Erasme

Lécher ses doigts gras ou les essuyer sur ses habits est également inconvenant ; il vaut mieux se servir de la nappe ou de sa serviette.

Il est grossier de plonger les doigts dans les sauces.

Poser un coude ou les deux sur la table n’est excusable que pour un vieillard ou un malade.

Ne t’assois pas sans t’être lavé les mains ; nettoie avec soin tes ongles, de peur qu’il n’y reste quelque ordure et qu’on ne te surnomme “aux doigts sales”.

S’il reste quelque chose entre les dents, il ne faut pas l’enlever avec la pointe d’un couteau, ni avec les ongles comme le font les chiens et les chats, ni à l’aide d’une serviette ; sers-toi […] d’une plume ou de ces petits os que l’on retire de la patte des coqs.

Lécher à coups de langue le sucre ou toute autre friandise restée attachée à l'assiette ou au plat, c'est agir en chat, non en homme.

Tremper dans la sauce le pain qu’on a mordu est grossier ; de même, il est malpropre de ramener du fond de la gorge des aliments à demi mâchés et les remettre sur son assiette. S’il arrive qu’on ait dans la bouche un morceau que l’on ne puisse avaler, on se tourne adroitement et on le rejette.

C’est chose peu convenable que d’offrir à un autre un morceau dont on a déjà mangé.

Il est grossier de plonger les doigts dans les sauces.

Poser un coude ou les deux sur la table n’est excusable que pour un vieillard ou un malade.

Ne t’assois pas sans t’être lavé les mains ; nettoie avec soin tes ongles, de peur qu’il n’y reste quelque ordure et qu’on ne te surnomme “aux doigts sales”.

Accordez aussi aux fous une qualité qui n'est pas à dédaigner : seuls, ils sont francs et véridiques.

Revenus à eux, ils ne peuvent dire où ils sont allés, s’ils étaient dans leur corps, ou hors de leur corps, éveillés ou endormis. Qu’ont-ils entendu, vu et dit ? Qu’ont-ils fait ? Ils ne s’en souviennent qu’à travers un nuage, ou comme d’un songe ; ils savent seulement qu’ils ont eu le bonheur pendant leur folie. Ils déplorent leur retour à la raison et ne rêvent plus que d’être fous à perpétuité.

Ceux qui ont eu le privilège si rare de tels sentiments éprouvent une sorte de démence ; ils tiennent des propos incohérents, étrangers à l’humanité ; ils proposent des mots vides de sens ; et à chaque instant l’expression de leur visage change.

Quoiqu’on dise du commun des mortels (car je n’ignore pas tout le mal qu’on entend dire sur la Folie, même auprès des plus fous), c’est pourtant moi, et moi seule, qui grâce à mon pouvoir surnaturel répands la joie sur les dieux et les hommes.

Enfin, ils se croient voisins des Dieux, chaque fois qu’on les salue avec dévotion du titre de magister noster. Le mot, à leur avis, équivaut au tétragramme des Juifs ; aussi défendent-ils de l’écrire autrement qu’en majuscules et, si quelqu’un l’intervertissait en noster magister, il léserait assurément la majesté du nom théologique.