AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,05

sur 440 notes
5
18 avis
4
12 avis
3
3 avis
2
2 avis
1
0 avis
Je reprends le clavier sur Babelio après une longue césure, en ce jour si particulier pour toute l'humanité de noël 2020. Dans chaque coin de la planète, cette année, qui culmine et s'achève avec la conjonction de Saturne et Jupiter aura été celle du triomphe du petit.

En rappel à nos rêves stériles de grandeur, à nos égoïsmes, à notre désir insatiable de tout tout de suite, et même à nos tentatives de transcendance de cette volonté de puissance dans de grandes causes, de grandes luttes, la nature s'est rappelé à nous par l'invisible, l'imprévu, le non contrôlable.

En cette année si particulière, chacun de nous aura pu prendre conscience -par la privation- de ces petites choses du quotidien qui fondent notre sentiment d'être libre, nourrissent notre existence sociale, notre existence au monde, et participent ainsi de notre bien-être intérieur en tant qu'humain.

Comme vous, comme nous tous peut-être, mes émotions m'ont porté de soumission en rébellion, du désoeuvrement à l'expérimentation de champs nouveaux, de la poursuite éperdue de lien social à la découverte des vertus de la solitude, et en tous les cas à l'abandon des certitudes.

Les femmes et hommes modernes que nous sommes, passé la torpeur du 1er choc, ont aujourd'hui l'opportunité de se reconnecter non de manière intellectuelle, mais très concrète. Nous ne pouvons plus être dupes des postures, rôles sociaux, systèmes, médias, qui nous bercent d'irréel.

L'environnement se rappelle à nous, et nous force à prendre conscience que ce que nous croyons être est tout petit face à ce grand tout. L'environnement, pas seulement planétaire, mais celui de notre proximité immédiate, traversée de peurs, de haines de l'autre, de pertes, de souffrances économiques et sociales, est venu nous bousculer dans notre choix paresseux de l'aveuglement, ou de la passivité coupable, qui revient au même.

Par le recours à l'infiniment petit, à des bourrades de cour de récré, si petites finalement face aux forces sauvages que la nature est capable de déployer, ces temps de pandémie mondiale nous ont déjà appris la valeur de la résilience, qui tient finalement à si peu de choses, pourtant essentielles. Ils nous invitent à présent à cesser de subir en esclaves plaintifs la volonté des dieux, des puissants ou de forces sans anima, et à concentrer l'énergie de cette vie donnée, si petite, courte et fragile, et en même temps si précieuse, pour re-devenir acteurs de notre propre transformation.

Face à ce retour aux questions fondamentales du vouloir, de la liberté, de l'interdépendance et de l'impermanence, il n'est peut-être pas inutile de (ré-)interroger la sagesse des anciens :
Le Manuel d'Epictète est à ce titre un modèle de synthèse et de clarté.

S'il s'agit de simplement le lire, cela vous prendra une heure tout au plus, mais s'il s'agit de le méditer, de l'intégrer, personnellement j'en ai fait mon compagnon durant quatre mois, et si enfin l'ambition -la seule qui vaille finalement- est de le pratiquer, des générations de stoïciens -malheureusement en voie de disparition parmi nos intellectuels et décideurs contemporains- vous diront qu'une vie n'y suffira pas... d'où l'urgence de commencer dès maintenant...

La longue introduction de Pierre Hadot étant remarquable, nourrie par les commentaires d'Arien, Simplicius , Marc-Aurèle ou Cicéron, je conclurai cette critique par des extraits choisis du texte lui-même :

Extraits du Manuel d'Epictète. Arien.
Traduit et commenté par Pierre Hadot.Classiques de Poche.

"Parmi les choses qui existent, les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous. Dépendent de nous jugements, valeurs, impulsions à agir, désir, aversion. Ne dépendent pas de nous le corps, nos possessions, les opinions que les autres ont de nous, les magistratures.
Les choses qui dépendent de nous sont par nature libres, sans empêchements, sans entraves. Les choses qui ne dépendent pas de nous sont dans un état d'impuissance, de servitude, d'empêchement, et nous sont étrangères.

Si tu veux, ayant un désir, ne pas le manquer, tu le peux, à condition de désirer une chose qui dépend de toi, c'est-à-dire par exemple de pratiquer telle ou telle vertu. Exerce toi donc dans les choses dont tu es capable. Mais est maître de chaque homme celui qui a pouvoir sur les choses que cet homme veut, ou bien ne veut pas, soit pour les lui procurer, soit pour les lui enlever. Quiconque veut être libre ne doit ni vouloir ni refuser quoi que se soit des choses qui dépendent des autres.Sinon il est nécessaire qu'il soit esclave."

Joyeux noël 2020 et prenez soin de vous.
Commenter  J’apprécie          5110
Ce manuel d'Epictète peut constituer une excellente introduction dans le monde de la philosophie : court (une petite heure suffit pour le lire), simple et clair, avec beaucoup d'exemples pratiques, et directement utile, puisque centré sur la question « Comment organiser sa vie pour être heureux ? »

La réponse d'Epictète est assez simple : ne se préoccuper que des choses sur lesquelles on a réellement prise, savoir supporter avec résignation toutes les autres. Notre vie est toute tracée, nos gesticulations inutiles n'y changeront rien, il faut vivre le rôle qui nous est assigné du mieux que l'on peut.

Ce déterminisme peut parfois agacer, surtout que le courant dominant de notre époque enseigne l'exact opposé : avec suffisamment de volonté, on peut venir de tous les obstacles et réaliser tous ses rêves. Epictète a le mérite de nous forcer à réfléchir sur ce qu'on peut vraiment contrôler. Car si l'on place les conditions de notre bonheur dans les mains des autres, il ne faut pas s'étonner que ça puisse de temps en temps mal tourner.
Commenter  J’apprécie          490
J'adore ce mec : )
Encore un chouette livre de philo !
Epictète, esclave phrygien ( actuelle Turquie) né en +50, est vendu à un affranchi romain. Il sera lui-même affranchi, étudiera et enseignera le stoïcisme.
Le manuel enseigne 53 lois destinées aux gens qu'il appelle "ceux qui commencent à se former" à la philosophie [ stoïcienne ].
Son principe est le suivant : on peut influencer ce qui est à notre portée : la réflexion, l'impulsion, l'aversion, la maîtrise, l'endurance, la patience, la volonté, afin d'acquérir la liberté et le bonheur. Comment ? Par la réserve, la confiance, la fermeté, l'absence de peine, l'absence de crainte et l'ataraxie ( Tranquillité de l'âme, notamment chez les épicuriens et les stoïciens ).
Il est inutile d'essayer de changer ce qui est hors de portée : le corps, la possession, la réputation, les enfants.

Le livre fait 150 pages de blablas presque inutiles de grands pontes qui se font mousser, au milieu desquelles les 25 pages d'Epictète ( Manuel ) récupérées par Arrien sont une pépite, avec une volonté d'efficacité éthique : l'oeuvre.
Et encore, je trouve la traduction très moyenne, car certaines phrases ne me semblent pas correctes.

La notion de "rendre" est importante : on ne nous vole pas, nous rendons. Je pense que notre société matérialiste du XXIè siècle a tout faux : nous pleurons sur nos biens, alors que nous n'avons pas honte de notre comportement malpoli et non éthique.

Par ailleurs, quand on est provoqués, mais... c'est par nous-mêmes, car c'est notre jugement de valeur de penser que l'autre qui provoque profère une insulte.
Nos jugements de valeur sont nuisibles, car se faire insulter est l'affaire de celui qui profère, et là, je suis entièrement d'accord : )

La plupart des jugements de valeur condamnent en Bien ou mal, mais il faut nuancer, quantifier et non qualifier. Car qu'est ce que le vrai ? le faux ? L'auteur fustige à plusieurs reprises l'évaluation, qu'il qualifie de jugement de valeur. Sur cette question, il a, à mon avis une sensibilité différente des autres philosophes.
Bon, l'évaluation est un jugement inutile, un commérage : cependant, je pense qu'il en faut un minimum pour recruter quelqu'un.

Enfin, Epictète termine par une éloge de Socrate et une nécessité d'appliquer la philosophie sur le terrain, au lieu de blablater sur la philosophie, un peu comme font Cattin et Jaffro sur son Manuel, d'ailleurs !

Je pense que la philosophie, comme la religion, vise la paix de l'âme. Mais la religion fait du prosélytisme forcené et souvent intrusif ou évaluateur : qui sont les prêtres pour condamner "l'hérétisme" d'un individu ? Au contraire, la philosophie, adepte la liberté de penser, ne force surtout pas les gens....pas assez, à mon avis, car apprendre aux jeunes à penser est formateur.

NB : un exemple d'ataraxie.
Quand Epictète était esclave, son maître "s'amusait" à lui faire mal, à lui tordre la jambe. le philosophe le prévint : "Tu vas la casser".
Ce qu'il fit.
"Je t'avais prévenu."
Epictète boita toute sa vie.
Commenter  J’apprécie          380
Tout commence par la constatation simple du fait que : « Des choses qui existent, les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous », avec la précision suivante que dépend de nous, tout ce qui est effet de notre activité – comme l'impulsion, le désir, l'aversion – par opposition au corps, à la propriété, à la considération… qui ne dépendent pas de nous.

Un manuel, au sens grec du terme Enkheiridion : ce que l'on garde sous la main ; pour un usage quotidien.

Pas de grande théorie, ici, « simplement » un condensé de la pensée stoïcienne qui mène au bonheur et à la sagesse dans la mesure où elle est une aide à la démarche qui consiste à apprendre à distinguer ce qui dépend de soi de ce qui n'en dépend pas : appréhender la fatalité telle qu'elle est afin de se trouver dans la position d' être indifférent aux événements extérieurs qui ne dépendent pas de soi, et d'agir au mieux dans les domaines qui dépendent de soi.

Un petit opuscule dont Arien de Nicomède, un de ses disciples, fit l'un des huit livres de son recueil de la pensée d'Epictète.
Un manuel pratique, qui dans l'édition en ma possession (Editions d'art Edouard Pelletan Helleu et Sergent de 1920, exemplaire N° 1518), est complété par : « Entretien de Pascal avec M. de Saci, sur Epictète et Montaigne, d'après le récit de Nicolas Fontaine (1655) », de moindre intérêt à mon goût…

Un livre, qu'en tant que bibliophile, on est (je suis) heureux de posséder…
Commenter  J’apprécie          360
Ce manuel de philosphie active stoique très prisé des amateurs faisait la part belle à Marc Aurel , empereur , dans l'édition précédante .
Je voudrai attirer l'attention sur le texte de ce receuil dont l'auteur n'est pas moins brillant que l'Auguste empereur .

Epictète , esclave ( d'humble extraction ) d'un affranchi de Neron .
Son maître à en croire Diogène laèrce était cruel .
Consideront cette anecdote :
Le maître pour punir Epictète , lui place la jambe dans un instrument de torture . L'esclave lui sourit et il lui dit : " attention tu vas la casser " . Et la jambe cassa et Epictete de rajouter : ne t'avais-je pas dit que tu allais la casser ? "

Il sera acheté par un homme genereux qui finnancera sa formation philosophique . Bannit de la ville éternelle , il enseignera malgré tout , la jeunesse de Rome , mais en Grèce autour de sa pauvre demeure. Aussi pauvre domus , qu'il devint riche .

Epictete est le philosophe de la liberté . de la vraie liberté , car il traitait de la liberté des gens enchaînés que nous sommes tous .

La liberté se tient dans le jugement que nous portons sur nos chaînes .
Sa pensée est pragmatique et très concrète . Elle s'attache aux questions en premier lieu . Car l'examen du réel prime sur l'idée subjective que l'on se fait des chaînes et de la liberté .

Epictete un homme libre, c'est un esclave libre .

Je lui ai attribué cette épitaphe : Epictete invictus : Epictete l'invaincu .
La pensée de l'auteur repose sur l'idée que le monde est bon à defaut d'être juste .

Pour mesurer ce texte à sa juste valeur , deux choses :
Les mots sont faussement simples .
C'est la pensée d'un homme qui à triomphé des traitements les plus abjectes .
Commenter  J’apprécie          330
Comme Socrate, Epictète n'a jamais rien écrit. C'est à un de ses disciples, Flavius Arrien, que l'on doit ce "Manuel". Il l'a conçu comme un condensé de la pensée de son maître, que l'on pouvait toujours avoir sur soi...une sorte de guide pratique de la vertu, selon Epictète.

Je réalise, après lecture de ce livre, combien le stoïcisme, dont Epictète se réclamait, est une pensée fondatrice de la morale occidentale, car elle dût beaucoup influencer la morale chrétienne, en premier lieu, et, j'imagine, particulièrement le monachisme. En effet, vivre selon les préceptes d'Epictète, c'est un peu vivre comme un moine. Ce n'est donc pas donné à tout le monde et cela suppose une grande force morale, la défiance envers le désir, le plaisir et la peur de la douleur, la concentration sur les choses de l'esprit, sur l'exemplarité de son comportement...et la discipline nécessaire pour accepter les évènements tels qu'ils se présentent.

Obligatoirement, on ne peut admettre cette vie que si l'on est convaincu du caractère déterminé d'un univers gouverné par une sagesse supérieur. Epictète ne fait pas mention d'un paradis qui accueillerait les justes après leur mort...Les chrétiens ont complété après lui.

Chacun se fera son idée de cette doctrine, tout en sachant bien que chacun, dans nos contrée "occidentales", est pris, d'une manière ou d'une autre, dans la doctrine elle-même. On ne peut donc nier la valeur culturelle de la pensée stoïcienne (épistémologique, historique). Et personnellement, je suis assez fasciné par la façon dont les grecs envisageaient l'aspect pratique de la philosophie.

C'est une parole simple, en apparence, que nous lègue Epictète mais une parole qui n'est pas aisée à mettre en acte. Ce n'est d'ailleurs sans doute pas obligatoire de le faire.

Commenter  J’apprécie          180
Le titre de cet ouvrage reflète parfaitement ce qu'il contient : un Manuel en ce sens qu'il est à portée de main, que c'est ce dont il faut se servir pour vivre, que c'est ce qu'il faut toujours avoir avec soi. le livre intrinsèque n'est bien évidemment pas ce qu'il convient de porter partout avec soi -quoique ça ne puisse pas faire de mal-, c'est la sagesse qu'il contient que nous devons toujours avoir avec nous.
Épictète écrit cet ouvrage pour ceux qui ne sont pas des sages, ils n'en auront pas besoin, il existe principalement pour ceux qui veulent atteindre la sagesse et est en ce sens un court traité se voulant l'accompagnateur d'une progression qu'il amorcera dans l'esprit de son lecteur. Progression vers la sagesse donc, vers une vie simple et heureuse, conforme à notre essence.



Point de concepts abstraits, tout est ici réuni pour servir pratiquement et immédiatement, sitôt que vous aurez refermé le livre et même durant sa lecture ; conformément à la philosophique antique. Cette conception de la sagesse est ici encore plus poussée que ce que l'on a l'habitude de voir en ce sens que, au fur et à mesure qu'on lit, que l'on a assimilé et adopté les recommandations, de nouvelles prennent forme afin de repousser les limites des premières, sans jamais tomber dans l'abstrait. La base théorique n'y est même pas exposée mais considérée comme une vérité qu'il n'est pas besoin de justifier : les dieux décident de notre sort, nous sommes donc soumis à un déterminisme total, et il ne sert à rien d'essayer de s'en extirper, l'unique façon de s'en arranger étant de vouloir ce déterminisme.
A partir de là, il s'agit d'accepter ce que l'on est et ce que l'on n'est pas, Épictète nous dit que nous sommes sur terre pour jouer un rôle -conformément à notre essence- et que tout en ce monde s'attend à ce que nous le jouions le mieux possible. Rien ne sert de se plaindre ou de se lamenter sur son sort, ce sont les dieux qui l'ont voulu ainsi, la divinité est perfection, et tout ce qu'elle fait de moi ne saurait qu'être de même. A cette fin, il s'agit de mettre au point cette philosophie stoïcienne en considérant, par exemple, la douleur non pas comme un mal mais comme une nécessité, comme quelque chose que l'on ne peut pas éviter, comment faire ? En jouant avec les interprétations, en considérant que tout n'est qu'interprétation et que l'interprétation en tant que telle ne dépend que de moi. Libre à moi de considérer le mal comme une nécessité -et donc comme un bien, puisque la nécessité divine n'est que perfection.
Cet ouvrage n'a donc en aucun cas pour but de théoriser ou justifier cette philosophie, il explique juste comment la mettre en pratique concrètement, il ne saurait donc être une base à une conviction philosophique souhaitant une justification pour être. Mais pour peu que vous acceptiez un déterminisme intégral, sans forcément considérer qu'il tire sa source d'une forme divine, ce livre saura vous apprendre comment être heureux.



Intéressant donc, mais nécessitant je pense une connaissance au moins partielle du stoïcisme pour être apprécié à sa juste valeur.
Commenter  J’apprécie          170
le Manuel d'Epictète repose sur un principe : ce qui dépend et ne dépend pas de nous. Autrement dit, la volonté, l'esprit, dépendent de moi, mais les biens comme l'argent ou encore la maladie, ne dépendent pas de moi. C'est là la sagesse du sage : s'assigner à ce qui est en son possible. Nous devons suivre le rôle qui nous a été donné, qu'on le prenne, sans vouloir sans séparer.

Les évaluations sur un événement nous trompent et nous cause de la peine.Ainsi, ce n'est pas la mort qui nous trouble, c'est l'évaluation que l'on s'est fait d'elle :on associe la mort à la souffrance.

Philosophie qui a le mérite de se soucier du pouvoir de l'homme dans la réalité. Un manuel pratique, pour une première entrée dans le monde stoicien, le manuel pour embrasser l'étendue et la complexité de la philosophie stoicienne, n'est pas suffisant. Il va de soi, qu'il faut approndir ce manuel.

Mais, déjà, savoir ce qui dépend pas et ce qui dépend pas de nous, est un grand pas dans la tranquilité, et sur le chemin de notre existence humaine : nous ne sommes pas tout puissants.

Ce qu'aujourd'hui, on oublie si souvent. le moi monocentré prédomine, ce grand égo collectif croit en beaucoup de choses, comme dépasser sa condition humaine.
Alors on croit pouvoir échapper à l'ennui, par le divertissement, alors on croit échapper à la mort, par le progrès technologique et scientifique. L'homme ne voit pas sa mesure, son pouvoir, et se croit au delà de son pouvoir, capable d'éradiquer la mort. Mais faudrait-il lui rappeler, par conséquent, que la mort ne dépend pas de lui ? Et, donc il n'a pas de prise sur elle ? Par contre, il a une prise sur sa volonté.

Acceptons l'homme tel qu'il est et non pas comme on voudrait qu'il soit... acceptons son rôle comme le voudraient les Stoiciens. Et à ceux qui pensent que le progrés est linéaire, téléologique, n'était-il pas déjà là, depuis l'antiquité greco-romaine ?
Commenter  J’apprécie          120
Décidément, la philosophie antique me laisse assez mitigé. Entre Platon, Epicure et Epictète, nous avons droit à une légion de philosophes secondaires. Et, somme toute, si on y réfléchit bien, d'ailleurs, Epicure et Epictète donne un peu près les mêmes conclusions : vivre en ascète, sans ce qu'on appelle les vices ( mais, rassurez-vous : moi ( oui, c'est moi qui le dit ), moi, je dis que vices ou pas vices, c'est une question de point de vue, et que le problème, c'est l'opinion que l'on a de ce qu'on appelle les vices, et non les vices en eux-mêmes. Autrement dit : soyez des saints, vivez bien sages et bien rangés. Et, d'ailleurs, de toute façon, que faire, dit Epictète, car tout est décidé d'avance, n'est-ce pas ? ( Oui, Epictète est un sacré déterministe ) le problème avec le déterminisme d'Epictète, c 'est qu'il présuppose la croyance en un Dieu ou en une entité métaphysique : voilà qui est problématique. Les philosophes ne devraient pas se laisser aller à de tels enfantillages : il devrait s'occuper de choses qui restent vraies, que Dieu existe ou non. Je donne quelques niaiseries qu'Epictète cite vers la fin de son ouvrage :
"Emmène moi, ô Zeus ! et toi, ô destinée !" ( Cléanthe )
"Eh bien, Criton, si c'est la volonté des dieux, qu'il en soit ainsi" ( Attribué à Socrate ).
L'on voit bien là tout le déterminisme d'Epictète, déterminisme religieux et non déterminisme résidant dans l'éducation et dans les autres conséquences de notre situation. Pour ma part, je ne peux approuver le premier déterminisme, on l'aura compris. Mais le second déterminisme, s'il n'est pas forcément une erreur, me semble également problématique. Je pense que si l'on subit certainement l'influence de son milieu, de son éducation, etc. l'important n'est pas ce déterminisme, dont les conséquences sont superficielles, l'important est le fait de choisir à un moment ou à un autre de sa vie, telle ou telle voie. Oui, choisir sa voie, c'est possible, comme le dit Sartre dans L'Existentialisme est un Humanisme, et aucune voie n'est mauvaise ni bonne. Car, comme le dit Epictète ( et sur ce point, il n'a pas entièrement tort ), le problème est bien souvent le jugement que l'on porte sur les choses, et non les choses elles-mêmes.
Commenter  J’apprécie          100
Je l'ai découvert grâce à Onfray et pas par lors des année lycée en 1979. Ce philosophe est à lire lorsqu'on s'intéresse aux questions plus qu'aux réponses, à la vie plus qu'au processus.
Avec Marc Aurèle, il a été l'un de mes compagnons de chevet pendant de nombreuses années, surtout lorsque je perdais pied, il me ramener sur le concret !
Un philosophe de l'expérience, du vécu avant d'être un styliste !
Commenter  J’apprécie          103




Lecteurs (1399) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..