Lorsque, en 1990, Michel Lafon me demanda de raconter les différentes expériences et rencontres de ma recherche spirituelle, je ne savais pas que je cheminerais avec deux êtres merveilleux - Huguette Maure et Olivier de Broca - qui allaient me permettre, dans les moments de doute et d'incertitude, de fouiller plus avant les ombres de mes souvenirs et de mon retranchement...
Merci encore à eux deux, pour leur clarté et leur amitié, qui m'ont incité à poursuivre la rédaction de cette trilogie.
Tout en suivant le match d'un œil distrait, je priais fidèle à mes habitudes.
Brusquement, la pluie s’arrêta. Un immense arc-en-ciel déchira les nuages et enjamba le ciel au-dessus du champ de courses, devant moi, arche d'alliance entre le ciel et la terre.
Comme je contemplais ce spectacle avec ravissement, je me sentis projeté face à une lumière éblouissante, très haute dans le cosmos. Le monde autour de moi avait disparu. Il n'y avait plus de footballeurs sur le terrain. J’étais seul face à cette lumière prodigieuse qui irradiait la Bonté, la Vérité, la Justice et me communiquait cette chose incroyable, impensable, que je ressens encore aujourd'hui jusque dans la moindre de mes fibres; l’éternité. J'ai été éternel dans l’éternité. Je connus cette joie puissante, sublime, ineffable qui abat les barrières, je fus dans tout l'infini de mon être. J'éprouvais en moi l'unité du Cosmos et le déploiement en toutes chose de L'Energie Suprême.
La Terre, celle que les Grecs appelaient Gaïa, m'a toujours séduit. Oserai-je avouer que c'est à Gaïa que je dois ma première expérience amoureuse ? A l'age de douze ans, un jour d’été, je ressentis le besoin impérieux de faire l'amour. Dans la lande bretonne, je creusai un trou dans l'humus, j'y enfouis mon sexe, j'y imprimai de brusques saccades et au moment où j’ensemençai la terre, un éclair de lumière me passa devant les yeux, le sol trembla et je m'effondrai, enivré par les odeurs de bruyère, de joncs et de genets.
Depuis cette union symbolique, je sens que Gaïa m'aime, qu'elle me protège, me prévient. Chaque fois que je dus me rendre en Inde, par exemple, il y régnait une chaleur écrasante, l'air était chargé d'odeurs nauséabondes, la terre tremblait. C’était Gaïa qui soufflait:
__Rebrousse ton chemin, tu n'es pas d'ici. Il y a d'autres pays.
En revanche, lorsque je mis pour la première fois le pied sur le sol égyptien, la terre vibra comme pour me dire:
__tient te revoilà enfin !
La même chose se produisit en Guadeloupe, au Japon, au Mexique.
La Terre est une mère pour moi. C'est elle qui m'a donné vie. Ce lien que beaucoup de gens ont perdu, je l’éprouve dans la moindre fibre de mon corps. Je ressens les forces telluriques, les nœuds où s'exercent les forces du sol, les endroits où le dois me rendre et ceux dont je dois me tenir éloigné. Si je marche avec des amis en foret, et que nous nous perdons, je montre d'instinct la bonne direction. Où que j'aille, Gaïa guide mes pas .
Il me semble pour ma part que le plus important est de retrouver le plaisir total de la prière en faisant en sorte que ce corps ne soit pas un obstacle mais une caisse de résonnance. Il ne s'agit pas de le contraindre, mais de l'oublier, pour mieux libérer le mental sur lequel s'effectue le travail.
En ce qui me concerne, je suis donc assis sur une chaise, les bras et les jambes non croisés pour laisser circuler les énergies, la plante des pieds reposant bien à plat sur le sol afin de m'ancrer en terre, les mains étendues sur les genoux. Je garde les yeux mi-clos car, pour calmer le jeu, il faut d'abord tromper l'adversaire. En fermant les paupières, je m'exposerais imprudemment aux fantasmagories de mon mental ; en les laissant complètement ouvertes, je pourrais être distrait par tel livre dans ma bibliothèque, telle silhouette dans mon jardin, ou par un vol d'oiseau dans le ciel...
Je m'assieds légèrement en avant, afin de ne pas couper la circulation du sang à hauteur des cuisses, et surtout pour ne pas être tenté de prendre appui sur le dossier de la chaise. Je dois contôler moi-même la droiture parfaite de mon dos : je tâche de décrisper les épaules, tout en résistant à la possibilité d'un avachissement progressif. Je me représente ma moelle épinière comme la corde d'un violoncelle ou d'une contrebasse : trop tendue ou pas assez, elle sera mal accordée. Peu à peu, à tâtons, j'essaie d'obtenir la note juste...
Il s'agit en fait de se placer en perception vers le haut, comme pour exprimer à travers le corps la disposition de notre âme. En effet, s'il faut renoncer à la définition d'une position universelle, il reste un point capital à observer : l'attitude corporelle doit réinstituer la verticalité, ou du moins la rectitude de la colonne vertébrale si l'on est allongé. Il faut sentir cette colonne vertébrale, l'étirer au besoin vertèbre après vertèbre par de légères mobilisations du buste et de la nuque, tout en stabilisant l'assise du bassin. On harmonise ainsi toute cette charpente osseuse, autour de laquelle vont se réorganiser nos muscles et nos nerfs. Nous prenons une conscience "lourde" de nos organes, de nos vaisseaux sanguins, nous cernons enfin notre enveloppe épidermique.
Toutefois, par la suite, on s'aperçut que Denys le Petit avait connu une erreur de calcul et que Christ était né au moins quatre ans avant la date choisie. On convint cependant de s'en tenir à ce calendrier dionysien. [...]
Autrement dit,nous ne serions pas aujourd'hui en 1993 mais en 1997... ou même déjà en 2000 donc ce fameux >
que nous attendons tous avec tant d'appréhension serait en fait l'an 2004 voire 2007.[...]
En effet, notre an 2000 ne marquera la fin d'un millénaire ni pour les arabes, ni pour les juifs. Pour les premiers, nous serons en l'an 1421 de l'Hégire et pour les juifs en l'an 5760...
Le seul critère, c'est la Nature dans sa grandeur et sa simplicité.
Parlons d’abord du mot « médecine ». Il ne veut pas dire la même chose pour vous et pour moi. Dans certaines spiritualités, les mots peuvent prendre une acception plus englobante que dans d’autres. Pour nous, il n’y a pas de limite entre la médecine, la religion et la manière de conduire sa vie.
Il s’agie de la même notion, pour laquelle nous utilisons ici votre mot « médecine ».
C’est pourquoi, plutôt que celui d’homme-médecine, certains emploient le terme « chaman », qui a selon eux l’avantage de cumuler la notion de guérisseur avec celle de visionnaire. Le chaman est un peu clui qui sert d’intermédiaire entre le visible et l’invisible.
Si nous sommes à ce point aussi embarrassés par le terme d "homme-médecine », c’est aussi parce qu’une langue traduit les valeurs de ceux qui la pratiquent. A ce titre, un mot unique dans un langue se traduira par plusieurs mot dans une autre. Chez vous, la spiritualité n’est qu’un élément de la culture humaine parmis d’autres ; c’est pourquoi le mot homme-médecine vous paraît suffisant quand vous pensez à nos dons guérisseurs. En revanche, la spiritualité est chez nous la notion essentielle, celle autour de laquelle gravitent toutes les autres ; alors, puisque la notion est riche, le vocabulaire l’est aussi. Je vais donc vous parler des différents mots que vous traduisez, si pauvrement, par « homme-médecine ».
Vous verrez que chacun d’eux décrit une pratique différente de nos thérapies, doublée d’une relation particulière avec les Esprits. Unifier ces notions comme vous le faites reviendrait à n’avoir qu’un seul mot pour traduire cardiologue, pneumologue ou dermatologue, psychologue, prêtre et philosophe !
Dans tous les cas, les pouvoirs de l’homme-médecine sont hérités de la femme-élan, qui vint il y a dix-neuf générations nous enseigner que toute physiologie humaine repose sur quatre substances : l’eau le maïs, les baies et la viande. C’est pourquoi, lors de certaines cérémonies de guérison, nous plaçons sur un autel des récipients contenant ces matières. C’est aussi pourquoi nous jouons d’un certain tambour, en chantant le chant de la femme-élan. Il faut surtout comprendre que l’homme-médecine n’est en réalité que le réceptacle, le truchement de l’Esprit-Médecine.