Au tout début de L'été infini, ce qui frappe en premier lieu, c'est la langue. Elle éclate au visage du lecteur, lumineuse, sensuelle, poétique évidemment. C'est cette belle accroche qui sera nécessaire pour poursuivre la lecture de ce court objet livresque non identifié, et ses phrases de plusieurs pages.
Certains lecteurs seront peut-être décontenancés, perdus. Le secret c'est de de se laisser porter, comme dans un tourbillon. Il faut accepter de traverser plusieurs époques, plusieurs lieux, du Danemark au Portugal en passant par les États-Unis. Alors, sous nos yeux se déroulent, dans un désordre réfléchi, les destinées de plusieurs personnages, liés par le sang ou par l'amour. Puis, le narrateur rembobine, ou accélère pour revenir à ce point central qu'est ce moment de "l'été infini" où le temps n'existe plus, où les malheurs et les désillusions sont encore bien loin.
Madame Nielsel nous offre une constellation de destins où l'on découvre un quotidien magnifié et des personnages jeunes et vieux qui vivent, intensément, avant que la mort, la fatalité, ne les rattrape.
Merci aux éditions Noir sur Blanc et à Babelio pour cette belle découverte!
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Un petit livre , léger, au graphisme dépouillé qui se démarque par une présentation raffinée avec sa page de garde cramoisie qui s'ouvre sur des feuillets vanille , une belle invitation à la lecture , une note de délicatesse.
Puis, dès les premières lignes, on est surpris par le style atypique : le texte apparaît en longues phrases amples tantôt coulantes tantôt bouillonnantes ,un flux sans chapitres . Ondoyant .
C'est parfois une sorte de parenthèse onirique, suspendue dans le temps, parfois une narration douce-amère parfois encore l'expression du désarroi .
La trame du récit se construit sur le thème du destin, celui d'adolescents réunis un été dans la campagne danoise .
La période estivale et le lieu engendrent une atmosphère romantique mais bien vite les côtés sombres du tableau apparaissent en toile de fond n'épargnant pas la complexité des relations : un récit qui fait figure de psychothérapie semble-t-il .
J'avoue avoir été gênée par la neutralité voulue par l'auteur quand il parle de "la fille" "le jeune garçon " "la mère"" le beau-père" etc...un détachement, une distance qui place l'autre en observateur, l'autre, le narrateur bien sûr mais aussi le lecteur .
Curieux ce récit : riche et tout empreint d'ambiguïté. Beauté et noirceur mêlées, espoirs et désarroi.
La quatrième de couverture compare ce roman à ceux de Karen Blixen ? Pour ma part, j'ai plutôt pensé à Proust ou parfois à Hervé Bazin.
Je dirais que c'est un roman dense, touffu, court mais d'une lecture parfois complexe. A mon humble avis, il devrait intéresser les lecteurs férus de psychologie :les personnages semblent tous choisis pour servir de belles études de cas.
Un livre qui provoque aussi chez moi un sentiment d'ambivalence : disons que je l'ai apprécié pour l'originalité de sa syntaxe ,pour la poésie et l'hypersensibilité sous-jacente mais moins pour le fond car je n'ai pas vraiment ressenti d'empathie pour les personnages ,un récit qui s'écoute , qui se regarde plus qu'il ne se vit .
Une lecture qui réclame de l'attention , à l'aura certaine. Elle me restera en mémoire. Et, j'ai donc été sensible aux attraits de cette nouveauté .
Je remercie "Masse critique "et les Editions Notab/lia de m'avoir permis cette découverte littéraire.
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Merci à babelio pour de m'avoir adressé ce livre dont je découvre l'auteur.
L'été infini n'est pas une simple histoire, c'est aussi une musique, avec des refrains, des reprises, des nuances et des points d'orgue.
L'été infini retrace une histoire d'amour et de destin, pendant un été, le temps sera suspendu entre les protagonistes, comme cela peut arriver parfois dans la vie. Un été qui n'en finit pas.
La forme du récit ne manque pas d'originalité mais la musique ne m'a cependant pas transportée.
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Je remercie Babelio et les éditions Notabilia pour l'envoi de ce roman.
Bon bon bon...je vais être assez brève...Je n'ai pas aimé cette lecture.
J'avais été franchement appâté par la quatrième de couverture que j'avais trouvé très prometteuse, avec du Karen Blixen, une ode à la jeunesse et aux possibilités de la vie...
Mais le style quoi...
Je n'ai pas réussi à assimiler ce style. Compliqué, sans aération, des répétitions, des allers et venues...non franchement, je n'ai rien contre les styles narratifs qui sortent du commun, mais là, je n'ai pas pu, je relisais en boucle certaines phrases, je n'avançais pas et je m'énervais. Autant l'avouer, j'ai fini par survoler le dernier tiers tellement je n'en pouvais plus.
Pourtant les thèmes étaient assez intéressants : l'adolescence, la quête de l'identité sexuelle durant cette période si particulière, le temps d'un été dans un campagne, l'amitié, l'amour, le destin...mais je n'ai pas réussi à m'attacher ou à m'identifier à qui que ce soit.
Cela a donc été une rencontre ratée entre cette auteure et moi. Dommage.
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Tout d'abord, un grand merci "quand même" à Babelio pour cette découverte Masse Critique.
Je ne suis malheureusement pas du tout bonne cliente pour ce genre de livre. Je me demande d'ailleurs comment ils sélectionnent les gens pour les Masses Critiques spéciales ? Ça me paraît très aléatoire...
Pourtant, le packaging de base donnait réellement envie : un roman sur la quête d'identité sexuelle, écrit par une auteure transgenre, nordique de surcroît (j'adore la littérature nordique)... Moi, ça me bottait, comme on dit !
Bah non... Je me suis retrouvée à galérer pour essayer de m'accrocher à un roman qui réunit absolument tout ce que je déteste dans la littérature contemporaine : l'envie d'innover stylistiquement parlant parce qu'on est certainement incapable d'écrire un chef d'oeuvre d'une manière accessible à tous, et qu'il est plus facile d'essayer d'être destiné aux lecteurs "à la mode" plutôt qu'au lecteur lambda, celui qui pourtant fait vivre l'industrie littéraire !
Waouh, ma phrase fait 6 lignes... Et dire que je la trouve déjà très longue... Mais que dire de phrases faisant parfois une page entière (avec parenthèses incluses quand même) ?? Indigeste ! Même pour faire une pause pipi, on est obligé de le prendre avec soi ! Impossible de s'arrêter à un "paragraphe", ils sont quasi inexistants... (j'exagère à peine...)
De plus, le fait de ne pas nommer les personnages par des prénoms et de choisir un style extrêmement détaché du récit n'aide absolument pas à s'attacher justement à cette histoire, qui du coup n'en est pas vraiment une.
Bref, mauvaise pioche en ce qui me concerne ! J'ai détesté ce livre et j'envie ceux qui ont réussi à se mettre dedans ! Au moins, ils n'ont pas perdu leur temps.
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Une belle découverte !
Ce texte court présente une écriture très particulière et poétique, qui nous emporte tout au long du récit. Un très beau travail du style et de la façon dont les éléments du récits sont délivrés au lecteur, comme un jeu de pistes pour reconstituer une histoire multiple.
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Un avis un peu mitigé sur ce premier roman de Madame Nielsen, que j'ai découvert grâce à une opération de Babelio cet été. Si je suis habituellement très sensible au style littéraire, j'avoue qu'ici c'est justement l'écriture de l'auteur qui m'a à la fois ravie et déconcertée. Le style est très poétique, parfois très beau, toutefois il m'a paru un peu alambiqué et j'avoue que j'ai vite été un peu perdue dans la lecture de ce roman. La façon dont l'auteur se distancie beaucoup avec neutralité (peut-être trop pour moi) des personnages m'a également décontenancée. Toutefois, je pense que je le relirais (ou plutôt j'essaierais de le relire !) car l'auteur propose vraiment une expérience de lecture singulière, qui peut charmer son lecteur, même si elle est un peu trop ardue.
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Il y a des rencontres par le biais des livres qui se font et d'autres qui ne se font pas.
Ce livre est très bien écrit, l'écriture est belle, travaillée, ciselée, polie. Comme les pierres peuvent l'être par la mer quand elles deviennent galets ou joyaux.
Mais, et il y a un mais à la hauteur de cette envolée lyrique, il m'a manqué de la consistance, des personnages incarnés, un fil conducteur , une histoire, un brin d'aventure ou d'action.
Certes l'été est infini, mais un livre ne l'est pas ( et j'ose dire "ouf " ).
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Je remercie Masse Critique de Babelio, ainsi que les éditions Notabilia de m'avoir permis de lire et rédiger l'Eté Infini, de Madame Nielsen.
Découvrir la couverture d'un livre, l'ouvrir, lire ses premières pages, partir à la découverte de mots, de rythmes, d'images… pour moi, c'est le plaisir de lire, une émotion forte. Chaque livre que j'aime me transporte.
Lire l'été infini a été, pour ce qui me concerne, une tout autre expérience ; Je comprends le texte que je lis, mais pour moi, il s'agit d'un texte déroutant. Je ne parviens pas à m'habituer à sa forme, à ses phrases sans fin. Ce rythme est difficile. J'ai trouvé certaines images très belles, mais je n'ai pas pu ou su m'intéresser aux personnages – trop lointains, abstraits. Je n'ai pas compris le titre « un requiem».
Le fait de changer d'identité – de naître homme et de devenir femme (ou l'inverse) est une expérience qui doit être déroutante, très intense, très difficile. Pour autant, l'écrit d'une personne transgenre reflètera-t-il obligatoirement cette difficulté et cette quête d'identité ? Je ne le sais pas.
Je pense que l'Eté infini a eu un grand mérite : il m'a permis de réfléchir à mes choix en matière de livres, à ma façon de lire, à tout ce que j'attendais d'un livre. Par ailleurs, j'ai lu plusieurs critiques de l'Eté infini dans Babelio, et j'ai trouvé que les ressentis, les échanges autour de cet ouvrage avaient été riches et m'avaient permis d'aller plus loin dans la réflexion. Il me semble que cet ouvrage n'a laissé personne indifférent, et c'est pourquoi je donnerai une deuxième chance à l'été infini – mais pas dans l'immédiat.
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« … une fille descend les marches tel un tourbillon, non pas élégante et confiante mais plutôt folâtre et haletante, dans un papillonnement de manteau et foulard et de doigts écartés…… en rougissant non pas de honte mais de vie… »
« folâtre et haletant » , papillonnant, des adjectifs qui me semblent coller à ce texte jalonné de beaux passages, qui par moments séduit et à d'autres peut être agaçant. Séduisant parce que tourbillonnant et plein de vie. Oui, il ressemble à cette fille qui descend les marches subjuguant le jeune garçon gracile qui ne s'est pas encore découvert.
Madame Nielsen ne cherche pas à délimiter, cerner et donc dénaturer en voulant comprendre, elle souhaite que seule irrigue ce texte la vie, sa fluidité, ses ombres et sa lumière, la vie qui va et vient, qui vous subjugue et vous broie…
… il éprouve encore une fois ce soulagement indicible quand quelque chose, ce qu'il y a de plus grand, ce qu'il y a de plus beau, a été possible l'espace d'un instant… p 62
J'ai eu envie parfois d'arrêter cette lecture mais les éclats de beauté fugaces surgissant au détour de ces réminiscences parfois difficiles à suivre l'ont relancée et j'ai poursuivi à la suite du jeune garçon gracile qui, lui-aussi cherche et se perd, tentant de se découvrir, traversé par de soudaines et comme évidentes fulgurances dont il doute l'instant d'après.
Un texte composé, comme l'est la vie, d'éclats de lumière et d'ombre, de violence, où l'on peut croiser le Caravage et Rembrandt aussi bien qu'Egon Schiele ou Strinberg
…. il traverse l'entrée pour pénétrer dans la pièce la plus petite, déjà transformée dans son souvenir en sa chambre à elle, la fille —et « la ferme blanche » de n'être plus un lieu inscrit dans le temps mais une pièce du récit qui succède à une multitude d'autres pièces, où toutes les choses et chaque mouvement peuvent advenir quand bon leur semble ;….. p 64
Madame Nielsen laisse monter à la surface les choses, les souvenirs, elle les laisse aussi s'évanouir sans tenter de les retenir et comme elle le dit si bien :
« le récit n'est pas « larger than life », plus vaste que la vie, il est l'unique sauvetage du temps. » p 147
Ce sauvetage m'a laissée déroutée et perplexe et pourtant j'en ai aimé bien des passages. J'ai aimé aussi le regard acéré que porte l'auteur sur son entourage et sur tout ce qui vient entraver la circulation de la vie, la vie qui se fraye un chemin coûte que coûte, la vie belle et dévastatrice qui veut être.
Merci aux éditions Noir sur Blanc et à Babelio qui m'ont offert cette lecture déconcertante.
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Tout d'abord, une impression d'asphyxie: des phrases très longues dans un déroulement continu, et très peu de paragraphes. C'est déconcertant, de même que les répétitions d'expressions, mais on s'habitue finalement assez vite.
Ensuite, autre aspect curieux, la neutralité voulue, les personnages n'ayant pas de noms, ou très peu, c'est "La fille" ou " Le jeune homme dégingandé " par exemple.Mais le narrateur extérieur intervient dans son récit, nous annonce que " l'été infini" va commencer ou se terminer, un peu à la manière d'un choeur antique.
Cet été infini, on l'attend longtemps, car les acteurs de cette histoire se mettent en place doucement, on évoque leur passé , et ils sont même projetés dans leur avenir . L'été infini au coeur du Danemark des années 80 sera celui de la passion amoureuse, artistique, des adolescents en quête d'identité. Celle notamment du jeune homme sensible pour lequel on utilise " il" ou "elle", ce qui laisse entrevoir dans ce roman au lecteur une part autobiographique . En effet, l'auteure a été en premier lieu un homme ...
J'ai été intéressée par le style atypique, les différents récits de vie si particuliers de chacun des protagonistes, cependant, je n'ai pas adhéré complètement à cette histoire, confuse et trop décousue, ni aux personnages peu attachants, peut-être justement parce qu'ils restent assez indéfinis.
En tout cas, merci à Babelio et aux éditions Noir sur Blanc, pour l'envoi de ce livre , c'est toujours enrichissant de découvrir de nouveaux horizons littėraires!
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Le livre traite de la quête d'identité sexuelle à partir d'un groupe d'adolescents dans les années 1980 au Danemark.
Tous ces jeunes gens désirent devenir artistes et l'été qu'ils passent ensemble a des airs d'éternité.
Les barrières entre les personnages n'existent pas.
La personnalité de l'auteure habite le livre.
Avant de devenir Madame Nielsen, celle ci s'appelait Claus Beck-Nielsen.
Il lui aura fallu 48 ans avant de prendre sa propre identité sexuelle. Cela a dû constituer un grand tourment!
Le style d'écriture est tout à fait particulier. La troisième personne employée pour la narration donne une grande distance au récit et le place comme sur un nuage.
Les répétitions de paragraphes et de phrases ajoutent comme un refrain insistant au texte.
Je pense que ce travail peut plaire aux personnes qui arrivent à rentrer dans un style d'expression moins conventionnel que le style narratif habituel.
Merci à Babelio et aux éditions NOTAB/LIA pour m'avoir permis d'approcher une auteure que je ne connaissais pas.
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L'été infini est un roman très original sur la destinée d'un groupe d'adolescents dans le Danemark des années 80.
Pour eux le temps va être comme suspendu. Tous sont en recherche de leur identité.
Le thème est intéressant mais la syntaxe très originale et non conventionnelle peut dérouter beaucoup de lecteurs.
La forme très compacte de l'écriture ne rend pas la lecture toujours aisée.
A conseiller pour les lecteurs en recherche de nouvelles formes d'écriture.
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Merci aux éditions NOTA/LIA et à l'opération Masse critique pour l'envoi de ce livre.
169 pages seulement mais ma première lecture fut déroutante et ardue...
Des phrases interminables, s'étalant sur plusieurs pages parfois, de nombreuses digressions, une mise en page peu aérée et très peu de signes de ponctuation, des protagonistes que l'auteure désigné rarement par leur prénom ("le jeune garçon, qui est peut-être une fille mais ne le sait pas encore", "la fille", "la mère", "les deux petits frères", "l'artiste portugais", "le garçon bien bâti", etc), ajoutez-y la quasi absence de trame, tout cela m'a demandé de la persévérance pour finir ce livre...
Mais m'étant engagé à rédiger une critique, je me suis forcé à le relire, parfois à voix haute, pour éviter de me perdre dans ces longues phrases. Cette nouvelle lecture m'a mieux armé pour ce compte-rendu, et m'a permis d'atténuer ma première impression négative sans toutefois la transformer en une appréciation élogieuse.
Dans le sous-sol d'une ferme blanche dans la campagne danoise dans les années 1960, vit une famille : la fille, sa mère, son beau-père, ses deux petits frères ainsi que son petit ami, le jeune garçon cité plus haut.
Ce dernier, des années plus tard, devenu une vieille dame, est le narrateur.
Le beau-père quitte le domicile, et son absence permet l'installation de nouveaux personnages dont un jeune artiste portugais qui deviendra l'amant de la mère.
Dans cette ambiance bohème, tous ces jeunes artistes ont des rêves, des attentes, aiment, croient en une destinée fulgurante. C'est le début de l'été infini où tout est possible.
Ce sera hélas aussi la saison des espoirs perdus, la saison où rien ne se passe.
C'est l'apparition de la maladie et de la mort.
Roman de la passion, du destin, de la mort, de la mémoire, la mélancolie est toujours perceptible.
Il y règne dans ce roman une indéniable atmosphère, je reconnais au style une musicalité certaine, mais hélas je n'y ai pas adhéré.
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La Feuille Volante n° 1188
L'été infini – Madame Nielsen – Notabilia.
Traduit du danois par Jean-Baptiste Coursaud.
Je suis peut-être de la vieille école, mais j'aime les phrases courtes. Ici c'est plutôt le contraire et je dois bien reconnaître que cette manière démesurément longue de s'exprimer, à l'image du texte labyrinthique qui doit sans doute être lu sans désemparer faute d'égarer le lecteur, m'a un peu dérouté. Je dois d'ailleurs déplorer cette habitude qui semble s'installer dans les romans, d'adopter cette manière, un peu fastidieuse à mes yeux, d'écrire désormais. C'est dommage parce que, au début, ce livre avait attiré mon attention et mon intérêt pour cette histoire dont j'ai vite perdu le fil. Pourtant il y a de belles images, un souffle de vie, entre ombres et lumières, des analepses parfois oniriques, des allusions pleines d’ambiguïtés, une histoire d'amour qui n'est pas banale. C'est aussi un roman sur le destin et la fatalité qui sont des thèmes récurrents et toujours passionnants, une histoire qui parle de la jeunesse, cette période que nous avons tous vécue, pendant laquelle on s'ouvre au monde, où tout semble possible, l'amour et le reste, où la beauté s'impose, où le temps ne compte pas et qui ressemble à « un été infini ».
L'auteure raconte, dans les années 1980 , l'histoire d'une famille danoise un peu étrange qui vit dans un manoir reculé, un beau-père taciturne qui finit par disparaître, une mère non moins bizarre qui passe ses journées à cheval (elle mettra à profit l'absence de son mari) et des enfants un peu laissés libres de vivre leur vie d'artistes. Il est question d'amour, d'insouciance, de jeunesse , de beauté, de temps comme suspendu, mais la mort plane qui gagnera à la fin, comme toujours, parce qu'ainsi va la vie.
Qu'est ce qui m'a fait poursuivre ma lecture alors que j'avais bien envie de l'arrêter ? Peut-être l'épilogue à venir qui est toujours un mystère dans le cadre d'une fiction, peut-être l'image fugace et mystérieuse de ce jeune garçon gracile qui devait porter en lui autre chose que de la banalité ?
Ce roman est sous-titré « Requiem », une pièce de musique que je n'ai pas perçue comme telle, peut-être à cause de la traduction du danois au français, peut-être parce que mon oreille n'est pas assez exercée, mais qui appartient à un rituel qui est aussi associé à la mort. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, cet « été infini » reste en effet un mythe et le quotidien ordinaire et banal, avec ses hasards, ses échecs et les remords qu'il suscite reprend ses droits. Le temps qui passe avec son lot de solitude et d'abandon, de rides, de douleurs et de corps décrépis, pèse sur les humains, instille la maladie et la mort. Elle fait partie de notre parcours, en est simplement la fin parce que nous ne sommes ici que de passage, simples mortels, usufruitiers de notre propre vie.
Je me suis aussi interrogé sur le prénom de l'auteure, un peu mystérieux, dont la signification est révélée par la notule du début et qui peut sans doute expliquer à la fois cette envie d'écrire et cette manière de le faire, une sorte de thérapie face à ce tourment réel qu'à été cette longue attente et cette réflexion sans doute douloureuse avant l'opération chirurgicale. Claus Beck-Nielsen, auteur, acteur et musicien, né homme en 1963, est effectivement mort en 2001 pour renaître sous le nom de Madame Nielsen.
Je suis peut-être passé à côté d'un chef-d’œuvre, mais, le livre refermé, je reste sur une impression déroutante.
© Hervé GAUTIER – Novembre 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Si vous voulez apprécier un livre, suivez ces règles :
1 - Ne pas (toujours) suivre les conseils de son entourage en matière de lecture
1bis - Ne pas accepter sans vraiment réfléchir une invitation dans le cadre d'une opération Masse critique spéciale
1ter - (corollaire de l'ignorance de la règle précédente) Devoir rédiger une critique sur le livre
2 - Ne pas présumer de la qualité du contenu à partir de la couverture et/ou du résumé éditeur
3 - Ne pas (toujours) se fier à ce que dit l'auteur dans une émission littéraire et/ou un journal et/ou un salon
3bis - Ne pas regarder la vidéo de présentation par l'auteur avant d'ouvrir le livre
4 - Ne pas lire des critiques de babéliotes avant de lire le livre
Après avoir allègrement ignoré les règles 1bis, 2, 3bis et 4 je dois me plier à la règle 1ter
J'ai lu quelque part une chronique qui parlait de prose digressive, tout en méandres. Eh bien mes clignotants ne marchaient plus et j'ai été incapable de négocier les virages.
Pour résumer, et sans jouer sur les mots/maux, je dirais : ce livre c'est du mot à maux (et je pèse mes mots/maux)…
PS - Nonobstant ce qui précède, merci à Babélio et aux éditions Noir sur Blanc : la présentation de ce livre est magnifique.
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