Économie utile pour des temps difficilesAbhijit V. BanerjeeEsther DufloChristophe Jaquet
Éditions Seuil
Collection Les livres du nouveau monde
Mars 2020
Les auteurs analysent les grands problèmes contemporains, tels que l'immigration, le libre-échange, la croissance, les inégalités et le changement climatique, afin de déconstruire les fausses évidences et les conclusions trop rapides, discutant les affirmations de la pensée économique comme les arguments des discours populistes. Ils proposent des alternatives pour bâtir un monde plus juste. ©Electre 2020
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Les travailleurs n'ayant pas fait d'études supérieures sont de plus en plus exclus des emplois à qualification intermédiaire( ainsi que les emplois de bureau ou administratifs) et poussé vers des tâches peu qualifiées, comme le nettoyage ou la sécurité.
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Les gens sont moins productif quand il fait très chaud, en particulier quand il travaille dehors.
Les réponses à des problèmes aussi complexes ne tiennent pas en un tweet. C'est pourquoi l'on s'empresse de les mettre de côté. C'est pourquoi, aussi, les gouvernements font si peu pour relever les défis de notre époque. Mais, en réagissant ainsi, ils alimentent la colère et la méfiance qui polarisent nos sociétés, ce qui nous rend encore moins capables de penser, de parler et d'agir ensemble. Nous sommes pris dans un cercle vicieux.
Les solutions existent pour sortir des pièges de la pauvreté. Cependant, ces aides ne sont pas toujours prodiguées de manière adéquate, et les pauvres ne semblent pas toujours pouvoir, ou même vouloir, y accéder.
Nous pensons que la meilleure science économique est souvent celle qui fait le moins de bruit. Le monde est si incertain et si compliqué que ce que les économistes ont de plus précieux à partager n'est pas leurs conclusions mais le chemin qu'ils empruntent pour y parvenir : les faits dont ils ont connaissance, la manière dont ils les interprètent, les étapes déductives par lesquelles ils passent, les raisons de leur incertitude quand elle subsiste.
L’utopie du mouvement parfait et instantané de populations, réagissant aux différences d’opportunités économiques, pourrait bien devenir sa propre dystopie.
Le risque est une composante essentielle de la vie des pauvres qui gèrent souvent de petits commerces ou de petites exploitations agricoles, ou travaillent à la journée, sans jamais pouvoir compter sur la stabilité de leur emploi. Un seul incident peut avoir des conséquences catastrophiques.
Ces vers ont été écrits par Warsan Shire, une poétesse britannique d'orgine somalienne:
personne ne quitte son chez-soi sauf
si ce chez-soi est la gueule d'un requin
tu ne cours vers la frontière
que si toute la ville y court aussi
et que tes voisins courent plus vite que toi
un souffle sanglant dans la gorge
le garçon avec qui tu allais à l'école
et dont les baisers te grisaient derrière la vieille usine
tient un flingue plus grand que lui
tu ne quittes ton chez-toi
que quand ce chez-toi ne veut plus de toi.
Quand Thierry Rauch, à l’époque SDF en France, apprit que l’Etat français voulait aider 30% des pauvres à sortir de la pauvreté, sa première réflexion fut la suivante : « ce qui est sûr, c’est que moi et ma famille, on ne sera pas dedans. » Et d’ajouter : « si le soutien n’est pas pour tout le monde, moi je me ferai sûrement jeter ». Après une vie passée dans l’exclusion sociale, il n’essayait même plus de faire partie des personnes pouvant être aidées.
La peur de l’échec est un puissant facteur de desincitation à l’aventure risquée. Beaucoup préfèrent ne pas essayer.