Citations de Le magazine littéraire (35)
La vérité psychologique de la guerre est trop difficile à vivre. (Georges Nivat, p.41)
"Dans mon pays, il y a toujours eu, depuis l'apparition du genre, de grands romans écrits par des femmes, qui ont été lus, étudiés et admirés par les femmes autant que par les hommes.La Grande-Bretagne est peut-être la seule nation où cela a été le cas, et nous devrions en être fiers."Tel est le constat d'A.S.Byatt, Booker Prize 1990 pour Possession, qui a accordé un entretien au Magazine Littéraire de ce mois.De fait, les Anglaises n'ont cessé, de Jane Austen à Zadie Smith, d'occuper le devant de la scène littéraire, chez elle comme à l'étranger.
Dans mon pays, il y a toujours eu, depuis l'apparition du genre, de grands romans écrits par des femmes, qui ont été lus, étudiés et admirés par les femmes autant que par les hommes. La Grande-Bretagne est peut-être la seule nation où cela a été le cas, et nous devrions en être fiers. A.S Byatt
Comment, devant un tel déferlement, ne pas s'interroger sur la richesse et la force du roman britannique au féminin? Sur son histoire, ses origines, ses influences? Sur l'existence, si ce n'est d'écoles, du moins de familles d'idées et d'écritures permettant d'établir des ponts entre des oeuvres à priori disparates?
Sillonner les rues si droites et pourtant si imprévisibles de la Grosse Pomme revient dès lors à suivre les lignes de force qui structurent non seulement un continent et une société, mais aussi l'imaginaire d'une vaste constellation littéraire, éternelle et mouvante.
Introduction au dossier
A propos de Doris Lessing:
"Elle fuit sa famille à 14 ans, se marie à 19, et abandonnera ses deux premiers enfants. La fervente communiste croyait les avoir libérés par cet acte, qu'elle regrettera toute sa vie durant.
Anne-Laure Brevet
Freud explique la correspondance entre deuil et mélancolie: tous deux génèrent la continuité psychique de l'objet perdu, présent / absent, dans un balancement continu entre espoir et désolation. C'est ce qui inspire Baudelaire qui participe à sa destruction, tout comme son refuge dans la mélancolie est une tentative d'équilibre entre spleen et idéal.
Marie Fouquet
Bref, dans « Les Mots », Sartre cherche dans son enfance les raisons qui l'ont poussé à écrire, choix très ancien qui remonte à sa huitième année. La suite, on peut la trouver par fragments, dans la préface à Eden Arabie, de Nizan (1960) et Merleau-Ponty vivant (1961).
1779 - [p. 90] Sartre et Les Mots, de Michel-Antoine Burnier]
On a mal compris « Les Mots » : c'est un adieu à la littérature. Pourquoi est-ce si bien écrit ? Parce que Sartre l'a voulu, et parce que la littérature ne se détruit que par la littérature. Le charabia n'atteint pas la langue. Sartre l'a avoué à certains : « Les Mots », c'est un pastiche d'autobiographie, au sens où « Don Quichotte » est un pastiche des romans de chevalerie, où Voltaire dans Candide, se moque de tout le monde. On voit bien que le jury Nobel s'y est mépris, puisqu'il a attribué le prix à Sartre malgré ses avertissements et que cela s'est terminé par un refus notoire.
1765 - [p. 90] Sartre et Les Mots, de Michel-Antoine Burnier
Génial, il fascina ses contemporains par ses extravagances, son immoralisme, son art de la parole et du conte, avant d'être brisé par ceux-là mêmes qu'il avait si complaisamment distraits.
" Une des particularités de l'écrivain, et qui conditionne profondément son oeuvre, me semble être - s'il n'est pas un polygraphe asujetti à la commande des éditeurs - qu'il secrète de bonne heure autour de lui une bulle, liée à ses goûts, à sa culture, à son climat intérieur, à ses lectures et rêveries familières, et qui promène partout avec lui, autour de lui, une pièce à vivre, un "intérieur" façonné à sa mesure souvent dès la vingtième année, où il a ses repères, ses dieux du foyer, où son fort intérieur se sent protégé contre les intempéries et à l'aise. (...) Il nous semble, à distance, avoir traversé son époque comme le capitaine Nemo dans Jules Verne traverse les océans, passionné par le spectacle, mais toujours derrière la vitre à l'abri de laquelle il a son orgue et sa bibliothèque, et qu'il ne quitte pour de brèves incursions et descentes dans les abîmes extérieures. "
(Julien GRACQ, propos recueillis en 2007 par Dominique Rabourdin pour "Le magazine littéraire", n° 465, p. 31, in "Entretien avec Julien Gracq", pp 26-34)
Gracq est le dernier de nos classiques. Un écrivain de l'ancien temps, d'avant le règne des médias et la défaite du style. Dès 1950, en pleine gloire montante, Gracq s'insurge dans un célèbre pamphlet contre les périls qui menacent la littérature : le nivellement par le bas, le servage progressif des esprits, l'apparition d'un public désorienté, qui ne lit pas et pour qui le nom de l'auteur n'a d'autre valeur qu'une marque commerciale. Anticipant la logique de la peopolisation, Gracq prophétise l'avènement de l'auteur-vedette, réduit à n'être qu'une figure de l'actualité, porté par un bruit de fond médiatique qui édulcore sa pensée tout en amplifiant son image. "La littérature à l'estomac", dira Gracq, faite à l'épate, que l'on sert et ressert comme un plat comestible, jusqu'à l'écoeurement.
Condamnant la petite cuisine littéraire, Gracq préfère le jeun et l'ascèse. Il refuse en 1951 le prix Goncourt pour "Le Rivage des Syrtes". (...)
(Jean-Louis Hue, "L'ascèse selon Gracq" - "Le magazine littéraire" n° 465, juin 2007, page 3)
Chant d'Oriane
Sans monsieur le soleil
Je resterais contente
Dans le frais de la nuit
Je baignerais mon corps
S'il le faillait encore
J'irais dans le silence
Et les voix de jadis
Me parleraient tout bas
Qu'on me coupe les mains
Cela n'est pas grand'chose
J'aurai l'odeur des roses
Tout le long des chemins
Mais las, sans votre cœur
Je ne suis plus personne
Et plus rien ne résonne
Du monde à qui je meurs.
928 - [p. 19] Le Chevalier de Neige
Le démocrate est modeste, il sait qu'il ne sait pas tout, il accepte de réfléchir aux arguments de son adversaire. (Camus)