulsion, mais il a eu une brusque secousse qui l’a jeté de côté. J’ai pu me mettre debout, ah ! dans un sacré état, la jambe lourde comme du plomb… N’importe, j’ai pris la tête de Zéphir entre mes bras, en continuant à lui dire des choses, tout ce qui me venait du cœur, que c’était un bon cheval, que je l’aimais bien, que je me souviendrais toujours de lui. Il m’écoutait, il paraissait si content ! Puis, il a eu encore une secousse, et il est mort, avec ses grands yeux vides, qui ne m’avaient pas quitté… Tout de même, c’est drôle, et l’on ne me croira pas : la vérité pure est pourtant qu’il avait dans les yeux de grosses larmes… Mon pauvre Zéphir, il pleurait comme un homme…
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Les menaces de famine commençaient. Dès le milieu d’octobre, on avait rationné la viande. En décembre, il ne restait pas une bête des grands troupeaux de bœufs et de moutons lâchés au travers du bois de Boulogne, dans la poussière de leur piétinement continu, et l’on s’était mis à abattre les chevaux. Les provisions, plus tard les réquisitions de farine et de blé devaient donner quatre mois de pain. Quand les farines s’étaient épuisées, il avait fallu construire des moulins dans les gares. Le combustible aussi manquait, on le réservait pour moudre les grains, cuire le pain, fabriquer les armes.
[...]
Huit longs jours encore s’écoulèrent. Paris agonisait, sans une plainte. Les boutiques ne s’ouvraient plus, les rares passants ne rencontraient plus de voitures, dans les rues désertes. On avait mangé quarante mille chevaux, on en était arrivé à payer très cher les chiens, les chats et les rats. Depuis que le blé manquait, le pain, fait de riz et d’avoine, était un pain noir, visqueux, d’une digestion difficile ; et, pour en obtenir les trois cents grammes du rationnement, les queues interminables, devant les boulangeries, devenaient mortelles. Ah ! ces douloureuses stations du siège, ces pauvres femmes grelottantes sous les averses, les pieds dans la boue glacée, toute la misère héroïque de la grande ville qui ne voulait pas se rendre !
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À cetteaube de la Commune, Paris était contre
Versailles, dans la rancune de ce qu’il avait
souffert et dans les soupçons qui le hantaient.
C’était, d’ailleurs, l’anarchie absolue, la lutte des
maires et du Comité central, les inutiles efforts de
conciliation tentés par les premiers, tandis que
l’autre, peu sûr encore d’avoir pour lui toute la
garde nationale fédérée, continuait à ne
revendiquer modestement que les libertés
municipales. Les coups de feu tirés contre la
manifestation pacifique de la place Vendôme, les
quelques victimes dont le sang avait rougi le
pavé, jetèrent, au travers de la ville, le premier
frisson de terreur. Et, pendant que l’insurrection
triomphante s’emparait définitivement de tous les
ministères et de toutes les administrations
publiques, la colère et la peur étaient grandes à
Versailles...
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La petite ville est riche, avec ses nombreuses fabriques, sa grande rue bien bâtie aux deux bords de la route, son église et sa mairie coquettes. Seulement, la nuit qu’y avaient passée l’empereur et le maréchal De Mac-Mahon, dans l’encombrement de l’état-major et de la maison impériale, et le passage ensuite du 1er corps entier, qui, toute la matinée, avait coulé par la route comme un fleuve, venaient d’y épuiser les ressources, vidant les boulangeries et les épiceries, balayant jusqu’aux miettes des maisons bourgeoises. On ne trouvait plus de pain, plus de vin, plus de sucre, plus rien de ce qui se boit et de ce qui se mange. On avait vu des dames, devant leurs portes, distribuant des verres de vin et des tasses de bouillon, jusqu’à la dernière goutte des tonneaux et des marmites. Et c’était fini, et, lorsque les premiers régiments du 7e corps, vers trois heures, se mirent à défiler, ce fut un désespoir.
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Sur le plateau de Floing, au petit jour, dans le brouillard épais, le clairon Gaude sonna la diane, de tout son souffle. Mais l'air était si noyé d'eau, que la sonnerie joyeuse s'étouffait. Et les hommes de la compagnie, qui n'avaient pas même le courage de dresser les tentes, roulés dans les toiles, couchés dans la boue, ne s'éveillaient pas, pareils déjà à des cadavres, avec leurs faces blêmes, durcies de fatigue et de sommeil. Il fallut les secouer un à un, les tirer de ce néant; et ils se soulevaient comme des ressuscités, livides, les yeux pleins de la terreur de vivre.
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Ah! la guerre, l'abominable guerre qui changeait tout ce pauvre monde en bêtes féroces, qui semait ces haines affreuses, le fils éclaboussé par le sang du père, perpétuant la querelle des races, grandissant plus tard dans l'exécration de cette famille paternelle, qu'il irait peut-être un jour exterminer! Des semences scélérates pour d'effroyables moissons.
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