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Critiques de Arthur H (38)
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Fugues

Sa musique me berce depuis de longues années. Comme le père. Un poète enchanteur, des mots qui m'émeuvent, ses textes sont des proses magnifiques à lire, juste avec quelques notes de piano ou quelques longs silences qui égrènent ma vie. « Fugues », son art, ses doutes, sa liberté. Un instantané autobiographique sur la jeunesse, une ode à la liberté. Arthur décide de s'ouvrir, son coeur, son âme, sa fugue sera l'objet de cette musique. Assis devant un piano, tentant de déchiffrer l'art de la fugue de Johann Sebastian Bach, il va se plonger dans ses souvenirs.



Au cours de cette écriture, s'écrit une étrange coïncidence, une autre fugue, en plus de la sienne et celle de Bach. Quelques années plus tôt, sa mère Nicole trop enfermé dans le carcan parental et sociétal, quitte sa ville d'Argenteuil avec quelques amis. Direction la Polynésie et Tahiti. le voyage débutera par la Corse, elle n'ira pas plus loin. Mais ce besoin d'être libre était plus fort que tout.



A 15-16 ans, la fugue est aussi un apprentissage de la vie. C'est de cette façon qu'il faut revoir la situation. C'est aussi l'esprit rebelle qui sommeille dans la tête de tout adolescent. Arthur rejoint son père en Martinique pour quelques jours. Mais au moment de prendre l'avion pour rentrer en France, il laissera son père pantois et penaud passer seul la porte d'embarquement… à suivre…



J'ai lu un très beau moment d'intimité, d'une personne qui compte énormément dans mon spectre musical. Arthur H, que je sens si timide si réservé et qui pour s'ouvrir aux autres utilise la musique et écrit de si belles chansons aux mélodies douces et soyeuses comme un sourire illuminé sous une lune bleue. Et dès la première page, j'ai été ému, la façon dont il dédit ce livre.

A ma mère, la belle boxeuse amoureuse,

Pour son art de la fugue et son goût de liberté.

A mon père, j'aurais aimé qu'il lise cette histoire

Qui parle d'une femme qu'il a aimé…

Déjà, j'ai les larmes aux yeux… Heureusement que l'histoire n'est pas aussi triste que cette introduction… Et Jacques Higelin a aussi, tant, compté dans le silence musical de ma vie.
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Fugues

Installé dans sa roulotte, Arthur H s’attelle au difficile déchiffrage de "L’art de la fugue", de Bach.

Une lueur étrange apparaît, se précise, c’est Bach lui-même qui entreprend un dialogue avec Arthur. Apparition qui reviendra plusieurs fois.

Complètement savoureux ces dialogues ! Toute la fantaisie d’Arthur H.

Et dans ces conversations, on parle de fugues. Celles de Bach, bien sûr, mais aussi celle de Nicole, la maman d’Arthur, le jour de ses 18 ans. Et celle d’Arthur, à 15 ans.

L’auteur se livre complètement, raconte par le menu ces fugues familiales.

Et là, il le fait très sérieusement.

En même temps il rend un hommage plein d’amour à sa mère, la « boxeuse amoureuse ».

J’adore Arthur H.

Sa sensibilité, sa fragilité, sa folie, sa profondeur, son humour, son immense talent musical, sa voix sensuelle.

Chaque moment passé à l’écouter est un véritable moment de bonheur.

Le voir sur scène, je ne trouve même pas les mots pour expliquer l’émotion que ça procure.

Le lire, encore un autre privilège.

Arthur H, comme Barbara fait partie de ma vie. Je ne pourrais pas m’en passer.

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Fugues

Une fugue à trois voix.

Fugue musicale.

Fugues en avant sur le chemin périlleux de la liberté, à la recherche du soi, de son identité, fuir un monde cloisonné, quitter le cocon affectueux et étayant pour mieux s'appréhender, se découvrir, se relâcher, s'élever, s'aimer, vivre son rêve en toute innocence et insolence ...

« Quel est le rapport entre une fugue et une fugue ? Est-ce le même goût de larguer les amarres ? La fuite des notes de musique vers l'infini participerait-elle du même mouvement que cette échappée qui nous emmène loin, dans un espace non cartographié, où l'on va pouvoir enfin respirer ? »

Une plume fluide, poétique souvent, qui nous conte l'errance de l'être, l'errance de l'âme. Un parcours initiatique qui se révèle être également un bel hommage à Nicole Courtois, la mère de l'auteur.

Un parcours fuyant qui se répète d'une génération à l'autre et qui nous parle, forcément, je pense. Devenus adultes, l'adolescence fut un passage obligé, plus ou moins aisé selon chacun, et une facilité à le franchir pas forcément liée à la condition de vie de la famille, il me semble. Jeunesse dorée ou pas, le cap à franchir vers la quête de soi reste le même. Ce n'est que mon avis évidemment...

Fugues est aussi une ode généreuse et belle à la musique, même si, pour être honnête, les passages invitant Bach d'outre-tombe, m'ont laissée perplexe...

« La musique est l’art de l’espace. Littéralement, le flux sonore ouvre l’espace, le déflore, le densifie ou l’allège. Organiser les sons est le moyen que les humains utilisent pour nettoyer l’air, rendre sa surface intime et fluide, pour mieux faire voyager les idées, les émotions, les intuitions. La musique est une image de l’espace intérieur de l’homme : elle l’agrandit, le purifie, donne une direction à son énergie ; elle le prépare ainsi à recevoir et échanger de nouvelles informations. C’est une brise légère qui chasse les humeurs fétides, nettoie le corps subtil. En plus du plaisir intense qu’elle procure, elle participe à la santé globale de la personne qui s’abandonne à elle. Être plus réceptif, plus disponible, plus dynamique, c’est être potentiellement plus libre. L’art de la fugue est l’art de la liberté. »

J'ai aimé ce regard que l'auteur porte sur lui-même. J'ai aimé celui qu'il porte sur la société de l'époque, reflet de notre société actuelle, « rétrograde et immature » et sur elle, « jeune femme libre du XXIème siècle, enfermée dans un carcan moisi du XIXème siècle, pleine incohérence temporelle ».

J'ai aimé la prose.

J'ai aimé ce voyage dans le désert odorant d'une nature immaculée.

J'ai aimé m'identifier à sa jeune mère, chevauchant, les sens en éveil, dans le maquis sauvage de la région de Scopamène, au centre de la Corse.

En quittant Arthur H et ses Fugues, je me suis demandée pourquoi cette autofiction ? Bénéfique pour l'auteur ? Nécessaire, indispensable ?

Pour moi, elle fut animée de belles émotions, et par le pouvoir des mots, je me suis souvent retrouvée dans ce maquis sauvage que j'affectionne particulièrement. Alors peu importe votre affinité avec l'auteur, si vous êtes à la recherche d'un élan de liberté, d'une escapade sauvage, je vous recommande vivement cette lecture !

🙏 à Babelio, Mercure de France et Folio pour cette belle découverte.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Fugues

Comme Arthur H. s'est laissé porter par la musique de Bach, j'ai de mon côté découvert son récit « Fugues », avec une fébrile impatience, en voulant me laisser porter par les mots de cet artiste que j'aime depuis des années.

Ce n'était pas tant une autobiographie d'un musicien que je souhaitais lire. Je ne faisais pas la groupie en mal de croustillants devant un personnage people ; le fils d'un père peut-être plus connu que lui, plus exubérant sûrement aussi.

Qui connait un peu Arthur H. sait qu'il s'agit de tout autre chose avec lui. Il se fait discret, sûrement encore un peu timide, tout en nuance et subtilité, la voix grave et chaude qui sait résonner en moi, il a une classe pudique, si naturelle, qui m'impressionne. Vouloir lire « Fugues », c'était pour moi comme une quête de musicalité, de poésie et de beauté. C'était souhaiter aller encore plus loin peut-être que les strophes de ses chansons, aller au cœur des sensations, se laisser emporter par la sensibilité de cet artiste bohème, libre et délicat. Et il a sû m'emporter comme je l'espérais.

Pour être tout à fait sincère, j'ai regretté qu'il parle plus de la fugue de sa mère (en Corse) que de la sienne (en Guadeloupe). Même si la sienne était étroitement liée à celle de sa mère. Ils avaient tous deux une même soif de liberté. Et s'il parle principalement d'elle, c'est que c'est avant tout une lettre d'amour à sa mère, forte et courageuse. Une mère pour qui il composera ‘'La boxeuse amoureuse''.

Mais, c'est véritablement lorsqu'il a parlé de lui, de sa propre fugue à l'âge de 15 ans, de son désir de liberté, de vivre sans avoir le dos courbé par la vie et les autres, que j'ai vraiment ressenti le plaisir tel que celui que j'éprouve à l'écoute de certaines de ses chansons – celles que je peux écouter en boucle et que je fredonne ensuite plusieurs jours d'affilée-. J'avais l'impression d'entendre sa voix (une de ces voix qui m'émeuvent à en avoir la chair de poule et qui me rendent un peu dingo –comme celles de Bowie, Bashung, Brassens, Tom Waits, Neil Young, Barbara et quelques autres-). Et moi, à ce moment-là, ça agit comme une drogue. C'est ma fugue à moi. Cela me plonge dans un autre monde, un univers tout en coton, rassurant, chaud, et je dois certainement avoir un sourire béat aux lèvres, comme si j'avais bu un verre de trop. Parfois, à l'inverse, j'ai l'alcool triste parce que ça me fout le blues, ces voix un peu écorchées, douloureuses, ces chanteurs à fleur de peau qui parlent souvent d'amour blessé, de fêlures, ces voix qui nous chantent comme s'ils nous parlaient un peu rien qu'à nous. Et je me sens si bien avec eux que je n'ai pas envie de retourner de l'autre côté.

J'ai regretté qu'Arthur H. ne parle pas plus longuement de lui, qu'il ne me fasse pas entrer encore plus dans son univers afin que je savoure plus longuement ce bonbon sucré salé fondant sur la bouche. Et à avouer cela, comme une de ces confessions nocturnes, je fais peut-être un peu la groupie jalouse finalement, à me dire que même la présence de Bach ne m'aurait pas été indispensable. J'aurais bien aimé qu'il n'y ait que lui, Arthur Higelin, dans ce livre.

Pourtant, il s'agit pour lui de raconter « l'art de la fugue », la fugue musicale de Bach, la fugue nécessaire de sa mère et de la sienne. Des fugues à jouer comme des défis à relever, des fugues à écouter comme on écoute son coeur, des fugues si impérieuses et vitales, des fugues pour être plus fort, pour apprendre à vivre, se découvrir, s'accepter et s'épanouir, des fugues pour fuir le carcan de la ville et ses jugements, des fugues pour ressentir et être libre, des fugues pour vivre tout simplement.

Et en finissant ce billet, peut-être aurais-je envie d'entendre quelques notes de piano. Peut-être aurais-je envie de réécouter « L'art de la fugue » de Bach ou plus certainement d'aller voir de ‘'l'autre côté de la lune''.



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Fugues

Arthur H , ,fils de Jacques Higelin et grand frère d'Izia, est un artiste inclassable, reconnaissable par sa voix grave et éraillée, ainsi qu'une présence en live assez intense.



Dans son premier récit, proche de l'autofiction il ose une variation autour de la fugue, musicale ou vers un autre ailleurs, comme celle qu'a entrepris dans sa jeunesse sa mère, Nicole Courtois-Higelin.



Une mère qui lui avait inspiré un de ses plus beaux morceaux, la boxeuse amoureuse.



Un récit traversé par le mouvement géographique, intérieur et musical à travers la difficulté pour Arthur J de reprendre le célèbre morceau de Johann Sebastian Bach. « L'art de la fugue ".



Mais l'artiste qui nous avoue être étrangement peu porté sur le solfège a les plus grandes peines du monde à déchiffrer la partition de Bach.



Un récit de fugue en parralèle entre réalisme et onirisme assez fidèle à l'univers tout en poésie et fantaisie de son auteur.



Une première expérience littéraire qui en appelle d'autres, peut etre un hommage à son paternel récemment décédé, qui sait?
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Barnabé et la fusée

Un gros plus pour la voix, si spéciale, d'Arthur H, l'histoire et les illustrations sont assez mignonnes. Par contre c'est vraiment pour les tout petits car l'histoire ne dure même pas 5 minutes et il n'y a qu'une seule chanson !
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Le cauchemar merveilleux

Ah ! Arthur H !

C’est tout son esprit, tout son cœur, exprimés dans ce court recueil.

On y retrouve sa poésie, ses délires, son humour, sa tendresse, son érotisme….

On y retrouve aussi ses thèmes de prédilection : l’espace, New-York, les clandestins, la Chine, les diamants à offrir…..

et les mots qu’il affectionne ; galactique, abyssal, dévisse, nord, sud……

des poèmes qui ne demandent qu’à être mis en musique et interprétés (par lui, de préférence, avec sa voix inimitable)

des contes sortis de son âme d’enfant

Un vrai bonheur, je vous dis.

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Amour Chien Fou

Dès les premières notes du piano éveillant La Boxeuse Amoureuse, ma gorge s'est nouée. Puis la voix d'Arthur H, vibrante, ses mots, le tempo fluide et électrique d'un hommage aux femmes blessées, je peinais à déglutir, en apnée.



Amour Chien Fou s'ouvre en double album, dont le thème principal est l'amour, par extension, sous toutes ses coutures et variantes.



Les titres éloquents, sont enrichis d'une envolée littéraire qui sait me toucher, par sa simplicité non dénuée d'un rigoureux travail. J'aime l'humilité de cet opus et la qualité de ses visuels et photos.



La Boxeuse Amoureuse introduit la complainte d'une première partie dont la texture poétique, sensible et douloureuse est en contraste avec une enveloppe vive et dansante dans une seconde partie clôturée avec Amour Chien Fou.



"La Boxeuse Amoureuse, sur ses gants dorés, des traces de sang, des larmes et de sueur..."

"L'amour est un chien fou, qui court sur l'autoroute, l'amour est un loup doux, hurlant sa lune blanche..."



La Boxeuse Amoureuse saura me séduire longtemps et bien que venant de se loger dans ma discothèque, compte déjà un grand nombre de lectures. le clip officiel, ajouté sur le site, met en scène Marie-Agnès Gillot et Roschdy Zem sur le ring pour une chorégraphie sensuelle, violente et ardente.



Outre les deux morceaux principaux, je retiens d'autres titres comme La Dame du Lac, Inversion Mélancolique, Tokyo Kiss et Brigade Légère.



"La Dame du Lac cueille les roses flétries, qui dépérissent à son approche, ses secrets la dévorent de l'intérieur, c'est là qu'elle fabrique son propre enfer..."



"Comme une brume qui s'efface, à l'aube sur la colline en face, je sens ta chaleur contre moi, mon amour ne te réveille pas, tout va bien rendors-toi... c'est une inversion mélancolique"



"I lost my name in a Tokyo Kiss...., please, Kiss me again, I begin to remember my name..."



"Allez ma femme, soleil ardent, vers ta lumière, ma pierre précieuse, vers ton étoile, ... Brigade Légère..."



J'ai découvert Arthur H par hasard, il y a déjà quelques années, alors que je me promenais à travers les rayons d'un disquaire. Je l'ai embarqué. C'était Show Time.



Le piano est l'un des instruments classiques et contemporains qui me fascine le plus. J'ai commencé à ballader mes souliers de fée clochette sur ses touches claires-obscures, avec Marianne de Tori Amos. Puis j'ai admiré Glenn Gould et Sviatoslav Richter interprétant Bach. Plus récemment iNA ICH avec Libre comme l'Eau ou encore My Own Private Alaska et tout particulièrement le titre Anchorage.

La liste ne sera jamais exhaustive, grand bien me fasse.



Je terminerai mon billet en évoquant la violence qui drape La Boxeuse Amoureuse, pour rappeler que ce fléau ne détruit pas seulement les femmes au sein du couple. Sujet tabou lorsqu'il touche les hommes, ils n'en sont pas moins victimes. La brutalité peut s'insinuer dans chacun d'entre nous, quels que soient notre sexe, notre couleur, notre age, notre appartenance sociale et nos origines. Elle peut se glisser dans la force d'un corps mais aussi dans les mots et l'humiliation.



Merci Arthur H pour ce beau témoignage.



Découvert en août 2019.
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Fugues

Il m'aura fallu trente ans, de 1990 et Quai n.3 qui m'avait fascinée, à 2019 pour des retrouvailles avec Arthur H. Le temps de la maturité, le temps de la patience, car je savais qu'un jour, je le rencontrerais.

Il a fallu que le premier Higelin s'efface, lui laisse la lumière, tristement car Jacques était depuis si longtemps auprès de nous, mon compagnon et moi, depuis notre enfance, notre rencontre, la naissance de nos enfants, au point qu'il nous a façonné l'un et l'autre, il a fallu donc que dans sa disparition même Izia, beaucoup plus médiatisée, lui fasse une place dans les hommages pour que j'entende sa voix et la beauté de ce qu'il avait à dire. Ca a (re)commencé comme ça, puis La boxeuse amoureuse, puis toutes les autres, puis voilà! La rencontre, l'émotion, la fragilité mêlé à une certaine esbroufe, une voix de blues et de jazz.

Donc, Fugues: celles de Bach, d'abord, et la poésie avec laquelle Arthur parle de la musique.

Puis celle de sa mère le jour de ses dix-huit ans, qu'il ignorait le jour où lui-même a fugué à quinze ans, reprenant le schéma familial puisque sa petite soeur fuguera à son tour quelques années plus tard.

A travers ses récits, Arthur H nous parle de sa mère, beaucoup, de lui aussi, pas mal, et de son père, un peu. La fugue comme échappatoire d'une société trop cloisonnante et d'une vie trop prédictive, une ode à la liberté de choix. Il dit de ses parents:

"Je les aime et leur suis infiniment reconnaissant: ils m'ont transmis l'idée fondamentale que la liberté est aussi quelque chose qu'on s'accorde à soi-même, on ne demande pas l'autorisation aux autres, on se l'offre".

Trois fugues, et un texte plein de poésie, de mélancolie et d'humour aussi qui m'ont rendue nostalgique de sensations adolescentes.
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Fugues

un beau livre riche en images, en émotions et en sons.

c'est la voix rauque, sombre et sensuelle de la pub de sh*wr**mprive.c*m qui m'accompagne à la lecture de ces fugues. la fugue de Bach, la fugue d'Arthur H, et surtout la fugue de Nicole, sa mère, à qui il rend un vibrant hommage.



les allusions et références musicales sont nombreuses: les Doors, Bach, Buxtehulde, Bob Marley, Bashung dont il cite les "montagnes de questions". ce sont [s]es salines écrites et composées par Raphaël qui résonnent au moment de ma lecture de cette éprouvante prise de conscience de Nicole, la visite des familles des ouvriers, le jour de Noël, à l'usine, les ouvriers et leurs terribles chaussettes russes.

des souvenirs racontés mais aussi illustrés, par des documents (l'avis de recherche de la fugueuse, la poignante correspondance qui en découle entre Nicole et ses parents, les partitions de l'Art de la fugue), des photographies en noir et blanc, magnifiques et si expressives (portraits de sa Nicole avant et après sa fugue, des grands parents, de la bande, Arthur ce beau jeune homme à 16 18 19 20 ans, des fabuleux paysages corses, de nostalgiques cartes postales des Antilles,...)



il y a aussi Bach et son Art de la fugue: inachevé. Bach qui discute avec Arthur surtout de sa mère. Nicole, cette ado idéaliste qui se rebelle , la boxeuse amoureuse, une cow-girl, une femme forte et courageuse qui rêvait de Tahiti. Arthur, lui, c'est aux Antilles que son corps et son esprit s'évadent, sur terre et à bord d'un voilier.
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Fugues

D’Arthur H, le chanteur, je ne connaissais que le timbre de voix unique et la sensuelle chanson « La lionne et l’éléphant », je vais l’écouter un peu plus désormais ... En revanche, de son père, le grand Jacques Higelin, je connais presque tout ; p.172 petit portrait de Jacques par Arthur : « C’était un homme magnifique mais un homme blessé, son puissant égocentrisme était de l’ordre de la survie, il se protégeait. Il fuyait avec constance tout ce qui pouvait sembler l’emprisonner ou le contraindre. Par ailleurs, il donnait énormément, sans compter, dans son art, dans sa musique ... ».

Dans ce récit, Arthur nous parle pourtant surtout de sa maman. Jeune femme issue du milieu ouvrier de la banlieue parisienne à la fin des 50’s, qui en fuguant le jour de ses 18 ans, préfigure les idées de liberté et d’émancipation de la décennie suivante. La moitié du bouquin raconte donc cette fugue en Corse avec son amoureux et quelques uns de ses amis. C’est aussi le prétexte à montrer le carcan qu’était la société de cette époque ... Au début des 80’s, à son tour Arthur âgé de 15 ans fera une fugue. Lors d’un voyage avec son père en Guadeloupe (chez Coluche), il s’éclipse au moment de prendre l’avion du retour ... Les mêmes élans adolescents, les champignons hallucinogènes en plus.

En ce qui concerne ces parties de l’histoire, l’écriture est sensible et touchante. L’avant dernier chapitre est particulièrement puissant pour évoquer ce qu’est un artiste et un être humain libre (autant que l’on puisse l’être), de la solitude que cela engendre aussi parfois ; p.175 «Ils m’ont transmis l’idée fondamentale que la liberté est aussi quelque chose qu’on s’accorde à soi-même (...), on se l’offre ». La partie qui m’a moins convaincue (mais je chipote), ce sont les dialogues imaginaires en charabia germano-anglo-frenchy de J.S. Bach avec Arthur. En effet le génial créateur de L’Art de la Fugue, qu’Arthur idolâtre, apparaît comme un fil conducteur du récit, il en est le témoin fictif.

Pour finir, ce bouquin**** qui est un hymne à la vie, à la liberté, et à ce qu’il y a de dur à l’obtenir, est agrémenté de photos personnelles qui lui donnent un air d’album de famille ou de journal intime malgré son propos universel. Allez, salut.

P.S. : On peut aussi écouter et réécouter « La boxeuse amoureuse » d’Arthur, hommage à sa mère et la magnifique Suite N°3 en Do majeur de J.S. Bach (qui celle-là n’est pas, à priori, une fugue, mais je ne suis pas expert en musique classique), quant aux chansons de Jacques on a l’embarras du choix.

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Fugues

La fugue est, d'emblée, quelque chose de violent, un mur que l'on ne peut plus franchir, des relations qui ne sont que blocages perpétuels et un mal être personnel tel que "partir" est l'unique échappatoire.

L'ailleurs peut, sans doute, apporter des solutions. En tout cas, c'est ce que l'on ressent quand on lit ce livre de Arthur H. Sa mère à lui s'est sauvée de chez elle pour vivre autre chose en Corse avec sa bande de copains. "Je veux une vie qui ne soit pas tous les jours pareille". La fugue de Nicole Courtois (la maman d'Arthur H) est un mal qui lui est nécessaire.

Notre auteur l'a vécu aussi une vingtaine d'années plus tard. A seulement 16 ans, il a échappé à la surveillance de son père à l'aéroport de Pointe à Pitre en Guadeloupe. Pour lui, c'était "le désir de fuite, l'illusion que tout serait nouveau, l'envie de toucher la vraie vie".

Les fugues narrées par ce chanteur nous font entrer quelque peu dans son antre familial. Celui-ci est, certes chaotique, peu bavard, parfois tendu, mais le lien n'est jamais coupé. Les relations restent sincères et vraies. On le voit dans les courriers échangés entre mère et enfant notamment.

Durant toutes ces pages, vite absorbées, l'auteur donne aussi à écouter une musique : celle de JS BACH avec le titre : L'art de la fugue. Comme par hasard...

Il faut dire que ce musicien a fuit deux fois son domicile pour vivre sa passion.

Au terme de ce livre, qui m'a bien plu, j'ai voulu écouter ce morceau de Bach afin de voir s'il me donnait l'envie de disparaître des radars.

Eh ben non... La lecture me va peut-être mieux que la musique.
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Fugues

Il est fort Arthur H car il a réussi à se faire un prénom dans le musique en étant le fils de Jacques Higelin. Il sait être Arthur avant d'être le fils d'Higelin.

Il a développé très jeune ses capacités créatives qu'il complète aujourd'hui avec l'écriture de "Fugues" un récit autobiographique un peu déjanté tout en étant réaliste et assez touchant.

Il écrit une variation autour de la fugue, qu'elle soit musicale ou une fuite vers la recherche d'une émancipation.



Arthur s'isole dans une roulotte avec un clavier et un ordinateur. Il compte bien écrire ce livre sur les fugues et commence par un éloge à celle de Johann Sebastian Bach.

Le musicien a décidé de jouer « L'art de la fugue » même s'il n'a pas de formation classique car c'est un rêve qu'il veut réaliser. Seulement voilà c'est l'esprit de Bach qui vient lui rendre une petite visite sur terre.

Ils vont se mettre à discuter dans une drôle de langue et c'est Arthur qui va raconter à Bach ce qu'a vécu sa mère en 1958 en fuguant le jour de ses 18 ans. À l'époque elle était mineure mais sa soif de liberté était plus grande que tout et elle a pu vivre une expérience en communauté improvisée en Corse. de là il va raconter sa propre fugue quand il avait 15 ans. Après avoir passé des vacances aux Antilles avec son père il décide d'y rester. Garçon timide, il échange peu avec ce père qui est un mythe et dans l'ombre duquel il ne veut pas rester. Il est vital pour lui de décider lui-même de sa propre liberté.



C'est un beau récit qui dédramatise un acte assez radical lorsque les ponts sont coupés entre parents et enfants, provisoirement.

Le délire avec Johann Sebastian Bach n'était peut-être pas utile mais on comprend bien l'importance de la musique qui doit avoir une place dans ce livre, c'est incontournable et le choix de Bach est judicieux pour sa tonalité cosmique. Et puis, c'est une variation sur un thème.





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L'or Noir

« Dans chaque pas en terre étrangère,

de nouvelles racines prolongent

le chemin qui vient du pays natal. »



René Depestre - Haïti



*******



Ce soir, j’ai rendez-vous avec les airs intimes des caraïbes francophones...



Faire des heures de route n’a plus le même sens depuis que je voyage avec Arthur H et Nicolas Repac. J’ai laissé le volant de mon Westfalia rose, années 80, à Arthur. De la pointe de Grand’Anse à Port-de-Paix, en Haïti, le siège baissé et les pieds sur le tableau de bord, je bois ses mots avec la même ferveur que l’on met à tremper ses lèvres dans un Cocktail bien frais couleurs passion - jus d’orange, grenadine, curaçao, une rondelle de citron vert, 1 coupelle de sucre rouge, une fleur de grenadia et un Barbancourt 5 étoiles – fin de l’aparté. Nous longeons la mer des Caraïbes, l’eau est turquoise et les poèmes qui défilent dans ma tête ont une odeur de soleil. Arthur H, le « raconteur chanteur » de Poétika Musika, a choisi les textes de poètes des Antilles qui s’épousaient le mieux à ses émotions musicales. Il a voulu « reconnaître les liens qu’ils tissaient avec sa propre identité ».



« J’irai par quatre chemins confesser l’indigo en poudre fine de ta petite culotte qui compte bien plus d’étoiles que les drapeaux des États fédéraux. Amoureux, je ne suis qu’un homme simple souffrant d’un gigantisme au niveau du myocarde me donnant un cœur trop grand pour ton âge. »



« À toi ma chance belle, ma chanson douce de me donner le bain en ton âme, navire à voiles, barque de mousse, et ton corps d’ail farci de tous les sortilèges. Encore vivrai-je de temps en temps sous la conjonction planétaire de tes tours de hanche gonflées de coups de grâce. »



James Noël - Haïti



Sur la banquette arrière, pour lui permettre de jouer plus librement de ses instruments, Nicolas Repac s’est saisi de ces poèmes afin de leur donner vie. Ils ont vibré en lui avant de nous être offerts à travers une fête harmonique de flûte, sanzas, guimbarde, sansula, duduk, harmonium indien, sampleur, guitare et tant d’autres. Pour peu qu’on se ferme les yeux quelques instants, on danserait pieds nus dans le sable, la nuit durant, avant de s’endormir sous les étoiles de ce Sud qui me bouscule le cœur.



« …si bien que l’on ne saurait plus qui passe ou d’une étoile ou d’un espoir

ou d’un pétale de l’arbre flamboyant

…Alors la vie j’imagine me baignerait tout entier

mieux je la sentirais qui me palpe ou me mord

couché je verrais venir à moi les odeurs enfin libres

comme des mains secourables

qui se feraient passage en moi

pour y balancer de long cheveux

plus longs que ce passé que je ne peux atteindre. »



Aimé Césaire - Martinique



L’or noir d’Arthur H est un écrin de merveilles dont les sens s’immergent sans fin, sans limites de temps ni crainte de l’épuisement que ses caresses pourraient provoquer en nous.



« Black gold, l’or noir, l’exploration du sexe, de l’âme et du cœur, du sens caché, du sens limpide, du sens révélé par le contact, le toucher si ressourçant avec l’âme du monde dans toute sa rugosité délirante, son hystérie, sa douceur, son infini douceur… c’est comme caresser la terre avec tout l’amour possible et voir des tourbillons de poussière s’élever vers le ciel pour devenir des soleils… »



Arthur H



Toujours les pieds sur le tableau de bord, je voyage au cœur de sensations fortes. Je ne voudrais être ailleurs qu’ici, au cœur de ces mots Couleur Café…



**********************



« Arthur, le nègre



Enfant, j’ai entendu quelqu’un dire que les nègres étaient des gens qui vivaient le long du fleuve Niger et cela m’avait tant touché que souvent la nuit je filais là-bas. Il n’était pas question de race, ni de couleur mais d’un lieu où l’on pouvait se rendre en suivant le fil rouge de la nuit. Je dis cela parce qu’après t’avoir entendu, Arthur, je suis retourné là-bas où je t’ai retrouvé.



Le chemin, pour y aller, n’est pas fait de terre mais de chants, un long ruban de chants rugueux, longtemps macérés dans l’eau de vie et le sang gâté. J’y ai retrouvé des gens venant de partout et de tous les temps.



Ils y étaient par choix. Glissant, les pieds dans l’eau, conversant avec Césaire. James Noël pêchant des écrevisses juste à la courbe du fleuve, et ce nègre courant dans la brousse avec un molosse à ses trousses ne peut être que Chamoiseau, et tant d’autres, même Queneau et Vian, et cette voix qui nous vient du fond de la bananeraie, langoureuse et élégante, comme un hamac l’aurait fait s’il savait chanter, parfois grave et sèche comme une lampée de rhum, pour s’éteindre doucement afin de faire corps avec la nuit : c’est celle d’un jeune homme du nom d’Arthur H. Il a trouvé la route qui mène au fleuve simplement en murmurant des poèmes ramassés ça et là et qu’il nous chantera avec son complice Nicolas Repac. Soudain, Césaire s’est retourné pour lui demander de rejoindre le petit groupe de poètes nègres morts. Quand l’aube s’est agitée et qu’il fallait revenir à la surface du jour, Arthur a voulu y rester, et depuis je suis sans nouvelle de lui… »



Dany Laferrière



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Un grand merci au Bison qui a fait traverser L’Or noir par-delà l’océan pour m’en faire goûter les fruits délicieux, gorgés de poésie…
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Le cauchemar merveilleux

De quelle vulve poétique , de quel foutre linguistique le roi Arthur est il l'ambroisie ? De Villon, de Baudelaire, de Michaux, de Breton ,de Glissant, de Bataille ? Quelle est cette langue soyeuse et soleilleuse qui traverse le ciel bas de l'ébat critique de nos mots ? Quelle est cette main qui nous adresse ses «  caresses quantiques réservées au cerveau du ventre » ? Le son est une vision, la vision est une lumière. « La lumière est une musique qui définit l'espace ». Briquet tempête ! Flambeau !!

Lorsque qu'on décalotte la boite qui enferme notre cerveau, quand un mot sort du terreau pasteurisé et calibré de nos naines et modernes consciences, quand on lévite, on reptile, on trace, on danse, on glisse, on s'évapore, quand le mot devient geste, quand le mot retrouve sa délivrance dans le plaisir rapide et fou de sa transcendance, alors voilà que l'on approche du Royaume Merveilleux. Chaque premier cri compile toutes les légendes. « Il fait troupeau de ce qui va paraître. » écrivait Edouard Glissant.

Un poème qui bat au bord de nos lèvres le rythme résurgent de l' ad-Verbe de nos rêves.

Ça chante et ça parle, ça regarde, ça s'altitude et ça voit. Alors de l'écrit, oui, sans doute, comme l'empreinte d'une lucidité onirique. Lire bien sûre – pour suivre. Mais on attend la voix, cette voix extrêmement particulière, ce tintement grave aux cuivres démuselés, cette voix qui modèle la lettre. A comme le ventre mâture d'Arthur. E comme l'éclat d’Excalibur. I comme la victoire des deux ailes d'Icare. O comme la boucle ondulante d'une bouche. U comme la road lombaire d'un ultime Ulysse dressé et irisé.

Démoniaque théologie ceinte d'un angélique orgasme. Une culbute plein ciel qui ensemence le pavillon de l’œil.

Les espèces de petits contes qui sont grands vinaigres de l'absence porté à nos narines calcifiées. « reprendre connaissance » ceint du remugle de nos peines. Voyager, non pas en somme, mais en nombre dans une pleine et fertile lucidité.

Merci au roi Arthur, à son royaume de folie qui dresse l'esprit au dessus des enceintes barbares de nos tours. Merci pour cette source. «  Le bonheur c'est l'eau, c'est le liquide de ta bouche et de tes larmes sur ma langue, c'est l'eau, quoiqu'il arrive, le bonheur c'est l'eau. »

Arthur H entre dans la légende des grands passeurs de mots !



Astrid Shriqui Garain

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Fugues

L'art de la fugue selon Arthur H ou comment déclarer son amour à sa mère avec une tendresse infinie.



Beaucoup de sentiments, donc, mais un dialogue loufoque avec Jean-Sébastien Bach dont on se demande ce qu'il vient faire là tant il est en décalage avec le reste du texte.



À découvrir malgré tout pour la belle écriture de Arthur H.



#Fugues #ArthurH #Folio #livres #chroniques #lecture



Le quatrième de couverture :



«J'avais quinze ans, et un mois plus tôt j'avais fugué. Ça avait été beaucoup plus simple que je ne le croyais. On était à l'aéroport de Pointe-à-Pitre, pour rentrer à Paris, et j'avais fermement pris ma décision. Deux jours avant, il s'était passé une chose prodigieuse et après cette chose je ne pouvais plus revenir en arrière.» Arthur H signe ici un bouleversant autoportrait, en trois fugues. Celle de sa mère, Nicole Courtois, à l'âge de dix-huit ans. La sienne, lorsqu'il avait quinze ans, pendant un séjour en Guadeloupe avec son père Jacques Higelin, dans la maison de Coluche. Et la dernière fugue de Bach, laissée inachevée : L'Art de la fugue.
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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Le cauchemar merveilleux

J'adore Arthur H, son univers très particulier.





En concert il est comme sa caissière, vraiment super !





J'ai eu la chance de le voir plusieurs fois et chaque fois je me régale.



Son intégrale vient de sortir et il y a quelques mois est sorti ce recueil de textes. Il m'a semblé logique que je le lise et partage encore un peu plus son univers bien particulier. Le rêve serait une version audio pour l'entendre lire ses textes.





Bilan : une poésie particulière, sexuelle, érotique, tendre, délirante, onirique...





Il manie la langue à merveille. Des mots qui lui appartiennent un peu ça c'est sûr, qu'il affectionne particulièrement comme abyssal, Chine, intergalactique, cristal, sève, déflore, insatiable...





Une expérience particulière. A lire au second, troisième, centième degré. Décalé, comme écrit dans un état second. Il y a des petits bijoux.


Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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Le cauchemar merveilleux

un recueil de textes poétiques qui donnent l’impression d’avoir été écrits sous hypnose ou dans un état second. Ses fans retrouveront là un univers familier.


Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Fugues

Une petite merveille de tendresse, de totale franchise aussi, à lire par tous les paumés de la terre, celles et ceux qui se demandent pourquoi ils ont quitté leurs parents, ou sont restés avec eux contre leur gré, et continuent à leur en vouloir tout au long de leur chienne de vie. Un livre écorché vif, retraçant la fugue de cette jeune sauvageonne indomptée, devenue sa mère au bout d'une longue errance à la recherche d'un peu de bonheur loin de l'étouffant cocon familial. Une quête du souvenir, agrémentée de magnifiques photographies en noir et blanc et d'un savoureux dialogue trilingue avec Jean-Sébastien Bach, le maître incontesté de la fugue, au sens musical du terme bien entendu. Un petit bijou d'écriture et de sensibilité, même si l'on regrette que l'auteur torde le cou à la grammaire, reproduisant à l'envi la sempiternelle confusion entre futur et conditionnel. On lui pardonne aisément cette incartade tellement l'œuvre est belle…

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La musique des mots - L'intégrale des chansons

Presque trente ans de poésie inscrite au creux de la chanson, du blues, du jazz et du rocailleux.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/03/03/note-de-lecture-la-musique-des-mots-arthur-h/



De son premier album, simplement intitulé « Arthur H », en 1990, à son avant-dernier en date, « Amour chien fou », en 2018, le chanteur jazz, blues et rock invente des musiques entêtantes et des paroles qui ne le sont pas moins. La collection Points Poésie qui, bien avant le prix Nobel de littérature de Bob Dylan en 2016, considérait déjà depuis longtemps que certaines autrices et auteurs de chansons (à l’image de Leonard Cohen, Yves Simon, Georges Brassens, Lou Reed ou Léo Ferré, dans la même collection) figurent bien, quoi qu’en pensent à l’occasion les grincheux, au cœur de ce que produit la poésie contemporaine (ce que nous avions déjà évoqué sur ce blog à propos, notamment, de Till Lindemann, de Benoît Pinette, ou de Nina Hagen), nous offrait ainsi cette intégrale des chansons d’Arthur H en septembre 2018 (excluant donc de facto le tout dernier album en date, « Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge », sorti en 2021). Traitant des textes écrits par l’auteur, le recueil n’incluait donc logiquement pas les deux magnifiques anthologies poétiques réalisées avec le complice Nicolas Repac, « L’or noir » (poésie antillaise, 2012) et « L’or d’Éros » (poésie amoureuse, 2014), que je vous recommande néanmoins plus que chaleureusement (les interprétations du « Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire dans l’une et du « Prendre corps » de Gherasim Luca dans l’autre valent à elles seules le détour).



Porteur continu de cette formidable gouaille douce-amère de l’authentique bluesman (que magnifie bien entendu sa profonde voix rocailleuse dès que le son s’en mêle), Arthur H enchaîne les déclarations d’amour et les ironies subtiles, les rages portuaires et les jeux de mots à cibles multiples, les échappées discrètement fantastiques et les vertigineux comiques de situation. De « Bachibouzouk » (1992) à « Soleil dedans » (2014), en passant par « Trouble-fête » (1996), « Pour Madame X » (2000), « Négresse blanche » (2003), « Adieu tristesse » (2005), « L’homme du monde » (2008) et « Baba love » (2011), c’est bien à un joyeux festival de la grande « Musique des mots » que nous sommes ici conviés. Si la tendresse y est souvent acérée et si le miel y dédaigne rarement le vinaigre, si les prénoms féminins (et même parfois masculins) peuvent secréter ici autant de rêves bleus que de farces mordantes, si à l’occasion le Général de Gaulle peut même s’inviter en une scène que ne renierait peut-être pas le Vladimir Sorokine du « Lard bleu », le battement fondamental du jazz n’est jamais très loin, quand il n’éclate pas directement dans le choix des images et le rythme des sons choisis avec minutie. Et c’est ainsi que la poésie, bien vivante et délurée, se fraie toujours de multiples chemins parmi nous.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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