Je t'attendais, je t'attendais toujours , comme, pendant toute ma destinée, j'ai attendu devant ta vie qui m'étais fermée.
Je veux te révéler toute ma vie , cette vie qui n'a commencé que du jour où je t'ai connu . Auparavant , ce n'était qu'une chose trouble et confuse , dans laquelle mon souvenir ne se replongeait jamais ; c'était comme une cave où la poussière et les toiles d'araignée recouvraient des objets et des êtres aux vagues contours , et dont mon coeur ne sait plus rien .
Ma passion pour toi resta la même ; elle se transformait juste avec mon corps ; à mesure que mes sens s’éveillaient, elle devenait plus ardente, plus concrète, plus féminine. Et l’action dont l’enfant, dans sa volonté ignorante et confuse, l’enfant qui tira jadis la sonnette de ta porte, ne pouvait pas avoir conscience, était maintenant mon unique pensée : me donner à toi, m’abandonner à toi.
Les hommes qui mènent une vie étroite sont toujours curieux de toutes les nouveautés qui passent devant leur porte.
Ce n’est que quand je serai morte que tu recevras ce testament, d’une femme qui t’a plus aimé que toutes les autres, et que tu n’as jamais reconnue, d’une femme qui n’a jamais cessé de t’attendre et que tu n’as jamais appelée.
Ah ! Quelles folies n'ai-je commises alors, je baisais le bouton de la porte que ta main avait touchée, je dérobais furtivement le mégot de cigarettes que tu avais jeté avant d'entrer, et il étai sacré pour moi parce que tes lèvres l'avait effleuré.
J'avais touché, un jour, dans cette salle d'hôpital, à l'horreur de la pauvreté ; je savais qu'en ce monde le pauvre est toujours la victime, celui qu'on abaisse et foule aux pieds [...].
Quand j'ouvrais les yeux dans l'obscurité et que je te sentais à mon côté, je m'étonnais que les étoiles ne fussent pas au-dessus de ma tête, tellement le ciel me semblait proche.
Ne pas se reconnaître soi-même nous amène a ne pas être reconnu.
(préface d'Elsa Zylberstein)
Tu étais pour moi - comment dirai-je? toute comparaison serait trop faible - ,tu étais, précisément, tout pour moi, toute ma vie. Rien n'existait pour moi que dans la mesure où cela se rapportait à toi; rien dans mon existence n'avait de sens si cela n'avait pas de lien avec toi. Tu métamorphises ma vie tout entière