AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Pierre Deshusses (Traducteur)
EAN : 978B08GB6F1Y3
Robert Laffont (17/09/2020)
3.44/5   9 notes
Résumé :
Il est aussi rare de trouver des inédits de grands écrivains disparus que des textes de grands auteurs étrangers qui ne soient pas encore traduits. Ces deux éléments sont exceptionnellement réunis dans ce volume qui rassemble un roman inachevé de Joseph Roth, exhumé en 1978, soit près de quarante ans après sa mort, et huit nouvelles qui n’ont encore jamais paru en français. C’est dire l’importance de cet ensemble, qui vient enrichir l’œuvre de l’un des romanciers ma... >Voir plus
Que lire après Perlefter, histoire d'un bourgeoisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Joseph Roth appartient, comme son compatriote et ami Stefan Zweig, tout en haut de la courte liste de mes auteurs préférés. Ce n'est donc nullement une coïncidence si le présent billet constitue le septième consacré à une oeuvre de cet auteur depuis mon adhésion à Babelio en mars 2017, chiffre égalé d'ailleurs uniquement par Zweig.

Je regrette que ce roman inachevé m'a déçu, ou plutôt fait de la peine, probablement parce qu'il est resté inachevé et sûrement à cause des circonstances dans lequel il a été écrit : son dernier ouvrage avant l'exil de l'auteur, en tant que Juif et journaliste critique, le 30 janvier 1933, à l'annonce de la nomination d'Hitler comme chancelier.

Ce roman, qui est resté inédit jusqu'à sa découverte, en 1978, dans des cartons cachés par son éditeur, 39 ans après la mort de Roth à Paris le 27 mai 1939, à l'âge de 44 ans, reflète la situation difficile et périlleuse dans lequel Roth vivait et travaillait.

Ce qui explique sans doute qu'aucun des personnages de ce roman n'est attirant. À commencer par le personnage principal lui-même, Alexandre Perlefter, un triste sire, un individu falot, vaniteux et foncièrement désagréable. Son épouse est une femme effacée, qui vit à l'ombre de son "grand" Alexandre, et leurs quatre enfants, Alfred "Fredy", Karoline, Julie et Margarete, ne risquent pas non plus de gagner un prix de charme.

Pourtant, ce roman de Roth vaut indéniablement la peine d'être lu pour la qualité rarissime de la formulation particulière de ses descriptions de l'atmosphère et des personnages, avec tant de précisions concises et humour caustique.

Ainsi, par exemple, le narrateur du récit, Naphtali Kroj, est né dans une ville qui n'était pas une ville au sens européen du terme et qui "comptait mille cinq cents âmes. Et parmi elles, mille négociants juifs". Rappelons que Joseph Roth est né le 2 septembre 1894 à Brody, à l'époque à l'extrême est de l'Empire austro-hongrois, actuellement en Ukraine à une centaine de kilomètres à l'est de Lviv ou Lvov.

Autres exemples : "Son front abritait des pensées archisimples...", "Fredy... se préparait à faire un mariage bénéfique." Fredy était "enveloppé du charme de ces sphères merveilleuses où l'art se mêle au péché et donne une justification à ce dernier." Ce que Perlefter aimait chez les femmes, "c'était la quantité, le volume et le poids."

Cet ouvrage paru en septembre 2020, comporte 8 relativement brèves nouvelles datant des années 1920, dont certaines ont été traduites pour la toute première fois.
J'ai bien aimé la surprenante nouvelle "La riche demeure d'en face" de 1928 et celle sur le retour du guerrier dans "Humanité malade", non datée.

Il convient de souligner la remarquable traduction par Pierre Deshusses, professeur à l'université de Strasbourg, qui a également écrit un avant-propos des plus instructifs et intéressants sur Joseph Roth et son oeuvre littéraire.
Commenter  J’apprécie          6510
Exaltée à l'idée de d'ouvrir un roman inédit inachevé de Joseph Roth, auteur de "La Marche de Radeztki" qui m'avait éblouie, je ressors un peu dubitative et frustrée de cette lecture.
Certes, le plaisir est toujours là de découvrir un nouvel aspect d'une oeuvre, mais s'agissant du roman inachevé, j'ai été troublée de ne pas du tout retrouver la plume élaborée de l'auteur dans ce portrait caustique d'un bourgeois fade et fat, prêt à toutes les compromissions mais à aucune prise de risque pour asseoir sa petite place dans la société. le caractère inachevé du roman qu s'arrête en plein milieu d'un chapitre était certes annoncé, mais là où j'ai vraiment tiqué c'est à la lecture des quelques nouvelles qui complètent (pour "remplir"?) le livre, car la plupart d'entre elles sont également inachevées. L'ensemble donne l'impression de morceaux épars et inaboutis volés dans le grenier d'une maison de famille et succinctement mis bout à bout, en vue d'une publication coûte que coûte.
Restent tout de même dans ce bout de roman un ton, un regard acerbe sur la société bourgeoise naissante d'après 1918, ainsi que deux ou trois pépites dans les nouvelles achevées, notamment celle, magnifique, de ce soldat revenu détruit de la guerre et perdu dans ce nouveau monde.
Commenter  J’apprécie          93
J'ai lu tout Roth... Voilà un inédit qui aurait du le rester, car il ne rajoute rien à sa gloire, au contraire. le projet était destiné à un feuilleton pour un journal, donc il a fait comme Ponson du Terrail, vite fait, mal fait ! On retrouve àa peine ce qui fait le charme de l'écriture de Roth. DOnc, j'ai mis trois étoiles, car je en peux désavouer ce grand auteur, mais franchement, dispensez-vous !
Commenter  J’apprécie          42


critiques presse (2)
LeFigaro
22 octobre 2020
Dans ce roman inachevé suivi de nouvelles savoureuses, on retrouve la vitalité qui caractérise l’écriture de l’écrivain autrichien.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
18 septembre 2020
La parution d’inédits de l’écrivain autrichien (1894-1939), un roman inachevé et des nouvelles, est un régal. Car y éclatent, comme neuves, la prose ciselée, la tendresse et la férocité de l’auteur de « La Marche de Radetzky ».
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ces jeunes gens lisaient des magazines de mode. Ils aspiraient à ressembler aux mannequins des couturiers et ils y parvenaient. C'était précisément ces jeunes messieurs qui donnaient le ton en ville. Ils réussirent à une vitesse prodigieuse à l'examen qui ouvrait la voie aux différentes grandes écoles du pays. S'ils n'avaient été aussi riches, on aurait pu croire qu'ils étaient tous géniaux. Ils se retrouvaient dans des clubs d'aviron, ils jouaient au tennis, faisaient de la gymnastique et de l'escrime, certains possédaient même des chevaux et on disait avec ravissement à leur propos qu'ils avaient de vraies jambes de cavaliers, alors qu'ils traversaient allègrement la vie sur des jambes déjà torves à la naissance. Chacun portait un insigne différent à la boutonnière. C'étaient les rejetons du parti modéré et ils n'avaient de ce fait aucune conviction politique. Les jeunes gens qui n'ont pas la vie facile se radicalisent parce qu'ils considèrent que le système politique, quel qu'il soit, est responsable de leur malheur personnel. Mais ces jeunes hommes se portaient si bien que les orientations politiques leur étaient totalement indifférentes. Ils étaient de ce fait l'avenir du parti modéré. C'est une erreur de croire que les partis modérés, quel que soit le pays, n'ont aucun avenir. Tant qu'il y a des individus pour se payer le luxe de l'indifférence, il y aura des individus modérés. On dit à leur sujet qu'ils seraient assez raisonnables pour rester au centre. Mais ils sont suffisamment repus. Ils sont protégés de tous côtés parce qu'ils n'ont rompu avec personne. Ce ne sont pas des opposants résolus et ils n'en ont aucun.
Commenter  J’apprécie          131
Je voudrais introduire ici une condition générale sur la complexité de la nature humaine. Quelqu'un peut avoir un caractère très peureux et éprouver néanmoins du plaisir à être peureux. Un individu peut être lâche et désirer se retrouver dans des situations où son courage est mis à rude épreuve. On peut même supposer que des gens désirent ce qu'ils redoutent. Les gens sont très étranges.
Commenter  J’apprécie          150
Puis arriva Naphtali Kroj, avec tous ces gens refoulés de l'est vers l'ouest, il arriva avec les pauvres, les réfugiés, les prisonniers de guerre. Il était pauvre et je l'étais aussi, ensemble nous étions plus pauvres que pris séparément. Mais nous étions amis et l'amitié est une grande richesse.
Commenter  J’apprécie          100
C'est une erreur de croire que les partis modérés, quel que soit le pays, n'ont aucun avenir. Tant qu'il y aura des individus pouvant se payer le luxe de l'indifférence, il y aura des individus modérés.
Commenter  J’apprécie          130
Maintenant je ne suis né nulle part et je ne suis chez moi nulle part. (…) C’est ainsi que sont tous mes concitoyens. Ils vivent éparpillés dans le grand et vaste monde, ils s’accrochent avec leurs petites racines à un morceau de terre étrangère, ils gisent ensevelis dans une terre étrangère, ils font des enfants qui ne savent pas où est né leur père et pour qui leur grand-père déjà est une légende.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Joseph Roth (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joseph Roth
Après avoir parcouru l'Ukraine pour y exhumer les grandes mémoires enfouies de l'autre Europe, Marc Sagnol y est retourné au milieu des bombardements pour en contempler les ruines.
Les images et les mots, comme une invitation au voyage, nous plongent dans des mondes évanouis, sur les traces des grands penseurs d'autrefois. Avec lui, on arpente la terre noire de l'Est à travers villes et villages, aux côtés De Balzac, de Joseph Roth en Galicie et Bucovine, de Leopold von Sacher-Masoch à Lemberg-Lviv, de Paul Celan à Czernowitz…
C'est en connaisseur de la philosophie et de la littérature que Marc Sagnol traverse les « terres de sang » abîmées par tous les chaos. Terres qui furent celles de la plus haute civilisation et des plus grands malheurs. Quelle fut la culture juive, jadis florissante en ces lieux, et qu'en a-t-il été de sa disparition dans la Shoah ? Qu'est-il advenu de ces mondes révolus ? Comment penser la tragédie d'hier au regard du drame d'aujourd'hui ? Une plongée dans les siècles pour dire que notre destin se joue d'abord là-bas. Actuelle parce que inactuelle, une grande fresque littéraire. Un récit d'exception.
Germaniste, philosophe, Marc Sagnol est l'auteur de nombreux ouvrages dont Tragique et tristesse. Walter Benjamin, archéologue de la modernité, primé par l'Académie française, ainsi que d'un film sur Paul Celan, Les eaux du Boug.
+ Lire la suite
autres livres classés : littérature autrichienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (22) Voir plus



Quiz Voir plus

auteurs allemands ou autrichiens

D'abord un des phares de la littérature européenne : Johann Wolfgang von Goethe

allemand
autrichien

12 questions
59 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature allemande , littérature autrichienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}