S’il t’arrive un jour d’accorder du poids aux objets extérieurs par désir de plaire à quelqu’un, sache que tu réduiras à néant tes principes de vie.
Si l’on vient te dire qu’un tel dit du mal de toi, ne cherche point à te justifier sur ce qu’on te rapporte ; réponds seulement : « Il faut qu’il ne soit pas au courant de ce qu’on peut encore dire sur mon compte ; autrement il ne se serait pas borné là. »
Si on confiait ton corps au premier venu, tu serais indigné ; et toi, quand tu confies ton âme au premier venu, pour qu’il la trouble et la bouleverse par ses injures, tu n’en as pas de honte ?
Quand tu fais quelque chose, après avoir reconnu qu’il le faut faire, ne crains pas d’être vu le faisant, quelque défavorablement que le vulgaire en doive juger. Si tu as tort de le faire, évite l’action elle-même ; si tu as raison, pourquoi crains-tu ceux qui auront tort de te blâmer ?
C'est un signe d'incapacité mentale que de constamment s'occuper de ce qui concerne le corps, comme de donner trop de temps à la gymnastique, au manger, au boire, aux fonctions excrétives, aux choses de l'amour. Mais il ne faut faire tout cela qu'accessoirement, et tourner vers l'esprit toute son attention.
Tu peux être invincible, si tu ne t'engages dans aucune lutte, où il ne dépend pas de toi d'être vainqueur.
Reste fidèle à toutes les prescriptions de la philosophie comme à des lois qu'il y aurait impiété à transgresser. Quant à tout ce qu'on pourra dire sur ton compte, ne t'en occupe pas ; car ceci n'est plus ton affaire.
Retire donc ton aversion de tout ce qui ne dépend point de nous, et reporte-la, dans ce qui dépend de nous, sur tout ce qui est contraire à la nature. Quant au désir, suprime-le absolument pour l'instant. Car si tu désires quelqu'une des choses qui ne dépendent pas de nous, nécessairement tu seras malheureux.
Attitude et style du philosophe : toute utilité, tout dommage, il les attend de lui-même.
Devant tout ce qui t’arrive, pense à rentrer en toi-même et cherche quelle faculté tu possèdes pour y faire face. Tu aperçois un beau garçon, une belle fille ? Trouve en toi la tempérance. Tu souffres ? Trouve l’endurance. On t’insulte ? Trouve la patience.