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Citations de Koenraad Oege Meinsma (54)


Ce faisant Spinoza était réservé et feignait d'abondance pour éviter de provoquer la colère d'autrui et du danger pour lui. Il était en effet précautionneux et avisé quoique la force physique ne lui fit pas tout à fait défaut.
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"Mais je permets à chacun de vivre comme il l'entend et celui qui le désire, quant à moi, a le droit de mourir pour son bonheur, pourvu qu'il me soit permis à moi de continuer à vivre pour la vérité."
Lettre à Oldenburg
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Il n'est pas impossible que dans sa jeunesse Spinoza ait vu à plusieurs reprises le fameux penseur français, qui se faisait remarquer par sa petite taille et son vilain visage, passer dans les rues d'Amsterdam ou faire un brin de causette avec son horloger Brandt du Rokin. Mais les écrits de Descartes lui restaient provisoirement interdits puisqu'il ne savait pas le français et ne connaissait que les rudiments du latin. Dans ses relations avec les chrétiens il avait appris le néerlandais, avec ses coreligionnaires le portugais et l'espagnol; peut-être savait-il un peu d'allemand et, probablement, recueillis auprès de ceux qui avaient séjourné quelque temps à Venise et à Rome, quelques mots d'italien; dans l'école du Talmud Tora il s'était familiarisé avec l'hébreu. Il possédait donc cinq langues qu'on voyait de son temps rarement chez les savants chrétiens.
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Un jour de décembre 1512 -et donc avant le geste célèbre de Luther- un bûcher fut embrasé à La Haye, à cette occasion pour un martyr non de la foi mais de l'athéisme: Herman van Rijsijck, hérétique relaps, était condamné à être brûlé vif. Demandera-t-on pour quelles raisons? Pour celles-là mêmes qui coûtèrent la vie à Giordano Bruno, les mêmes qui firent dresser un bûcher pour vanini, les mêmes qui amenèrent Campanella et Galilée devant le tribunal du saint-Office. Hermann van Rijsijck avait réfléchi, pesé et observé comme eux et, pour le bien de l'humanité, il avait rendu public lui aussi le résultat de ses méditations.
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L'article de Bayle fut cependant la voie toute tracée pour répandre le nom de Spinoza dans le monde entier. Il suscita l'intérêt. On voulut en savoir davantage, qui afin de pouvoir condamner sa vie en même temps que sa philosophie, qui par scepticisme, mettant en doute que la vie du "plus célèbre athée qui eût jamais vécu sur terre" pût être aussi pure et sans tâche qu'avaient été amenés à le reconnaître tant ses ennemis que ses amis. Pendant plus de mille ans on avait convaincu la masse illettrée que philosophes et esprits forts ne pouvaient, en vertu de leur doctrine, qu'être des individus immoraux, fondamentalement corrompus qui, s'ils ne venaient à résipiscence en temps voulu, passaient directement de leur lit de mort aux affres de l'enfer. Comment faire concorder la vie de Spinoza avec cette conception? N'avait-il donc été ni un ivrogne ni un blasphémateur, n'avait-il ni trahi ni volé ses amis, bref n'avait-il eu aucun des vices habituels prêtés aux fortes têtes? Sa mort n'avait-elle pas été accompagnée des pires angoisses, comme c'est généralement le cas pour les "athées", ni provoquée par de l'extrait de pavot ou de poison? C'était là les questions auxquelles on chercha tout d'abord à répondre.
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(...) la communauté juive est immergée dans une société chrétienne agitée par des luttes religieuses, luttes que Meinsma a eu le grand mérite de nous décrire à travers les nombreuses sectes religieuses concurrentes et antagonistes. L'axe des controverses est, bien évidemment, le libre arbitre et l'espérance messianique.

Chapitre II. Les juifs à Amsterdam. Note 1
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"Il me reste encore à vous rappeler que pour tout ceci il est exigé de la persévérance dans la méditation, de la constance d'âme et de la fermeté dans le dessein; pour en disposer, il est essentiel de se fixer un mode ou une règle de vie et de s'assigner un but très précis. Mais là-dessus, cela suffit pour l'instant. Adieu et aimez celui qui vous aime de tout son coeur. Bend.de Spinoza, Voorburg, le 18 juin 1666".
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Avec un grand déploiement de faste et d'apparat circulait en ce temps-là à Amsterdam un homme, d'origine italienne, qui s'appelait Francesco Giuseppe Borri et se faisait traiter d' "Excellence". Fils du médecin milanais Brando Borri, il était né en 1625. Eduqué dans des séminaires à Rome où les Jésuites le considéraient comme un prodige à cause de sa mémoire exceptionnelle et de ses aptitudes, il s'adonna avec zèle à l'étude de la médecine et surtout à celle de l'alchimie. Jusqu'en 1654 il mena une vie très dissipée, puis, sous la menace d'un scandale public, il s'engagea sur une meilleure voie, du moins en apparence. Il adopta une une attitude très digne, fréquenta fidèlement l'église, fut plus strict dans le choix de ses amitiés et feignit d'être en relations privilégiées avec le Ciel. Le Seigneur l'avait chargé de réaliser des réformes salutaires ici-bas, expliquait-il et il exhibait, comme preuve de sa mission divine, une étonnante épée qui lui aurait été donnée par l'ange saint Michel. Il prétendait descendre d'Afranius Burrhus, le gouverneur de l'empereur Néron, et avait donc bien droit au titre d' "Excellence". De belles nouveautés lui avaient été révélées dans le domaine religieux : la Sainte Vierge était en tous points l'égale de son Fils, présente comme lui dans le sacrement de l'Eucharistie, comme lui conçue sans péché, etc.
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Distinct du messianisme juif, le millénarisme est une doctrine chrétienne qui apparaît au lendemain de la mort du Christ avec le personnage de Cérinthos: selon Bayle (Dictionnaire Historique et critique, art. "Cérinthus" "Cérinthus passe pour l'un des principaux chefs des millénaires : on l'accuse d'avoir enseigné qu'après la résurrection l'Eglise demeurerait sur terre pendant mille ans et que ce serait le règne terrestre de Jésus-Christ , temps de prospérité temporelle et de volupté". cette doctrine nourrit au cours des siècles les mouvements sociaux les plus radicaux car l'avènement du règne de mille ans est solidaire de la destruction de toutes les souverainetés temporelles.
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Plus tard nous trouvons à l'Université de Leyde en 1645 un jeune homme qui bientôt étonnera l'Europe par ses audacieuses découvertes et son intelligence pénétrante: Christiaan Huygens. La doctrine de Copernic, à peine introduite aux Pays-Bas, est d'emblée en butte à des attaques mais trouve aussitôt des défenseurs. Cependant rien n'a autant éveillé les esprits et mis en branle les plumes que les écrits du penseur français qui, peu d'années avant la naissance de Spinoza, en 1629, avait choisi les Pays-Bas pour y résider : René Descartes. Rarement homme de pensée a rendu de plus grands services au progrès de l'humanité. La profonde influence de sa philosophie s'est exercée sur tous ses contemporains et sur Baruch de Spinoza plus que sur tout autre.
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Plus que d'autres le jeune Spinoza a dû être frappé du fait qu'à plusieurs reprises, en 1644 et 1645, un homme appartenant aux goyim -les paiens- se présenta à la synagogue, un homme du peuple il est vrai, mais un homme sérieux et savant, nettement supérieur à son niveau social; nous voyons comment, armé de la Bible hébraique publiée par Menasseh ben OIsrael lui-même en 1635 à Amsterdam, il cherchait à se faire aider et éclairer là où il rencontrait des difficultés; comment avec une bonne connaissance de l'hébreu, il n'hésitait pas à remettre carrément à leur place aussi bien Menasseh que les autres savants juifs de la synagogue lorsqu'ils essayaient de dévier le sens des paroles d'un texte en faveur de leur propre thèse; comment dans le feu de la discussion, à laquelle participait parfois toute la synagogue, il lui arrivait de tirer posément de sa poche un livre de saint Jean Chrysostome ou de quelque autre Père de l'Eglise pour défendre sa position; comment à plusieurs reprises, alors que tous les autres laissaient ses questions sans réponse, il montra "jusqu'à la plus haute synagogue" et où "rabbi haham Mortere siégeait en présence des aînés de sa jeunesse" et comment Morteira, lui-même mis dans l'embarras par les arguments de cet homme, se débarrassa alors de lui avec des paroles violentes en guise d'arguments. Celui qui s'attendrait ici à voir citer le nom d'un zélateur protestant orthodoxe se tromperait fort: il s'agissait de l'anabaptiste Jan Pietersz, appelé "Le sculpteur", à cause de son métier, qui, n" vers 1603 à Enkhuizen (?) a cherché sa vie durant "la vraie foi". Nous le retrouverons à plusieurs reprises dans l'entourage de Spinoza.
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Spinoza en zijn Kring marque une date importante dans l'histoire du spinozisme. (...)
Le livre de Meinsma enrichi et corrigé par les auteurs de l'édition française nous fait entrer dans l'univers mental de Spinoza. Les grands courants religieux, philosophiques, politiques et les événements qui les manifestent font partie de sa vision quotidienne du monde à l'intérieur duquel il lit, médite, écrit, décide d'aller ou de ne pas aller chez l'imprimeur. Personne ne prétend que des exposés de sa philosophie considérée en tant que telle, étudiée dans sa genèse, exposée en un discours cohérent ne soient, en définitive, la tâche essentielle de ceux qui veulent comprendre et faire comprendre le spinozisme. On pense simplement que l'histoire du philosophe n'est pas extérieure mais, en quelque sorte, immanente à l'histoire de sa philosophie.
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1896 est l'année de parution aux Pays-Bas de l'ouvrage de K.O.Meinsma. Il révélait au public un grand nombre de faits et de documents encore inédits, posant ainsi les fondements d'une biographie scientifique de Spinoza, indispensable à toute étude des oeuvres du philosophe.
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Ce qui lui manquait en compréhension, Oldenburg l'a compensé par l'amitié et la modération. A aucun moment il n'oublia l'estime que méritaient l'esprit et le caractère de son ami; jamais il ne s'aventura sur les fausses routes des vociférations et des fanatiques qui calomniaient odieusement le philosophe qu'ils ne comprenaient pas et traitaient d'antéchrist et d'apôtre de l'incroyance. En dépit de toutes les différences d'opinion qui projettent une ombre sur la belle amitié qui a existé entre les deux hommes, l'avant-dernière lettre du Londonien, qui transmettait aussi un message d'amitié de Boyle, se termine sur cette phrase: "Adieu et continuez à m'aimer", et sa dernière lettre du 11 février 1676 s'achève sur cette amicale promesse: "Sur les études et les travaux de la Royal Society je vous écrirai sous peu, pourvu que Dieu me prête vie et santé."
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Le fameux général français Louis II de Bourbon, prince de Condé, né en 1621, dont nous devons aussi faire la connaissance, avait reçu une excellente éducation. Dès sa jeunesse il prit plaisir à l'étude des Belles Lettres et aimait à rassembler autour de lui des hommes intelligents. Même lorsqu'à un âge plus avancé il se retira du service de l'armée, il sut encore faire de son château de Chantilly un lieu de rencontre pour des hommes comme Corneille, La Bruyère et Santeuil, Racine, Molière, La Fontaine et Boileau au milieu desquels il passait son temps à faire de l'esprit et à pratiquer l'ironie.
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La raison, cette chandelle qui nous a été confiée pour nous éclairer le parcours à travers le labyrinthe que l'on nomme le monde et pour nous montrer le droit chemin...
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Van den Enden devait être, au moment où Spinoza fit sa connaissance, un homme relativement âgé; cependant il était -et cela ressort de sa carrière ultérieure- encore animé de cette joie de vivre inextinguible qui ne redoute rien et s'attaque à tout. Sans doute aucun il connaissait à la perfection l'ancienne Rome et aurait été capable de reproduire par coeur sur le papier tout le texte d'Horace, si par hasard celui-ci s'était trouvé perdu. Enthousiasmé par les grands hommes de la Renaissance, qui avaient remis le classicisme à l'honneur et levé la bannière de la libre recherche, qui non seulement combattaient et sapaient les notions souvent périmées de la philosophie aristotélicienne, mais aussi entraient en lice pour la diffusion d'idées plus éclairées dans l'Eglise et dans l'Etat, il était animé d'une insatiable soif de connaissance.
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Ensuite il y trouva Jarig Jelles, un homme qui "dans sa jeunesse avait tenu une épicerie à Amsterdam; mais voyant que l'activité qui consistait à rassembler de l'argent et des biens n'était pas en mesure de combler les besoins de son âme, il remit, justement en ces années-là, son commerce, qui était de bon rapport, à un homme de confiance, et se retira, sans jamais se marier, dans le calme, loin de l'agitation du siècle pour s'adonner à la connaissance de la vérité, qui est conforme à la sainteté, et à l'acquisition de la sagesse. Cette quête de la vérité l'occupa pendant environ trente ans au cours desquels il n'épargna ni son argent ni sa peine pour l'acquérir; il suivait en ceci le conseil du Christ et de Salomon, à savoir qu'il faut oeuvrer pour entrer dans le Royaume des Cieux et que la sagesse vaut plus que l'or fin, plus que des rubis, bien mieux, que tout ce qu'on peut désirer n'est rien en comparaison d'elle. Ne connaissant que sa langue maternelle, il se portait néanmoins acquéreur de tout ouvrage dont on lui montrait l'utilité pour le but qu'il s'était proposé, puis le fait traduire en néerlandais.
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Michael d'Espinoaz, qui avec un enfant en bas âge ne pouvait pas se passer longtemps de femme, se maria un an après avec Hanna Debora d'Espinoza, apparemment issue d'une autre branche de la famille. Elle se vit bénieen 1629 par la naissance d'une fille qui reçut le prénom de Miryam. Michael devait désirer depuis longtemps la venue d'un fils, d'un héritier du nom. Son voeu allait se trouver exaucé : le 24 novembre 1632 Hanna Debora lui donna un fils dont la naissance réjouit à tel point les parents qu'à la circoncision ils lui donnèrent le prénom de "Baruch", c'est-à-dire "béni".
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Si la péninsule Ibérique avait été au Moyen Age sous la domination des Arabes un foyer culturel, il allait bientôt en être tout autrement lorsque, le khalifat de Cordoue étant tombé aux mains de princes insignifiants, le royaume se morcela et, sous la pression incessante des princes chrétiens du Nord, se trouva anéanti. Tant que le croissant avait brillé au-dessus des créneaux de l'Alhambra, les chrétiens superstitieux et ignorants avaient té un objet de haine et de mépris. Les juifs au contraire, dont la doctrine et la foi avaient beaucoup plus d'affinité avec les principes du Prophète, étaient traités dans l'ensemble avec tolérance, bien mieux, se voyaient souvent considérés plutôt comme des égaux que comme des inférieurs. Ils participaient à la vie intellectuelle et artistique qui s'étaient développée sous le gouvernement des khalifes; parmi eux se distinguaient des savants et des hommes d'Etat, des philosophes et des poètes comme on n'en avait encore jamais vu dans la postérité d'Abraham. (...)
Mais, en retrouvant le pouvoir, la Chrétienté redevint intolérante. Pour le clergé catholique, les juifs étaient un perpétuel sujet d'irritation tant pour leur science que pour leur richesse. Avant même que les derniers musulmans eussent été chassés de la péninsule, une vaste persécution du peuple d'Israel fut mise sur pied : s'ils n'embrassaient pas la religion chrétienne, du moins en apparence, ils étaient harcelés sans répit. Par milliers ils subirent le baptême sous la contrainte pour échapper à la cruauté de leurs agresseurs.
Mais lorsque, sous Ferdinand et Isabelle, toute l'Espagne se trouva rassemblée sous une seule couronne, cette issue aussi leur fut interdite. Avec des yeux de lyx, l'inquisiteur Torquemada et ses espions les surveillaient, et malheur aux faux chrétiens (marranes) qui leur tombaient sous la main!
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