Véropé est autrice de bande-dessinée & professeur de français au collège. Sa dernière publication, Le Cid en 4eB, nous fait pénétrer dans sa salle de classe l’espace de quelques semaines, en compagnie d’adolescents plus vrais que nature.
Certains (élèves, parents, collègues…) se demandent parfois pourquoi on s’évertue à mettre des classiques démodés au programme, alors que « le niveau baisse »/ « les élèves ne lisent pas »/ « ils ne comprennent rien »/ « ils ne s’intéressent qu’à Cyril Hanouna » (ne rayez aucune mention inutile). Comme si on donnait de la confiture aux cochons.
Plutôt qu’un long discours, voilà une BD qui permet déjà de donner quelques éléments de réponse, en illustrant à la perfection ce qui se passe pendant un cours de français, lorsque l’on met des adolescents face à Corneille, Hugo ou Anouilh.
Croyez-le ou non : le plus difficile pour un prof de français n’est PAS d’expliquer ni même de faire apprécier une oeuvre classique à des élèves du XXIe siècle. Des histoires amours passionnées, de la violence, des conflits familiaux… ça leur parle. Les intrigues ne sont finalement pas si différentes de celles de leurs feuilletons préférés, l’exigence et la beauté de la langue en plus.
Non, le plus difficile, c’est d’assurer les conditions nécessaires pour qu’ils soient ouverts à ce que vous allez leur raconter. Faire en sorte que tous les élèves s’assoient. Qu’ils s’assoient correctement. Qu’ils aient leur matériel. Qu’ils sortent leur matériel. Qu’ils écoutent les consignes. Qu’ils ne se mouchent pas dans leur cahier (true story).
On imagine parfois la fatigue du professeur, qui doit combattre chaque tentative de négociation de ses élèves, répéter une consigne pour la énième fois, faire une croix sur le calme et le silence s’il a prévu de faire travailler les élèves en groupe… et composer en permanence avec la défiance de certains élèves.
On mesure l’énergie et la patience nécessaires pour conduire chaque heure de cours (et encore, vous n’aurez vu qu’une classe… dites-vous qu’un professeur de français en a au minimum quatre). Les élèves, sans filtre et avec des notions approximatives de savoir-vivre, disent tout ce qui leur passe par la tête, tiennent parfois difficilement en place.
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Le Cid en 4eB permet, avec humour, de mesurer certaines difficultés de l’enseignement en collège, et montre qu’il faut apprendre à savourer la moindre petite victoire pédagogique... Cette BD serait une excellente lecture pour tous les futurs profs ! Le Cid en 4eB met en scène des élèves « dans leur milieu naturel » et des situations réalistes.
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