Citations de Voltaire (2229)
« Je suis certainement le plus malheureux de tous les hommes, disait le pêcheur. J’ai été, de l’aveu de tout le monde, le plus célèbre marchand de fromages à la crème dans Babylone, et j’ai été ruiné. J’avais la plus jolie femme qu’homme pût posséder, et j’en ai été trahi. Il me restait une chétive maison, je l’ai vue pillée et détruite. Réfugié dans une cabane, je n’ai de ressource que ma pêche, et je ne prends pas un poisson. Ô mon filet ! je ne te jetterai plus dans l’eau, c’est à moi de m’y jeter. » En disant ces mots il se lève, et s’avance dans l’attitude d’un homme qui allait se précipiter et finir sa vie.
« Eh quoi ! se dit Zadig à lui-même, il y a donc des hommes aussi malheureux que moi ! » L’ardeur de sauver la vie au pêcheur fut aussi prompte que cette réflexion. Il court à lui, il l’arrête, il l’interroge d’un air attendri et consolant. On prétend qu’on en est moins malheureux quand on ne l’est pas seul ; mais, selon Zoroastre, ce n’est pas par malignité, c’est par besoin. On se sent alors entraîné vers un infortuné comme vers son semblable. La joie d’un homme heureux serait une insulte ; mais deux malheureux sont comme deux arbrisseaux faibles qui, s’appuyant l’un sur l’autre, se fortifient contre l’orage.
Et périsse à jamais l’affreuse politique,
Qui prétend sur les cœurs un pouvoir despotique,
Qui veut le fer en main convertir les mortels,
Qui du sang hérétique arrose les Autels,
Et suivant un faux zèle et l’intérêt pour guides,
Ne sert un Dieu de paix que par des homicides.
[…]
On proposa des Lois qu’on n’exécuta pas ;
De mille Députés l’éloquence stérile,
Y fit de nos abus un détail inutile ;
Car de tant de Conseils l’effet le plus commun,
Est de voir tous nos maux sans en soulager un.
[…]
La Discorde attentive en traversant les airs,
Entend ces cris affreux et les porte aux enfers.
Elle amène à l’instant de ces Royaumes sombres,
Le plus cruel Tyran de l’Empire des ombres.
Il vient, le FANATISME est son horrible nom :
Enfant dénaturé de la Religion,
Armé pour la défendre, il cherche à la détruire,
Et reçu dans son sein, l’embrasse et le déchire.
[...] malheur est bon à quelque chose.
[...] on dit que ce sont des barbares parce qu'ils se vengent de leurs ennemis ; mais ils n'ont jamais opprimé leurs amis.
[...] l'histoire n'est que le tableau des crimes et des malheurs.
[...] il n'y a aucun pays de la terre où l'amour n'ait rendu les amants poètes.
Je suis de ma religion, dit-il, comme vous de la vôtre.
[...] les infiniment petits eussent un orgueil presque infiniment grand.
[...] ce n'est pas eux qu'il faut punir : ce sont ces barbares sédentaires qui, du fond de leur cabinet, ordonnent, dans le temps de leur digestion, le massacre d'un million d'hommes, et qui ensuite en font remercier Dieu solennellement.
Je n'ose plus ni croire ni nier [...]
Pour parler, il faut penser, ou à peu près ; mais, s'ils pensaient, ils auraient donc l'équivalent d'une âme. Or, attribuer l'équivalent d'une âme à cette espèce, cela lui paraissait absurde.
[...] nous nous plaignons toujours du peu.
[...] la nature est comme la nature. Pourquoi lui chercher des comparaisons ?
Le duc de Vivonne, leur frère, maréchal de France, était aussi un des hommes de la cour qui avaient le plus de goût et de lecture. C'était lui à qui le roi disait un jour : "Mais à quoi sert de lire ?" Le duc de Vivonne, qui avait de l'embonpoint et de belles couleurs, répondit : "La lecture fait à l'esprit ce que vos perdrix font à mes joues."
La cour, depuis le retour triomphant de Mazarin, s'occupait de jeu, de ballets, de la comédie, qui, à peine née en France, n'était pas encore un art, et de la tragédie, qui était devenue un art sublime entre les mains de Pierre Corneille.
Viande vient sans doute de "victus", ce qui nourrit, ce qui soutient la vie.
De "victus" on fit "viventia" ; de viventia, viande.
Ce mot devrait s'appliquer à tout ce qui se mange ; mais par la bizarrerie de toutes les langues , l'usage a prévalu de refuser cette dénomination au pain, au laitage, au riz, aux légumes, aux fruits, au poisson, et de ne le donner qu'aux animaux terrestres.
Cela semble contre toute raison ; mais c'est l'apanage de toutes les langues et de ceux qui les ont faites.
[extrait du Dialogue du chapon et de la poularde]
Le chapon :
_" ils prétendent nous manger."
La poularde :
* Nous manger ! Ah, les monstres !
_" C'est leur coutume ; ils nous mettent en prison pendant quelques jours, nous font avaler une pâtée dont ils ont le secret, nous crèvent les yeux pour que nous n'ayons point de distraction ; enfin, le jour de la fête venu, ils nous arrachent les plumes, nous coupent la gorge, et nous font rôtir. On nous apporte devant eux dans une large pièce d'argent ; chacun dit de nous ce qu'il pense ; on fait notre oraison funèbre : l'un dit que nous sentons la noisette ; l'autre vante notre chair succulente ; on loue nos cuisses, nos bras, notre croupion ; et voilà notre histoire dans ce bas monde finie pour jamais."
* quels abominables coquins !
Je suis prête à m'évanouir. Quoi! On m'arrachera les yeux ! On me coupera le cou ! Je serai rôtie et mangée ! Ces scélérats n'ont donc point de remords ?
_ " Non, m'amie ; les deux abbés dont je vous ai parlé disent que les hommes n'ont jamais de remords des choses qu'ils sont dans l'usage de faire.
Les anecdotes sont un champ resserré où l'on glane après la vaste moisson de l'histoire ; ce sont de petits détails longtemps cachés, et de là vient le nom d' "anecdotes" ; ils intéressent le public quand ils concernent des personnages illustres.
Tout doucement venait Lamotte-Houdard,
Lequel disait d'un ton de papelard :
Ouvrez, messieurs, c'est mon Œdipe en prose.
Pococuranté, en attendant le diner, se fit donner un concerto. Candide trouva la musique délicieuse. « Ce bruit, dit Pococuranté, peut amuser une demi-heure ; mais, s'il dure plus longtemps, il fatigue tout le monde, quoique personne n'ose I'avouer. La musique aujourd'hui n'est plus que l'art d'exécuter des choses difficiles, et ce qui n'est que difficile ne plaît point à la longue.