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Citations de Le magazine littéraire (35)


Faire une retrospective de l'année est un moyen de se souvenir des mois passées, de faire un état des lieux avec un certain recul, mais aussi de se projeter, déjà dans l'avenir.
Baptiste Liger pour l'Edito
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Char et Camus, promeneurs de Provence, arpenteurs audacieux de la Grèce antique, agissent en "matinaux". Plaçant les combats de l'histoire sous le signe de l'immémorial matin grec, ils ne dissocient pas poésie et résistance, pensée et révolte. Ils œuvrent en faveur d'une lumière d'origine qui, redonnant à la parole sa fulgurante vérité et à la pensée sa forme essentielle de mesure, éclairera à nouveau art et politique. Ils rédigent tous deux un manifeste de la lumière qui lie durablement la révolte et l'espoir : "Au bout de ces ténèbres, une lumière pourtant est inévitable que nous devinons déjà et dont nous avons seulement à lutter pour qu'elle soit" ( L 'Homme révolté). (142)
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Si Camus publie les feuillet d'Hypnos (1946) dans la collection "Espoir" qu'il dirige chez Gallimard, c'est qu'en effet il considère Char comme la figure accomplie du résistant, de "l'homme révolté". Mais il n'est de vraie révolte que celle qui implique les mots. Comme Camus l'écrira plus tard dans L'Homme révolté (1951) : "Le plus grand style en art est l'expression de la plus haute révolte." La poésie est forme de résistance. La fulgurance du style exprime le refus de l'abandon au langage commun qui trahit la résignation politique, l'acceptation idéologique. Les mots, s'ils font œuvre de poésie et de philosophie, font aussi œuvre de politique. Ils s'abreuvent à la source d'un logos plénier. (140)
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Il est une Venise de pierres. Mais il en est une aussi qui est faite de mots. Il y a la reine des peintres, des sculpteurs, des architecte. Mais à côté se dresse la Muse du Poète. Pour aller de l'une à l'autre, il n'est pas de meilleur guide que Proust dont la vocation vénitienne commença par la découverte des Pierres de Venise, précisément, et de son auteur, Ruskin, se poursuivit par un reniement pour aboutir enfin à une transmutation de la ville de porphyre et de marbre en ce joyau qui livre la clef du temps perdu.

(p.105)
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(...) le présent n'y est jamais que le passé du futur et le cerveau humain un terreau en devenir dans lequel on implante un souvenir de ce qui n'a jamais été mais pourrait bien finir par être. (E. Bloch-Dano à propos du livre "Dick, le zappeur de mondes")
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Le rapport très étroit qu'entretient Hermann Hesse -Homme et oeuvre- avec la psychanlyse se signale par deux mouvements distincts mais probablement complémentaires : d'un côté, l'homme requiert le service de la psychanlyse pour un usage individuel pressant, voire vital, et il attend, de sa soumission à la cure, un bénéfice sensible ; d'un autre côté, il soumet la psychanalyse elle-même au travail de l'oeuvre, au geste de l'écriture, il lui fait subir, lui l'écrivain, quelque chose comme un traitement, susceptible de manifester autant ses potentialités insoupçonnées que d'éventuels défauts.
Hesse a utilisé sa propre expérience de la cure psychanalytique pour en faire entendre, à travers son oeuvre, d'insolites ou d'inouies résonnances.
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Route "ombragée, peut-être, mais surtout baignée de lumière. C'est le nom même du narrateur, que nous avons jusqu'ici mis en réserve, qui nous aide à élucider la visée de l'oeuvre de Hesse : Emil Sinclair. Voyons en "Emil" un hommage rendu au Suisse Jean-Jacques Rousseau, et dans Demian, à l'image de l'Emile d'illustre mémoire, un roman pédagogique -avec cette différence majeure qu' Emile traite d'un apprentissage sous le signe de la Société, tandis que Demian se place sous le signe de l'Inconscient.
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pour moi, le mal absolu [...]c'est l'ignorance d'autrui, de la possibilité de la différence. C'est le degré zéro de la curiosité. On est incapable de voir en dehors de soi tant on croit déjà tout savoir et avoir tout compris. Non content d'être ignorant, on ne désire pas connaître pour ne pas affronter ce qui nous remet en question et peut-être en danger. C'est dans cette citadelle du soi bête et violent que réside le mal absolu.
Mathias Enard
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Le "dor" est donc plus ambigu que la nostalgie : il est tourné aussi bien vers le passé que vers l'avenir ; le regret de l'impossible retour in illo tempore n'est pas obligatoire. C'est un désir mêlé de souffrance, une aspiration qui ne connaîtra pas d'accomplissement, car celui qui l'éprouve se situe dans une indétermination dont il ne connaît pas les possibilités de réalisation. Il ne peut que les pressentir, mais il n'en exige pas la manifestation. L'objet du "dor" est fondamentalement indéfinissable. Vivre ce qu'on souhaite advenir comme une douce souffrance est plus important que de voir ses souhaits accomplis, car la qualité de cette langueur est supérieure à ce qu'on peut obtenir par la satisfaction de ses désirs.
Cioran emploie rarement le mot roumain "dor", sauf pour se livrer à une sorte d'exercice de ce qu'il appelle "l'appréhension de l'essence des peuples par leur façon de participer au vague" ("Oeuvres", p. 607)
("Triste avec méthode", par Constantin Zaharia)
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Empêcher la lecture est une barbarie pratiquée par les institutions qui veulent nous subjuguer. (Le feuilleton de Charles Dantzig)
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Citant Cicéron, Saint-Preux continue son évocation de la capitale: "Je ne suis jamais moins seul que quand je suis seul, disait un ancien. Moi, je ne suis seul que dans la foule, où je je ne puis être ni à toi ni aux autres. Mon coeur voudrait parler, il sent qu'il n'est point écouté; il voudrait répondre, on ne lui dit rien qui puisse aller jusqu'à lui."
Traditionnellement, la solitude était une situation d'isolement physique; pour Rousseau et ses contemporains, elle s'intériorise, se fait psychologique.
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"J'entre avec une secrète horreur, dans ce vaste désert du monde. Ce chaos ne m'offre qu'une solitude affreuse où règne un morne silence. Mon âme à la presse cherche à s'y répandre, et se trouve partout resserrée". Saint-Preux, pour rendre compte à Julie de son arrivée à Paris, ne parle que de solitude, de silence et de désert. Alors que Paris brille aux yeux de l'Europe de tous les feux de la mondanité, l'auteur de la Nouvelle Héloise préfère à son tumulte, à son agitation le calme des petites cités sur les bords du Léman ou même la paix profonde des Alpages.
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Un homme quitte son village, sa famille, les êtres aimés et les amis. Il décide de découvrir ce qu'est la nature, le silence, les nuages, le voyage, la nuit, l'instant. Il vit dans le seul bruissement de sa marche dans les herbages. En gros, tout le romantisme allemand est dans ce mouvement. De Novalis à Tieck, de Chiamiso à Schlegel. Pourquoi? C'est que Jean-Jacques Rousseau est passé par là. (...)
La Nature consolatrice est pleine de signes.
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Humbles, ces hommes l'étaient certes au plus profond d'eux-mêmes. Se sachant pécheurs, voués à la damnation si Dieu ne leur donnait pas la "grâce efficace" qui seule les pouvait sauver, ils voulaient d'un même pas s'éloigner du monde, lieu de "carnage spirituel" et se rapprocher de Dieu, se fondre en lui. La solitude n'était pas tentation, elle était chemin, parcours imposé, celui qui permettait comme le disait Saint-Cyran de "se bâtir une bibliothèque intérieure", de vivre dans le détachement total des biens de ce monde.
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"La lumière de la solitude et de la contemplation est une lumière brûlante comme celle du soleil."
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L'idée de solitude revendiquée dans les théories romantiques de ces écrivains allemands doit être différenciée de la solitude insurmontable, existentielle et fatale qui relève d'un mal d'être. autant celle-ci est destructrice, autant l'autre est bénéfique. Pour les frères Schlegel et Novalis, tous les efforts de l'homme doivent être, pour "se former" individuellement, de tendre vers l'invisible, le mystère, afin de se trouver en harmonie avec la création divine. La solitude est l'auxiliaire de l'itinéraire spirituel à entreprendre. Mais solitude intérieure qui permet une maturation, et qui n'exclut pas les relations sociales, une succession d'amitiés, d'amours, car la "formation" du Moi passe par le commerce avec autrui.
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Les Romantiques, eux, du moins, l'entourage des frères Schlegel et de Novalis, ont choisi d'aller du côté de la nuit, sous "le voile bienfaisant" de laquelle ils prétendent trouver le vrai.
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La solitude est inséparable de la condition humaine, et de son activité la plus particulière, la création esthétique. Poétique dès Ovide et les malheurs de l'exil, religieuse avec la vogue de l'érémitisme aux débuts du christianisme, jusqu'à son dernier avatar, Port Royal, naturaliste et déiste avec Rousseau ou Senancour, théâtrale pour les romantiques français, métaphysique pour Holderlin et les poètes allemands, jusqu'à Handke, et, chez nous, Blanchot et les héros de l'absurde qui errent dans beckette, Ionesco ou Adamov, philosophique quand Kierkegaard balance: ou bien...ou bien, la solitude est en chacun de nous, malheur indispensable, enrichissant, fécond. Quand elle n'est pas triste fatalité sociologique.
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L'Inde est constituée de vingt-huit états et compte presque autant de langues officielles. C'est une mosaïque de peuples et de religions. Face à cette immense diversité, chaque livre d'un écrivain indien est comme une picèe d'un gigantesque puzzle.

Jean-Claude Perrier
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Grand redresseur de torts, Tolstoï pense qu'on ne peut pas voir les choses quand on les appréhende avec la seule intelligence. (Georges ,Nivat, p.36-37)
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