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Citations sur La Pitié dangereuse (222)

Pas un instant l’idée ne m’avait effleuré que sous cette couverture qui l’enveloppait, respirait, sentait, attendait le corps nu d’une femme qui comme toutes les autres désirait et voulait être désirée. Jamais, avec mes vingt-cinq ans, je n’aurais pu imaginer que les disgraciées de la nature, les malades, les trop vieilles, les exclues elles aussi puissent oser aimer. Car un jeune homme inexpérimenté se représente presque toujours le monde d'après ses lectures ou des récits. Avant de vivre sa propre vie, son imagination travaille sur des images et des modèles étrangers. Dans les livres, les pièces de théâtre ou les films (où la réalité est représentée d'une façon souvent simpliste et superficielle) ce sont presque exclusivement les êtres jeunes, beaux, les élus, qui s'aiment. Aussi avais-je pensé (...) qu'il fallait être particulièrement séduisant, doué et favorisé par le sort pour attirer l'amour d'une femme.
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N'y plus penser... c'est ce que vous désireriez, et vous éteignez la lumière parce qu'elle rend les pensées trop claires, trop réelles. Vous vous efforcez de vous réfugiez, de vous cacher dans l'ombre, vous vous déshabillez pour pouvoir respirer plus librement, vous jetez au lit, pour dormir et ne plus sentir. Mais les pensées, elles, ne reposent pas. Telles des chauves-souris, elles voltigent d'une façon confuse et spectrale autour de vos sens affaiblis, avides comme des rats elles rongent et creusent votre fatigue, si grande soit-elle.
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Mais de même que les plantes ont dans une serre une croissance accélérée, tropicale même, ainsi les hallucinations dans l'obscurité: elles se déploient d'une façon confuse et fantasmagorique dans cette ambiance lourde et deviennent des lianes colorées qui vous étranglent; avec la vitesse du rêve, elles produisent et font défiler dans votre cervelle surchauffée les cauchemars les plus absurdes.
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Ce ne sont pas les êtres bien portants, sûrs d'eux-mêmes, gais, fiers et joyeux qui aiment vraiment, - ils n'ont pas besoin de cela ! Quand ils acceptent d'être aimés, c'est d'une façon hautaine et indifférente, comme un hommage qui leur est dû. Le don d'autrui n'est pour eux qu'une simple garniture, une parure dans leurs cheveux, un bracelet à leur poignet, et non le sens et le bonheur de leur existence. Seuls ceux que le sort a désavantagés, les humiliés, les laids, les déshérités, les réprouvés, on peut les aider par l'amour. Et quand on leur consacre son existence, on les dédommage seulement de ce dont la vie les a privés. Et eux seuls savent aimer et se laisser aimer comme il faut: humblement et avec reconnaissance.
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Quand une femme se défend contre un amour qu'elle ne partage pas, elle ne fait qu'obéir à la loi de son sexe, le geste du refus lui est tout à fait naturel, et même quand elle se dérobe au désir le plus ardent, on ne peut la taxer de cruauté. Il en est, hélas ! tout autrement dans le cas où le destin inverse les rôles, quand une femme a vaincu sa pudeur jusqu'à manifester à un homme son amour et à le lui offrir, sans être certaine de trouver la réciproque, et que lui se cabre et reste froid ! Celui qui se refuse à une femme qui le désire, l'offense toujours dans sa fierté et la rend honteuse. [...] Immanquablement la résistance d'un homme devient alors cruauté et s'il refuse cet amour, il est coupable, sans avoir commis aucune faute.
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Attendre ! Attendre quelques minutes ! Et combien de temps encore, alors qu'en une seule seconde un homme peut mourir, un destin se décider, un monde s'écrouler !
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Mais moi on ne m'entendra jamais employer le mot "incurable". Jamais ! Je sais, l'homme le plus intelligent du XIXe siècle, Nietzsche, a dit: "Il ne faut pas vouloir guérir l'inguérissable." Mais c'est à mon avis la phrase la plus fausse et la plus dangereuse qu'il ait écrite, parmi tous les paradoxes qu'il nous a donnés à résoudre. C'est justement le contraire qui est vrai et je prétends, quant à moi, que c’est précisément l'inguérissable - comme on l'appelle - qu'il faut guérir si l'on devient médecin, et bien plus: j'ajouterai que c'est devant l'inguérissable que se montre le médecin. Le médecin qui accepte d'avance l'idée de l'incurabilité, déserte sa tâche, il capitule avant la bataille.
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C'est seulement quand on sait qu'on n'est pas inutile aux autres que l'existence prend un sens.
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Mais c'est là ce qui caractérise la jeunesse; chez elle toute nouvelle expérience devient une exaltation dont elle ne peut se rassasier, une fois qu'elle l'a vécue.
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Dissuader une femme d'éprouver une passion ? Lui dire de ne pas sentir ce qu'elle sent ? De ne pas aimer, quand elle aime ? Ce serait là agir de façon la plus maladroite et la plus bête à la fois. Avez-vous jamais entendu dire que la logique ait eu raison d'une passion ? que l'on puisse convaincre la fièvre en lui disant: "ne monte pas, Fièvre" ou le feu en lui disant: "ne brûle pas, Feu !".
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