AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Vingt-quatre heures de la vie d'une femme (535)

Vieillir n' est ,au fond,pas autre chose que n'avoir plus peur de son passé.
Commenter  J’apprécie          30
La plupart des gens n'ont qu'une imagination émoussée. Ce qui ne les touche pas directement, en leur enfonçant comme un coin aigu en plein cerveau, n'arrive guère à les émouvoir ; mais si devant leurs yeux, à portée immédiate de leur sensibilité, se produit quelque chose, même de peu d'importance, aussitôt bouillonne en eux une passion démesurée. Alors ils compensent, dans une certaine mesure, leur indifférence coutumière par une véhémence déplacée et exagérée.
Commenter  J’apprécie          10
Mais aujourd’hui que je m’efforce de faire surgir tout le passé du fond de moi-même, comme une chose inconnue, avec ordre et énergie, et que votre présence ne tolère aucune dissimulation, aucune lâche échappatoire d’un sentiment de honte, aujourd’hui je le sais clairement : ce qui alors me fit tant de mal, c’était la déception… la déception… que ce jeune homme fût parti si docilement… sans aucune tentative pour me garder, pour rester auprès de moi… qu’il eût obéi humblement et respectueusement à ma première demande l’invitant à s’en aller, au lieu… au lieu d’essayer de me tirer violemment à lui… qu’il me vénérât uniquement comme une sainte apparue sur son chemin… et qu’il… qu’il ne sentît pas que j’étais une femme.
Ce fut pour moi une déception… une déception que je ne m’avouai pas, ni alors ni plus tard ; mais le sentiment d’une femme sait tout, sans paroles et sans conscience précise. Car… maintenant je ne m’abuse plus…, si cet homme m’avait alors saisie, s’il m’avait demandé de le suivre, je serais allée avec lui jusqu’au bout du monde ; j’aurais déshonoré mon nom et celui de mes enfants… Indifférente aux discours des gens et à la raison intérieure, je me serais enfuie avec lui, comme cette Mme Henriette avec le jeune Français que, la veille, elle ne connaissait pas encore… Je n’aurais pas demandé ni où j’allais, ni pour combien de temps ; je n’aurais pas jeté un seul regard derrière moi, sur ma vie passée… J’aurais sacrifié à cet homme mon argent, mon nom, ma fortune, mon honneur… Je serais allée mendier, et probablement il n’y a pas de bassesse au monde à laquelle il ne m’eût amenée à consentir. J’aurais rejeté tout ce que dans la société on nomme pudeur et réserve ; si seulement il s’était avancé vers moi, en disant une parole ou en faisant un seul pas, s’il avait tenté de me prendre, à cette seconde j’étais perdue et liée à lui pour toujours.
Commenter  J’apprécie          00
Il y a maintenant vingt-quatre ans de cela, et cependant, quand je pense à ce moment où j’étais là, fustigée par ses insultes, sous les yeux de mille inconnus, mon sang se glace dans mes veines. Et je sens de nouveau avec effroi quelle substance faible, misérable et lâche doit être ce que nous appelons, avec emphase, l’âme, l’esprit, le sentiment, la douleur, puisque tout cela, même à son plus haut paroxysme, est incapable de briser complètement le corps qui souffre, la chair torturée, -puisque malgré tout, le sang continue de battre et que l’on survit à de telles heures, au lieu de mourir et de s’abattre, comme un arbre frappé par la foudre.
Commenter  J’apprécie          50
Après tout, vieillir ne signifie rien d'autre que cesser d'avoir peur de son passé.
Commenter  J’apprécie          60
Malgré moi je me retournais, gênée d'avoir vu, comme au balcon d'un théâtre,le désespoir d'un inconnu ; mais soudain cette angoisse incompréhensible qui était en moi et le poussa a le suivre.
Commenter  J’apprécie          10
Et cependant, ce fut comme un noir coup de foudre qui éclate en moi lorsque je contastais que la vie quittait brusquement les yeux de cet homme, et que la mort mettait son teint livide sur ce visage encore débordant d'énergie l'instant d'avant.
Commenter  J’apprécie          20
Même la personne la plus insensible de cette salle d'enfer aurait reconnu forcément que cet homme n'avait plus aucun appui, ni chez lui, ni dans une banque,ni chez des parents ; qu'il avait joué ici son dernier argenté sa vie même,et que maintenant de ce pas trébuchant, il s'en allait ailleurs, n'importe où mais à coup sûr hors de l'existence.
Commenter  J’apprécie          10
Mais chacune à sa manière d être particulière, car chacune de ces paires de mains exprime une vie différente
Commenter  J’apprécie          00
Quelqu'un qui n'éprouve plus rien ne vit plus que par les nerfs, à travers l'agitation passionnée des autres,comme au théâtre ou dans la musique.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (16597) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Vingt-quatre heures de la vie d'une femme

    En quelle année a été publié ce texte ?

    1925
    1927
    1929

    10 questions
    216 lecteurs ont répondu
    Thème : Vingt-quatre heures de la vie d'une femme de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

    {* *}