J'ai voulu découvrir cette oeuvre de jeunesse
De Voltaire après avoir vu la série de France 2 "Les aventures du Jeune
Voltaire" qui présente cette oeuvre comme fondatrice dans les réflexions du philosophe.
La Henriade, nom tiré du héros, comme l'Odyssée ou l'Enéide. Et c'est bien dans cette filiation que se place le texte, une épopée au sens propre, un long poème qui décrit les exploits d'un héros fondateur d'une civilisation. Henri est bien présenté comme un héros au sens antique de demi-dieu. Les présages se multiplient autour de lui, il a toutes les qualités - un grand guerrier, un orateur, un chef charismatique, un ami fidèle, un dirigeant généreux... Ses soldats n'existent pas comme individualités, ils sont animés par son souffle et son coeur. Comme ses modèles antiques, Henri voit les divinités se manifester devant lui - Discorde, Pitié, Liberté... Et comme eux aussi, il est emmené par un guide visiter - non les Enfers, mais le Paradis et l'Avenir.
Alors oui, les combats sont épiques, des flots de sang coulent, mais tous se ressemblent. Et
Voltaire n'a pas le talent poétique de
Victor Hugo dans
les Châtiments... Les alexandrins se succèdent mais ils sont "plats", leur force n'est pas dans le style. Ce n'est pas non plus une oeuvre historique, les personnages sont bien là, mais tellement héroïsés qu'il en sont irréels. Henri n'est absolument pas un personnage crédible, basé sur le véritable Henri de Bourbon. L'apologie de la "race" des Bourbons, des exploits de
Louis XIV et des espoirs suscités par le jeune Louis XV est insupportable, dans la tradition de la littérature courtisane hyperbolique.
Non, l'intérêt réside bien dans les idées
De Voltaire. Ce n'est pas la/les religions qui sont condamnées, mais les prêtres manipulateurs usant de la religion dans leurs propres intérêts. Donc il y a quelques pages violentes sur l'Inquisitition et ses bûchers, les débauches des papes... Et surtout, la religion instrumentalisée peut mener au fanatisme sous toutes ses formes, responsable menant au terrorisme - le mot n'apparaît pas, mais Clément est bien présenté comme un homme prêt à tuer pour sa foi. Les plus beaux passages du texte sont donc ceux sur les massacres de la Saint-Barthélémy.
Un texte qui ne vaut donc pas pour ses qualités littéraires, mais pour son étape donc la constitution des idées
De Voltaire.