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4,16

sur 925 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

" L'art d'être malheureux" était le titre premier. Puis ce sera l'énigmatique et saisissant " Capitale de la douleur"...

La douleur première, c'est celle de l'amour blessé, de l'amour qui s'enfuit, celui de Gala, qui lui préfère Max Ernst et s'en ira avec Salvatore Dali...

Mais une douleur transfigurée par la lumière durable de sa flamme à lui, et son désir de toujours, quoi qu'il arrive, célébrer celle qu'il aime " Je fête l'essentiel, je fête ta présence...."Eluard est vraiment le chantre de l'amour et de la femme.

Ce recueil est un concentré pur d'émotions, à travers des mots simples, des images incandescentes, une apparente facilité niée par la complexité des symboles,des références picturales comme dans " Max Ernst", un univers onirique propre aux surréalistes mais qui prend ici une dimension plus personnelle, la nuit comme refuge contre la douleur " Et quand tu n'es pas là, je rêve que je dors, Je rêve que je rêve..."

Certains textes ont pris un aspect tellement universel qu'ils s'impriment en nous, nous bercent et nous enchantent.Je ne résiste pas à l'envie de vous citer quelques vers , parmi ceux que je préfère, je les connais par coeur, ils m'inspirent et glissent avec délice en moi...

" Voyage du silence
de mes mains à tes yeux"

" le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin"

Et ce sublime " La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur"....

Chaleur du regard du poète, générosité de son coeur pourtant ensanglanté.Un recueil inestimable.Un cri d'amour à la Femme.Au-delà de la douleur.
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Paul Eluard écrivit ce recueil en 1924 alors qu'il traversait une période de doute et de crise personnelle.
Ces poèmes ont été pour partie construits sur la douleur et le mal-être de leur auteur.
Pour autant, les mots, s'ils peuvent paraître hermétiques au premier abord, sont d'une fluidité remarquable qui transporte le lecteur.
Quel voyage nous offre ainsi Eluard. On explore un univers qui va de la douceur à la douleur, on est subjugué par des passages d'une rare beauté et nul ne peut y être indifférent.
Un livre à prendre et à reprendre. Souvent.
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Paul Eluard est un des seuls poètes que je lis sans m'ennuyer.
Tous ses mots me parlent, aussi bien quand il parle de l'amour que quand il évoque la nature.
J'avais fait sa connaissance en avant-dernière année du lycée où nous n'étudiions que les poètes.
En Belgique, quand on nous demandait: "En quelle année es-tu?"
On répondait: " En poésie". Joli, non?
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La plupart des poètes ont célébré l'amour. Si je devais n'en retenir qu'un seul, ce serait lui, Paul Eluard, avec son recueil « Capitale de la Douleur ».
Découverte en cours de Français, sa poésie a été une révélation. le poète surréaliste enlace l'amour – thème central de ce recueil – de ses mots fluides et de ses vers modernes. Quand on lit sa prose à haute voix, c'est de l'émotion à l'état brut. Pas de phrases alambiquées ou de termes mystérieux : sensuels, doux, amers et agressifs, ses poèmes parlent de tous ces sentiments opposés que l'amour fait naître.
Ce recueil écrit pour sa femme Gala qui ne tardera pas à quitter Eluard pour Savador Dali, est la plainte de l'homme amoureux qui se s'est délaissé. Si sa poésie traite également des thèmes du rêve ou encore de la peinture (de nombreux poèmes dédiés aux peintres Klee, Arp, Miro, Picasso ou Giorgio de Chirico nous amènent à découvrir le surréalisme), l'amour et la douleur dans l'amour sont le coeur de cette oeuvre. Entre la simplicité des mots façon Prévert et l'anticonformisme irrationnel à la Breton, «Capitale d la douleur » se lit et se relit inlassablement.

Certains pourront être totalement hermétiques à cette poésie, d'autres diront qu'elle touche plus précisément les adolescentes avides de sentiments exaltés. Certes…
N'étant plus une adolescente qui tombe en pâmoison face à de jolis mots, j'ai donc relu cette oeuvre…. Et bien des années plus tard, mon avis reste le même : l'amour, ce beau et profond et complexe et déroutant sentiment est bien difficile à rendre compte par des mots. Et bien Paul Eluard l'a fait et il en est pour moi le chantre.
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Capitale de la douleur suivi de de L'amour la poésie - Paul Eluard

Magnifique recueil de poésie.
J'ai passé de grands moments de lecture très très agréables avec ce livre.
J'ai pris mon temps pour le savourer et le déguster, il y a des semaines et des semaines que je l'ai commencé. Mais j'adorais, le soir ou le matin, l'ouvrir et lire deux ou trois pages. le matin cela rendait ma journée très agréable et le soir je m'endormais avec de la poésie plein la tête.
J'avoue que certains poèmes m'ont laissée perplexe et que pour d'autres je n'ai pas tout compris.
Mais qu'importe faut il chercher à tout comprendre quand on lit de la poésie.
J'ai souvent lu ces poèmes à haute voix pour entendre les mots.
Vraiment très très bonne lecture.
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Eluard ouvre en moi des brèches où s'engouffrent et mes larmes et mes éclats de joie. Jamais le mot PURETÉ n'aura aussi bien rimé avec SENSUALITÉ. Je le lis et le relis depuis des lustres,toujours subjuguée par le fond et la forme. C'est sans conteste mon poète préféré car il éclaire ce que je suis,ressens, crois de ses mots sans pareil
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« Que sais-tu du malheur d'aimer » chante Aragon . Qui mieux qu'Eluard ce grand amoureux pourrait lui répondre ? Ce recueil est inspiré par les souffrances qu'il connut dans sa liaison avec la volage Gala. le recueil qui suit « L'amour la poésie » est écrit dans le même contexte sentimental. Quelques années plus tard c'est la mort de Nush qui viendra inspirer d'autres plaintes . Amour brisé, amour perdu mais amour renaissant Eluard est un Phénix.
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Petit recueil acheté à Évian après avoir visité l'exposition qui s'y donne en ce moment sur ce poète, Capitale de la douleur regroupe un corpus de petits poèmes à lire à tout moment, en tout lieu, à toute heure.
Si les rimes ne sont pas présentes, Éluard ne nous en emporte pas moins dans son imaginaire et dans sa réalité -brutale- de l'amour.
Envoûtant !
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S'il est au monde un être pour qui le mot poésie semble avoir été inventé, ce ne peut être que Paul Eluard. Notre littérature ne manque pas de poètes, et des plus grands, et le XXème siècle en particulier qui dans le sillage d'Apollinaire a vu germer une génération dorée avec Aragon, Eluard, Breton, Char, Desnos, Soupault et les autres surréalistes, autour desquels gravitent d'autres astres qui s'appellent Prévert, Queneau, d'autres encore plus solitaires qui s'appellent Supervielle, Michaux ou Ponge, le délicieux René-Guy Cadou, les attachants Fombeure et Norge...
Dans cette constellation, l'Etoile Eluard brille d'une lumière particulière. La poésie d'Eluard ne se mesure pas, elle ne s'évalue pas, elle est toute entière du domaine de la perception, de la sensation. le poète ne parle pas, il chante, le lecteur ne lit pas, il ressent, et les images viennent d'elles-mêmes danser devant ses yeux éblouis. Eluard rejoint la définition même de la poésie : il donne à voir. Témoin ce poème, l'un des plus beau de ce recueil :

LE JEU DE CONSTRUCTION

A Raymond Roussel

L'homme s'enfuit, le cheval tombe,
La porte ne peut pas s'ouvrir,
L'oiseau se tait, creusez sa tombe,
Le silence le fait mourir.

Un papillon sur une branche
Attend patiemment l'hiver,
Son coeur est lourd, la branche penche,
La branche se plie comme un ver.

Pourquoi pleurer la fleur séchée
Et pourquoi pleurer les lilas ?
Pourquoi pleurer la rose d'ambre ?

Pourquoi pleurer la pensée tendre ?
Pourquoi chercher la fleur cachée
Si l'on n'a pas de récompense ?

- Mais pour ça, ça et ça.

(Capitale de la douleur – 1926)

Capitale de la douleur paraît en 1926. La douleur qui étreint le poète, c'est l'amour de Gala sa femme qui semble lui échapper. Elle vit avec le peintre Max Ernst en attendant de refaire sa vie avec Salvador Dali dont elle deviendra la muse et le modèle - ce qu'elle a déjà été pour Eluard, et pour Ernst. La douleur traverse le recueil et se découvre en filigrane à chaque poème. Avec des mots d'une simplicité limpide mais riches en images, Eluard nous confie sa souffrance, qui n'est pas amertume, ni jalousie, ni ressentiment, mais seulement blessure : l'avant-dernier poème du recueil, peut-être le plus beau, montre à la fois une certaine résignation et la permanence de l'amour perdu.

LA COURBE DE TES YEUX
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Paul Eluard, Capitale de la douleur, 1926
La musique douce d'Eluard s'accompagne toujours d'images. On notera également que le recueil fait aussi une grande place aux peintres : Max Ernst, Giorgio de Chirico, Georges Braque, Joan Miro...
Correspondance secrète entre l'art et la poésie où l'amour, heureux ou malheureux, fait le pont...



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Dans ce recueil, la lectrice ou le lecteur fait l'expérience du rêve. D'ailleurs, ce sujet apparaissait très à la mode dans les années 20, entre autres, à cause des découvertes de Freud. L'être humain est donc tenté de découvrir son inconscient et ce qui le peuple. En ce sens, le pouvoir et la puissance des mots permettent à certains de pousser plus loin la recherche de l'identité et du moi profond. Ainsi, la présence du rêve dans des poèmes du recueil s'avère très pertinente. Par exemple, c'est dans la partie «Mourir de ne pas mourir», dédicacée à André Breton, que le rêve apparaît sous sa forme la plus magnifiée. Voici un extrait de «Silence de l'évangile» :

«Nous dormons avec des anges rouges qui nous montrent le désert sans minuscules et sans les doux réveils désolés. Nous dormons. Une aile nous brise, évasion, nous avons des roues plus vieilles que les plumes envolées, perdues, pour explorer les cimetières de la lenteur, la seule luxure.» (p. 68)

Ce recours à la thématique du rêve permet à l'homme de s'évader des horreurs du quotidien, de décrire les images de son moi, de redonner une saveur à la vie, de ramener un côté merveilleux à l'existence. L'homme n'est plus figé dans les contraintes du temps présent, mais il peut se permettre de voguer sur les eaux de la fantaisie et de renommer ce qu'il perçoit avec ses mots.

Si on aborde le rêve, il s'avère difficile de le dissocier du sommeil. À cet égard, les deux thématiques sont presque indissociables et la poésie des surréalistes n'y échappe pas. Les poètes tentent d'apprivoiser cet espace de repos, cette nuit qui leur révèle leur être. Dans «Ne plus partager», la lectrice ou le lecteur peut percevoir la crainte par rapport au sommeil.

«Je distingue le jour de cette clarté d'homme

Qui est la mienne,

Je distingue le vertige de la liberté,

La mort de l'ivresse,

Le sommeil du rêve,

O reflets sur moi-même! ô mes reflets sanglants!» (p. 90)

Le poète semble confronté à un voyage intérieur encore inexploré caractérisé par l'inconnu, devant une mort, l'espace de quelques heures.

À d'autres endroits, dormir peut devenir néfaste parce que cela implique une passivité de l'être. le sommeil est à la fois un lieu exploratoire mais lorsqu'il se vit éveillé, il s'inscrit dans un état d'inertie, souvent bien dangereux pour ceux souffrant de l'indifférence humaine. le sommeil peut être perçu comme négativement et le rêve positivement.

«[…], la cavalcade sanglante et plus douce au coeur de l'homme averti de la paix que la couronne des rêves insouciante des ruines du sommeil. » (p. 121)

On peut sentir cette dualité entre le sommeil et le rêve dans cette citation.

La guerre est abordée aussi dans le recueil d'Éluard. Les horreurs de la Première Guerre mondiale se retrouvent dans ce dernier. Dans «Paris pendant la guerre», on sent bien la monstruosité de la guerre.

«Les bêtes qui descendent des faubourgs en feu,

Les oiseaux qui secouent leurs plumes meurtrières

Les terribles ciels jaunes, les nuages tout nus

Ont, en toute saison, fêté cette statue». (p. 108)

Une des missions des surréalistes était de reconstruire l'homme nouveau après une période très sombre de l'humanité. Libérer par les mots le monde d'hier pour faire naître le monde de demain.

De plus, la poésie a tenté, comme en peinture, d'accéder à l'inconnu. Beaucoup de poèmes dans la partie «Mourir de ne pas aimer» sont associés à des peintres s'inscrivant dans la même démarche artistique qu'Éluard. Picasso, Braque, Chirico, Klee, Arp, Masson, Miro et Max Ernst figurent dans les poèmes d'Éluard. Par exemple, dans le poème «Pablo Picasso», les images proposées tentent d'insuffler au réel une nouvelle dimension :

«Le visage du coeur a perdu ses couleurs

Et le soleil nous cherche et la neige est aveugle.

Si nous l'abandonnons, l'horizon a des ailes

Et nos regards au loin dissipent les erreurs.» (p. 96)

Peintres et poètes ont tous comme but d'amener leur imaginaire à dépasser le réel. Démolir la réalité afin de faire de l'impossible un possible.
Mais encore, les surréalistes ont tenté de briser les cadres afin d'ouvrir l'esprit à une nouvelle réalité. Les images d'Éluard explosent afin de briser tout ordre linéaire. le dernier poème du recueil ouvre les portes de l'amour, de l'amour pour l'humain, de l'amour pour l'amour, de l'espoir de l'Amour par le biais du recours au tu.

«[…]

À toi qui n'as pas de nom et que les autres ignorent,

La mer te dit : sur moi, le ciel te dit : sur moi,

Les astres te devinent, les nuages t'imaginent

Et le sang répandu aux meilleurs moments,

Le sang de la générosité

Te porte avec délices.

Je chante la grande joie de te chanter,

La grande joie de t'avoir ou de ne pas t'avoir,

La candeur de t'attendre, l'innocence de te connaître,

O toi qui supprimes l'oubli, l'espoir et l'ignorance,

Qui supprimes l'absence et qui me mets au monde,

Je chante pour chanter, je t'aime pour chanter

Le mystère où l'amour me crée et se délivre.

Tu es pur, tu es encore plus pur que moi-même. » (p. 141)

C'était ma présentation d'un recueil de poésie marquant, beau et qui ne cesse de me faire grandir en tant qu'être humain. le mystère de la beauté de la poésie, c'est peut-être ça…

Qu'en pensez-vous?

https://madamelit.ca/2022/03/06/madame-lit-capitale-de-la-douleur-deluard/
Lien : https://madamelit.ca/2022/03..
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