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Rentrée littéraire : l’Histoire et l’intime 
 
Article publié le 07/10/2020 par la Rédaction, en partenariat avec Editis

 

Après notre article sur les destins de femmes, nous nous intéressons cette semaine aux relations qui peuvent exister entre de grands destins collectifs qui sont autant de dates dans les livres d’histoire et les histoires plus personnelles, à première vue insignifiantes, minuscules, dérisoires. Il y a la grande Histoire, en somme, celle qui s’écrit en lettres noires en première page des journaux et celle qui s’écrit en lettres de feu dans les journaux intimes. En partenariat avec les maisons d’édition du groupe Editis, voici une sélection de 12 livres de la rentrée littéraire qui font le pont entre ces deux points de vue, entre infiniment grand et infiniment petit.

 

Oscar Lalo, La Race des orphelins (Belfond)
 

 

« Je m’appelle Hildegard Müller. Ceci est mon journal. Le Troisième Reich m’a enfantée. Je suis une oubliée de l’histoire. La seule race que les SS aient créée, c’est la race des orphelins. » Roman historique écrit sous la forme d’un journal intime, La Race des orphelins met en lumière l’un des épisodes les plus terribles mais aussi les plus méconnus de la Seconde Guerre mondiale. Oscar Lalo nous raconte en effet la vie d’une femme née dans un Lebensborn, une pouponnière imaginée par le régime nazi pour multiplier la « race supérieure ». A noter que le livre a reçu le Prix d'honneur Filigranes 2020. 
 
La lectrice Ladybirdy a trouvé ce livre magnifique malgré les horreurs qui y sont contenues : « Véritable coup de cœur pour ce roman d'Oscar Lalo qui plonge dans les ténèbres de ce fait historique peu traité en littérature. Il le fait avec grande humanité à travers de petits textes, page après page, écrits avec verve, lyrisme et puissance littéraire. Les images affluent comme autant de bombes de l'horreur pour nous faire ressentir toute la souffrance de l'héroïne. »
 

Colum McCann, Apeirogon (Belfond), traduit par Clément Baude 
 


Un Apeirogon est une figure géométrique au nombre infini de côtés. C’est aussi le titre de ce roman de Colum McCann dans lequel il est question du conflit israélo-palestinien vu à travers deux victimes du conflit, deux pères en deuil qui décident un jour de surmonter leur chagrin en créant une association “Combattants for Peace”. Le titre du roman prend tout son sens dès la lecture, même parcellaire, de l’ouvrage. Ce sont les mille et une facettes du conflit qui sont abordées ici par l’auteur dans un récit composé d’autant de fragments et de tentatives d’approches. Le livre est toujours en lice pour deux prix littéraires : Le Médicis ainsi que le Fémina... 

VincentGloeckler a été séduit par ce récit protéiforme et d’autant plus convaincu de l’absurdité de cette guerre permanente : « Au bout du labyrinthe, après avoir rencontré tous les chocs, les émotions, les sources d'étonnement de cette prose en morceaux, le lecteur ressort fasciné, convaincu qu'il faut qu'un jour l'absurdité cesse de gangrener l'avenir de ce coin de Proche-Orient et, qu'enfin Paix advienne… » 

 
Barbara Zoeke, L`Heure des spécialistes (Belfond), traduit par Diane Meur


C’est dans un hôpital anodin que Max Koenig, professeur d’université sans histoire, vit la montée en puissance du régime nazi. Il aurait dû la fuir, cette Allemagne qui plonge peu à peu dans le chaos mais il est resté avec sa femme et sa fille. Las, on le prévient rapidement que le régime eugéniste allemand ne compte pas s'encombrer de ses fous, de ses malades, de ses blessés. Max doit sauver sa famille mais comment les aider alors que sa santé se détériore chaque jour un peu plus ? 
 
ChaK_ a aimé ce roman superbement écrit : « Un bon roman, factuel, très instructif et pas misérabiliste pour un sou. Pourtant c'est un texte dur, mais la plume de l'auteure arrive à faire passer toutes ces horreurs. »

 
Jacques Weber, Paris-Beyrouth (Cherche-Midi)

 
C’est un épisode édifiant de sa propre vie que raconte l’acteur Jacques Weber dans ce récit autobiographique qui revient sur ses deux mois de vie au Liban au milieu des années 1980 alors que le pays est en guerre. On lui propose en effet de jouer dans le film Une vie suspendue de Jocelyn Saab et pour cela de venir tourner à Beyrouth. Il accepte en pensant que la guerre est finie, mais les balles sifflent pourtant bel et bien au-dessus de sa tête et de celle de son amoureuse venue l’accompagner. Cet épisode sera fondateur dans la vie de l’acteur et ce dernier en raconte toute la portée dans ce récit sensoriel.

Le livre a déjà été salué par la presse, notamment par Le Parisien : « Dans ce livre, l’acteur publie le récit d’une expérience vécue en 1984 dans le Liban en guerre. Saisissant. »

 
Damien Barr, Tout ira bien (Cherche-Midi), traduit par Caroline Nicolas

 
Si l’humanité liera à tout jamais les camps de concentration au régime nazi, de nombreuses autres dictatures, plus anciennes encore, ont aussi utilisé cet effroyable outil de répression. Le terme a d’ailleurs été utilisé une première fois pour parler de ces camps construits pendant la Seconde guerre des Boers par l’armée impériale britannique pour enfermer les familles Boers. C’est dans un de ces camps où moururent des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants que sont internés Sarah van der Watt et son fils, deux des personnages du roman historique de l’écrivain écossais Damian Barr. L’action ne se déroule cependant pas seulement en 1901 puisque l’on suit également le jeune Willem en 2010 qui a été inscrit, un peu contre son gré, au camp “Aube Nouvelle” où l’on prépare les enfants à devenir des hommes... 

Ce récit a fortement marqué LisaGiraudTaylor : « Un premier roman fort, touchant, simple mais qui fait froid dans le dos. Ne jamais oublier. »


 
Karim Akouche, Déflagration des sens (Ecriture)



Voilà un roman rageur écrit par un auteur, Karim Akouche, qui revendique haut et fort le droit au blasphème mais aussi et surtout le droit à la liberté d’une jeunesse algérienne sans repère. C’est en effet la société algérienne et ses nombreuses hypocrisies qui est au coeur de ce roman déroutant et, à l’image des idéaux de l’auteur, profondément libre. 

D1404 a été impressionné par le sentiment de liberté qui se dégage du livre : « Dénonçant tour à tour l'obscurantisme des islamistes en Algérie, la corruption des personnels politiques, la toute-puissance de l'armée, Karim Akouche nous fait aussi voyager dans une quête désespérée de sens vers ses origines. Un écrit à la fois dérangeant et bouleversant, des mots fous et blasphématoires, un droit que l'auteur revendique. Je le relirai à coup sûr. »
 

Camille Pascal, La Chambre des dupes (Plon)



Les amateurs de romans historiques connaissent bien Camille Pascal, auteur notamment du remarqué L’Eté des quatre rois qui plongeait le lecteur au coeur d’un improbable été de 1830 au cours duquel quatre rois se sont succédés sur le trône. L’auteur et historien revient en librairie avec un autre épisode de l’Histoire de France dans La Chambre des dupes qui fait la part belle aux passions et intrigues amoureuses qui embrasèrent le Versailles de Louis XV.  Un roman très remarqué, figurant d'ailleurs dans la première sélection du prix Goncourt 2020.

La lectrice tynn s’est retrouvée en plein coeur de ce Versailles rendu vivant par la plume de l’auteur : « Il est si aisé de changer d'époque avec le talent de conteur de Camille Pascal, sa plume délicieusement adaptée au sujet, et un montage impeccable pour une tragédie féroce. »

 
Héloïse Guay de Bellissen, Le dernier inventeur (Robert Laffont)

 
Connaissez-vous "l’histoire de l’invention", c’est-à-dire - dans le jargon juridique - de la "découverte" de la grotte de Lascaux ? Cette histoire, Héloïse Guay de Bellissen nous propose de nous la conter en compagnie de Simon, seul survivant du groupe d’amis qui découvrit par hasard, en 1940, cette grotte quasi immédiatement classée comme monument historique et devenue instantanément un trésor de l’humanité. C’est un portrait de Simon autant que l’histoire - et le point de vue - de la grotte que propose l’autrice. 

Waterlyly a été conquise par ce récit aussi touchant que surprenant : « Un portrait intimiste et authentique fait avec une sensibilité rare. Héloïse livre un récit d'une grande évocation émotionnelle. Simon était le dernier inventeur de la grotte de Lascaux, et l'auteure lui rend un hommage sublime. À lire de toute urgence. » 


Gwenaële Robert, Never Mind (Robert Laffont)


C’est l’histoire d’un attentat raté - mais meurtrier tout de même - et de ses conséquences. La cible ? Napoléon Bonaparte, futur empereur. C’est aussi l’histoire d’un changement de régime vu par ses grands hommes mais aussi de ses conséquences sur le peuple qui subit les remous de l’Histoire de France. L’autrice prévient d’emblée qu’il s’agit d’un roman mais le souffle de l’Histoire emporte bel et bien les lecteurs.  

Biancabiblio est de ces derniers : « Si vous aimez les romans historiques, il vous faut lire Gwenaële Robert absolument : ses histoires sont passionnantes et brillamment ciselées, son style est merveilleux et tellement littéraire que c'est un bonheur sans cesse renouvelé de la lire. »
 

Joseph Roth, Perlefter, histoire d`un bourgeois (Robert Laffont), traduit par Pierre Deshusses



Les amateurs du grand écrivain autrichien Joseph Roth ont une chance inouïe : ils peuvent découvrir un roman inédit de l’auteur qui s’exila à Paris le jour de l’accession d’Hitler au pouvoir. Si la plupart de ses livres furent brûlés, l’écrivain dont l'alcoolisme n’avait rien ravagé de sa lucidité ni de son génie, transmit plusieurs cartons d’archives personnelles à son éditeur. C’est de ces archives que nous parviennent un roman inachevé mais aussi de nombreuses nouvelles inédites en français.  

Le Monde ne tarit pas d’éloge pour ces inédits : « La parution d’inédits de l’écrivain autrichien (1894-1939), un roman inachevé et des nouvelles, est un régal. Car y éclatent, comme neuves, la prose ciselée, la tendresse et la férocité de l’auteur de La Marche de Radetzky. »
 

Hervé Mazurel, Kaspar l'obscur ou l'enfant de la nuit  (La Découverte)


 
Les lecteurs de Paul Auster ont déjà entendu le nom de Kaspar Hauser dans quelques unes des meilleurs pages de sa trilogie new-yorkaise. Verlaine lui-même en avait fait le sujet d’un de ses poèmes : “Je suis venu, calme orphelin / Riche de mes seuls yeux tranquilles / Vers les hommes des grandes villes / Ils ne m’ont pas trouvé malin.” Kaspar est une énigme au cœur de toutes les discussions du XIXe siècle. Qui est ce jeune homme qui apparaît au petit matin d’un lundi de Pentecôte de 1812, et qui ne sait ni lire ni écrire ni véritablement parler ? Qui l’a élevé, ou plutôt qui s’est abstenu de l’élever ? De nombreux indices pointent vers des origines nobles. D’autres, vers une sorte d’expérience dont il aurait été le sujet : comment grandirait un enfant coupé de tout contact humain ? 

C’est l’histoire de cet “orphelin de l’Europe” que raconte Hervé Mazurel dans cet ouvrage présent dans la liste du prix Femina Essai mais c’est aussi l’histoire des Hommes, comme le rappelle la présentation du livre par l'éditeur : « L’examen approfondi de cette trajectoire aberrante révèle, par son anomalie même, jusqu’à quelles secrètes profondeurs le social et l’histoire s’inscrivent d’ordinaire en chacun de nous. Ce qui laisse soupçonner derrière cette vie minuscule un cas majuscule des sciences humaines et sociales. »
 

Alain Jaspard, Les bleus étaient verts (Héloïse d'Ormesson)



Aussi corrosif que drôle, Alain Jaspard s’attaque à ce qu’on qualifiait d’"événements d’Algérie". Outre l'absurdité grinçante de la guerre, il est aussi question d’amour. Et d'un pays magnifique en train de sombrer dans la violence alors qu'il touche du doigt la liberté. En miroir, Saint-Etienne dans les années 1960, avec des tranches de vies savoureuses, et d'autres plus crues, reflets d'une société française en mutation. 
 
Hcdahlem a adoré se plonger dans cette période : « Sans prendre parti, le romancier nous donne à comprendre les enjeux de cet épisode peu glorieux. Il nous laisse deviner combien les positions des uns et des autres ont pu causer de déchirements, y compris au sein d'une même famille. Des plaies qui ne sont pas toutes refermées et sur lesquelles Alain Jaspard pose un regard plein d'humanité. »



 
Avez-vous lu des livres qui mêlent grande Histoire et récits intimes parus récemment ? Partagez votre avis en commentaire…

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