Vous êtes malade. Depuis la découverte de la psychanalyse, tout le monde est un peu malade.
Tout le monde est plongé dans ses rêves et vit dans un autre monde.
Comment peut-on raconter ses malheurs et souffrances aux autres? Les étoiles peuvent se parler mais les hommes ne communiquent pas.
- Mais docteur, je ne souffre de rien.. Pour l'amour de Dieu... Je vous l'ai dit.
Ses yeux s'étaient de nouveau plantés dans les miens. Il me coupa la parole de sa voix la plus décidée:
- Vous êtes malade. Depuis la découverte de la psychanalyse, tout le monde est un peu malade.
Mais ce qui lui plaisait essentiellement chez la jeune femme, c'était son discours discontinu, comme si elle parlait par souvenances. Même dans ses mouvements les plus insignifiants il y avait une manière d'être qui donnait l'impression que c'était le retour de brefs moments d'oubli. Au-delà de ce qu'elle disait et faisait sur le moment, elle avait l'air de vivre un temps à part et qui n'appartenait qu'à elle, comme si elle était à la poursuite d'une pensée qui déterminerait sa vie, une chose plus importante, plus intérieure.
Son amour de la vie jaillissait de tous ses pores, tel un champs de céréales très fertile.
« De toute façon, nous ne sortons pas souvent ! » C'était peut-être l'image de la vie de cette belle et surprenante créature qui prenait ainsi forme dans sa bouche. Elle avait dit cela comme si elle soufflait d'un trait, vers le soleil, une pâte de verre bien préparée. De telle sorte qu'un monde qui la submergeait totalement avait brillé en un instant dans le verre irisé du kaléidoscope de ce mot unique.