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L'homme coquillage

Premier roman publié en français de l'auteure turque Asli Erdogan (qui a passé, rappelons-le, six mois dans les geôles de son homonyme pour avoir soutenu les Kurdes et défendu les droits de l'homme), d'inspiration autobiographique, ce texte m'a touchée au coeur ! Je l'ai lu d'une traite, happée que j'étais par cette histoire d'amour impossible entre une jeune physicienne turque expatriée à Genève et un pêcheur de coquillages caribéen petit et laid dont la peau est cousue de cicatrices...

La narratrice, au passé trouble, est suicidaire et non dénuée de charme, ancienne danseuse classique, spécialiste de physique nucléaire, elle a sacrifié sa vie personnelle pour se faire une place dans le milieu machiste des scientifiques où les femmes sont aussi rares que dénigrées.

Aussi quand sa seule amie, Maya, lui parle de ce séminaire sur l'île caribéenne de Sainte-Croix, elle n'hésite pas une seconde ! Mais les journées étouffantes sont rythmées par des séminaires assommants et ne lui laissent pas une minute de tranquillité... Qu'à cela ne tienne, en dépit des recommandations et de la prudence la plus élémentaire, elle s'aventure seule dans la moiteur nocturne, là où les autochtones, des dealers locaux en tout genre à la sensualité débridée qui détestent les Blancs (en tant que Turque, c'est bien la première fois qu'on la prend pour une Blanche !), font la loi tout en se déhanchant majestueusement sur des musiques endiablées... Ce goût du danger, ce réveil d'un corps trop souvent négligé, tout ça la ramène à la vie qu'elle tente de refouler en elle et la conduira à Tony, un rasta d'origine jamaïcaine aux activités louches et au passé obscur, dont elle ne sait s'il veut la tuer ou la violer. Cette violence qui couve l'attire irrésistiblement, et par ses mots purs, cet homme à la fois simple et vrai est le seul qui parvient à percer la carapace de solitude et de peur que s'est forgée la narratrice à force d'abnégation et de renoncements dont le "coeur est un ghetto" qui attire tous les marginaux de la planète. A lire de toute urgence.
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L'homme coquillage

Curieuse de lire un auteur dont on entend souvent parler, je me suis plongée dans l'homme coquillage sans attente particulière, et ai été plus qu'agréablement surprise!

Une jeune femme narre sa vie de scientifique, et particulièrement un colloque dans les Caraïbes, îles de la sensualité et des fantasmes en tout genre...

Entre histoire d'amour insoupçonnée où s'entremêlent le désir et la peur, le monde scientifique étouffé par une gente masculine trop représentée et la difficulté à s'assumer en femme turque, d'origine orientale par trop propice aux clichés, mais également habituée à une autre sensualité, l'homme coquillage dresse avec subtilité un portrait des sentiments chaotiques qui agitent la narratrice, tout critiquant avec délicatesse et justesse une société prompte à catégoriser les personnes en fonction de leur sexe ou de leur pays d'origine.

Un vrai délice!
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Le ministère de la douleur

J'ai hésité plusieurs fois avant d'aller au bout de ce roman pourtant agréable et facile à lire..je ne saurais dire pourquoi....

le titre...peut être...qui emprunte son nom à un café bar dans lequel des étudiants tous originaires de l'ex-Yougoslavie ont pour habitude de se rencontrer...et d'y voir leur professeur....également une rescapée des conflits sanglants et meurtriers qui battent alors à plein régime.. donc rien qui renverrait à un quelconque ministère au sens commun du terme, mais beaucoup de douleur qui s'épanche par la voix du narrateur et de ses élèves

Impossible d'être déçue par Dubravka Ugresic, cette féministe et opposante aux régimes nationalistes à ses premières heures... Ces romans rencontrent un succès internationale et sont traduits dans des dizaines de langues...Par son engagement combatif et humaniste à la fois, je dirais que Dubravka Ugresic est pour moi le plus grand écrivain contemporain issu des territoire de l'ex-Yougoslavie...
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L'homme coquillage

Imaginez une situation très improbable : un groupe de physiciens est réuni en séminaire sur une île des Caraïbes. A l'origine de ce rassemblement, un éminent personnage qui ne vit que pour et par la physique. Or, figure dans ce groupe, une femme (elles ne sont que trois), Turque (et donc légèrement de couleur), qui se rebelle contre cet enfermement dans le travail et la rationalité. D'une sensibilité à fleur de peau, elle a connu de multiples violences auxquelles elle a du mal à survivre. Cherchant à s'évader de la discipline imposée par le ponte, elle nage, danse, erre dans l’île et, fatalement, y fait des rencontres...

Malgré la terreur qui l'habite à son contact, elle tombe amoureuse d'un drôle de personnage, un peu monstrueux, dénommé "l'homme coquillage"...

Le livre est aussi dense (200 pages sans chapitres) que l'atmosphère lourde des tropiques. Pourtant, l'écriture est d'une fluidité sans égal. Transportée à mille lieux de notre quotidien, nous ressentons la moiteur de l'atmosphère, le vent qui berce les palmiers, la pluie soudaine qui détrempe les corps. Le livre offre une expérience mystérieuse et sensorielle autour de la rencontre de deux êtres humains que tout éloigne l'un de l'autre.
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L'architecture sous toutes ses formes

En terme de culture architecturale, je pense que la plupart des petit·e·s Français·e·s en sont juste (dans le meilleur des cas) à distinguer roman et gothique. Pour approfondir leurs connaissances sur le sujet, ce grand album propose un tour du monde en quatorze monuments emblématiques, de la pyramide de Khéops à la Maison-Blanche. Chaque chapitre offre une mise en contexte historique et géographique, des plans (j'adore les plans) et aussi des exemples variés de bâtiments appartenant à la même famille architecturale.



L'ensemble est à la fois magnifique, passionnant, et d'une richesse inouïe. Bien sûr, tout le monde n'est pas forcément féru d'architecture, mais pour les amateur·rice·s, cet album est une vraie bible, qui ravira également les passioné·e·s d'histoire ou de voyages.
Lien : https://www.super-chouette.n..
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La chronique de Belgrade

Dans un premier temps, je me suis questionnée sur la vision qu’Ivo Andrić avait des femmes… Les deux nouvelles qui ouvrent le recueil mettent en scène des tyrans domestiques aux traits presque caricaturaux, dont le physique repoussant n’a d’égal que la laideur de leur caractère.

Cela donne lieu à de féroces descriptions certes savoureuses…



L’une est affublée de "courtes jambes, (d’un) triple menton (et d’une) petite moustache drue, de strates de graisse abondantes en quantité peu commune et à des endroits inattendus", l’autre, également courtaude, pourvu d’un "visage blême et adipeux", déploie une "énergie agressive malgré ses jambes éléphantesques".



… mais le recours à ces viragos, dont on comprend rapidement qu’il est prétexte à mettre en évidence, en créant une opposition entre ces héroïnes et leurs discrets époux, les qualités a priori invisibles de ces deniers, est aussi un peu vexant pour une lectrice, d’autant plus que cela ne s’arrange pas vraiment par la suite. La troisième nouvelle met en scène un couple dont le mari passe outre la lâcheté et la frayeur de sa conjointe pour dissimuler un de leurs proches poursuivi par la milice allemande. Dans la suivante, bien que "bonne et toujours souriante", l’héroïne a "une cervelle de moineau" et est "fidèle comme un chien" !



Ma lecture terminée, j’ai constaté avec surprise que la postface de l’ouvrage est justement dédiée à "L’image de la femme dans La chronique de Belgrade". Le traducteur du recueil, après y avoir analysé le comportements de ses héroïnes notamment à l’aune du contexte social dans lequel elles évoluent, la conclue en écrivant qu’on pourrait en déduire qu’Ivo Andrić était misogyne (je confirme...), idée contredite, réfute-t-il aussitôt, par le reste de son œuvre, précisant par ailleurs que le caractère détestable des épouses des deux premières nouvelles rend d’autant plus évidentes les qualités des figures féminines lumineuses qui apparaissent, discrets personnages secondaires, dans certains de ses textes. Soit.



Les principaux protagonistes de ces histoires sont donc des hommes discrets et soumis, portant leur lourde croix conjugale avec fatalité et dignité. Ils ont parfois, dans leur jeunesse, montré quelque talent qui aurait pu leur ouvrir les portes d’une destinée plus gratifiante, mais le contexte -historique, familial- les a ravalés au rang d’individus dont la vie ne compte pas. De ces êtres insignifiants, invisibles, l’auteur révèle les forces et les qualités.



C’est criant dans la deuxième nouvelle, Zeko, qui avec ses plus de cent vingt pages, charpente le recueil, et dont le titre est aussi le surnom attribué au héros. C’est un petit homme calme, en qui "tout est docilité et civilité". En le suivant sur plusieurs années, nous assistons à la lente maturation qui le mène à une forme d’émancipation à la fois intime et intellectuelle, notamment grâce à des rencontres. Il fréquente ainsi une petite communauté hétéroclite, populaire et joyeuse vivant sur les bords de la Save, composée "d’êtres comme les autres, mais moins gênés aux entournures et plus libres". Et surtout, il renoue des liens réguliers avec la famille de sa belle-sœur, qu’il a toujours appréciée, et qui est revenue vivre à Belgrade après plusieurs années d’absence. Il entretient avec ses neveux et nièces une affection pudique mais profonde, et se rapproche bientôt du cercle qu’ils constituent avec de jeunes gens entrés en résistance contre l’occupant.



(Là, je réalise que mon billet part dans tous les sens, et qu’il devient urgent de le recentrer…)



Comme l'annonce le titre de l’ouvrage, le recueil, résultat de la compilation par la Fondation Ivo Andrić de huit nouvelles de l’auteur écrites entre 1946 et 1951, a pour cadre la ville de Belgrade, mais ce qu’il est surtout important de préciser, c’est qu’elles se déroulent principalement entre 1941 et 1944, dans une ville subissant l’occupation allemande puis les bombardements alliés, avant d’être libérée par l’Armée Rouge et les Partisans de Tito. C’est une période de ténèbres, au cours de laquelle les Belgradois font l’expérience de la destruction, de la souffrance et de la peur, qui bouleverse les êtres, "met les vies intérieures sens dessus dessous" et arrache les masques, révélant des traits inattendus y compris pour soi-même : bassesses et cruauté, mais aussi grandeur et beauté.



"La chronique de Belgrade" est ainsi le portrait de résistants, non pas tant de ceux dont l’engagement est évident, démontré, que de ceux qui, avec humilité mais détermination, agissent à la mesure de leurs moyens, portés par un sens du devoir plus instinctif que moral ou politique. On y croise aussi ceux qui, focalisés sur leur propre survie et la sauvegarde de leurs biens, ont tiré profit de l’occupation allemande, ou qui ont laissé leurs domestiques à demeure pour éviter les pillages pendant qu’eux-mêmes fuyaient les bombardements en s’exilant à la campagne… Il y est, enfin, question de l’immense majorité qui pendant l’occupation s’est efforcée de continuer à mener une vie normale en fermant les yeux, mangeant, buvant aux terrasses des cafés, se préoccupant de ses soucis personnels, pendant qu’on pendait nombre de ses concitoyens.



Ivo Andrić dépeint comment la survenance de la menace concrète de la mort et de la perte de la liberté soumet soudain les individus à des impératifs plus grands qu’eux, décortiquant les mécanismes psychologiques à l’œuvre dans les différentes réactions qui en découlent, tout en se faisant le chroniqueur à la fois tendre et féroce des relations intrafamiliales.


Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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La chronique de Belgrade

Andric aime les gens, cela transparait dans son écriture, simple et soignée. Dans ces portraits de gens modestes et de “perdants” se laisse voir toute une époque, la guerre. Elle agit comme un révélateur des profondeurs humaines, comme le ferait le vent chassant le sable pour faire apparaitre des reliefs enfouis et oubliés. Une belle leçon de littérature humaine.
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Biocivilisations: A New Look at the Science..

Voilà un livre ambitieux provenant du monde anglo-saxon. Écrit par un biologiste d'origine serbe travaillant en Angleterre il propose de repenser de fond en comble notre façon de voir le monde héritée de la pensée moderne dont Descartes et la pensée de la physique mécaniciste pourrait être la figure emblématique. Il s'agit pour l'auteur de quitter ce paradigme qui nous a conduit dans l'impasse actuelle destructrice du monde dans lequel nous vivons pour entrer dans le paradigme nouveau de la biologie symbiotique et de l'hyperpensée de Gaia. Sans remettre en cause la pensée scientifique en tant que telle (l'auteur de défend d'être creationniste) l'auteur propose un cadre conceptuel global pour repenser la place de l'homme dans le monde, cadre conceptuel qu'il résume avec le concept de "biophilia" qu'il opposé la "mecanophilia" qui nous a formatés jusqu'à présent.
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Mademoiselle Mozart

🌺Mademoiselle Mozarr🌺 de Yoji Fukuyama

- 539 pages - 10,80€



Et si Mozart était une fille ?



Elisa n'a pas 4 ans mais joue déjà excessivement bien du piano.

Malheureusement, les filles

de son époque ne peuvent pas devenir pianiste de renommée.



Ni une, ni deux, son père lui coupe les cheveux, l'habille comme un garçon au désespoir de sa mère et lance sa carrière.



Elle va passé sa vie à se cacher derrière des vêtements, se marier en évitant le lit conjugal... Et va démarrer sa carrière.



Un manga addictif que j'ai aimé découvrir, des graphismes de toute beauté, de l'humour, de l'émotion, du partage...



Une très belle découverte. A lire absolument



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Charlotte, la reine du compost

L’écologie est à l’ordre du jour, à notre époque. Qui ne rêve pas de sauver la planète pour le monde de demain? Une des solutions est le compost. Une solution qui permet d’écouler moins de déchets. Elle consiste à mettre dans un contenant, tout en les mélangeant, des pelures ou des restes de fruits et légumes, entre autres. Ces derniers, en se désintégrant, vont devenir un engrais qui fera le bonheur des plantes et des vers de terre. C’est ce dont nous parle Charlotte. Son monde a une grande utilité et joue un rôle décisif pour la lutte contre le réchauffement climatique.



Charlotte est un ver de terre qui vit dans un grand jardin. Comment vit-elle? Aime-t-elle sa maison? Elle est malheureuse car elle ne sait pas à quoi elle sert, dans ce jardin, contrairement à ses amis et voisins insectes qui y ont tous un rôle bien défini. Ils le jouent à la perfection. Quel est le rôle de Charlotte dans le jardin qui l’entoure? Le découvrira-t-elle un jour? Pour le moment, elle pense n’avoir aucun don. Est-ce vrai? Alors, elle se promène dans le jardin. Plutôt, sous terre, dans le jardin. Elle réfléchit à tout ce qui l’entoure. A ce monde où un magicien semble avoir donné un rôle à jouer à tout le monde, sauf à elle. Elle a un rôle important, mais, elle ne sait pas encore lequel.



Cet un album pour enfant de cinq ans est un hommage à la nature et à ses merveilles. Le rôle de chaque insecte y est simplement présenté. De plus, l’auteur explique ce qui compose le compost et, surtout ce qu’il ne faut pas y ajouter. La couverture est cartonnée. Ce qui facilite la prise en mains des très jeunes lecteurs. Les croquis sont magnifiques. Leur simplicité parle aux enfants. Les dessins sont très réalistes et accompagnés de petits textes. A la fin du livre, l’enfant trouvera des explications très utiles sur le compost. Ainsi, avec ses parents, sa famille, son école, il pourra en fabriquer. Il aura, ainsi, le bon réflex pour l’avenir. Et, qui sait, peut-être comprendra-t-il mieux le rôle de son amie Charlotte.
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La machine à indifférence et autres nouvelles

La première remarque que je tiens à formuler est que je ne m’attendais pas du tout au contenu de ce que j’ai trouvé dans ce recueil. Pour moi, science-fiction spécifiquement japonaise implique des histoires qui se déroulent a minima au Japon. Hors, la majorité des personnages qu’on croise ou qu’on suit viennent d’autres pays et souvent même pas des pays d’Asie. Le Japon est présent en arrière plan, via un personnage secondaire, une société ou une invention, hormis dans la dernière nouvelle où c’est un peu plus clair. Je ne dis pas que les auteurices japonais·es ne peuvent pas écrire des histoires qui se passent ailleurs, comprenons-nous ! Simplement, je m’attendais à autre chose.



La seconde est que le recueil devient de plus en plus cryptique, frustrant et insatisfaisant à mesure qu’on avance dans sa lecture. Si la première nouvelle est selon moi d’une grande qualité, les suivantes vont en dégringolant, du moins à mon goût, ce qui est assez dommage.



La troisième est dernière est que ce recueil ne contient que des auteurs masculins. J’ai du mal à croire qu’il n’existe aucune femme autrice au Japon qui écrive de la science-fiction et je trouve dommage qu’elles ne soient pas représentées au sein de cet ouvrage. Je ne veux pas tout réduire à une question de genre et je sais que le Japon souffre de graves problèmes en matière de sexisme, toutefois cette masculinité est plutôt dommage.



Si le recueil commençait très bien, il a perdu en intérêt au fil de ma découverte. Je ne regrette pourtant pas de m’y être penchée car j’ai pu m’essayer à la lecture de science-fiction nippone et apprendre le principe de real fiction.
Lien : https://ombrebones.wordpress..
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La machine à indifférence et autres nouvelles

J'ai lu les deux premières nouvelles apathique, sans rien éprouver ni pour celle qui donne son titre au recueil, ni pour celle à laquelle fait référence l'illustration de couverture. J'ai tout oublié de la troisième, à peine refermée. Pareil pour la quatrième. Pareil pour la cinquième et dernière. C'est finalement la préface - signée Denis Tallandier, l'un des traducteurs et anthologiste - et la postface - que l'on doit à Takayuki Tatsumi, professeur et critique littéraire - que j'ai lues avec le plus d'intérêt.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Le ministère de la douleur

Une jeune femme devient professeure de littérature à la fac d'Amsterdam après avoir fui la guerre et l'ex-Yougoslavie. Ses étudiants étant quasiment tous des yougoslaves exilés comme elle, elle décide de les faire travailler sur leurs souvenirs et sur la disparition de leur pays. Cette décision périlleuse va enclencher de nombreuses réactions en chaîne, pas toutes bienvenues.



Un roman incroyable qui traite sur un ton tragi-comique de thématiques essentielles comme l'identité, la langue, le sentiment d'appartenance. Entre "Yougonostalgie" ambivalente et enquête sur ce qui constitue un foyer, l'auteure est incisive et ne laisse aucun répit à son personnage principal dont tous les mouvements intérieurs seront disséqués sans pitié.

Je suis impressionnée par l'intelligence de ce texte et j'ai hâte de poursuivre ma découverte de cette auteure en lisant Le Musée des redditions sans condition.
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Lettres d'Italie

Après les Lettres d'Angleterre, Les éditions La Baconnière publient Lettres d'Italie, le tout premier récit de voyage que Karel Capek ait publié. C'est lors d'un congé sabbatique (en 1923 il venait de démissionner d'un poste de dramaturge dans un théâtre) qu'il entreprend ce voyage dont la première relation a paru en feuilleton. Si avant ces Lettres d'Italie vous aviez lu les Lettres d'Angleterre dans lesquelles Capek vous régale d'un humour en parfaite harmonie avec son sujet d'observation, vous vous attendrez avec ce voyage au pays de Michelangelo et de Pirandello à la réjouissante alacrité d'un Lawrence Sterne dans le Voyage sentimental.

Or l'Italie où Capek a voyagé est un pays qui vient d'entrer sur la voie du fascisme. Il évoque très peu celui-ci mais on se demande si à travers le dénigrement de l'esprit baroque qu'il reprend tout le long du récit, ce ne sont pas les rodomontades fascistes qui sont visées.



Ces lettres composent une vision binoculaire de l'Italie dont la profondeur est donnée par le décalage entre la très grande érudition de l'auteur et la culture convenue du Beadecker qu'il semble n'avoir jamais lâché durant son séjour.



On ne sait pas trop la confiance qu'il faut donner au paragraphe liminaire de l'introduction ; "Avant mon départ, de bons amis m'avaient envoyé de gros livres sur l'histoire italienne, la Rome antique, l'art en général et d'autres sujets, en me conseillant vivement de tout lire. Je n'en ai rien fait, malheureusement, et ce petit livre est le résultat de ma négligence." S'il n'en a rien lu c'est probablement qu'il était déjà bien trop versé dans tous ces sujets là. Car ses pérégrinations italiennes sont truffées d'histoire de l'art jusqu'à saturation. Et il en semble lui-même le premier agacé.



Par ailleurs, il ne fait pas de doute qu'un esprit aussi prévenu contre les idéologies, qu'un homme qui avait anticipé très tôt les dérives tant nazies que communistes, avait bien identifié la nature du nouveau régime italien. En moquer les outrances lui eût été facile. Il trouva plus fin d'en esquisser une généalogie à travers une réinterprétation non conventionnelle de l'histoire de l'art.



En effet, Karel Capek développe une conception personnelle du baroque en assumant l'anachronisme qui le lui fait remonter à la Rome des Césars : pour lui, le gigantisme du Colisée relève du baroque au même titre que la pompe catholique de la Contre-Réforme. Admirateur enthousiaste de Giotto, Karel Capek s'agace du génie d'un Michelangelo dont il admire la maîtrise artistique aboutie tout en étant navré de ses démonstrations de force.



À ce baroque, perversion d'un art asservi au pouvoir des Princes, Karel Capek oppose un art contemplatif et humble; un art populaire dont il fait remonter la généalogie aux étrusques qu'il oppose aux Romains.

Il y a dans ce livre comme un échos inversé aux Regrets de du Bellay ; car quand celui-ci regrette la grandeur déchue d'une romanité fantasmée, l'autre s'éfare des fantasmes d'un pouvoir dont l'âpreté prend le masque populiste de la vertu. Au fantasme de la grandeur Antique, Karel Capek oppose la simplicité rustique et à ceux qui ne retiennent des siècles qui la suivirent que l'obscurantisme borné qu'on leur prête il affirme (p.94): "Et croyez-moi, nous ne comprendrons jamais la disparition de l'Antiquité superbe, tant que nous ne trouverons pas assez de vertus dans la simplicité de l'époque qui l'a dépassée."
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L'homme coquillage

J'ai beaucoup aimé ce livre qui me laisse pantoise et admirative quand à l'implication humaine d'Asli Erdogan ; elle nous embarque dans sa bataille de vie, dans ses peurs et sa curiosité, et l'on souffre avec elle de ne pouvoir encore plus connaître l'homme coquillage ; mais sans "ce manque" le roman n'aurait peu-être pas été écrit... C'est beau et cruel.
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L'homme coquillage

Belle écriture et beau portrait de femme insoumise malgré ses fêlures mais trop de clichés pour en faire un texte vraiment bon.

Des chercheurs en physique venant de toute l'Europe participent à un séminaire dans les Caraïbes. La narratrice, 25 ans, turque, y participe pour sortir de ce milieu si fermé, machiste et pour voyager. Mais elle est la seule avec Maya à sortir de l’hôtel, aller se baigner, découvrir l'île car le reste de l'équipe reste cloîtrée. Elle, elle veut vivre, fumer, boire, nager, profiter pour oublier une vie déjà parsemée de violence. Au cours de ses balades, elle va rencontrer Tony, vendeur de coquillages exotiques. Tony au physique laid, mais au regard intense, sans éducation mais qui sait l'écouter. Il va naitre entre eux une amitié amoureuse sur les 4 derniers jours de son séjour, teintée de violence, de moments intenses. Mais nous avons droit à des Blancs racistes, des Noirs écorchés, une île balayée par les vents mais franchement, où l'on n'a pas du tout envie d'aller. Je crains hélas, d'oublier trop vite cette histoire. Il manque pourtant peu pour en faire un bon livre. Je conseillerai largement plus un Natacha Appanah avec Blue Bay Palace.
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L'homme coquillage

Un roman fort troublant, le premier de la romancière turque, écrit en 1993. Troublant, par sa supposée dimension autobiographique, par son histoire, un amour impossible empreint de tension érotique. Mais, on retrouve aussi des thèmes qui font écho à la situation actuelle d'Asli Erdogan, sous le coup d'une lourde condamnation en Turquie, en particulier ceux de l'emprisonnement et de la libération.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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Le ministère de la douleur

Un beau roman sur l'exil, la difficulté de refaire sa vie à l'étranger. as facile pour la narratrice d'admettre l'explosion de son ancien pays et de sa langue en trois entités (bosniaque, serbe, croate) aux différences linguistiques fixées par les trois nouveaux pays. C'est aussi l'évocation des conditions de vie de l'exil (appartement en sous-sol, les grands sacs où toute une vie est rangée, etc.).
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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L'homme coquillage

Premier roman de l’écrivaine (1993). Je l’ai ressenti. Il manque une fluidité dans le style, il y a quelques longeurs et lourdeurs semblablent à l’atmosphère oppressante de l’île – Sainte-Croix, Archipel des Îles Vierges des États-Unis, où se déroule l’histoire. Peut-être étais-je trop plongée dans ma lecture, au point de me sentir être la narratrice ? Effectivement, il y a de cela et si l’on ajoute les vies tourmentées, de Tony – l’Homme coquillage – et de la narratrice, on peut comprendre alors mes difficultés à lire ce sombre récit. Les dernières pages sont tristement belles.

Il faut oser s’aventurer avec L’homme coquillage.

Avis complet sur le blogue
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Pseudo Harem, tome 3

Extrait :

La parution de la série est assez lente, mais ce n’est pas pour me déplaire, après tout, c’est une série qui se lit sans prise de tête. D’ailleurs, avec ce troisième tome, on doit en être à la moitié de la série. Je pense aussi que cette parution est due au fait que la maison d’édition est encore jeune, elle n’a donc pas la même « taille » d’équipe que d’autres gros éditeurs. D’ailleurs, sur leur 14 séries – 2 prévues pour 2024 – je dois en avoir 7, et d’autres me tente également. Dommage par contre pour Self__, vendu à quelques exemplaires, que j’ai loupé, et qui est devenu introuvable du coup.



J’apprécie beaucoup la relation des deux personnages, c’est clairement le genre de personnes où l’on dirait « ils vont bien ensemble ». Ils sont fusionnels, se comprennent parfois sans se parler, ou alors pas du tout. Ils sont aussi autant gênés l’un que l’autre à certains moments, et aucun n’ose vraiment franchir le pas… Du moins, jusqu’à que Nanakura finisse par cracher le morceau et les mettre dans une situation encore plus embarrassante que d’habitude. De là vient donc le bouleversement pour le reste du tome, puisqu’ils sont tout aussi maladroit et timide l’un que l’autre. Ils se ressemblent beaucoup sur ce point-là. Ce qui me fait penser que c’est dommage de ne pas s’avoir ce que pense leurs camarades de leur relation, même si celle-ci ne les regardes pas, ils ne peuvent qu’avoir un « avis ».



Je le remarque un peu tard, mais pour ce tome, j’ai l’impression que les intrigues tournent autour d’un thème particulier, entre les festivals et la piscine, ça sonne l’été. Ce qui est assez drôle en soi, puisque ce tome est sorti au mois de Novembre chez nous, et on commence bien à se geler… Pour le festival de l’école, j’ai bien aimé que ce soit centré sur leur pièce de théâtre dont ils parlent depuis le début, même si le thème de base est cliché, il arrive à s’en détacher grâce à cela. Bon, la partie maison hantée n’est pas évité, mais là encore, ce n’est pas une version basique qui est proposée. Tout est vraiment vue d’un point de vu décalé autours de ses deux personnages. Il en est de même pour l’autre festival, où l’on retrouve des points clés, mais toujours avec dérision pareillement pour le passage à la piscine où les deux protagonistes sont accompagnés ce qui change un peu.



[...]
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