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Citations de Saki (65)


(...) Il n'y a rien dans le christianisme ni dans le bouddhisme qui égale tout à fait la totale abnégation d'une huître.
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“Les jeunes ont des aspirations qui ne se concrétisent jamais, les vieux ont des souvenirs de ce qui n’est jamais arrivé.”
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[...] ... - "C'est très sauvage, cet endroit," dit-elle à Mortimer qui l'avait rejointe ; "on pourrait penser que, dans un tel site, le culte de Pan n'a jamais complètement disparu.

- Le culte de Pan n'a jamais disparu," dit Mortimer. "D'autres dieux, plus récents, ont de temps en temps détourné de lui ses adeptes, mais il est le dieu de la Nature par excellence auquel tous les autres dieux doivent finir par revenir. On l'a appelé le père de tous les dieux, mais la plupart de ses enfants sont mort-nés."

Sylvia, qui était religieuse et dévote d'une manière à la fois vague et conventionnelle, n'aimait pas s'entendre dire que ses propres dieux à elle n'étaient que de simples viennent ensuite, mais du moins était-elle agréablement surprise d'entendre Mortimer le Mort parler d'un sujet avec autant d'énergie que de conviction.

- "Mais tu ne crois tout de même pas au dieu Pan ?" demanda-t-elle, avec une vague inquiétude dans la voix.

- "J'ai été sot dans bien des domaines,"répondit tranquillement Mortimer, "mais pas au point de ne pas croire en Pan maintenant que je suis ici. Et si tu veux mon avis, tu ne devrais pas te vanter trop bruyamment de ne pas croire en lui tant que tu es sur ses terres." ... [...]
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[...] ... Mrs de Ropp observa que les visites à la resserre ne cessaient pas et un jour elle entreprit une nouvelle tournée d'inspection.

- "Qu'est-ce qu'il peut y avoir dans ce clapier ?" demanda-t-elle d'un ton impératif. "Ce doit être des cochons d'Inde, j'imagine. Je vais faire débarrasser tout ça."

Conradin serra fortement les lèvres, mais la Femme fouilla sa chambre de fond en comble jusqu'à ce qu'elle eut trouvé la clef qui y était soigneusement cachée, et gagna immédiatement la resserre dans l'intention de compléter sa découverte. C'était un après-midi froid d'hiver et Conradin avait reçu l'ordre de rester à la maison. De la fenêtre la plus éloignée de la salle-à-manger, on pouvait juste apercevoir la porte de la resserre, à peine masquée par le buisson, et c'est là que se posta Conradin. Il vit la Femme entrer, puis il l'imagina ouvrant la porte du sanctuaire et scrutant de ses petits yeux de myope la paillasse sur laquelle était couché son dieu. Peut-être allait-elle remuer la paille dans sa maladroite impatience et Conradin murmura pour la dernière fois sa prière avec une ferveur décuplée mais il savait, tout en priant, qu'il n'y croyait pas. Il savait que la Femme allait bientôt ressortir de la resserre avec, au coin des lèvres, ce petit sourire pincé et content de soi qu'il détestait tellement et que, dans une heure ou deux, le jardinier viendrait emporter son dieu merveilleux, qu'il ne serait plus du tout un dieu mais un simple furet marron en cage. Et il savait que la Femme triompherait une fois de plus comme elle l'avait toujours fait et qu'il lui faudrait encore supporter ses tracasseries, son harcèlement et sa sagesse supérieure jusqu'au jour où tout lui deviendrait indifférent et où les prédictions du médecin se réaliseraient. Et dans l'amertume de sa défaite, il se mit à entonner, d'un air de défi et à haute voix, l'hymmne de son idole menacée :
Sredsni Vasthar s'est avancé

Ses pensées étaient des pensées rouges et ses dents étaient blanches

Ses ennemis demandaient la paix mais il leur infligea la Mort

Sredni Vasthar le Magnifique.

Et puis, tout à coup, il interrompit sa psalmodie et se rapprocha de la vitre. La porte de la resserre était toujours entrouverte et les minutes s'égrenaient. C'étaient de longues minutes, mais qui finissaient néanmoins par passer. Il regarda le ballet des étourneaux au-dessus de la pelouse ; puis il se mit à les compter tout en gardant un œil sur cette porte qui grinçait au vent. Une bonne au visage morose vint mettre la table pour le thé, mais Conradin ne quittait toujours pas son poste d'observation. L'espoir s'était insensiblement insinué en son cœur et maintenant, une lueur de triomphe se mit à briller dans des yeux qui n'avaient connu jusque là que la résignation mélancolique du vaincu. Puis à mi-voix, avec une exaltation contenue, il se remit à entonner le péan de la victoire et de la dévastation. Et sa patience finit par être récompensée : une longue bête jaunâtre, courte sur pattes, dont les yeux clignotaient au soleil couchant, avec des taches sombres sur son pelage autour des babines, apparut sur le seuil de la resserre. Conradin tomba à genoux. Le grand furet se dirigea vers un petit ruisseau qui coulait au bas du jardin, y but un moment, traversa un petit pont de planches et disparut dans les fourrés. Ainsi s'en fut Sredni Vasthar. ... [...]
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Cicely Yeovil, assise dans un fauteuil bas et pivotant, regardait alternativement son reflet dans un miroir et l’autre personne présente dans la pièce. Les deux spectacles l’emplissaient d’une satisfaction évidente. Sans être fate, elle savait apprécier la beauté, chez elle ou chez autrui, et l’image qu’elle voyait dans la glace, tout comme le jeune homme assis au piano, se seraient honorablement tirés d’un examen critique plus sévère. Il se peut qu’elle regardât plus longtemps et avec plus de plaisir le pianiste que son reflet ; sa beauté était un bien inné, qui l’avait accompagnée à peu près toute sa vie, au lieu que Ronnie Storre était une acquisition relativement récente, découverte et accomplie à son initiative, choisie par son propre bon goût. Le Destin lui avait donné d’adorables cils et un excellent profil. Ronnie était une gâterie qu’elle s’était permise.
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Quand un homme entre dans la politique, son âme ne lui appartient plus, et je suppose que son coeur devient propriété publique de la même manière.
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Thirza Yealmton était ce qu’on appelle une femme très organisée. C’est souvent un compliment très flatteur, mais Thirza appartenait à cette déplorable espèce qui ne peut jamais admettre que la nature, et particulièrement la nature humaine, est quelquefois conçue et construite de telle manière qu’elle puisse résister à toute organisation ; et cela, tant pour son propre bonheur que dans son intérêt propre.
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Dans beaucoup de domaines, Hermann était le monarque le plus progressiste qui eût jamais siégé sur un trône vraiment important. Avant que ses sujets puissent prendre conscience de la situation, elle avait changé.
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- La plupart des loups auxquels j’ai eu affaire avaient une passion extraordinaire pour le sucre, dit Lord Pabham. Si vous voulez, je vais essayer avec celui-ci.
Il prit un morceau de sucre qui se trouvait dans la soucoupe de sa tasse à café et le jeta à Louisa ; elle n’attendait que cela et le happa en l’air. L’assistance poussa un soupir de soulagement ; un loup qui mangeait du sucre, alors qu’il aurait au moins pu mettre les perroquets en pièces, perdait déjà un peu de son pouvoir terrifiant.
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- C’est une mort extrêmement distinguée dit le bibliothécaire.
- Distinguée, spectaculaire et incontestablement pénible, dit le roi ; elle remplit toutes les conditions souhaitables.
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Martha était si vieille et elle faisait tellement partie du décor qu’Emma n’arrivait pas à croire qu’elle était vivante. Old Shep, le vieux chien de berger écossais au museau blanc, tout rhumatisant, qui attendait la mort, semblait plus humain que cette vieille femme desséchée et flétrie. Old Shep avait été un jeune chiot turbulent qui courait en manifestant bruyamment sa joie de vivre, alors que Martha était déjà une femme âgée, boitillante et chancelante. Aujourd’hui il n’était plus qu’une carcasse aveugle et oppressée, tandis qu’elle travaillait toujours énergiquement, malgré sa fragilité. Elle continuait à balayer, à faire la cuisine, la lessive, à trottiner dans la ferme, les bras chargés.
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Au bout d’un certain temps, la tutrice de Conradin remarqua qu’il s’intéressait beaucoup à la resserre. « Ce n’est pas bon pour lui de traîner là-dedans par tous les temps », décida-t-elle aussitôt, et un matin, au petit-déjeuner, elle annonça que la poule de Houdan avait été vendue et qu’on l’avait emportée la veille au soir. De ses yeux de myope, elle jeta un regard rapide à Conradin, car elle s’attendait à une explosion de rage et de désespoir qu’elle était toute prête à réprimer sous un flot de raisonnements et de discours moralisateurs fort édifiants. Mais Conradin ne dit rien : il n’y avait rien à dire. L’expression de son visage blême et crispé dut inquiéter Mrs. De Ropp car, ce jour-là, il y eut des toasts avec le thé, friandise qu’elle interdisait d’habitude, sous le prétexte que « cela ne réussissait pas » à Conradin, et aussi parce que « cela donnait du mal », crime sans précédent aux yeux d’une bourgeoise.
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« Dis-moi ta longitude et je te dirai quelle latitude te permettre », voilà ma devise.
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Calmness under misfortune is not an attribute of either hen-folk or womenkind, and while Mrs. Saunders declaimed over her onion bed such portions of the slang dictionary as are permitted by the Nonconformist conscience to be said or sung, the Vasco da Gama fowl was waking the echoes of Toad-Water with crescendo bursts of throat music which compelled attention to her griefs.
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Nouvelle «  Réginald au Carlton »
– Le thème de ma conférence, reprit précipitamment la duchesse, est d’étudier si la promiscuité que l’on observe au cours des voyages sur le Continent n’a pas pour effet d’affaiblir la conscience sociale : il y a des gens que l’on connaît et qui sont parfaitement convenables en Angleterre. Transportez-les de l’autre côté de la Manche, ils sont complètement différents.
– Disons qu’il s’agit là de mœurs internationales : c’est comme dans l’édition, on prend aussi ce qu’il y a de mieux ailleurs. Après tout, les excédents de bagage coûtent si cher sur certaines lignes étrangères, on doit faire une sérieuse économie en laissant sa réputation chez soi.
– Mon cher Réginald, un scandale est un scandale à Monaco comme à, disons Exeter.
– Un scandale, ma chère Irène – je peux vous appeler Irène, n’est-ce pas ?
–Nous connaissons-nous depuis assez longtemps pour cela ?
– Depuis plus longtemps que votre parrain quand il vous a choisi ce prénom. Le scandale, c’est tout bonnement une concession que la bonne société fait aux gens ennuyeux. Songer donc à ce que les aventures des autres apportent à des existences banales et irréprochables. Au fait, qui est donc cette femme à notre gauche, celle avec ces dentelles anciennes ? Bah, peu importe. Cela se fait beaucoup aujourd’hui, de dévisager les gens comme si c’était des poulains à la vente de Tattersall.
– Mrs Spelexit ? Une femme charmante. Elle vit séparée de son mari…
– Pour incompatibilité de revenus ?
– Pas du tout. Je dirais plutôt que des mers de glace les séparent. Il explore les banquises, il étudie les mouvements des harengs, il a écrit un livre passionnant sur les mœurs des esquimaux et leur vie de famille. La sienne étant naturellement réduite à sa plus simple expression.
– Bizarre qu’un mari qui ne se déplace qu’avec le Gulf stream ait aussi peu de biens liquides.
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Nouvelle « poème de Reginald sur la paix »

Réginald contemplait la boîte de biscuits d’un air inconsolable. Elle offrait en effet un triste spectacle, avec ses deux ou trois craquelins abandonnés.
– Si je trouvais, murmura-t-il, une femme avec une passion inassouvie pour les craquelins, je crois que je l’épouserais de suite.
– Et la tragédie de l’aasvogel, c’est quoi ? demanda l’interlocuteur avec compassion.
– Impossible de trouver une rime. Je n’ai songé qu’à cela en m’habillant - ça a été tout à fait épouvantable -, et même pendant le déjeuner, et j’en suis toujours au même point. J’ai l’impression d’être un de ces malheureux automobilistes qui atteignent à la « motoriété » bien malgré eux en tombant en panne au beau milieu d’un carrefour encombré. Je crains bien de devoir me débarrasser de cet aasvogel. Dommage il apportait une couleur locale si jolie.
- Il vous restera l’antilope insouciante.
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[...] ... Au bout d'un certain temps la fréquentation presque quotidienne de la resserre par son pupille commença d'attirer l'attention de cette dernière [= Mrs de Ropp]. - "Ce n'est sûrement pas bon pour lui de traînasser tout le temps dans un endroit aussi humide et aussi malsain," décida-t-elle soudain, et un beau matin, elle annonça au petit-déjeuner que la poule de Houdan avait été vendue et amenée la veille. De ses petits yeux de myope, elle scruta Conradin dans l'attente d'une explosion de rage et de chagrin qu'elle s'apprêtait à contenir par un flot de vertueuses paroles et de sages préceptes. Mais Conradin garda le silence : il n'y avait rien à dire. Le visage blême et crispé de son pupille lui causa peut-être une inquiétude momentanée car cet après-midi-là, le thé fut accompagné de toasts, friandises qu'elle bannissait ordinairement de sa table sous prétexte que c'était mauvais pour lui.

- "Je croyais que tu aimais les toasts," s'exclama-t-elle d'un air outragé en observant qu'il n'y touchait pas.

- "Ca dépend," répondit Conradin.

Ce soir-là, dans la resserre, il y eut une innovation dans le culte rendu au dieu du clapier. Conradin, qui jusque là se contentait de lui offrir des actions de grâce, lui demanda une faveur.

- "Sredni Vasthar, exauce ma prière."

Cette prière ne fut pas précisée. Comme Sredni Vasthar était un dieu, il était censé le savoir. Et tout en réprimant un sanglot tandis qu'il regardait l'autre coin vide de la resserre, Conradin regagna le monde qu'il haïssait tant. ... [...]
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Harvey se retira dans la bibliothèque et passa trente ou quarante minutes à se demander s’il serait possible de composer une histoire à l’usage des classes élémentaires dans laquelle on n’insisterait pas sur les batailles, massacres, rubriques meurtrières et autres morts violentes. La période des York et des Lancaster ainsi que l’époque napoléonienne présenteraient, s’avoua-t-il, des difficultés importantes et la guerre de Trente ans laisserait un certain vide si on ne les mentionnait pas du tout. Pourtant, il aurait mieux valu que les enfants, à l’âge où ils sont très impressionnables, puissent fixer leur attention sur l’invention du calicot imprimé, au lieu de faire travailler leur imagination sur l’Armada espagnole ou la bataille de Waterloo.
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« Dans la perspective du Conseil national de la Paix, disait l’extrait, on conçoit qu’il y ait de graves objections à offrir à nos jeunes garçons des régiments d’hommes au combat, des batteries de canons et des escadrons de cuirassés. Le Conseil admet que les jeunes garçons ont une attirance naturelle pour le combat et toutes les panoplies de guerre…mais ce n’est pas une raison pour encourager et peut-être même renforcer en eux-mêmes leurs instincts primitifs. Et pendant l’exposition consacrée à l’épanouissement physique et moral des jeunes qui s’ouvre à l’Olympie dans trois semaines, le Conseil de la Paix va faire aux parents une sorte de contre-proposition : une exposition des « jouets de la paix ». Devant une copie, exécutée à cet effet, du Palais de la Paix à la Haye, on verra des groupes, non pas de soldats en miniature, mais des civils également en miniature, non des canons, mais des charrues et des outils de l’industrie. Il faut espérer que les fabricants sauront saisir l’intérêt de cette exposition qui amènera une clientèle monstre dans les boutiques de jouets. »
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Sous quelle forme la mort eut-elle se présenter à l’occupant perpétuel d’un panier ?
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