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EAN : 9782825138175
127 pages
L'Age d'Homme (04/04/2008)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Couverture ill.D'1 photog.N.et.B. De l'auteur. Traduit du serbe par Jean Descat.
« Mais les villageois n'étaient pas naïfs : la peur grandissait dans leurs coeurs. C'est alors que le bâtard, qui sautillait sans cesse autour de lui, colporta la nouvelle qu'Isaac cherchait une odeur et ne parvenait pas à la trouver. Sans perdre de temps, les villageois se mirent à courir les champs et les étables, flairant le sol, les fleurs, l'air et les pierres. Ils se pencha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce roman allégorique se termine dans une longue plainte inhumaine où l'on mesure que l'histoire racontée par Branimir Scepanovic est la tragédie de l'humanité: "... le hurlement ininterrompu palpitait dans l'air, étrange et déchirant, et ressemblait de plus en plus à un de ces cris d'homme qui vous gonflent la poitrine et que l'on ne peut réprimer. Jeftimije estima qu'une telle chose était impossible, il ne pouvait admettre qu'un être humain, même s'il a mal, pût à ce point être proche d'un chien; [...] ".

Le petit village de Pasjača (prononcer «pasiatcha») est isolé du reste du pays serbe, les voies de communication l'ont oublié, ses habitants doivent s'approvisionner après un long chemin à dos de mulet. Nul n'y va ni n'en part jamais, sauf peut-être un homme qui observe aux jumelles la vallée, sur le mont de l'est...

Par un été aride, Isak revient en ce lieu qui l'a vu grandir, car aujourd'hui il est devenu un homme et a vu le monde – en témoigne ce chapeau américain au bandeau bleu qui impressionne tant le gamin bâtard –, il a le sentiment d'avoir un compte à régler avec les villageois qui l'ont un jour battu et chassé. Il y a cette odeur qu'il veut retrouver, l'odeur d'hier, de l'enfance, de sa terre. Puis Jacov, son père défunt, qu'il croit haïr. Et Marta qui essuya ses plaies mais alla vers le beau Danilo. Isak veut les revoir et les impressionner.

La méfiance et l'hostilité l'accueillent: "Tu te figures que parce que tu es revenu avec un chapeau, tu peux nous faire tourner en bourriques. [...]. Nous pissons sur ton Amérique, nous sommes bien ici." Mais ce petit garçon, que le chapeau à bandeau fait rêver à la mer lointaine, est rusé : il insinue aux villageois qu'Isak est un homme du pouvoir. le mot absorbe par magie les animosités, les ricanements se font sourires obséquieux : Isak est respecté et craint, convoité par des femmes.

Ces moments apaisés permettent à l'homme de se réconcilier avec la mémoire de son père, vieil homme faible qui baissait la tête devant les villageois envieux et fourbes autant qu'idiots. L'enfant Isak avait honte d'un père soumis et il retrouve la paix en écoutant les chants que fredonnait le disparu. Mais les villageois sont ce qu'ils sont, l'hypocrisie règne, la rumeur est facile et les humeurs changeantes. Des animosités jalouses se réveillent avec la soif d'humiliation et de violence envers Isak. Même celle qui s'enflamma dans ses bras le reniera en deux soupirs aux pieds de son mari.

La mesquinerie du coeur humain et sa solitude éternelle sont au coeur de ce récit magnifique. La quête du paradis perdu s'apparente ici au retour dans un pandémonium où même le prêtre ne croit pas en Dieu.

"Si Isak était resté dans le vaste monde, s'il avait résisté au désir de venir vous affronter, s'il avait eu la force de ne pas essayer de vous prouver quelque chose, s'il vous avait oubliés ou du moins refoulés en lui jusqu'à l'indifférence, je dirais alors qu'il vous a vaincus. En fait il se croit plus fort que vous, mais il se trompe."

Branimir Scepanovic est apparu sur la scène littéraire serbe dans les années soixante, en même temps que quelques prosateurs comme Borislav Pekić, Danilo Kiš ou Mirko Kovač. Dans "L'Été de la honte" (1965) se déploie un univers où le grotesque, le paradoxe et l'absurde se côtoient et où l'on perçoit les immenses qualités qui ont marqué quelques années plus tard le fulgurant roman "La Bouche pleine de terre" (1974).

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Je crois bien que c'est la première fois que je lis de la littérature serbe!!!! Et ce n'est pas déplaisant ;-)
C'est l'histoire d'un homme (Isaac) qui revient dans le village qui l'a vu grandir, mais qui l'a humilié, maltraité, roué de coups ; c'est l'histoire d'un homme qui dans ce village était déchiré entre la honte du père (qui se laissait humilier aussi) et un amour impossible avec une femme du village qui ne voulait pas de lui (Marthe) ; c'est l'histoire de cet homme qui revient et qui ne sait pas exactement pourquoi : se venger, les humilier à leur tour, obtenir leur bénédiction, leur respect, coucher avec Marthe... Il réussit tout cela mais ne s'attire au final que davantage de honte et de mépris ; il fait la paix avec ce père décédé dont il découvre que quand même, il l'aimait, malgré sa honte. C'est un roman comme un huis clos, tellement étroits sont les personnages et étouffant l'air poisseux de l'été. Les dialogues sont admirables. La syntaxe et le lexique sont riches sans être recherchés, une belle réussite, qui se lit facilement, sans suspense mais avec une tension latente. Les circonvolutions psychologiques du personnage ne sont pas toujours aisées à saisir, mais jamais on ne revit deux fois la même chose et c'est appréciable, dans un roman qui n'a pour cadre qu'une minuscule partie de Passiatcha.
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Il y a une drôle d'ambiance dans les romans et nouvelles de Branimir Scepanovic, on y respire à plein poumons mais l'air y est vicié de faux-semblants. Dans l'été de la honte, nous suivons le retour d'Isak, après des années d'exil. Rejeté jadis par son village, humilié, violenté, il revient en homme qui a parcouru le monde, dorénavant prêt à accorder un pardon mâtiné de haine. Si la peur et la servilité domine chez les villageois, l'hégémonie d'Isak lui trouble dangereusement la vue. En quête d'absolution, il ne cessera de chercher à conquérir sa place au sein de la communauté
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