Elle a réanimé chez moi une passion que je croyais éteinte, je l’aime presque autant que Lisa. Je lui en parle un peu, maladroitement, j’essaie d’être honnête avec elle, pour une fois. On rentre quelques instants, elle descend en nervosité, elle veut avoir des explications. Je m’emmêle les pinceaux, je bafouille, je suis un vrai adolescent qui, pris la main dans le sac, ne sait pas quoi dire, minable. Je passe la nuit sur le canapé, une couverture bien trop petite me couvre à peine la moitié du corps, elle a coupé le chauffage, j’ai froid. Je le mérite, il n’y a aucun doute là-dessus, mais j’aimerais tant réparer, tout en ressentant une forte envie de voir Mandy. Je ne sais pas quoi faire. Pourquoi ai-je fait cela ?
En effet, depuis environ huit mois, j’entretiens une liaison avec la femme de mon défunt coéquipier. Elle ne ressent plus la passion dans ses yeux, elle est venue prendre un peu de réconfort dans mes bras, moi j’ai simplement profité de la situation pour m’éloigner de mon épouse. Nous nous voyons, chaque vendredi soir, deux heures durant, dans un motel de la région, à l’abri des regards, avant que, comme à chaque fois, elle ne me jette et que je finisse dans un bar du coin, le même que celui où je me suis rendu aujourd’hui, à boire des coups jusqu’à pas d’heure.
Je guette ses mouvements, je suis prêt à tirer quand, soudain, il extirpe sa main trop vite, je tire. Je l’ai eu au niveau du tibia, il s’effondre. Il me demande pourquoi je n’ai pas visé sa tête, je suis surpris. D’un coup, alors que je m’approche de lui, il sort une capsule de l’une de ses dents et la croque. Il vomit une substance étrange qui le paralyse en quelques secondes, il ne tient pas et meurt. Je fais rapatrier son corps, sans en informer ma hiérarchie, il est conduit dans une de mes anciennes planques.
Lisa est nue sous la couette, j’essaie de ne pas la réveiller, en vain. Elle me regarde, vient déposer un doux baiser sur mes lèvres, je n’y résiste pas. Je me glisse à nouveau dans notre lit, j’enlève le t-shirt que j’ai enfilé plus tôt. Nous faisons l’amour, l’instant est délicieux. Je ne vois pas le temps filer, je suis en retard. Je prends la route, à bord de ma voiture, j’observe mon amour quitter la maison pour rejoindre son lieu de travail, un building de la ville, c’est une femme d’affaires.
Mon fils
Je ne sais comment te dire ces choses qui t’ont manqué lors de ta jeunesse, de tes moments de doutes. Je sais qu’il n’y a que peu de chances que tu me pardonnes alors, je te dis simplement que je t’aime et que j’ai toujours veillé sur toi. Je sais que Z va essayer de m’éliminer dès que nous nous serons vus, mais j’accepte cela car enfin je vais te revoir. Tu es le portrait craché de ta mère, fort, droit, sensible. J’en suis fier, tu ne peux pas savoir à quel point.