On passe tellement de temps à se demander ce qui se passe après la mort , gamin , qu’on en oublie de se demander ce que c’est que d’être vivant
Il y a plus difficile que d’être sans arrêt comparée à une sœur meilleure que vous en tout point . C’est être comparé à une absence . À une possibilité de perfection qui ne pourra jamais être atteinte . Aucune de vos réussites ne peut jamais battre un tel potentiel ou faire oublier pendant un court moment ce que des parents ont perdu.
Et puis tu moulines un peu dans le vide, là, Jocelyn s'énerva Fortin.
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Sa femme, elle ne va pas mourir deux fois. N'importe quoi...
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J'ai toujours cru trouver mon bonheur dans le passé... dans l'absence et le vide. Dans la chaleur de mes souvenirs. Mais c'était un mensonge... Il n'y a qu'une chose qui en vaut la peine, inspecteur : protéger ce qu'il reste.
Tu crois qu'ici, les gens ne sont pas assez bouffés comme ça ? 8.6, whisky-coke, teuch, crak, héro, tu crois que ça ne suffit pas ?
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Vous n'allez rien expliquer. Les voyeurs leur place est en prison.
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Elle n'avait plus de larmes à verser, plus d'énergie pour même haïr les responsables. Épuisée, elle se rendormait toujours, recommençant encore une fois le cycle des rêves.
On passe tellement de temps à se demander ce qui se passe après la mort, gamin, qu'on en oublie de se demander ce que c'est que d'être vivant.
Vous et moi, nous sommes pareils, capitaine. Des survivants qui échangeraient avec plaisir leur place contre celle d'un autre. Nous n'avons plus rien à faire ici, parmi les vivants. Nous sommes dans une salle d'attente à espérer la mort pour retrouver nos disparus. Seuls...
On s'est parlé. On ne se comprenait juste pas. On ne se comprend toujours pas.
Ce manque permanent, ce tiraillement. Ce fil qui nous relie à nos enfants. Le fait de sentir leur présence en nous tout le temps. Notre inquiétude, nos peurs. Vous savez de quoi je parle, j'imagine ?
La première nuit dans un centre d’accueil, il n’était pas parvenu à fermer l’œil. Sur son matelas miteux, dans un environnement bruyant, il était resté accroché à ses dernières affaires en s’empêchant de pleurer. Il restait accroché à son petit portefeuille dans lequel lui restait un peu d’argent suite à la vente de sa voiture et une petite photo de sa fille. C’est là qu’il avait rencontré Ondine et Ed. Ils étaient les rois des petites combines permettant de se faire quelques euros chaque jour. De quoi se payer un repas chaud, quelques fringues propres et une petite dose au besoin. C’étaient de grands consommateurs de crack et, un soir, après une journée de déambulation sans fin avec eux, il s’était acheté une dose à son tour pour ne pas rester seul. Il les avait rejoints dans la ruelle, à quelques mètres du petit dealer qui leur avait fourni de quoi passer une nuit plus facile. Ondine lui avait montré comment charger sa dose, trouver une veine et y déverser le produit. Il s’était allongé en arrière, quittant pendant plusieurs heures son corps, oubliant le froid et la solitude. Pour la première fois, alors que l’héroïne se répandait peu à peu dans son système, son désespoir s’était évaporé. Ses douleurs et sa tristesse lui semblèrent lointaines. La brûlure de l’absence s’éteignit pendant quelques minutes, le souvenir de sa fille devenant une résonance fébrile, un écho lointain dans le noir.