Khéméia B.

Tu ne peux pas avoir oublié ça, Enza, même si ça n'est arrivé qu'une fois.
Sinon pourquoi aurais tu gardé ce fichu colibri à ton cou si je te révulse tant ?

— Pourquoi, bordel ? Pourquoi tu me fais vriller comme ça ? demandé-je, le souffle hachuré.
Alors que je pensais ne pas avoir de réponse à ma foutue question, elle susurre contre mes lèvres :
— Ça ne se contrôle pas ces choses-là, Wolf.

Mais je ne veux pas oublier, moi. Comment le pourrais-je ? Cet homme passe son temps à perturber mes pensées, mes paroles, mes sens. Sa voix me donne des frissons, son attitude me déstabilise, sa violence me lamine et son regard m’a… crucifiée, d’une façon inattendue. Une unique fois. Et ce n’est pas près de se reproduire.
Alors non, je n’oublierai pas. Jamais.

Je reste silencieux un moment, à l’observer en me demandant pourquoi elle. Pourquoi est-ce que je baisse autant mes barrières à son contact ? Ce n’est pourtant pas la première fois que je mate une belle nana. Mais aucune d’elles ne m’avaient jamais fait cet effet-là. Prendre mes pensées par surprise jusqu’à transgresser les règles.

Son corps chaud contre moi, son parfum discret, son souffle, ses palpitations me font vriller dans la seconde. Elle est revenue, et plus jamais je n’autoriserai quelqu’un à me séparer d’elle.
Plus jamais.

Son souffle balaie ma nuque tandis que mon cœur opère un salto infernal dans ma poitrine. Sa chaleur m’envahit, ses muscles se pressent sur mon dos. Puis nous restons ainsi, tentant de reprendre une respiration normale, aussi fébriles l’un que l’autre.

Alors que ni l'un ni l'autre n'a jamais parlé de sentiments entre nous. Ils sont comme en filigrane, flottant autour de nous sans jamais se poser sur nos lèvres.

Je ne regrette rien. Je ne regrette pas d'avoir craqué.
De toute façon, c'était écrit, elle et moi.

SON CONTACT ME FAIT L'EFFET D'UNE
TORNADE, MORDANTE, EMPRESSÉE, RAGEUSE, EXCESSIVEMENT BRÜLANTE. SES LÈVRES SE MUENT EN GUERRIÈRES, M'ASSAILLENT DUREMENT.

— Je suis restée pour ça. Ce bout de cœur encore vierge que tu as gardé sain et sauf durant toutes ces années. Il existe, je le sais. Il existe, il veut vivre et il a besoin de moi.

Elle est là. Recroquevillée comme un chaton effrayé sur un des transats. Affreusement belle drapée dans cette délicatesse de poupée qui me bousille les nerfs. 

Mais lorsque je lève enfin le visage vers l’autel, tout au bout, c’est l’expression arrogante de Dario qui me saute aux yeux et me comprime la trachée. Terriblement élégant et charismatique dans son costume trois pièces taillé sur mesure, à n’en pas douter. Incontestablement roi parmi les rois. À la beauté que même le diable ne possède pas et qui cache une âme pétrie de noirceur. Ses traits émaillés d’un sourire en coin séducteur, il me renvoie toute la force de son statut en pleine face.

« — Alex…
— Laissez-moi tranquille, s’il vous plait.
— Je ne peux pas. C’est pour cette raison que je veux que tu partes. Pour t’épargner. Pour te protéger de moi. De ce que je pourrais détruire en toi. C’est totalement contraire à ce que je viens de te dire, parce que tu as sans doute raison, ce serait forcément à ton détriment. Je suis quelqu’un d’exigent, je veux tout. Mes paroles veulent te charmer, mais mon esprit ne cherche qu’à te libérer de mon emprise. Je veux être quelqu’un d’autre à tes yeux, celui qui te conviendrait, alors que je ne suis qu’un sale type. »

𝓐𝓷𝓷𝓪 𝓮𝓼𝓽 𝓶𝓪𝓵𝓵é𝓪𝓫𝓵𝓮, 𝓹𝓸𝓾𝓻 𝓵’𝓲𝓷𝓼𝓽𝓪𝓷𝓽, 𝓶𝓪𝓲𝓼 𝓹𝓸𝓾𝓻𝓻𝓪𝓲𝓽 𝓽𝓸𝓾𝓽 𝓪𝓾𝓼𝓼𝓲 𝓫𝓲𝓮𝓷 𝓼𝓮 𝓶𝓸𝓷𝓽𝓻𝓮𝓻 𝓲𝓶𝓹𝓻é𝓿𝓲𝓼𝓲𝓫𝓵𝓮, 𝓳𝓮 𝓵𝓮 𝓼𝓮𝓷𝓼. 𝓣𝓸𝓾𝓽𝓮𝓯𝓸𝓲𝓼, 𝓮𝓵𝓵𝓮 𝓷𝓮 𝓺𝓾𝓲𝓽𝓽𝓮𝓻𝓪 𝓳𝓪𝓶𝓪𝓲𝓼 𝓬𝓮 𝓶𝓪𝓷𝓸𝓲𝓻, 𝓳𝓮 𝓵𝓮 𝓿𝓮𝓾𝔁 𝓪𝓲𝓷𝓼𝓲. 𝓒’𝓮𝓼𝓽 𝓶𝓸𝓷 𝓳𝓮𝓾, 𝓶𝓪 𝓹𝓻𝓸𝓲𝓮, 𝓮𝓽 𝓳𝓮 𝓭é𝓼𝓲𝓻𝓮 𝓹𝓸𝓾𝓿𝓸𝓲𝓻 𝓮𝓷 𝓭𝓲𝓼𝓹𝓸𝓼𝓮𝓻 𝓬𝓸𝓶𝓶𝓮 𝓫𝓸𝓷 𝓶𝓮 𝓼𝓮𝓶𝓫𝓵𝓮, 𝓳𝓾𝓼𝓺𝓾’𝓪𝓾 𝓬𝓸𝓾𝓹 𝓯𝓲𝓷𝓪𝓵.

La seule musique qui m'a toujours ravie, plus qu'aucune autre, ce sont les vibrations de sa voix à mon oreille. Graves, mélodieuses, ensorcelantes.

Nos choix sont importants. Ils déterminent toute notre vie, construisent notre avenir.

Tout a un commencement et tout a une fin. Mais entre ces deux extrêmes, il y a moi, les autres, de multiples possibilites, et surtout...il y a toi.

Nous sommes restés collés l'un à l'autre, sans parler. Nos caresses parlaient pour nous, nous englobaient dans leur trêve. Marquaient au fer rouge notre alchimie évidente. Apaisaient nos démons. Nous sommes devenus plus forts et plus faibles en quelques heures. Broyés, mais ressuscités.

Je me laisse aller à mon tour, inspire l'odeur de Ruby comme un baume salvateur, enivrant. Puis tout s'apaise. Ne reste que nos corps enchaînés l'un à l'autre. Nos gestes timides. Nos respirations hésitantes. Le chaos en nous reflue, abandonne la partie. Pour un court instant. Une seconde, une minute, une heure, peu importe. Je ne sais plus trop pourquoi je suis venu ici la voir, la respirer, m'aliéner à ses courbes. Des sentiments confus se disputent la place, émergent au gré des sensations de sa peau contre la mienne.

Je ressens sa souffrance autant que la mienne. Elle gonfle au creux de mon ventre. Se répand par vagues dans mes veines. Tantôt fuyante, tantôt prégnante. Mais elle est là.
Son flux nous unit, nous scelle l'un à l'autre, nous parle avec des mots que nous connaissons bien.