Béhé

Merwan, intégriste repenti, est toujours hanté par la mort d’Halid Riza dont il est responsable. Il part à Zurich pour trouver les recherches menées par l’écrivain frappé d’une fatwa. Il ne sait pas que les intégristes musulmans qu’il a quittés sont également sur ses traces et sont déterminés à faire disparaître tout ce qui irait à l’encontre de leur vision d’un Islam violent et vengeur. Contrairement à ce que l’on pensait, le texte gravé sur l’omoplate est loin d’avoir disparu. « La Dernière Sourate ne doit pas être détruite : car le jour où plus personne ne songera à remettre l’Islam en question, il faudra bien restituer aux fidèles la véritable parole du Prophète ! » (p. 50) Les musulmans n’ont pas fini de se déchirer sur le sens profond de leur religion. Et le Vatican entend bien maintenir l’ordre établi.



J’avoue avoir un peu tiqué en voyant arriver l’Église catholique dans l’équation. Je crains un développement à la Da Vinci Code. Il semble certes inévitable que l’une des plus grandes religions monothéistes du monde se manifeste dans cette histoire, mais j’espère que l’auteur nous évitera un complot abracadabrant…

C'est toute la série de BD (10 tomes) que j'ai lue à l’occasion de notre modeste café littéraire familial où chacun propose ses ouvrages coups de coeur. C’est un peu circonspecte que je plonge dans le premier tome - Le Manuscrit - qui s’ouvre sur un auteur tourmenté par son incapacité à produire le roman qu’il porte en lui depuis toujours. Il se retrouve en possession d’un manuscrit envoyé par une vieille dame, intitulé Nahik et qui lui ouvre la porte du succès grâce au plagiat qu’il en fait. Mais évidemment, il faudra en payer le prix et c’est dans le crime et le sang versé que se termine ce premier opus. Chaque tome est un one shot et boucle une histoire qui se passe dans une époque différente et avec chaque fois des personnages descendants des lignées détentrices du livre. La trame principale repose sur ce manuscrit ancien – Nahik - magnifiquement illustré de gravures orientales et dépositaire des derniers commandements du prophète Mahomet. Ces écrits sous forme d’un décalogue écrits de la main du prophète sur un omoplate de chameau viendraient remettre en cause certains préceptes de l’Islam mais surtout les fondements mêmes de nos civilisations. Chaque tome est illustré par un dessinateur différent, ce qui je dois dire m’a moyennement plu. Toutefois on est très rapidement pris par l’histoire et on a envie de démêler tout l’écheveau. C’est une lecture originale, basée sur une construction de scénario peu commune puisque Franck Giroud a d’abord écrit le tome 8 paru en tout premier et autour duquel il a progressivement construit tout « l’arbre généalogique » de Nahik. Au final, une aventure dépaysante et instructive dans un univers de BD atypique.

J'ai attendu de lire la série pour écrire ces quelques mots.

Le thème central : l'histoire d'un manuscrit, de ses origines, de la malédiction qui le poursuit.

Le contexte : il change à chaque album puisque Giroud a décidé de changer de partenaire pour la rédaction des 10 albums. Donc changements de lieux et d'espace temps garantis....

Ni une BD historique, ni totalement une BD fantastique, ni une BD policière.... un montage inclassable.

Les rebondissements dans chaque volume, des révélations sur l'histoire du manuscrit et ses détenteurs, une traduction de chacun des 10 commandements.

Donc, même si 2 ou 3 tomes ne sont pas du même niveau que l'ensemble, A LIRE et RELIRE

J'avais lu cette série il y a plusieurs années et mon souvenir était assez mitigé.

J'ai réouvert le tome un ce week-end et je ne suis pas mécontente d'y être revenue.

Je sais déjà un peu ce qui m'attend mais je redécouvre avec délice cette histoire... Vivement que je relise le tome 4 dont je garde un excellent souvenir

Le Vatican a fait appel à Aline, l’ancienne petite amie de Merwan, pour le convaincre de parler. « En quoi les déboires d’un jeune beur en cavale intéressent-ils un des membres les plus éminents de la curie romaine ? » (p. 17) Ce qui intéresse surtout l’Église catholique, c’est d’avoir un homme dans la place, au plus près des sources de l’intégrisme. C’est d’autant plus urgent qu’un attentat dévastateur a visé le Pape à Béthléem. »Si nous parvenons à parvenons à prouver que cet hymne à la tolérance émane bien de Mahomet lui-même, nous aurons de quoi saper durablement l’influence du fondamentalisme ! » (p. 23)



Ce quatrième épisode fait revenir un personnage du Décalogue et je n’aurais certainement pas parié sur son retour ! Finalement, cette série dérivée me plaît bien plus que l’autre, Les Fleury-Nadal. Parce qu’elle reste très proche de l’œuvre originale et tisse des liens très étroits avec elles. Elle ne se contente pas de combler des blancs, elle la prolonge !

Thomas Mosdi nous invite dans la tête de son héros Daniel, tout juste sorti de l'hôpital psychiatrique. Un voyage entre la réalité et le fantastique, et qui lorgne méchament du côté de la folie. Le lecteur ne saura jamais vraiment s'il est dans la réalité, un monde fantastique ou dans la tête du personnage principal car les 3 sont judicieusement entremếlés pour nous faire vivre le réel combat intérieur que doit mener Daniel face à ses démons qui l'ont conduit jadis vers la folie. Le scénario est si bien ficelé qu'il est impossible d'affirmer avec ertitude que le héros est fou, guéri, qu'il replonge dans la maladie mentale, ou qu'il est bien l'instrument d'une histoire à la limite de l'imaginaire et qu'il ne comprend pas. Toutes les interprétations sont possibles et aucune ne peut surpasser l'une plus l'autre en l'état. Mosdi prend bien soin de nous livrer tous les éléments pour qu'on construise nous mêmes notre propre histoire. Le tour de force est remarquable. Cela devient véritablement passionnant de se plonger à la recherche de tel ou tel indice ou indication qui nous permettrait de corroborer notre thèse ou notre version.

Personnellement j'y ai vu un homme traumatisé, aliéné et enfermé, puis "libéré" parce que jugé suffisamment responsable et lucide pour reprendre une vie normale toutefois accompagnée. J'y vois cet homme qui s'invente un monde imaginaire dans lequel tout est possible, autorisé, dans lequel il peut fuir, et donner libre cours à ses pulsions. un monde également nécessaire et indispensable à sa totale rémission, sa complète guérison. Ce monde est à double tranchant car il représente très clairement l'expression de ses pulsions, mais également une voie curative. Toutes ses "relations" avec une femme sont phantasmées et transposées dans ce monde imaginaire comme pour mieux les appréhender, apprendre à les gérer.

Ce premier tome est réellement passionnant tant par la profondeur du sujet abordé, qui laisse nombre d'interprétations possibles au lecteur selon sa propre conception de la maladie mentale, ou de sa sensibilité, que par la mise en oeuvre de l'histoire, qui oscille sans cesse entre réalité et imaginaire.

La disparition d'une mère révèle parfois la fragilité des liens qui tissent l'équilibre d'une famille.



Guilhem, jeune ethnologue ayant des relations difficiles avec sa famille invite son père à le rejoindre au Groenland. Il espère apprivoiser cet homme en l'éloignant le plus possible de ses repères habituels.



Un récit tout en subtilité dans un décor inhabituel.
Lien : http://soeursdouees.canalblo..

Un sorte de conte sur fond de mythologie grecque, telle est l’histoire dans laquelle nous entraîne Daniel alors qu’il s’apprête à quitter l’hôpital Saint Anne dans lequel il a passé les 15 dernières années de sa vie.

Les 3 tomes ne cessent de nous faire passer de la réalité et aux récits de Bellérophon et de Chimère.

La mythologie celtique est aussi représentée à travers les récits de la geste de Cúchulainn.

Difficile de dire s’il ne faut pas stopper la lecture dès la moitié du T1… maïs une certaine curiosité et un T2 de meilleure qualité m’ont fait pousser qu’à la fin du T3.



Le dessin est en partie la cause de cette persévérance. Il est assez captivant, et joue sur des changements de couleurs lors des passages d’un univers à l’autre.



Pas de recommandation ni dans un sens ni dans l’autre! Et j’attends les prochaines critiques!

Il est vrai que ce récit n'est guère très palpitant. On aura compris qu'en Italie, il y a une grosse différence entre les siciliens et les milanais. L'histoire est bâtie sur cet antagonisme. Il semble difficile de s'intégrer dans une communauté villageoise sicilienne où le maire règne en maître absolu. Maintenant, cette idée pourrait s'appliquer dans le monde entier. Tout récemment, un film montrait les différences entre les habitants de New-York et ceux de Los Angelès.



J'ai regretté la multiplication des flash-back et des personnages ainsi que le flot d'informations parfois inutiles. Je n'arrive pas à comprendre les motivations des personnages ainsi que le lien particulier qui existe entre Erminio, Luigi et Salvatore. Il n'y aura pas de révélation finale qui pourrait me permettre de mieux cerner les enjeux de ce récit. C'est bien dommage.



Cette fable moralisatrice se laisse tout de même bien lire. On saura que la jalousie est un vilain défaut et qu'il faut plus de tolérance dans le monde...

C'est le genre de bd ni bonne, ni mauvaise avec un scénario totalement prévisible. En prime, vous aurez même droit à l'héroïne sans peur ni reproche et qui est totalement vertueuse. Bref, tous les défauts sont visibles à l'oeil nu. Cela peut paraître exaspérant à la longue.



Non, ce qui fait véritablement l'attrait de cette bd, c'est qu'elle traite le sujet des manipulations génétiques, notamment le clonage humain comme une réserve d'organes en cas de besoin pour des greffes. Cela m'a fait penser au film de science-fiction The Island réalisé par Michael Bay avec la sulfureuse Scarlett Johansson à laquelle ressemble d'ailleurs beaucoup notre héroïne. Pourtant plus d'une douzaine d'années séparent ces deux scénarios.



Il y a des trouvailles qui m'ont bien plu comme la remise des "Christ d'or" comme on pourrait remettre un César. C'est finalement pas mal pour l'époque sur un brûlant sujet d'actualité puisque régulièrement, on a droit à des effets d'annonce sur le premier clonage humain réalisée par telle ou telle secte. Dans cette bd, c'est carrément une fondation catholique avec une très vilaine bonne soeur qui est derrière tout cela. La morale sera-t-elle sauve ? A vous de le découvrir en lisant "Double Je".

Quel plaisir de pouvoir retrouver les rues d'un Strasbourg plongé dans le futur. C'est rare que l'avenir du monde se décide dans une ville provinciale mais pourquoi pas, après tout ?

Le dessin n'est certes pas exceptionnel mais il reste très correct malgré une colorisation qui a assez mal vieillie.



Le futur imaginé puisse directement ses racines dans le passé avec par exemple la montée du nazisme sur fond de crise économique. Ici, c'est un virus de type HIV qui prend le relais de la peur favorisant l'installation d'un pouvoir fasciste. J'ai un peu regretté la dimension de masse qu'avait réussi à atteindre une série comme V pour Vendetta et que "Péché mortel" ne réussi pas à produire.



Il y a également des détails qui tuent dans l'imagination du futur de la part des auteurs. Les écrans TV sont par exemple des tubes cathodiques alors que nous vivons dans l'air de la télévision aux écrans ultra-plat. Cela enlève pas mal de crédibilité à la description de cet avenir.



Pour le reste, le scénario est béton avec une fin totalement surprenante quant à l'identité du traite et ses raisons.

Cette histoire d'espionnage s'éloigne un peu de Double JE et de Péché mortel des mêmes auteurs. J'ai bien aimé l'ambiance chaleureuse de cet hôtel grec sur l'île de Rhodes où viennent de nombreux touristes.



Derrière ce cadre farnienté, il y a un méli-mélo autour d'une bague où vont s'affronter les services secrets chinois et britanniques au sujet de la cause tibétaine. Les héros sont véritablement dépassés par ce qui se trame. C'est effectivement surréaliste par moment mais cela se laisse lire grâce à un beau dessin et de belles répliques.



L'enlisement final de l'histoire semblait inévitable alors que tout avait pourtant si bien commencé. Je comprends qu'après une telle lecture, on peut avoir un petit goût amer d'autant qu'il reste encore de nombreuses questions sans réponses.

Avec cette histoire où la psychologie côtoie le monde fantasmagorique, on peut dire que cette Bd porte bien son titre.



On découvre un personnage central qui sort de l'asile après une longue thérapie de 10 ans. Des liens se sont crées avec le personnel soignant. Affronter la vie "dehors" ne sera pas chose facile. Il est vrai que ce récit va totalement basculer dans le fantastique (page 36-tome 1) là où on pouvait expliquer rationnellement tous les fantasmes. Cela m'a un peu choqué sur le moment mais après tout, pourquoi pas?



Le héros est donc doté d'un pouvoir assez étrange que de celui de pénétrer extrasensoriellement dans la personnalité des gens. Mais cela se fera à ses dépens jusqu'à ce qu'il soit en mesure de canaliser tout ceci avec l'aide d'alliés surprises. Ce récit est à chaque fois sur un terrain qu’on n’attendait pas. C'est bien car cela souligne l'originalité de cette histoire.



La rechute de notre jeune psychotique va prendre une tournure inconcevable. Il va se remémorer certains souvenirs de son enfance enfouis au plus profond de son inconscient. Des faits précis et effroyables qu'il n'avait cessé de fuir. Or de dangereux fantasmes vont provoquer chez lui un véritable électrochoc.



Entre allégories fantastiques et réalisme inquiétant, le dernier tome va nous offrir un dénouement aussi spectaculaire qu'infernal! Il y a dans cette Bd une puissance d'inspiration associée à un dessin dynamique qui contribue à la réussite de cette série à découvrir absolument !



Note Dessin: 4.25/5 - Note Scénario: 4.25/5 - Note Globale: 4.25/5

Confinement. Virus. Contagion. Epidémie.

Et si je me relisais la série "péché mortel", moi ?

Evidemment la période est différente et 20 années sont passées depuis sa parution mais certaines choses ne changent pas vraiment. L'évolution technologique rend quelques scènes un peu décalées mais pour le reste, on n'est pas déçu. Volontairement adulte, cette série ne fait pas trop dans le sentiment... "humain". Strasbourg se transforme en ville surveillée, refermée avec un quartier presque post-apocalyptique. Un bon vieux complot d'extrême droite de derrières les fagots et on bascule de l'autre côté.

Un premier tome qui ne traîne pas en chemin et qui finit sur une petite touche d'espoir....

Une bonne lecture dans cette période anxiogène.

Retour dans le passé au travers d'un ancêtre d'Ellen, sir William, immonde esclavagiste, qui a assassiné et déporté des peuplades entières en Afrique centrale. Est-ce pour cela qu'Ellen doit aujourd'hui en payer le prix ?

Cet épisode est une coupure dans le destin présent d'Ellen, un renvoi à une époque noire où le commerce triangulaire constituait la base de richesses obtenues avec cynisme et totale absence de scrupules.

Le rappeler est louable, mais pourquoi avoir fait le choix de donner aux actions du passé, un dessin et une colorisation si distanciée. Décidément cette série ne m'emballe pas, ni pour son scénario, ni pour son dessin.

PS : est-ce quelqu'un peut corriger la fiche Babelio de cet épisode repris comme « Le mur » quand il s'agit de « L'ancêtre » ?

Le Tome 5 est le seul de la série à ne pas contenir de flashback.



On est au présent, et on suit Merwan dans sa tentative pour récupérer les scarabées, le manuscrit du prophète et les notes de Yakub.



L'étau se resserre peu à peu autour de lui, mis en place par les Frères Musulmans, prêts à tout (et notamment à la torture) pour arriver à leurs fins.



La fin est amère et incertaine, ouverte et permet au lecteur de se laisser bercer une fois le livre refermé. Les arcanes du Vatican sont bien souvent impénétrables. Mais l'amour triomphe toujours.

Après avoir relu le Décalogue, je m'attaque à sa suite : le Légataire.

Ce premier tome nous ramène à Glasgow, que nous avions laissée à la fin du tome 1 du Décalogue et où il était question du brouillon de 'Nahik'.

Gwen essaye de se remettre de la disparition de Simon et rencontre Merwan, du tome 2 du Décalogue, qui tente, lui, de rencontrer Simon car il a fait le lien entre son roman et celui qui avait été en son temps écrit par Reza...

J'ai beaucoup aimé ce tome qui nous permet de retrouver les personnages après leur découverte de Nahik et de voir que, même si le livre a disparu, son histoire ne s'arrête pas.

Ce tome fait également la lumière sur une histoire secondaire du tome 1 du Décalogue : l'affaire du tueur de la Clyde.

Un album en couleurs, même si ces dernières sont parfois un peu sombres, avec une grande place accordée à l’encre noire. Les expressions des visages sont rendus en quelques traits très expressifs malgré la simplification. Cet album dresse le portrait de deux homes que tout semble opposer, mais aussi deux cultures, entre le fermier des Pyrénées et les pêcheurs du Groenland, malgré la barrière de la langue, et avec un peu l’aide de l’alcool, le père bourru va peu à peu s’acclimater au grand nord. Un album qui m’a bien plu!
Lien : http://vdujardin.com/blog/la..

Suite au décès de sa mère, Guilhem rentre dans son Béarn natal pour des retrouvailles douloureuses. Lui qui n'a jamais été proche ni de son père ni de sa sœur n'a désormais plus sa place là-bas.



Après les funérailles, il repart sans un au revoir, mais propose à son père, contre toute attente, de le rejoindre au Groenland. Celui-ci accepte, ne mesurant pas encore la portée d'une telle décision.



Un récit dépaysant et optimiste ; un dessin très lisible et une palette simple qui rythme, ponctue et donne une cohérence à l’histoire.

Une histoire bien menée de manuscrit maudit qui après avoir fait le succès d'un traducteur qui se rêve auteur va irrésistiblement l'entrainer dans le néant...

Des personnages fouillés, une intrigue prenante , bref, un très bon moment de lecture....