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Citations de Achille Mbembe (32)


Demain, peut-être, aucune différence n’opposera les machines à calculer, celles que nous avons fabriquées, et nous-mêmes, machines à calculer procréées. Le siècle sera peut-être celui au cours duquel l’humanité, finalement, ingèrera ses artefacts. Elle ne fera plus qu’un avec ceux-ci et avec le monde extérieur, lequel aura, par là même, disparu, enseveli dans ses entrailles. […] Transcender nos limites corporelles, la dernière frontière, tel a toujours été notre rêve. Il nous aura coûté la Terre.
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Pour s’imposer en tant que religion, le capitalisme doit continuer d’apaiser les soucis, les inquiétudes, les peurs et les souffrances de ceux qu’il tient dans ses filets.
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Cette propriété qui consiste à ne jamais atteindre un niveau de totale transparence à nous-mêmes et aux autres, c’est peut-être cela, finalement, notre identité. Elle est commune à tous les humains.
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On fait comme si l’inextricable question de la décarbonisation de l’économie et du vivant sera résolue par la sédentarisation planétaire forcée, à commencer par celle des populations jugées superflues ou en excès.
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L’époque tire à sa fin où les distinctions étaient faites entre nous-mêmes et les objets avec lesquels nous partageons notre existence. […] L’émancipation humaine était fondée sur une telle séparation. Aujourd’hui, beaucoup veulent s’approprier pour eux-mêmes les forces, les énergies et la vitalité des objets qui nous entourent et que nous avons inventés pour la plupart.
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Le verbe s’est, pour ainsi dire fait, courbe, cercle, diagramme, algorithme Le chiffre ayant pris le pas sur le mot, le nombre est devenu le garant ultime de la réalité au lieu d’en être l’indicateur.
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Le capital est devenu notre infrastructure commune, notre système nerveux, la mâchoire transcendantale qui dessine désormais la carte de notre monde et de ses limites psychophysiques.
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La machine ne peut guère se débarrasser de la faim, encore moins s’en affranchir, ni parvenir à satiété. C’est une des raisons pour lesquelles la déprédation aveugle, sans cesse amplifiée, caractérise la technique.
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«La décolonisation sans la démocratie est une bien piètre forme de reprise de possession de soi, fictive» (p 29
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«L'Afrique demeure une région du monde où le pouvoir, quel qu'il soit et sous le sceau du satrape, se dote automatiquement d'immunité. Les choses sont en effet simples. Le potentat est une loi en lui-même» (p 23)
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«Le colonialisme fut loin d'être une fusée d'or… Carcasse de métal sertie de joyaux splendides, il participait par ailleurs de la bête et du fumier» (p 15),
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Cette tension entre race, culture et nation n’avait point été entièrement effacée, ni par la Révolution ni par le républicanisme. Certes la Révolution avait affirmé la primauté de l’égalité de tous et de la commune appartenance à la Cité républicaine sur toutes autres formes de distinction sociale ou raciale. Mais, en même temps, la France révolutionnaire n’avait cessé de faire de la différence raciale un facteur de définition de la citoyenneté. Petit à petit, la tension entre un universalisme ignorant de la couleur et un républicanisme libéral friand des stéréotypes raciaux les plus grossiers s’était enracinée dans la science et dans la culture populaire françaises au moment de l’expansion coloniale. Elle s’était exacerbée dans un contexte où l’impérialisme colonial avait pour fonction de revivifier la nation et le « caractère français » et de « diffuser les bienfaits de notre civilisation ». Au demeurant, la nécessité de diffuser notre « civilisation » ne se justifiait que par la distinction nationale entre la France et ses Autres.

Au cours du XIX e siècle, les modèles du racisme populaire en France étaient en partie liés à des transformations sociales de grande ampleur (telles que la colonisation, l’industrialisation, l’urbanisation, la montée de la famille bourgeoise), qui octroyaient un caractère d’urgence à la question de la différence en général et à celle des différentes qualités raciales en particulier. Au dédain aristocratique à l’égard des sans-culottes de l’époque de la Révolution répondait alors, comme en écho, celui de la démocratie bourgeoise à l’égard des classes laborieuses naissantes. La race était à la fois le résultat et la réaffirmation de l’idée générale de l’irréductibilité des différences sociales. Étaient en dehors de la nation tous ceux qui se situaient en dehors de ses caractères racialement, socialement et culturellement définis. Dans les colonies également, l’identité nationale voire la citoyenneté se confondirent étroitement avec l’idée raciale de blancheur. On aura beau évoquer les expériences de citoyennetés mâles et non blanches de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Réunion et des Quatre Communes du Sénégal, il ne s’agissait généralement que de quelques milliers d’individus triés sur le volet dans un vaste dominion peuplé de millions de sujets.

Il était possible de constater, vers la fin du XIX e siècle, que l’assimilation avait échoué. Jusqu’au milieu du XX e siècle, l’Empire était davantage un empire de sujets que de citoyens. Les indigènes devaient, par conséquent, être « civilisés » dans le cadre de leur différence propre, celle de sociétés sans histoire ni écriture, figées dans le temps. Dans une large mesure, la décolonisation ne fit que ratifier cet échec. Elle consacrait juridiquement l’idée selon laquelle tous les sujets non-Blancs de l’Empire ne pouvaient pas devenir des citoyens français. (chapitre 2)
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