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Critiques de Adélaïde Bon (108)
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La petite fille sur la banquise

« La petite fille sur la banquise » est un livre autobiographique d’Adélaïde Bon et son premier roman. Elle nous raconte son viol alors qu’elle n’est âgée que de 9 ans et les années d’angoisses, d’incompréhensions et de mal-être qui ont suivi ainsi que le procès de l’homme (de l’animal) qui a détruit sa vie.



Ce livre est un récit très personnel sur l’histoire de l’auteure mais aborde des sujets d’actualités comme l’égalité homme-femme, le harcèlement et les agressions sexuelles.

Adélaïde Bon emploie une écriture soutenue et poétique. Dès les premières pages, on est englouti par les états d’âme de cette petite fille puis de cette femme. On prend conscience de la vague de destruction que cet acte de viol va engendrer durant toute la vie de cette femme. Les crises d’angoisses sont décrites d’une manière remarquable tout comme l’ambivalence entre l’envie d’être remarquée (surtout par les hommes) et l’envie de disparaitre, d’être transparente, de s’envoler d’elle-même. Elle explique également les conséquences sur ses premières expériences sexuelles mais aussi sur sa relation mère-fils qui sera difficile et ce, dès le moment où elle sait qu’elle est enceinte. Elle nous permet également de comprendre les processus qui font que les victimes de crimes sexuels ne se souviennent pas toujours de l’agression et ont parfois beaucoup de difficultés à faire le lien entre cet acte et leur mal-être.

Par ailleurs, ce roman sort à un moment opportun vu les récentes affaires, à grande répercussions médiatiques, de harcèlements/agressions sexuelles telle l’affaire Weinstein. On aurait tendance à sortir de ce livre avec une opinion très négative des hommes qui seraient finalement tous des monstres… mais ne faisons pas d’amalgame, il y en a beaucoup de bons.

La partie II du livre tire un peu en longueur mais celle-ci se fait vite oublier par la partie III.



En conclusion, un livre a mettre en toutes les mains surtout entre celles de ceux qui ont du mal à comprendre ce que s’est d’avoir subi ce type d’agression ou d’être mal dans sa peau.
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La petite fille sur la banquise

Est-ce un signe des temps où la violence, l'individualisme, l'égocentrisme prennent le pas sur l'humain ...? Est-ce parce que, en ce moment, j'ai le moral en berne ? Toujours est-il que j'ai l'impression de ne lire que des récits où l'horreur et la souffrance sont au premier plan. Par ailleurs, j'accorde la reconnaissance d'un vrai talent d'écriture à cette jeune narratrice, elle a su trouver les mots pour nous faire partager l'indicible mal-être, au point de s'abîmer encore plus- dont un être innommable s'est rendu coupable et qui l'a handicapée une grande partie de sa vie.
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La petite fille sur la banquise

Une critique dissonante et pourtant le sujet m'intéressait, le quatrième de couverture et les critiques sur ce site me promettait une histoire certes terrible mais malheureusement vécue . Tout d'abord le "elle" remplacé par le "je" de temps en temps m'a dérangée, je tournais les pages et je ne ressentais toujours rien, aucune sympathie pour l'héroïne, le tout me paraissait trop froid, puis le défilement des années de jeune adulte m'a complètement fait perdre tout envie de continuer. Je suis sans doute passée à côté des choses, refroidie par le style et la narration.
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La petite fille sur la banquise

Elle, c’est Adélaïde. Elle a neuf ans quand sa vie bascule dans l’horreur, en quelques minutes. Jeune victime d’un pédocriminel à qui l’on attribue plus d’une centaine de victimes, de 1983 à 2003.



188 pages. C’est court et en même temps extrêmement violent, à l’image de ce qu’a vécu l’auteure. Pendant plus de vingt ans, Adélaïde va dériver, seule sur sa banquise. Issue d’une famille traditionnelle et catholique, elle avoue avoir eu la chance de posséder les moyens financiers pour suivre une psychothérapie longue mais salutaire.



Comment mettre des mots sur ce traumatisme ? D’ailleurs, que s’est-il réellement passé ce dimanche de mai ? Pendant des années, Adelaïde va essayer de survivre face à cette violence et cette autodestruction croissante. Ses méduses comme elle les appelle, s’immiscent insidieusement dans tout son être, déploient leurs tentacules venimeuses et la ronge.

J’ai reçu cette lecture comme un coup de poing. A bout de souffle parfois, tellement la violence du propos est extrême. Les scènes sont détaillées, à de nombreuses reprises. Dérangeantes, cruelles et nauséeuses. Lors de ces passages, la typographie est différente, comme pour mieux s’ancrer dans l’esprit du lecteur.



J’ai failli arrêter, plusieurs fois. Mais refermer ce livre, ça aurait été un affront à toutes ces victimes, donner raison au bourreau.

Une lecture éprouvante, violente, parfois nauséeuse mais plus que nécessaire. Adélaïde Bon nous livre un récit bouleversant, à la fois tendre et courageux. Il faut avoir le cœur bien accroché mais le récit et la plume de l’auteure en valent la peine. On en ressort groggy mais mieux averti sur ce sujet encore tabou.


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La petite fille sur la banquise

Pour la majorité des français, un crime implique un meurtre, or en droit pénal cette notion de crime est différente, un viol est un crime. Il est donc passible de la cour d’assise et d’une sentence plus lourde qu’un délit.

Il y a viol s’il y a pénétration avec quoique ce soit où que ce soit et sur qui que ce soit. Récemment, a été qualifié de viol cette pratique infamante du doigté anal en cours de récréation sur un garçon.


Il est important de rappeler cela à une époque où pour désengorger les tribunaux on « re-qualifie » en délits des crimes de viol en en faisant des « attouchements sexuels ».



Cette importance des mots doit s’attacher aussi à re-qualifier le pédophile en pédocriminel, ce qu’il est réellement.




Le témoignage d’Adélaïde Bon est donc précieux car il nous permet de bien comprendre en quoi l’acte de violer détruit une vie. Comment de victime, on s’imagine devenir coupable. Comment toute une existence se perd dans le doute, la peur, l'autodestruction ou la folie.

Il nous fait comprendre quel est le mécanisme de l’amnésie post traumatique, pourquoi une victime perd la notion exacte des faits criminels de son agression.





J’ai été totalement retourné par ce livre qui est non seulement juste et poignant mais très bien écrit. L’enjeu était primordial, celui d’éveiller les consciences. Il ne peut qu’atteindre son but et devrait être conseillé en fac de droit, en école de police, d’assistants sociaux, de psychiatrie…



J’ai été enfin horrifié par le fait qu’un monstre ait pu entre les années 80 et 2000 faire plus de 80 victimes reconnues avant d’être enfin stoppé par hasard et incarcéré. On se souvient de l’affaire Alègre, de Dino Scala, de Guy Georges et tant d’autre arrêtés longtemps après leur premier crime. Cette longue traque devrait obliger à rendre imprescriptible ces crimes odieux.





Pour tout ces réflexions qui feront changer les mentalités arriérés de beaucoup de nos contemporains, pour ce courage à faire front et à témoigner, un immense merci à Adelaïde Bon.
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La petite fille sur la banquise

Pas aimé. Trop dérangeant. Je sais que les pédophiles existent et que les enfants en sont traumatisés à vie. Ce genre de récit me met trop mal à l’aise, me sentant impuissante et voyeuse, puisqu’il est difficile d’y faire quelque chose. Je ne remets pas en cause la qualité d’écriture de l’auteur, mais ce n’est pas vraiment pour moi qui ai besoin justement de m’évader avec les ‘romans’. Les 2 étoiles sont la cause de mon propre ressenti.
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La petite fille sur la banquise

Eh bien non ce n'est pas le énième livre thérapie ...

Sans pathos, adelaideBon nous livre son histoire , son viol , lorsqu'elle était enfant ét ses 20 annees de galere pour enfin re-naitre

Un livre magnifique , plein d'énergie , qui donne à réfléchir
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La petite fille sur la banquise

1 femmes sur 5 sera victime dans sa vie d un viol, celui ci entraînera des conséquences parfois irréversible sur la vie de sa victime. Lola Lafon écrit dans son livre "une fièvre impossible a négocier" je ne veux pas mourir mais je ne sais pas comment vivre avec ce qu' il m a fait". Comment vivre lorsqu' on est brisé et anéanti par un acte dégradant humiliant et d une violence insoutenable. Comment surmonter, se souvenir et éviter de sombrer. Adélaïde Bon est victime et raconte son histoire mais elle le fait pour toutes ces victimes oubliées, niées violentées et pour qui justice ne sera jamais rendu. Une belle plume fine et intelligente un écrit engagé sans pathos. Des faits, des ressentis,

une survie.
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La petite fille sur la banquise

1er roman,un témoignage :l'histoire de cette petite fille de neuf ans qui un dimanche de mai, en rentrant de la fête de son ėcole va croiser dans ses escaliers un prédateur de la pire espèce.

J'aurai dû être submergée par l'émotion à la lecture de ce témoignage ( au vu des critiques),mais non,et en fait ce qui m'a vraiment énervée est l'emploi du pronom : elle, tellement impersonnel et toute cette ėnumėration de faits, gestes et états d'âmes ,des phrases courtes ,abruptes,le style,la construction du roman ont fait que J'ai eu beaucoup de mal à aller jusqu'au bout,J'ai failli "lacher",puis au fur et à mesure de la narration ,J'ai été imprégnée de ce drame,vécu,rappelons le,et la 3ème partie fut pour moi ,le meilleur du livre.Pourquoi?Parce qu' A. Bon parle du procès et du combat de ces femmes et au travers ces lignes elle décrit la souffrance de ces jeunes femmes ayant subi le même traumatisme qu'elle.C'est à ce moment là que J'ai mesuré à quel point sa souffrance à été lourde à porter.

Elle reconnaît qu'elle a eu de la chance de pouvoir se "soigner" et de tout essayer pour sortir de ce tunnel, étant issue d'une famille aimante ,sans problèmes financiers,ce fut plus facile pour elle. Mais combien de ces jeunes femmes n'ont pas eu cette chance et continuent ,en silence a porter ce lourd fardeau?Er c'est cette troisième partie qui m'a réconciliée avec le roman et son auteur .Peut-être aurait-elle dû commencer par le procès ? C'est juste mon ressenti,mais la construction a eu pour moi des effets nėgatifs.⭐⭐⭐
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La petite fille sur la banquise

Aussi percutant qu'un boulet de canon, dès les premières pages par l'écriture de l'auteur, incisive, structurée, épurée, et jusqu'aux dernières pages de par le contenu de ce livre, absolument revulsant, sidérant, traumatisant.



Ce livre est une pépite.

J'aurais aimé que vous n'ayez pas à l'écrire, madame bon...

Un grand bravo à vous, pour votre texte, si abouti, si poignant, malgré la lourdeur de l'horreur décrite, et surtout, bravo pour votre combat dans vote survie.

Je vous souhaite de tout cœur le meilleur pour votre reconstruction personnelle.
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La petite fille sur la banquise

Adelaïde a neuf ans, c'est une petite fille souriante, innocente qui revenait de la fancy-fair de l'école. Elle y était retournée seule en suppliant ses parents car elle avait gagné un poisson rouge, et il fallait absolument de la nourriture en paillettes pour qu'il puisse vivre.



Cependant en un instant, sa vie va basculer car dans l'escalier du hall de son immeuble, elle va subir un viol que ses parents et la police qualifieront d'attouchement.



En un instant, elle quitte le monde de l'enfance, son insouciance pour vivre l'enfer, la souffrance.



Adelaïde se voit dans le regard des autres, elle s'enferme petit à petit, ressent de la honte. Elle se ferme, a la haine qui grandit en elle, exprime son malaise par de la boulimie, malmène son corps en grossissant de plus en plus.



Ces salissures, ces meurtrissures elle les nommera "les méduses", une métaphore incroyable car tout s'immiscera en elle de façon sournoise, ces tentacules réveillent en elle à n'importe quel moment ses souvenirs enfouis, ses salissures, ses meurtrissures.



Ce sont des douleurs post-traumatiques qui ressurgiront petit à petit au gré des thérapies.



Ce n'est que des années plus tard, lors de la création d'un spectacle de théâtre, qu'elle va enfin pouvoir nommer ce qui s'est passé ce jour de mai de ses neuf ans; il s'agissait d'un VIOL.



Elle continuera ses thérapies des années durant.



Ce récit c'est le livre de la reconstruction et le chemin a été très long car la culpabilité est enfouie au fond d'elle, elle éprouve le besoin de comprendre ce qu'enfant elle a enfoui en elle. Toutes ces douleurs post-traumatiques cachées ressurgiront au fur et à mesure des thérapies, la difficulté de nommer l'innommable.



23 ans après les faits on arrêtera le coupable et commencera un autre combat, faire requalifier l'attouchement en viol, devoir affronter ses méduses et le monstre au procès.



Un attouchement c'est bien pire qu'un viol car il faut pour elle apprendre à nommer ce qu'elle a minimisé enfant, elle doit accepter l'inacceptable, apprendre à le nommer, comprendre que cela ne vient pas d'elle mais de l'autre, le monstre.



Ce récit est vraiment lumineux, celui d'une reconstruction. Avec le recul, Adélaïde Bon choisit les mots justes. Son écriture à la troisième personne essentiellement passant par le "je" est magnifique et d'une force incroyable.



Ce roman est bouleversant, cruel, dur et perturbant. Quel courage pour l'auteur de nous apporter ce témoignage, chemin nécessaire pour la reconstruction. Un témoignage qui nous fait prendre conscience que de nombreuses victimes souffrent en silence, que les dégâts sont vraiment dévastateurs, que notre système judiciaire ne se donne pas assez de moyens et que de reconnaître rapidement une victime c'est lui donner le chemin de la guérison.



L'écriture est sincère, directe, sans tabou, elle ne tombe jamais dans le pathos, le ton est juste.



Un livre qui secoue, transforme, ouvre les yeux. Cette plume m'a émue, touchée au plus profond de moi même.



C'est un coup de ♥


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La petite fille sur la banquise

Du « elle » au « je« , il n’y a qu’un pas. Celui de la guérison. Mais pour Adélaïde Bon ce pas est immense. Sous ses pieds, les tentacules de ses méduses la tirent vers les méandres de son âme. Le chemin est long et tortueux pour cette petite fille sur la banquise qui n’attend qu’un seul mot , un seul, celui qui l’aidera à aller de l’avant. Ce mot est « viol », pas « agression », non « viol« .



À l’âge de neuf ans, Adélaïde Bon est violée par un homme dans la cage d’escalier de son immeuble. De cette période à l’âge adulte, sa mémoire va jouer le jeu affreux de placer le douloureux souvenir un peu plus profond dans son cerveau. Comme pour continuer à vivre, comme pour survivre.



Mais les conséquences sont bien réelles. Impossible pour elle d’aimer ou si ça lui arrive, elle aime « mal », « trop », de façon violente.

Elle raconte sa vie en commençant par le pronom « elle ». Un pronom qui permet de se tenir à distance, d’être au plus près du ressenti, pour éviter peut-être l’apitoiement. Ce choix est salutaire. Le lecteur digère les propos et peut aisément « comprendre » son mal-être.

Le « Je » apparaît par petite touche pour être présent à chaque ligne en fin de récit. Elle a guéri, elle a vaincu son traumatisme mais nombreuses ont été les étapes pour y arriver. Elle sait la chance qu’elle a eu d’avoir pu se payer des séances de psychothérapie. Ce n’est pas le cas des autres victimes. Son violeur a détruit bien des vies mais Adélaïde Bon précise que si les victimes peuvent parler et surtout peuvent être écoutées, elles ont plus de possibilités de guérir plus vite.



Si je suis entrée à reculons dans ce récit par peur du voyeurisme ( et peut-être qu’il y en a un peu…), je me suis laissé embarquer par les mots de l’auteure. Ceux-ci ont été choisis avec soin et j’ai ressenti que ce livre n’avait pas été écrit dans l’urgence. Elle en a mis du temps pour coucher sur papier ses pensées noires, et elle a réussi à passer le cap du simple « témoignage » pour offrir un livre magnifique sur la résilience.




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La petite fille sur la banquise

Un livre déchirant, dont on ne ressort pas indemne. Une enfance détruite, une vie déchiquetée.



Un viol dans une cage d’escaliers à neuf ans. Et vingts-trois ans après, enfin! Un suspect! Le coupable arrêté. Et avec le procès, la découverte de toutes les autres victimes. Toutes ? Combien de vies détruites par un seul homme ? Cinquante, cent, certainement plus encore.



Un choc ! Un récit bouleversant d'une grande sincérité. Un témoignage absolu sur une vie massacrée, les séquelles, l'appareil policier et judiciaire et la tentative de retrouver la vie.
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La petite fille sur la banquise

Il est rare de lire un livre autobiographique de cette qualité. La qualité de l'écriture et du récit éclaire la vie d' Adélaïde Bon, en un lumineux récit, comme pour un spectacle, un éclairage qui permet de mettre en valeur l'intention de l'auteur.



Bien des écrivains, ont la certitude d'être lu, avec attention jusqu'au bout, mais cette voix si jeune et si sombre, cette douleur qui tétanise, l' écouter pour lui offrir ce joyau, votre lecture, lire ses mots tous ses mots, de "la petite Fille sur la Banquise".





Ici pour un premier roman se rendre visible, ne rien cacher d'essentiel, est une démarche qui me bouleverse. Faites comme tous ceux qui ont croisé Adélaîde, son journal, cette confession livrée à ses cahiers bleus, griffonnés pour qu'elle n'oublie pas, pour qu'elle retrouve les traces de ce jour maudit où son regard a croisé un prédateur aux yeux glacés.





"Elle n'est plus là. Elle est morte."P 12

C'est le corps qui parle, ce sont les sens qui relient la petite fille à la vie. Là haut, dans sa tête, quelqu'un a tout effacé, il ne reste qu'une douleur sans nom, une nausée, des gestes automatiques, c'est moi qui suis sale, honteuse, comment vivre ça.

C'est semblable à un deuil, la perte à 8 ans de la maman les sensations sont les mêmes, elle n'est plus là, je suis morte, incapable de dire de pleurer, dans ce no man's land, “ça flotte dit elle". page 12



Beaucoup plus tard elle dira enfin:

“Quelqu'un lui a fait du mal, quelqu'un lui a fait ce mot là. Et si la clef c'était ce mot là .P 105”



Elle découvre qu'elle n'est pas seule qu'il faut se battre, que le corps a quelque chose de si précieux.

Toutes les peurs, toutes les angoisses s'incrustent dans la peau.





Une fois ouvert le chemin de sa rédemption, le procès, la naissance de son premier enfant, Adélaïde Bon nous immerge dans le dédale de la réalité de la condition féminine, non pas celle des comptes dorés, mais celle des violences que subissent les femmes. Fossé d'incompréhension ou manque d'information, le chemin qui mènera les hommes à respecter enfin le corps des femmes semble si abyssal.





Témoigner, devient sa litanie elle écrit page 246, "sans nos témoignages tremblants, nos voix qui se rompent, nos visages tirés de larmes contenues, sans nous, l'horreur du crime s'estompe et le criminel triomphe".



Le sentier est encore long, qu'importe!

"15 000 € pour le viol, on peut détruire la vie d'une femme pour le prix d'une voiture d'occasion."p 247



Dans la sinuosité de ce parcours chaotique, se cache un mari aimant, il ne comprend pas tout mais qu'importe! Il est là aussi, il est là, il la soutient même quand elle revit le drame et qu'il s'épuise de sa tendresse.



La force de ce roman est porté par cet amour, discret, efficace, démesuré.



Adélaïde n'abandonne pas, jamais les mêmes dans les ténèbres, la vie, elle luit.



Cette joie elle est capable dans les dernières pages de nous la faire partager, charnellement avec le feu d'artifice de tout son corps, à pleines dents, page 252 ," l'odeur des aiguilles de pin roulées au bout des doigts, dans mes paumes, la chaleur vibrante et moire d'une poignée de terre grasse."



Un quelque chose d’inoubliable.

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La petite fille sur la banquise

Un récit autobiographique, écrit à la 3ème personne, avec juste parfois un "Je" qui affleure ; comme un besoin de dissociation. Dissociation qui lui aura permis de tenir le traumatisme à distance. A neuf ans, elle est agressée sexuellement, violée. Ses parents portent plainte. Mais on ne retrouve pas le coupable. S'ensuivent des années, à faire avec, à faire comme si. A tenter de retrouver son corps. De s'exprimer. De mettre des mots sur cet événement. Des années plus tard, presque deux décennies après, les policiers tiennent le coupable. Elle n'était pas la seule victime.

Un plaidoyer pour une meilleure connaissance des conséquences des violences sexuelles et du fonctionnement des psychotraumatismes.

Après l'avoir lu vous ne direz plus "pédophile", mais "pédocriminel".
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La petite fille sur la banquise

Son passage à La Grande Librairie avait suspendu le temps, les écrivains, la littérature. Ceux qui ont regardé l’émission ce soir-là n’oublieront jamais, sa voix, son témoignage, le silence des hommes autour d’elle, car hasard malencontreux ou non, il n’y avait que des hommes ce soir-là, sur le plateau, pour l’écouter.

Ayant été profondément touchée en plein coeur par son émotion et sa dignité, les larmes aux yeux pendant vingt minutes, j’ai attendu quelques semaines avant de pouvoir débuter son roman, sublime texte, d’un souffle magnifique, tendu, absolument littéraire.



Ce roman s’adresse à tout le monde. Adélaïde n’écrit pas pour elle-même, ou si elle le fait, c’est pour que l’on comprenne, que l’on ressente ce que vivent toutes les petites filles seules sur la banquise.



Ces petites filles qui, un jour particulièrement gai, ensoleillé, alors qu’elles venaient de gagner un poisson rouge à la kermesse de l’école, un homme, un prédateur rempli de haine, vient supprimer leur joie et voler leur enfance.

Ces petites filles dont le traumatisme vas venir s’enfouir très loin, très loin dans l’inconscient, et effectuer son immense travail de sape. Des méduses et leurs longs filaments venimeux emprisonnent leur vie, leur désir, leur plaisir. Elles surgissent sous forme de troubles psychotiques : crises, tétanie, anesthésie du bassin, boule dans la gorge, blocages sexuels, inadaptabilité pour le monde.



Ces petites filles vont chercher des années, des dizaines d’années parfois, la maladie qui les ronge. Des centaines de thérapies, d’examens, pour comprendre, alors que la solution était là, le drame avait toujours été connu, tout le monde voulait passer outre; et cette phase, insoutenable « c’était juste des doigts, ce n’était pas un vrai viol ».



Car au-delà de la violence physique, il y avait ce regard, ce regard qu’elle retrouvera aux assises, le regard de haine de son agresseur : dedans il y avait la mort, la mort d’elle-même, de son corps, de sa pureté, de sa féminité.



Les parents des petites filles portent plainte, et l’attente parfois n’aboutit à rien. Dans le cas d’Adélaïde, c’est enceinte de son premier enfant que la brigade des mineurs la rappelle. Ils ont retrouvé son agresseur. « Le plus beau cadeau » qu’on ne lui ait jamais fait, enfin la justice arrive, vêtue de sa longue robe et ses textes de loi pour s’occuper d’elle, reconnaître ce qu’elle a subi, et punir son bourreau.



Le procès aura lieu, et alors se mêleront les voix de toutes celles qui ont subi, caché, menti, souffert. Toutes ces voix s’élèveront en une seule, en un cri, en un texte puissant et magistral. La voix pure et sincère de toutes les petites filles sur la banquise, qui ensemble ne sont enfin plus seules.



(Giovanni Costa dans le roman, l’agresseur, était un immigré italien, il a violé plus de 70 fillettes dans les années 80-90, notamment dans l’Ouest parisien. Il était un voleur/violeur. Il niera tout, insultera le juge et sera chassé du tribunal.)



Mon avis

Je recommande à tous de lire ce roman. Pour savoir, pour connaitre, pour faire attention aux mots que l’on emploie, pour ne pas dénigrer celles qui ont vécu l’horreur, ne plus en rire, et pour certaines, lire les mots qu’elles attendaient. Adélaïde confie qu’elle aurait aimé lire un roman qui parle de ce qu’elle a vécu : elle apporte ainsi à la littérature le témoignage romanesque qu’il manquait, avec des mots choisis, durs et poétiques, ceux de la reconstruction.



Car malgré les mots bouleversants, il y a cette aura solaire qui entoure Adélaïde tout au long de ce récit. Sa lutte effrénée avec la mort, c’est la vie qui gagne. Cette petite fille, pleine de joie et d’amour, se jette d’abord dans la nourriture, la boulimie, vivre, vivre, manger, combler. Puis plus tard la jeune fille délurée et théâtrale qu’elle devient va expérimenter, rencontrer un homme, plein d’hommes, essayer d’apposer d’autres expériences sur la première, ne jamais renoncer, rencontrer un psychiatre, deux psychiatres, des thérapeutes, requalifier le mot attouchement par le mot viol, il y a une sourde obstination chez elle, cette force de combattre, de comprendre, démontrant que la vie et le désir triompheront toujours.



Le plus difficile pour l’auteure, et elle y parient avec brio, c’est d’être crédible dans ses mots, de les poser au bon endroit, et avec justesse, car tellement de témoignages passent à travers le filet de la justice. Elle raconte avec recul et distance la chance qu’elle a eu, celle d’avoir eu une famille, du confort matériel, un mari aimant. D’avoir obtenu réparation par la justice, d’avoir connu d’excellents thérapeutes ayant permis de faire revivre la mémoire post-traumatique, d’avoir eu les moyens de pouvoir raconter son histoire par un roman.

Ce livre est la reconstruction par l’écriture, l’indispensable par l’indispensable.

Bravo !
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La petite fille sur la banquise

Je ne ressors pas indemne du témoignage d' Adélaïde BON que j'ai découvert sur le plateau de la Grande Librairie. Acheté dès le lendemain de son passage dans l'émission, je n'ai ouvert le livre qu'hier soir...



Elle nous raconte son histoire à la troisième personne. Elle est violée à l'âge de 9 ans dans les escaliers en rentrant chez ses parents.

Elle nous raconte, année après année, ses souffrances, ses traumatismes, ses méduses comme elle les appelle: un corps qu'elle ne connaît plus, les gifles qu'elle s'inflige, les addictions aux drogues, les relations sexuelles insupportables et les relations aux autres totalement décalées.

Mais elle nous raconte aussi comment elle se bat: les multiples thérapies de toute sorte pour comprendre, contenir et combattre ses méduses. Ces professionnels bienveillants qui l'aident à se reconstruire, tout comme l'homme tellement tendre et attentif qui deviendra le père de son enfant.



Et puis 20 ans après les faits, un jour, un appel du commissariat: ils ont interpelé un suspect...

Les peurs, les incompréhensions laissent place à la colère et à la volonté de témoigner pour faire condamner cet homme. Adélaïde BON commence enfin à parler à la première personne.!

Au bout de 3 ans le procès arrive et cette longue litanie de victimes ... 72 ... et toutes les autres qui n'ont jamais pu parler.

Un procès d'une extrême violence tant par l'énoncé des faits que par l'attitude de l'accusé.



C'est un témoignage d'utilité publique!
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La petite fille sur la banquise

Adelaide est encore une enfant, une très jeune enfant quand elle se fait agresser sexuellement dans l'escalier de son immeuble par un homme. Elle en parle à ses parents, porte plainte mais elle n'arrive pas à oublier cet épisode qui a des répercussions sur sa vie personnelle, intime, sur ses pensées sur tout ce qui l'entoure.

C'est un récit très juste, très sincère dans lequel Adelaide explique son besoin de temps pour trouver les mots, pour lutter contre ce qu'elle a ressenti sans le comprendre, pour nommer ce qui lui est arrivé. Elle raconte ses errances, ses dégoûts, son désespoir souvent de se sentir si seule avec cette incompréhension face à ses démons intérieurs, sa culpabilité aussi..

C'est touchant, sans voyeurisme, c'est juste le combat d'une femme pour se retrouver et elle écrit pour comprendre, pour expliquer et aussi je pense pour aider.
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La petite fille sur la banquise

La petite Adélaïde a été violée à l’âge de 9 ans. Ce jour-là fera d’elle une enfant échouée sur la banquise luttant contre les méduses. « Elle souffre de son isolement forcé et de son manque de sincérité en famille, mais elle ne sait pas franchir l’océan des larmes contenues. » Une atroce souffrance qu’elle traînera jusqu’à cet appel, 23 ans plus tard, la brigade des mineurs aurait un suspect. « La vie n’abandonne jamais, au tréfonds des océans, dans les ténèbres, elle luit. »



Ce témoignage est à mes yeux et à mon cœur impossible à chroniquer. Comment imaginer, ressentir, lire l’insoutenable. Adélaïde Bon est une femme courageuse, se livrer sur un sujet si douloureux est remarquable. Elle le fait de façon humaine, intimiste et surtout militante. Adélaïde Bon déterre l’impensable, celui planqué au plus profond des victimes, celui qui fait mal et brise à jamais. Elle incite les personnes abusées à parler afin de rendre justice et les aider ainsi à se reconstruire.

J’ai un GRAND respect et une GRANDE admiration pour cette GRANDE auteure qui torpille le tabou du viol.



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2018/06/21/36504988.html




Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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La petite fille sur la banquise

Une autobiographie émouvante à la troisième personne. Adelaide Bon nous narre son combat contre l'innommable, contre un poison que l'on nomme la mémoire post-traumatique. Ce livre devrait être lu de tous afin que nous puissions tous aider plus facilement les enfants victimes de violences sexuelles. 20% des enfants sont concernés. Dans 80% des cas, l'agresseur fait partie du cercle proche... Une plume magnifique qui résume trente années de lutte pour la résilience.
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