Performance de Séra sur scène, pour une chanson du groupe de rock khméro-français Véalsrè basée sur le roman "L'Anarchiste" de l'écrivain cambodgien Soth POLIN.
La guerre qui en 1970 gagna le Cambodge fit cinq cent mille morts . La plupart étaient des civils , innocents morts sous des bombes , coupables de se trouver au mauvais endroit , au mauvais moment .
Puis , le 17 Avril 1975 , les Khmers rouges entrèrent dans Phnom Penh . Pendant trois ans , huit mois et vingt jours , ils firent régner un régime de terreur , provoquant près de deux millions de morts dans un pays de sept millions et demi d'habitants . Des hommes , des femmes , des enfants , coupables d'être les " ennemis de classe " du nouveau régime , c'est à dire d'être nés au mauvais endroit , au mauvais moment .
Je rêve d'un temps où monter cueillir du sucre de palme ne serait pas un crime passible de mort...
Je rêve d'un temps où nous ne passerions pas notre vie à nous cacher à nous-mêmes qui nous sommes , de peur de déplaire au pouvoir en place...
Je rêve...Comme seule une vieille femme solitaire peut le faire...En silence , dans son coin .
Ils allaient tous apprendre de leurs nouveaux maîtres que "la ville est mauvaise et que l'homme doit apprendre qu'il nait du grain de riz". Pour les khmers rouges "l'homme vicié par un régime corrompue ne peut être changé. Il doit être retranché physiquement de la communauté des purs, jusqu'au dernier de la lignée. Couper un mauvais plant ne suffit pas, il faut le déraciner. Tu ne perds rien à le perdre. Tu ne gagnes rien à le garder".
-Les américains, nos généraux...Nos chefs, ils sont tous partis...J'ai comme un goût de cendre dans la bouche...Je n'ai plus de famille à défendre...Qu'est-ce qu'il me reste à faire ?
-Moi, je reste parce que je n'ai pas confiance en eux, les communistes ! Nous savons tous ce qui se passe de leur côté !...Il n'y a que les politiciens et les occidentaux qui ne veulent rien savoir.
Je suis le yothea (soldat) Phat. Phat, c'est mon nom révolutionnaire. Je suis né Sag Samath, dan sle village de Ream Ndaeuk, district de Kirivong, province de Takéo. On me dit que j'ai 14 ans...et je ne suis pas encore mort.
- Tu vois cette femme qui se touche le front ? C'est une 'senteuse'. On appelait 'senteuse' les femmes qui fixaient le prix des thons en fonction de l'odeur qu'ils avaient au retour de la pêche.
Cela restera à tout jamais collé dans ma tête, l'odeur de la mort.
Je me suis promis que plus tard, je ferai un métier qui me permettrait de montrer...
de tout montrer de cette réalité.
Je serais peintre, cinéaste, ou photographe...
qu'importe !
Cela n'avait pas d'importance.
Ce qui en avait, pour le moment, c'était de survivre à ce cauchemar aveugle.
Un gouvernement qui abandonne l'éducation scolaire est un gouvernement qui n'offre aucun avenir à son peuple.
Aucune révolution n'a agit de la sorte dans l’histoire.
Un jour de l'été 1987, de façon compulsive et spontanée, j'ai entamé un récit de bande dessinée sur la guerre du Cambodge. Ce n'était pas un acte vraiment réfléchi, mais une pulsion supérieure à toute autre considération. Ce travail sur la mémoire, je l'ai mené pendant plus de 35 ans. Des années de collecte de documents, de livres, de films, de captures d'écran, à poursuivre une quête sans fin sur les fondements de l'histoire tragique et récente du Cambodge.
L'âme au bord des cheveux clôt ce travail entrepris à travers le temps et les contingences.