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EAN : 9791095115014
Yovana (01/01/1900)
3.69/5   13 notes
Résumé :
Une rupture amoureuse. Un départ précipité.
Provoquer le dépaysement. Ce sera le Guatemala.

Qu'espérer d'une telle entreprise ? Tempérer la douleur en accumulant les kilomètres au compteur ? Tester l'effet de la médecine maya sur les affections du coeur ? Renaître à soi au détour d'une ruelle chamarrée ?

La terre des Mayas déploie tous ses charmes, mais l'Aventure, elle, n'est pas au rendez-vous.

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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
La solitude du Quetzal
Jacky Essirard
Editions Yovana



A la suite d'une rupture amoureuse, le narrateur quitte la France pour le Guatemala, un ailleurs assez lointain pour lui permettre d'oublier. Tel est le point de départ de ce livre qui se situe à la croisée du récit de voyage et du roman.

A la littérature nomade, la Solitude du Quetzal emprunte une topographie précise, un itinéraire, l'évocation d'une population et de paysages. le livre comporte une carte mentionnant les étapes et chaque chapitre s'ouvre sur une indication géographique. C'est l'une des caractéristiques de ce genre littéraire que de s'attacher plus au lieu qu'au temps. Là s'arrête la filiation : si celui qui souhaite visiter le Guatemala y trouve des renseignements précieux sur le pays, en revanche la figure du voyageur est largement écornée : nul émerveillement, peu de découvertes, et le constat qu'aucune compréhension du pays ou de soi ne surviendra au terme de ce déplacement. En quête d'étonnement et de dépaysement, le narrateur ne trouvera que lui-même et sa solitude sera accentuée par le côtoiement d'une civilisation qui lui demeurera tout à fait étrangère. Outre qu'il est pris dans des souvenirs et un chagrin qui inhibent toute attention, la barrière de la langue et la différence des cultures empêchent toute compréhension. Irrémédiable altérité.

Des fragments mêlent réflexions et saisie de détails, un vêtement, une attitude, une particularité architecturale, climatique ou politique. Quelques rencontres fugaces, laissant toujours insatisfait. Il est vrai qu'on ne se quitte jamais et que le voyage, semble dire l'auteur de la Solitude du Quetzal, est toujours un échec. En cela, Jacky Essirard se situe loin des Bouvier, Chatwin ou autre London, que les ailleurs font (ou défont). le narrateur serait plutôt frère d'Henri Michaux. Il a d'ailleurs emporté dans ses bagages Ecuador, récit d'un périple de jeunesse entrepris par Michaux en Equateur. C'était encore une époque – le début du XXe siècle - où les lointains s'atteignaient difficilement et constituaient une véritable aventure. Pourtant Michaux écrit : « et ce voyage, mais où est-il se voyage ». Jacky Essirard se place dans la lignée des voyageurs désenchantés. « Qu'est-ce que je fais ici ? » écrivait Rimbaud d'Ethiopie. le narrateur pourrait poser la même question. Finalement, seul le départ importe. Quitter. Nulle renaissance au retour, le voyageur ne revient pas transformé. Ni guéri de son chagrin d'amour.

La finalité du voyage ne serait-elle pas l'écriture ? Pour celui qui fait l'expérience du vide – et ce séjour au Guatemala, malgré les impressions et sensations multiples, en est une - l'écriture est une voie de salut. (« Écrire, écrire, garder la vie dans les mots »). le récit se déroule au présent, il n'est pas un compte-rendu composé après coup, mais écriture au jour le jour, travail en train de se réaliser sous les yeux du lecteur, avec ses ressassements, ses doutes, ses questionnements. Ses éclaircies aussi et ses moments d'humour. L'épilogue se déroule à la bibliothèque, où le narrateur effectue des recherches sur la mystérieuse amoureuse de Michaux, By. Retour aux livres et à la littérature, donc, le seul voyage qui ne déçoit jamais. « Ecrire est un voyage, un voyage dans le voyage. Mais d'autres avant moi l'ont dit ».

Saluons le choix de ce jeune éditeur prometteur, Yovana , qui publie un livre atypique, soigneusement présenté, qui se compose comme un carnet de notes, en a aussi l'aspect, dans son format presque carré et sa couverture souple. Un récit intimiste, porté par une écriture sensible qui sait laisser la place à la fragilité de l'être.
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Le Guatemala reste, à ce jour, l'un de mes plus beaux souvenirs de voyage. C'est donc avec grand enthousiasme que j'ai lu ce livre.. Un grand voyage entreprit sur les routes guatémaltèques pour guérir un chagrin d'amour. Une fuite pour se retrouver. Un séjour au plus profond de soi en se laissant porter par la découverte d'un nouveau pays. C'est très écrit et très introspectif. Et le charme de la beauté du paysage, la rencontre avec ce peuple, le temps qu'on prend pour apprécier a fait de cette lecture une très belle lecture.
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Ici, le prisme est celui du chagrin d'amour, de la fuite dans sa platitude apparente ("ça sert à quoi, d'écrire ce pas grand-chose ? Relater des banalités à la sauce exotique ?") mais en dépit d'un ou deux clichés ("On ne réalise la perte qu'avec la longue absence de l'autre"), le style et le regard sauvent tout. Ah, ces "couches de nostalgie supplémentaires", et cette toile naïve où cohabitent des fruits, des arums, une femme de dos et une dinde de profil ! Et ce jeu de non-dit avec les mots, les noms... "Celle qui m'a quitté s'appellera Maya. Une manière de relativiser son existence." Une manière aussi de faire se croiser la femme aimée avec Māyā l'Illusion, et avec le peuple maya dont l'auteur cherche les traces autour de lui ?

J'ai été touchée, également, par la présence, dans ce texte, de celui d'Henri Michaux. Ecuador m'a accompagnée mentalement dans tous mes voyages latino-américains (je crois n'avoir navigué en pirogue sur le Napo qu'à cause de sa phrase : "Le Napo nage lentement vers l'Amazone. Lentement. Rentré. Accablé"). Malgré l'accablement, chez Michaux comme chez Essirard, on perçoit une sorte de commencement d'envol, comme l'écrit ce dernier !
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Carnet de voyage, La Solitude du Quetzal nous emmène sur les routes du Guatemala où celui qui tient le stylo tente d'oublier une grosse déconvenue amoureuse... Il est venu chercher le dépaysement et l'oubli, mais - c'était prévisible ! - on ne se débarrasse pas si facilement des choses qui nous blessent, ça se saurait !
Alors, d'étape en étape, on découvre avec lui des bribes de paysage, de ville, de village, de rivage, etc. On rencontre des chauffeurs, des vendeurs - toujours beaucoup de vendeurs quand on est touriste ! -, des homologues, et aussi quelques habitants - si si ! quand on en a envie, on réussit toujours à en rencontrer... Mais invariablement, dans le récit de chaque étape, la raison du voyage, ce que le voyageur cherche à tout prix à oublier, s'invite en impromptu, en boucle, en leitmotiv...
Reste au bout du compte, pour le voyageur comme pour le lecteur, une somme d'impressions, d'images, qui ne sont bien entendu pas la "réalité" du pays, mais plutôt la réalité d'une transition... Ce voyage, ce récit, c'est un très beau moyen d'occuper le temps, non pas de la guérison, mais de la cautérisation ! Si le voyage ne change rien aux faits, le temps passé à voyager aide à apprendre à vivre avec les faits... Jacky Essirard nous a fait profiter du voyage et c'est tant mieux !
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Merci aux éditions Yovana et à Babelio pour l'envoi de ce livre.

C'est un objet un peu particulier que j'ai reçu. Son format est inhabituel, le papier est différent, la police d'écriture peu commune, bref Babelio me fait une nouvelle fois découvrir un ovni littéraire et je dois dire que ça me plait.

Ce carnet nous emmène aux Guatemala, pays que je connais bien peu, en compagnie d'un homme blessé qui cherche à fuir la douleur d'une rupture amoureuse.
Ce voyage autant physique que psychologique, est très dépaysant et raconté avec beaucoup de poésie.
Pourtant je me suis sentie à l'écart, comme si le narrateur, recroquevillé sur lui même comme une huître m'éloignait volontairement de sa quête.
J'ai donc assisté à cette traversée comme une spectatrice un peu distraite sans vraiment me plonger dans le récit.

Dommage car la promesse était belle. Un joli sujet, un pays magnifique mais qui racontés de la sorte ne me laisseront que peu de souvenirs.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Dans mon pays intérieur, je possède mes propres ruines. Personne d’autre que moi ne vient les visiter. Je revendique la faute. Je n’entretiens pas la place, pensant que la mémoire suffit à tenir le passé en ordre. Aujourd’hui, des pans entiers de mon histoire se sont écroulés. Oubliés, les lieux et les rencontres. Volontairement ou par négligence. Tout semble friable, sauf les mois passés avec elle que je ne peux effacer. Tenir un journal ? J’aurais dû y penser plus tôt. Je suis une ville qui a connu des années fastes, des moments réputés inoubliables, des désastres aussi. Je suis une ville vieillissante et vulnérable. Je ne m’intéresse plus.
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Je suis une coquille vide transportée au Guatemala. À ma place, certains diraient vouloir se changer les idées. Mais je n’ai plus d’idées et plus d’envie. Remettre le compteur à zéro est illusoire, les années sont là avec leur trace. Quel touriste je fais !
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Un ami m’ayant convaincu que pour améliorer mon état je devais respirer un air différent, j’avais choisi l’exotisme.

J’ignore si cela sera suffisant pour guérir
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L’aventure, j’en parle beaucoup pour me convaincre qu’elle est possible. Prudent de nature, j’évite les complications. Alors l’aventure ! Elle passe sans s’arrêter. Mon indécision souvent reprochée est peut-être l’unique cause de la rupture. Incapable de prendre le large là-bas et ici même, de l’autre côté du grand large, prisonnier encore.
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Le soir je refais le parcours dans ma chambre d'hôtel, constate que je n'ai pas beaucoup parlé, quelques mots au chauffeur, des banalités. Je rassemble dans mon carnet ce que mes yeux ont vu du Nouveau Monde qui déjà se fixe dans ma mémoire. J'écris pour me souvenir mieux, et pour oublier les dernières semaines en France. Le voyage qui m'emporte hors de mes limites se construit en moi. Je sais que je ne pourrai pas tout inscrire : les sons et les parfums resteront ici.
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