- Tu lis quoi d'autre, alors ?
- Eh bien... Koontz, aussi.
Ça m'avait échappé. Ça l'avait fait éclater de rire, évidemment. J'avais compris qu'elle avait un genre d'humour d'homme de cinquante ans, en fait. Depuis cette fois, elle m'avait surnommé Horror Boy, l'amateur de romans d'horreur.
- Ce n'est pas exactement le genre de livres que lisent les gens qui sont hospitalisés, en général...
- Ah bon, pourquoi ?
- Disons qu'habituellement, ils évitent de lire des choses qui parlent de malheur, de souffrance et de peur. Je suppose que c'est parce qu'ils n'ont pas besoin de fiction pour savoir ce que c'est.
- Bof, c'est juste une histoire dans un livre... Ça ne me gêne pas.
Derrière elle, j'ai suivi son regard. Les nuages s'accumulaient de plus en plus. De nouveau, le tonnerre s'est fait entendre. Des corbeaux effrayés se sont mis à crier et se sont envolés à tire-d'aile depuis les arbres autour du terrain de sport.
- Tu n'es au courant de rien, Sakakibara ! a répété Mei, le visage toujours tourné vers le ciel. Personne ne t'a rien dit ?
- Mais dit quoi ?
- Tu le sauras bien, tôt ou tard...
- ...
- Et puis, tu ferais bien de ne pas trop t'approcher de moi.
—Si vous voulez le fond de ma pensée, je dirais que c'est l'appétit d'Ellery qui mange sans problème tout ce qu'on lui donne qui me semble suspect...
Être toujours belle. Élégante et classe en permanence. En toutes circonstances quelque soit l’endroit. Voilà où je place mon orgueil.
Il pouvait m'arriver des choses très déprimantes il me suffisait de revenir dans ma chambre pour être sauvée. Là, au moins, je retrouvais mon monde à moi. Je pouvais imaginer tout ce que je voulais j'avais les meilleures amies ou le plus beau fiancé au monde et moi, j'étais la fille la plus charmante du monde. Enfin ...je pensais qu'il suffisait de le croire.
Dans mon verre a moi, ce n'etait qu'un jus de legumes crus, un green smoothie que grand mere m'avait preparé au mixeur. Il y avait du celeri dedans, et je n'aimais pas ca, mais j'en ai quand meme bu une gorgée, parce que c'est plus facile de parler de soi un verre a la main.
Comment décrire cette beauté ? Elles étaient dotées de réalité, une réalité douce et froide, et n'étaient pourtant pas réelles. Elles avaient l'air d'être humaines, et en même temps, pas du tout. Elles étaient bien de ce monde, et pourtant n'y appartenaient pas. Elles existaient, mais leur existence tenait à un fragile équilibre, entre ce côté-ci et l'autre côté.
Involontairement, ma respiration est devenue plus profonde, comme si c'était à moi de respirer à leur place. Cette pensée a pris soudain une énorme place dans mon esprit.
C'est parce que l'ensemble de la classe est proche de la mort qu'un défunt se mêle à la classe. Ou le contraire, si tu veux : quand un défunt se mêle à la classe, cette dernière se retrouve très proche de la mort. Que tu le prennes dans un sens ou dans l'autre, le résultat est le même : la mort est vide, comme les poupées. Et comme les poupées, ce vide aspire à être comblé, et si on s'approche trop, on se fait aspirer...
Où sommes-nous ?
Ici…
Ici, c’est nulle part.
Ici, c’est partout.
Ici, c’est n’importe où.
Quand sommes-nous ?
Maintenant…
Maintenant, c’est n’importe quand.
Maintenant, c’est tout le temps.
Maintenant, c’est le présent, le passé, le futur…
C’est tout à la fois.
Qui es-tu, qui êtes-vous ?
Je suis…
Je suis…
Je suis elle.
Je suis lui.
Elle est lui.
Il est elle…
Allons, viens jouer avec nous.
-J'en ai assez des funérailles... a répété lentement grand-père.
Le mot "funérailles" venait de faire une tache sur mon coeur. Immédiatement, un tourbillon noir commença à se former à partir de cette tache, et puis... qu'est-ce que c'est... un son très grave, très profond... jailli de je ne sais où...
J'ai de nouveau serré les paupières. Au même instant, dans ma tête, quelque chose s'est arrêté net.