AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.96/5 (sur 13 notes)

Nationalité : Brésil
Né(e) à : Aracati , le 29/05/1867
Mort(e) à : Rio de Janeiro , le 01/01/1897
Biographie :

Adolfo Ferreira Caminha est un écrivain brésilien, l'un des principaux représentants du naturalisme au Brésil.

En 1883, Adolfo entre dans l'armée de mer, obtenant le poste de second-lieutenant. Cinq ans plus tard, il est transféré à Fortaleza. Là, on le rétrograde pour avoir enlevé la femme d'un second lieutenant pour vivre avec elle. Il obtient un poste de fonctionnaire au Ministère des finances et commence à écrire.

En 1893, Adolfo publie "A Normalista", roman dans lequel il trace un tableau pessimiste de la vie citadine.

Il voyage à travers les États-Unis et, à partir de ses observations et carnets de voyage, il écrit "No País dos Ianques" (1894).

L'année suivante, il provoque le scandale mais impose sa réputation littéraire en écrivant "Bom-Crioulo" (deux traductions françaises : "Rue de la Miséricorde", Paris, Métailié, 1996, et "Un amour d'ébène", Paris, Quintes-Feuilles, 2010), qui aborde la question de l'homosexualité.

Il collabore aussi à la presse carioca, dans des journaux comme la Gazeta de Notícias et le Jornal do Commercio. Atteint de tuberculose, il publie un dernier roman, Tentação, en 1896. Il meurt à Rio de Janeiro le 1er janvier 1897, alors qu'il n'avait même pas trente ans.

Son œuvre dense, tragique et peu appréciée à l'époque est maintenant reconnue pour son audace face aux préjugés.
+ Voir plus
Source : Wikipedia
Ajouter des informations
Bibliographie de Adolfo Caminha   (2)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
La glorieuse et vieille corvette était loin désormais - et que c'était dommage ! - d'évoquer le fier bâtiment de jadis, allègre et pittoresque, vraie galère de légende chevauchant légère et blanche, sereine, en haute mer, la croupe des vagues...
Elle était différente, si différente avec sa coque noircie, ses voiles moisies, sans plus rien du bel aspect guerrier qui faisait, aux temps bénis de son commerce avec les océans, l'enthousiasme de tous. En la découvrant au loin sur l'immensité bleue, on aurait dit à présent le spectre fantastique de quelque bâtiment pirate. La vieille carcasse flottante était toute changée, sans trace de la blancheur limpide et triomphale des voiles, sans plus rien de la peinture originelle de la carène.
Elle s'en venait cependant - esquif de mauvais augure - sur les eaux brésiliennes, elle s'en venait, quasiment lugubre et l'allure paresseuse, semblable non plus maintenant à quelque échassier énorme, immaculé, cinglant la plaine liquide, mais, lourde, lente, pareille à une chauve-souris géante et apocalyptique, les ailes largement déployées sur la mer...
Commenter  J’apprécie          151
Le hasard, disons-le tout net, avait voulu que Herculano, la veille au soir, soit surpris par un autre matelot alors qu'il se livrait à un acte fort laid et déprimant de la nature humaine. On l'avait trouvé, debout et seul contre le bastingage, en train d'agiter le bras dans une posture obscène, en un mot, de se livrer contre lui-même aux atteintes les plus honteuses.
Un petit mulâtre, qui avait l'habitude de rôder, la nuit tombée, pour espionner les faits et gestes de ses camarades, courut appeler Sant'Ana et les deux compères s'approchèrent en craquant une allumette, "pour voir"... Les éclaboussures d'un crachat brillaient encore, toute fraîches, par terre : Herculano, venait bel et bien de commettre un crime, crime de lèse-nature, non prévu par le Code, en répandant sur le pont stérile et sec la semence génératrice de l'homme.
Commenter  J’apprécie          135
La punition fut épouvantable.
- Que la garnison de ce navire ne s'y trompe pas ! pérora le commandant. La désobéissance, l'alcoolisme et la pédérastie sont des crimes majeurs. Ne vous leurrez pas !...
Commenter  J’apprécie          141
Le ciel s'était complètement enténébré, et le vent, qui fraîchissait, sifflait sinistrement en rafales dans le gréement, avec la force colossale de titans invisibles. La mer et le ciel se confondaient dans l'obscurité, formant autour de la corvette une seule masse sombre qui la pressait de tout côté, à croire qu'elle allait être engloutie corps et biens sous les eaux et les nuées... De grandes vagues roulaient altières, qui rugissaient sous la quille et dansaient à la proue une gigue effrayante et vertigineuse chaque fois que le navire plongeait, toute sa coque dans l'eau, au risque de se fendre par le milieu...
Commenter  J’apprécie          120
... il se souvint du châtiment que le Noir avait si vaillamment enduré à cause de lui ; mais il ne dit rien. Une sensation de bonheur infini se répandait dans tout son corps. Il commença à sentir dans son propre sang des élans jamais éprouvés, une sorte d'envie instinctive de céder aux caprices du Noir, de se laisser faire, quoi qu'il veuille de lui - un relâchement vague de tous ses nerfs, comme un vertige de passivité...
- Fais vite ! murmura-t-il précipitamment, en se retournant.
Et le délit contre nature fut consommé.
Commenter  J’apprécie          121
Pas la moindre ouverture sur le paysage ne rompait la monotonie du pâté de maisons : rien, à part le roulement des premiers tramways et une voix par-ci par-là, le timbre haut. Il planait une forte odeur d'urine, agressive comme les exhalaisons d'une pissotière, qui asphyxiait, empoisonnait l'atmosphère. Les rayons du soleil levant frappaient les vitres de reflets obliques, réveillant les habitants, teintant la façade des maisons de balafres d'or, animant le granit des portails d'éclats de cristal, et blessant la vue comme les fulgurations d'un réverbère ; et l'on commençait déjà à sentir une morne chaleur, une tiédeur débilitante, un début de moiteur.
Commenter  J’apprécie          113
La masse impressionnante de nuages qui avait tout à l'heure surgi de loin là-bas, vers le sud, s'amoncelait maintenant de plus en plus, déployant dans le ciel d'étranges reliefs de la couleur du plomb annonciateurs de tempête, telle une énorme barrière qui se serait soudain dressée entre la corvette et l'horizon. Les rayons d'un soleil, déjà à demi voilé filtraient tristement à travers les nuages, s'irisant, comme une sorte d'auréole, d'une écharpe brillante et multicolore, qui tombait dans la mer.
L'averse était imminente.
- Au cacatois et au perroquet ! hurla l'officier de quart.
Commenter  J’apprécie          110
Son désir du coup s'exaspéra, une hantise de le voir à ses pieds, rendu, comme un petit animal : et, d'un coup, resurgirent en lui des appétits de jeune taureau en liberté, des élans scabreux de mâle en rut, des nostalgies de libertin fougueux.
Les paroles d'Herculano lui avaient attisé le sang, tout comme si des orties sauvages lui écorchaient la peau, l'excitant, le faisant endêver de désir.
Commenter  J’apprécie          70
Tandis que la chaloupe qui l'emmenait s'éloignait du pont, d'où ses camarades le saluaient en agitant leur béret avec une ardeur touchante, il sentit la tiédeur d'une larme fugitive lui rouler jusqu'au menton, et il se mit lui aussi, pour n'en rien montrer, à saluer, debout devant l'embarcation, jusqu'à voir les contours de l'île et les adieux de l'équipage se dissoudre peu à peu dans les brumes du crépuscule.
p.25
Commenter  J’apprécie          40
Ce mouvement indéfinissable qui fond en même temps sur deux natures de sexes opposés, déclenchant ce désir physiologique de possession mutuelle, cette attraction animale qui rend l'homme esclave de la femme et, dans toutes les espèces, précipite le mâle vers la femelle, Bom-Crioulo l'éprouva de façon irrésistible dès que son regard rencontra celui du petit mousse.
De sa vie, il n'avait éprouvé ébranlement semblable, jamais un homme et jamais une femme, depuis qu'il était adulte, n'avait provoqué en lui une impression aussi étrange !
Le sûr, en tout cas, c'est que le petit, un enfant de quinze ans, l'ébranla jusqu'au tréfonds de l'âme et dans l'instant le domina, le subjugua avec la force magnétique d'un aimant.
Commenter  J’apprécie          20

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Adolfo Caminha (19)Voir plus

¤¤

{* *}