Citations de Spinoza (694)
Ce qu’on nous présente comme la parole de Dieu, ce sont le plus souvent d’absurdes chimères, et sous le faux prétexte d’un zèle religieux on ne veut qu’imposer à autrui ses propres sentiments.
Oui je le répète, ç’a été de tout temps le grand objet des théologiens d’extorquer aux livres saints la confirmation de leurs rêveries et de leurs systèmes, afin de les couvrir de l’autorité de Dieu.
Mais si le grand secret du régime monarchique et son intérêt principal, c’est de tromper les hommes et de colorer du beau nom de religion la crainte où il faut les tenir asservis, de telle façon qu’ils croient combattre pour leur salut en combattant pour leur esclavage, et que la chose du monde la plus glorieuse soit à leurs yeux de donner leur sang et leurs vies pour servir l’orgueil d’un seul homme, comment concevoir rien de semblable dans un état libre ?
La Ferveur est l’Amour à l’égard de celui qui nous étonne.
Seule assurément une farouche et triste superstition interdit de prendre des plaisirs.
La haine est la tristesse, accompagnée de l'idée d'une cause extérieure.
PROPOSITION II
Ni le corps ne peut déterminer l’âme à la pensée, ni l’âme le corps au mouvement et au repos, ou a quoi que ce puisse être.
Mais, quelle que soit la force de ces preuves, et bien qu’il ne reste véritablement aucune raison de douter encore, j’ai peine à croire que les hommes puissent être amenés à peser avec calme mes démonstrations, à moins que je ne les confirme par l’expérience ; tant est grande chez eux cette conviction, que c’est par la seule volonté de l’âme que le corps est mis tantôt en mouvement, tantôt en repos, et qu’il exécute enfin un grand nombre d’opérations qui s’accomplissent au gré de l’âme et sont l’ouvrage de la pensée. Personne, en effet, n’a déterminé encore ce dont le corps est capable ; en d’autres termes, personne n’a encore appris de l’expérience ce que le corps peut faire et ce qu’il ne peut pas faire, par les seules lois de la nature corporelle et sans recevoir de l’âme aucune détermination. Et il ne faut point s’étonner de cela, puisque personne encore n’a connu assez profondément l’économie du corps humain pour être en état d’en expliquer toutes les fonctions ; et je ne parle même pas ici de ces merveilles qu’on observe dans les animaux et qui surpassent de beaucoup la sagacité des hommes, ni de ces actions des somnambules qu’ils n’oseraient répéter durant la veille : toutes choses qui montrent assez que le corps humain, par les seules lois de la nature, est capable d’une foule d’opérations qui sont pour l’âme jointe à ce corps un objet d’étonnement.
Ce qui dispose le Corps humain de façon qu’il puisse être affecté d’un plus grand nombre de manières ou le rend apte à affecter les corps extérieurs d’un plus grand nombre de manières, est utile à l’homme ; et d’autant plus utile que le Corps est par là rendu plus apte à être affecté et à affecter d’autres corps de plusieurs manières ; est nuisible au contraire ce qui diminue cette aptitude du Corps.
« Or nous avons montré que l’idée vraie est simple, ou composée de simples, et qui montre comment et pourquoi quelque chose est ou s’est fait, et que ses effets objectifs dans l’âme procèdent à proportion de la formalité de l’objet même (ad rationem formalitatis ipsius objecti) ; et c’est cela même qu’ont dit les anciens, à savoir, que la science vraie procède de la cause aux effets ; si ce n’est que jamais, que je sache, ils n’ont conçu, comme nous ici, l’âme agissant selon des lois précises, et telle qu’un certain automate spirituel (et quasi aliquod automa spirituale). »
« A partir d’ici je ne doute pas que les Lecteurs seront dans l’embarras, et que bien des choses leur viendront à l’esprit qui les arrêteront, et c’est pourquoi je leur demande d’avancer avec moi à pas lents, et de ne pas porter de jugement avant d’avoir tout lu. »
Proposition 11, Scolie
Un affect ne peut être supprimé ou contrarié que par un affect plus fort que l'affect à contrarier.
L'organisme vivant est construit de telle sorte qu'il préserve la cohérence de ses structures et de ses fonctions contre les nombreux aléas menaçants de la vie.
La joie est le passage d'une moindre à une plus grande perfection.
Vouloir régir la vie humaine tout entière par des lois, c'est exaspérer les défauts plutôt que les corriger ! Ce qu'on ne peut interdire, il faut nécessairement le permettre, malgré le dommage qui en résulte souvent.
Combien de fois n'ai-je pas observé avec étonnement des hommes, qui se vantent de professer la religion chrétienne, c'est-à-dire l'amour, la joie, la paix, la continence, la loyauté en toutes circonstances, se combattre avec la plus incroyable malveillance et se témoigner quotidiennement la haine la plus vive.
... : la parole éternelle de Dieu, son pacte et la vraie religion sont divinement écrits dans le cœur de l'homme.
Les démonstrations sont les yeux de l'esprit.
Toute notre félicité et notre misère dépendent de la seule qualité de l'objet auquel nous sommes attachés par amour.
L'homme libre qui vit parmi les ignorants, s'applique autant qu'il peut, à éviter leurs bienfaits.
L'abjection est celle par laquelle il s'attribue une imperfection qu’il n'a pas. Je ne parle pas ici des hypocrites, qui ne pensent réellement pas ce qu'ils disent et qui ne s'humilient que pour tromper les autres, mais seulement de ceux qui croient trouver en eux les imperfections qu’ils s'attribuent.
La générosité ne s'étend pas au-delà de nous-mêmes, et appartient seulement à celui qui, n'ayant aucune autre passion et sans exagérer l'estime le soi, juge sa propre perfection d'après sa vraie valeur.